Coke en stock (LIX) : au Mali, la drogue est le nœud du problème (b)
L'homme au milieu du trafic est donc aujourd'hui libre, comme son collègue assassin : l'œuvre de l'ex président ATT (réfugié depuis dans sa villa sénégalaise, située à proximité de l’ambassade du Mali) ; impliqué jusqu'au coup dans l'événement révélateur qu'a été l'incendie d'un Boeing ayant transporté entre 6 et 10 tonnes de coke au Mali en 2009. Un individu qui ne s'était pas contenté de cette participation, mais qui avait mis une véritable infrastructure aérienne au service de la livraison de cocaïne... en Europe, notamment via le Maroc, l'Espagne et le Portugal, haut lieu du transit actuel vers la France. Le Sénégal jouant un rôle privilégié dans la mise en place de l'organisation, notamment avec l'usage de hangars à l'aéroport de Dakar, relais vers les deux pays de Guinée, qui seront refusés à un moment par le fils du président Wade, pour des raisons qui restent fort obscures. Le redéploiement de la société se faisant vers le Mali, ou un autre hangar a servi à de bien étranges manipulations d'appareils. La saga d'Aero Services Mali se confondant à partir de 2009 avec celle d'une autre entreprise, Malian Aéro Company, détenue par un milliardaire en francs CFA présenté par le gouvernement d'ATT comme un exemple industriel à suivre (nous verrons bientôt ce qu'il en a été depuis)...
Direction Conakry
Eric Vernay (ici à gauche à bord de son Chieftain, quasiment en train d'imiter John Belushi) était donc arrêté avec fracas, en mars 2011, par "Interpol-Mali. Alors que l'agence venait en mars de l'année précédente de subir un coup de balai... lié au trafic de cocaïne ! Un coup de balai qui nous amenait directement en Guinée Conakry cette fois : "après l'arrestation, le 23 février dernier du fils du défunt président, Ousmane Conté, ainsi que de nombreux officiers de la police guinéenne dont l'ex-directeur du Bureau de l'Interpol, de hauts gradés de la police malienne, d’Interpol-Mali en l’occurrence, ont été évincés de leurs postes. la Direction nationale de la police, l'on entretient délibérément le mystère autour de l'affaire. Comme la peste, tout le monde évite d'en parler mais personne ne nie les faits. Chacun ici, reste accroché aux informations provenant de la Guinée Conakry. "Que s'est-il donc passé là-bas ?" écrivait MaliJet, qui ajoutait aussitôt que "dans la nuit du 22 au 23 février, le fils de feu Lansana Conté a été arrêté. Il est accusé d'être un maillon essentiel du trafic de cocaïne en provenance de Colombie. Lui, ainsi que le frère cadet de l'ancienne première dame Henriette Conté, la quasi-totalité des officiers et directeurs de section de la police guinéenne ont été arrêtés suite à la dénonciation du Commandant Ousmane Conté. Ils seraient tous membres d'un vaste réseau avec des antennes dans les pays limitrophes et chargés du ravitaillement. Et comme pour corroborer ces faits, de hauts responsables de la police de certains pays voisins ont été, soit entendus dans le cadre d'une enquête, soit relevés de leurs fonctions". Conté sera libéré "provisoirement" le 15 juillet 2010... alors que Washington l'avait pourtant inscrit comme faisant partie des "barons de la drogue". En février 2012, rebelote, son "provisoire" visiblement prolongé : il était de nouveau arrêté chez lui... pour détention illicite d'armes de guerre. L'avion de Vernay visitait décidément de drôles de pays, dont l'archipel des Bijagos, appartenant à la Guinée Bissau cette fois, paradis des pêcheurs au gros (dont celui-là) truffé de petites pistes au milieu de la jungle ! Les Bijagos, lieu de retraite "d'artistes" au lourd passé (Yann Tassin, "l'inventeur" supposé des sous-marins à cocaïne !). Là où de vieux coucous déposaient parfois des touristes venus pour la pêche, si fructueuse dans le coin (ci dessus à gauche la piste de Bubaque dans les Bijagos, à droite ci-dessous en pleine forêt) !
