Coke en stock (LIX) : au Mali, la drogue est le nœud du problème (c)
L'infrastructure mise en place au Mali et au Sénégal était en réalité une nécessité, si les barons des cartels colombiens souhaitaient inonder au plus vite l'Europe, il leur fallait des relais pour absorber les quantités astronomiques de cocaïne prévues d'être amenées au Mali. Des relais aériens, avec ce qu'on a vu hier en détail, et des relais terrestres, à savoir les chameaux du XXIe siècle que sont les véhicules 4x4 Toyotas immortalisés dans les années 80 par le Paris-Dakar. Des véhicules achetés par l'argent touché lors du transport de la coke, ou par une autre activité encore plus juteuse, en définitive : la prise d'otages. Les deux cumulés fabriquant des fortunes colossales dont les aspects extérieurs sera la construction de villas gigantesques, où s'installeront les mêmes que l'on verra régulièrement présentés à la télévision déguisés en chameliers touaregs. Parmi eux, un homme va se distinguer : présenté comme l'intermédiaire sûr de la présidence malienne, qu'il a au bout du téléphone, pour négocier la libération des otages, c'est aussi mais on l'ignore alors l'instigateur même des prises d'otages. En plus, l'individu est le maire de Tarkint, obscure localité au dessus de laquelle va passer le Boeing de la coke, pour se poser à quelques kilomètres de là : c'est lui qui ira aussi à sa rencontre... l'homme portant alors trois casquettes, dont celle de narco-trafiquant notoire... aujourd'hui recherché par la justice malienne, avant de l'être par le TPI...
70 de coke tonnes par an
Le volume transporté de coke pure était tel par gros porteur (6 tonnes minimum à chaque voyage de gros porteurs de type Boeing* !), que cela nécessitait en effet une organisation solide, et qu'obligatoirement de hauts responsables de l'état malien devaient être au courant, ce qu'avait aussi révélé Wikileaks, bien avant les confirmations officielles : "selon un document confidentiel circulant dans les milieux diplomatiques et que nous avons pu consulter, d’autres personnalités importantes de la tribu lamahr à laquelle appartient Ould Awaïnatt sont mêlés à ce trafic. D’après ce document, un ancien ministre de l’ex-président ATT lié au MUJAO et au blanchiment d’argent du crime organisé a vécu un temps réfugié à Dakar. Les « barons » liés à cette mouvance auraient corrompu une bonne partie de la machine sécuritaire grâce à la complicité « d’un commandant des douanes introduit auprès des chancelleries occidentales ». Une emprise telle que le dossier du Boeing surnommé Air Cocaïne avait été purement et simplement enterré par ATT, ce que la justice malienne a redécouvert après son départ : "Il y a quelques jours, la justice malienne a finalement lancé des mandats d’arrêts pour narcotrafic contre une brochette de personnalités. Parmi ces personnalités, ont trouve Baba Ould Cheikh, maire de Tarkint, soupçonné d’avoir trempé dans l’affaire « Air Cocaïne », Mohamed Ould Ahmed Deya dit Mohamed « Rouggy », un homme d’affaires de Gao, Mohamed Ould Sidati (maire de Ber), Adinadji ag Abdallah (maire d'Aghelhock) et, à nouveau, Mohamed Ould Awainatt." Pour mémoire, ATT fera retarder l'enquête sur le Boeing pendant près de semaines avant d'y envoyer ses policiers : largement le temps d'effacer toute trace compromettante dans les ruines fumantes du 727 incendié. Plusieurs avions se seraient posés, et on estime que par an le Mali voit passer environ 70 tonnes de cocaïne, estime l'ONUDC.
Les rois du nouveau pétrole
Baba Ould Cheikh (ici à gauche) n'était pas le seul à profiter de la manne de la coke, et le Mujao pas le seul groupe salafiste à se charger du trafic explique aussi Christophe Champin de RFI : "les soupçons quant au rôle joué par des combattants d’AQMI dans l’escorte de convois de cocaïne ont également été évoqués à plusieurs reprises avant la crise actuelle. Un document confidentiel évoque, des liens entre la Katiba d’Abou Zeid, à l’époque principal chef d’Aqmi au nord, et un groupe de narcotrafiquants d’origine berabich de la zone de Tombouctou. Un groupe communément appelé localement « les Colombiens ». Chacun de ses « barons » aurait, indique le document, constitué une équipe d’hommes armés pour assurer l’acheminement sécurisé de cargaisons de drogue. Autre exemple cité : la katiba de Amhada Ag Mama, alias Abdou Karim Targui, qui a rejoint un temps Iyad Ag Ghali du mouvement Ansa Eddine, avec des touaregs et des arabes maliens. Ils auraient été en partie financés par des trafiquants de drogue. La plupart des barons de la drogue de Kidal, à l’extrême nord du Mali, résideraient en Algérie où ils ont bénéficié de l’Amnistie accordée aux repentis des groupes djihadistes, indique le document confidentiel.Ces groupes étaient renforcés par des « bandits d’origine kounta qui assurent l’escorte des convois de drogue ou d’armes » et imposaient des droits de péage partagés avec Aqmi et Ansar Eddine. En d’autres termes, comme on peut le lire dans le document confidentiel, « ces factions fonctionnent essentiellement grâce à l’argent des rançons et au trafic de drogue ». Des barons hébergés... en Agérie. Une Algérie qui envoyait pourtant le 25 octobre 2009 via son service à l’ambassade des Etats-Unis à Bamako, un télégramme précisant que « plusieurs familles riches et puissantes du Mali ont eu droit aux largesses des trafiquants »...