Libéré sans caution
Pour en revenir à Vernay, depuis sa libération, signée par l'actuel ministre de la justice, Malick Coulibaly, en juin 2012, l'homme n'a pas donné signe de vie, et son activité... sénégalaise (et non malienne, donc) n'a pas repris. Son avion mis en vente est resté longtemps à l'abandon sur l'aérodrome de Sénou, au Mali, (photo ici à gauche) avant d'être retrouvé dépoussiéré chez Ibrahim Diawara, le responsable "d'Aero Malian Company", devenu "Ibi Group", qui partagait visiblement le même hangar de Bamako, ou le hangar voisin ! L'homme a été présenté comme "le plus riche des maliens de moins de 45 ans" et faisait alors dans le transport et l'ensemencement de nuages. Au delà de ça, ce qui est a retenir, c'est que c'est bien le gouvernement actuel en effet et non celui d'ATT qui a fait libérer tout le monde, au grand dam de la justice malienne ! Aujourd'hui, des maliens s'interrogent surtout sur l'impartialité de leur ministre de la justice qui a laissé filé de tels gros poissons, et suivent avec intérêt ses démêlés avec le procureur Daniel Tessougué, qui fait figure d'homme plus probe. Aujourd'hui, celui qui a fait libéré les narco-trafiquants applaudit même l'intervention française des deux mains.
Une autre compagnie, avec les mêmes appareils
Et Diawara s'est empressé lui aussi de prendre le train de la reconquête du pays, à l'arrivée des français avec son entreprise d'aviation (toujours appelée Aero Malian Company), après un appel présidentiel malien aux accents forts patriotiques : "c’est en réponse à l’appel du président de la République pour soutenir l’effort de guerre, qu’Ibrahima Diawara, Pdg de Malian Aero Compagny, a mis à la disposition de l’Etat malien un avion BE 1900D de 18 places, ainsi que son équipage de deux pilotes, pour les besoins de transport des troupes et d’évacuations des blessés. D’ores et déjà, le transport des troupes a commencé à bord de cet avion BE 1900D. Selon le Pdg, chaque voyage coûte à sa compagnie plusieurs millions de francs Cfa". pouvait-on lire dès le 21 janvier dernier. La proposition de Diawara, nous allons le voir plus loin est loin d'être anodine... (nous y reviendrons). Il est vrai aussi que ce n'est pas Air Mali, du groupe Aga-Khan, avec ses avions gros porteurs loués qui pouvait faire de même. En 2010, aux côtés du hangar semblant bien investi par Aero Malian, on trouve l'un des Saab 340 de Mali Air Express... aux pilotes libanais, une compagnie à la réputation catastrophique (elle possède aussi un Let)... et un peu plus loin l'aile toute droite d'un Britten-Norman BN-2A Islander 5V-TTB, à la carrière bien remplie (G-BCAE, 4X-AYE, G-BJWM, LX-AJH) appartenant aussi à STA, lui aussi abandonné depuis plusieurs années. A Bamako, il semble s'en passer de belles.
Du Mali à la Seine et Marne, il n'y a qu'un pas
Quant à Vernay, on n'en sait pas plus sur lui-même ou ses autres appareils, ceux que j'avais décrit ici en octobre 2011 : "en tout cas, l'homme a beau faire des affaires en Afrique, il continue à faire ses emplettes en France, où personne ne l'inquiétait, visiblement, et surtout pas la DGSE... Le 14 mars (2011), Togosite, en fin observateur, avait pourtant repéré son manège : "Face à la méfiance développée par d'autres acteurs du milieu de l'aviation légère à l'égard des appareils immatriculés en Guinée-Bissau, le nommé Eric Vernay a fait venir, depuis plusieurs semaines, un petit avion privé de type Piper, immatriculé en France F-BUVZ. Cet avion, qui est actuellement maintenu à côté du J5-GAS au parking de l'aviation légère de l'Aéroport de Bamako-Senou, pourrait être utilisé par Eric Vernay pour les mêmes fins de trafic de drogue au vu et au su de tous les acteurs du milieu de l'aviation civile. A cette époque déjà, en effet, la société Malienne de Vernay, C'est certainement le "Piper Comanche" cité par Daniel dans son article sur la découverte de l'épave. Aero Services Mali, a déjà été fermée, ses Cessna immatriculés en Guinée Bissau interdits de vol, il avait choisi d'utiliser en dépannage un autre appareil, vu l'imminence de l'atterrissage du Boeing." La DGSE, ou Pierre Camatte, n'aurait pas vu le fameux "manège" du Piper acheté à Lognes, en Seine et Marne ??? Sorti du premier aérodrome français d'aviation légère privée, exploité par la société des Aéroports de Paris ! En France, on n'aurait rien suivi du manège ? C'est fort difficile à imaginer ! D'autres encore avançant une énième hypothèse ici à propos du pilote de Boeing... mais elle est difficilement crédible, ou démontre une implication gouvernementale bien plus grave.
Une véritable infrastructure pour diffuser la drogue en Europe
Car c'était bien toute une chaîne de transport par avion de la drogue qui était en train de se mettre en place, avait noté judicieusementt Togosite : "l'arrivée à l'Aéroport de Bamako-Sénou entre octobre et novembre des J5-GTQ, J5-GCU et J5-GAS, s'inscrivait dans le cadre d'une vaste opération logistique portant sur le transport d'importantes quantités de drogue. Tout porte à croire que le chargement contenu dans le Boeing 727 J5-GCU devait être réembarqué dans les deux petits avions J5-GTQ et le J5-GAS pour la suite de l'acheminement discret". De quoi emporter en plusieurs fois la cargaison d'un Boeing... en partant du Sénégal. Vernay avait en effet comme associé le sénégalais Ibrahim Gaye : "la Brigade d’Investigation judiciaire a transmis hier des avis de recherche contre plus d’une demi-douzaine de suspects - maliens surtout- dans l’affaire du boeing de Tarkint. La tête d’affiche reste cependant un Sénégalais très connu de certains milieux à Bamako pour sa grande générosité. C’est seulement en décembre 2010 que le nom d’Ibrahima Gueye est publiquement cité dans l’affaire d’Air cocaïne. Enquêtant alors sur le mystérieux avions, les diplomates américains en poste à Bamako écrivent dans leur câble qu’Air cocaïne, un Boeing 727-200 avait été affrété par Africa Air Assistance, la filiale dakaroise d’un avionneur basé à Malaga, (Espagne) et qu’elle a pour patron un Sénégalais du nom de Ibrahima Gueye." Malaga, car l'immatriculation d'origine du Boeing incendié était espagnole, un appareil qui était, il y a peu encore, visiteur régulier de l'aéroport de Ténérife, aux Baléares, ou de Madrid Bajaras. On est bien dans le cas d'un trafic international ! Celui de la coke de Colombie, qui après avoir traversé l'Atlantique par voie aérienne doit encore remonter vers l'Europe... par voie maritime (des go-fast ou des chalutiers, la plupart marocains) mais aussi par de petits avions bimoteurs, du même type que ceux qui ont traversé l'Atlantique.
Vernay a trop longtemps conservé son triple A
Une compagnie d'aviation sénégalaise appelée Africa Air Assistance enregistrée en Guinée-Bissau, dont le siège est à Dakar, sous un nom d'emprunt et une adresse de boîte postale et qui possède ou loue des hangars en Guinée Bissau et au Sénégal, : avouez que les arcanes des trafiquants sont parfois difficiles à démêler. "Avant 2009, la Compagnie, a, on peut dire, pignon sur rue à l’Aéroclub Iba Gueye sis à l’Aéroport Léopold Sedar Senghor (...) le téléphone du bureau n’est plus aussi silencieux que maintenant. Il sonne sans arrêt et les cinq employés de cette Sarl au capital de 10 000 000 Cfa sont débordés. Africa Air Assistance est sollicité. Il possède un Fokker 27-200 de 26 ans -le même que celui qui part assister le jet de Bissau ! - ainsi qu’un Beechcraft Kingair 90 B90 de 46 ans. Les recherches Google indiquent également que le représentant dakarois de la maison n’a pas de peine à affréter des gros porteurs et des hélicoptères. Il affectionne notamment un Boeing 727-230 dont on entendra parler. En 2009 cependant, Africa Air Assistance, avec une autre entreprise (Derishbourg-Atis), est interdite d’exercice par les autorités aéroportuaires qui leur reprochaient de « squatter » carrément le hangar de maintenance de l’aéroport international de Dakar. « Sans autorisation, ni agrément » ! Le journal sénégalais qui relate l’affaire est formel : « au moins 3 avions, dont un Boeing 727/230 d’Africa Air Assistance destiné au fret, et deux autres petits avions, dont un appartenant à la Guinée-Bissau, ont été évacués du hangar »". Evacués vers l'aéroport Osvaldo Viera... en Guinée-Bissau, où se trouverait donc aujourd'hui le second 727 qui avait été prévu pour le vol transatlantique de drogue) !
Le Portugal, terre d'accueil
Ce n'était pas le seul appareil d'Africa Air Assistance, un autre bien visible avait été requis pour le trafic. Celui-là nous donnait même sans hésiter la destination... européenne et le point de chute prévu pour la cocaïne : le Portugal. "Qu’est devenu Ibrahima Gueye ces derniers temps est une bonne question, car personne ne sait vraiment. Il n’est plus venu au Mali depuis plusieurs mois. Ce qui lui est reproché est d’avoir affrété au moins le boeing de Tarkint et d’avoir en partenariat avec Eric Vernay et Ben Hako, inculpés depuis mars dernier, d’avoir fait poser des avions sans autorisation au Mali. En particulier, un petit bimoteur de 6 à 10 places, un Cessna 402 C, immatriculé J5-GTA, que la presse donne pour familier au Mali. Rien d’étonnant sauf que les célèbres « spotters » que sont Tiago Palla et Jaoo Mellim ont plusieurs fois photographié le même coucou avec le même numéro à l’aérodrome d’Evora, au Portugal en septembre 2009." A Evora, à une centaine de km de Lisbonne, ou sur le tarmac du Tires Airport, à Cascais, à une vingtaine seulement de la capitale, comme ici le 23 août 2008. Les avions achetés devaient bien servir à transporter en Europe la drogue débarquée de gros porteurs au Mali, via le Portugal !!! Geye ayant déjà auparavant été mêlé à l'arrivée surprise en juillet 2008 en Guinée Bissau du Gulfstream N351SE porteur de 600 kilos de drogue dont le pilote n'était autre que Carmelo Vicente Vázquez Guerra, le frère du pilote du DC-9 saisi au Mexique avec 4,5 tonnes de coke à bord !
L'entrée en scène du Sénégal
Finalement, le gouvernement sénégalais, face aux rumeurs de trafic, qui remontent jusqu'au fils Wade (et l'usage de son jet privé au Maroc, une révélation fuitée par Wikileaks) décide de supprimer l'autorisation d'utliser les hangars de Dakar à Africa Air Assistance. C'est ce jour là aussi qu'on apprend qu'un de ses appareils (son Fokker F-27 *) avait failli tuer la première dame du pays : "le patron de AAA, qui détient un agrément en bonne et due forme, compte tenir une conférence de presse dans les jours à venir pour s’expliquer devant l’opinion nationale et internationale sur les raisons de la fermeture de sa société. A noter également qu’il a eu à offrir ses services pour la réparation du Fokker 27. Lequel avait perdu son train d’atterrissage au moment d’atterrir, avec à son bord, la première dame Viviane Wade. Sans oublier les maintenances des avions de l’armée dont il avait la charge. Ce qui lui avait valu des remerciements de la part du Colonel Mouhamadou Moustapha Diawara, à l’époque Chef d’Etat-major de l’Armée de l’air de 2000 à 2004 et actuel, haute autorité de l’Aéroport Senghor. Bizarrement, lors de l’expulsion de AAA, la haute autorité de l’aéroport a soutenu qu’il était dangereux de confier du travail à ses gens devant les écrans de la Rts". Encore plus bizarrement, Mouhamadou Moustapha Diawara recevra le 13 janvier 2007 les insignes de la légion d'honneur française... allez donc savoir !
Des plombiers d'avions pas très inspirés
Un gouvernement sénégalais plutôt embarrassé avec les révélations à répétition de la presse sur la gestion de son parc aéronautique militaire : le 3 juin 2008, le moteur du même F-27 vétéran des Fokker F27 du Sénégal, le 6W-STA ASFA, avait pris feu, alors qu'il était entretenu par Africa Air Assistance. Un avion qui avait été vu en Guinée-Bissau, venu à la rescousse du Gulfstream aux 600 kg de drogue : "quarante huit heures après, venant de Dakar, un Fokker 27 se porte au secours du Gulfstream. Les services de renseignements bissau-guinéens arraisonnent les deux avions. Mais, au nez et à la barbe de la Cia et de la Dea dont les agents n’ont pas tardé à se rendre sur le lieu, le Fokker 27 est tout de suite « libéré » (« il n’y a rien à lui reprocher ») pendant que l’équipage vénézuélien de l’autre jet est jeté en prison. Relatant l’affaire, Jeune Afrique précise que le Fokker 27 est affrété par Africa Air Assistance." Un F-27 venu avec à bord les collègues du pilote Carmelo Vicente Vázquez Guerra, arrêté en descendant du Gulfstream G1159B N351SE avec 600 kilos de drogue à bord (il sera vite relâché !). Le frère même du pilote de DC-9 coincé à Mexico avec 4,5 tonnes de coke à son bord ! On est bien dans le cas d'un trafic gigantesque qui outrepasse les frontières de plusieurs pays (le Sénégal, la Mauritanie, les différentes Guinée, le Portugal et l'Espagne ont été cités) et dont l'origine est bien la Colombie et ses cartels !!! Impossible d'imaginer que les militaires supérieurs sénégalais n'aient pas eu vent de l'opération de sauvetage ou d'extraction envisagée !!! Impossible de croire que la DEA n'ait pas su le lien entre le Fokker sénégalais et l'avion contenant 600 kilos de coke ! Un F-27 bloqué en février 2012 par la présidence après l'incident, pour la campagne électorale, et dont l'opposition dénoncera l'immobilisation pour évacuation sanitaire de soldats blessés !
Et pendant ce temps, la France fait cadeau de moustiques au Mali
Des tas d'avions de trafic divers ont donc sillonné le ciel malien sans être repérés. C'est à se demander en effet au Mali à quoi on bien pu servir les "Tetras" de Humbert-Aviation, le renouveau du Bébé Jodel dans le désert ! Le bébé de la firme située dans les Vosges à Ramonchamp, inventrice de la "moto du ciel". Des "Tetras", en effet , des petits ULM offerts par la France pour surveiller l'immense désert malien... un choix plutôt dérisoire, vu l'immensité de la tâche. "Depuis 2001 la Direction de la Coopération Militaire et de Défense déploie au Mali (mais aussi dans d’autres pays sahéliens) un projet d’Aviation Légère d’Observation. Equipée d’Ultra Légers Motorisés, au nombre de six, l’armée de l’air malienne trouve dans ce projet une opportunité de maintenir l’entraînement en vol de ses pilotes pour un coût particulièrement modeste. Qu’ils soient qualifiés sur appareil de chasse ou de transport, les pilotes sont également « transformés » sur les ULM. Constituant un escadron spécifique au sein de l’armée de l’air, les ULM ont aujourd’hui une place reconnue au sein de celle-ci" pouvait-on lire sur le site de la diplomatie officielle française. Des engins offets aussi au Burkina Faso voisin. Les engins, "déployés à la frontière mauritanienne", ont servi à repérer des colonnes de Toyota islamistes, ajoute Slate, qui montre pour l'exemple un véhicule retrouvé calciné dans la forêt de Wagadou, des engins qu'avaient vu passer les bergers locaux.
Libéré ou échappé ? Parti ou déjà revenu ?
Tout cela ne nous dit pas où est passé notre homme, libéré en août 2012 par le pouvoir actuel malien, rappelons-le. "Pas donné signe de vie", ai-je écrit un peu plus tôt à propos d'Eric Vernay ? C'est à voir, avec le 18 novembre 2012, un communiqué qui apparaissait sur le net ainsi rédigé à la rubrique "carrières de pilote" : "Global Air Trans est une compagnie aérienne qui résulte de la fusion de deux compagnies aériennes : Aéro Services du Mali et Malian Aéro Company. C’est une société de droit malien spécialisé dans le taxi aérien. Elle peut intervenir sur tout le territoire malien, dans les pays limitrophes et aussi au Maroc. Elle est opérationnelle 24/24 et ce, tous les jours de l’année. Global Air Trans a pour but principal de louer des avions". la flotte de la nouvelle compagnie se présentant ainsi : "1 BE20 Beech Super King Air 200 Turboprop, 1 PA31-350 Piper Navajo Chieftain, 1 PA32-300 Piper Lance Single." A savoir les deux avions de Vernay et un "nouvel" appareil, un Lance monomoteur. Vernay avait été libéré le 18 août qui précédait. Sur l'annonce demandant des pilotes, une exigence : savoir parler français ! Depuis, remarquez ça n'a pas l'air de trop marcher : l'adresse du site, www.globalairtrans.com ne répond plus, c'est une coquille vide. Le nom, aujourd'hui à vendre, avait été déposé le 9 avril 2010. Avait-on tenté de relancer une affaire avec les anciens appareils ? Qui en était l'auteur ? Pas de réponse à ces questions. Pendant ce temps, la cocaïne, pour sûr, continuait à traverser le pays... nous en verrons les détails demain, si vous le voulez bien.
(*) A noter la belle carrière d'un autre fameux Fokker F-27 malien, en réalité le Fokker F-27-200 OY-EBC numéro 10675 photographié ici à Anvers, un appareil qui a volé pour Busy Bee en Norvège (LN-AKD), puis pour la SABENA (LN-AKD, British Midland (LN-AKD, Sweden Airways (SE-KXZ, une vente annulée) Elbee Airlines (VT-SSD (même chose) Newair Airservice (OY-EBC), Sunu Air (6V-AHS), dont les vols ne se sont arrêtés qu'en 2012, après des déboires à répétition en 2004 et 2005, et avant d'être envoyé à Africa Air Assistance mais est resté longtemps à Dakar. L'appareil se cache aujourd'hui dans le plus grand hangar de Sénou, aux côtés d'un ATR42, tous deux sous les ailes du gros Airbus 330 TU-TAS d'Air Afrique, qui avait investi les lieux en premier., il y a une bonne paire d'années. A noter que les soldats français ont pris leurs quartiers provisoires là ou étaient installés les rares MIG-21 de la force sénégalaise : où sont-ils passés (la photo, il est vrai avait été prise en 1997... ; mais celle-ci en 2010) ?
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