Des villas de rêve construites en cocaïne
Des trafiquants devenus immensément riches et habitant dans ses villas luxueuses de Gao, aujourd'hui désertées, indique Oberlé : "partis se réfugier ailleurs dans le pays ou à l'étranger, les résidents de la "cité de la cocaïne" avaient construit leur lotissement à la fin des années 2000 sur un terrain désertique en bordure de la route de l'aéroport international qui abrite aujourd'hui le centre des opérations militaires françaises contre les djihaditses. Les prix avaient vite flambé. Une maison en bordure de la voie goudronnée pouvait valoir plus d'un million d'eriros. Une somme astronomique pour le marché immobilier de ce coin de bout du monde perdu dans les sables et la poussière. La cité avait poussé comme un champignon à l'époque du boom du trafic de stupéfiants. Une nouvelle route mondiale de la coke venait de s'ouvrir. Soucieuses de diversification, les mafias sud-américaines traçaient de nouveaux plans en s'appuyant sur des relais dans les États africains en déshérence et dans le Sahara, une zone en proie à une instabilité chronique. La drogue d'origine colombienne partait par avion d'Amérique du Sud. Elle transitait par la Guinée-Bissau, un petit pays sous l'emprise de militaires corrompus. Elle passait par le nord du Mali via les groupes armés djihadistes et des contrebandiers avant d'être dispatchée en Europe. L'argent sale arrosait les notables sans distinction de couleur de peau ainsi que des proches du président Amadou Toumani Tome, dit ATT, renversé depuis par un coup d'État." Parmi ces proches, Baba Ould Cheikh, aux multiples cartes : VRP des trafiquants, négociateur d'otages, embarqués par ses amis, loueur de camions aux trafiquants et... ami du président ATT. Des islamistes au comportement aberrant, comme à Gao avec la villa du directeur des douanes qu'ils avaient réquisitionné : "depuis l’occupation de la ville de Gao, les islamistes se sont installés dans la maison du DG des Douanes du Mali. Comme cela ne suffisait pas, ces nouveaux propriétaires de ladite maison ont lancé peu après un appel aux populations pour la vendre. Mais contre toute entente, les islamistes ont proposé, dans un premier temps, de vendre la maison à 2 millions 5 cent mille FCFA. Mais aucun preneur ne s’est manifesté. Qu’à cela ne tienne, les islamistes propose de la vendre à 1 million 500 mille FCFA afin d’avoir coûte que coûte un acheteur. Mais une fois de plus, aucun acheteur ne s’est présenté."
Le fameux maire de Tarkint !
Le maire de Tarkint ? Celui qui s'était montré si "actif" durant la libération du français capturé Pierre Camatte ? Revenons un peu en arrière là : le président du comité de jumelage entre Gérardmer et Tidarmené au Mali, et également président d'Icare, une association humanitaire travaillant à éradiquer le paludisme, fortement suspecté d'être un agent de la DGSE, est enlevé le 26 novembre 2009 dans un hôtel de Ménaka (au nord-est du Mali et haut lieu de la rivalité sanglante entre le MNLA et le Mujao). Son nom ? Pierre Camatte. Les raisons de son rapt ? Le contrôle de la drogue dans le secteur nous disent les gens du crû, et sa surveillance : "selon des sources concordantes, dignes de foi, le Français Pierre Camate a été kidnappé dans la nuit du mercredi 25 et jeudi 26 novembre par des éléments de "l’Alliance du 23 mai pour le changement", un groupe armé qui sème la terreur dans la région de Kidal. Cet enlèvement opéré par des Ifoghas et des Chamanamass (réputé être de la bande à Bahanga) est une réaction, nous a-t-on dit, au refus du député de Ménaka, Bajan Ag Hamatou, d’intégrer un réseau mafieux, créé pour arnaquer les autorités de Bamako et servir de passage aux vendeurs de drogues, armes et autres produits illicites" écrit le très bien informé Chahana Takiou, d'Afribone. Une fois capturé, Camatte sera ensuite revendu à AQMI, lors d'une opération puremenr mafieuse, comme le précise encore le site : "Pour le comprendre (son rapt), il faut remonter à la mise en place du Bureau de l’Assemblée régionale de Gao en printemps dernier. Deux candidats étaient en lice : Mohamed Ould Idriss, de Bourem, un Arabe bon teint du Mouvement citoyen et Gabdy de Ménaka, un Chamanamass de l’ADEMA. Cette formation politique avait la majorité pour faire élire son candidat. Cependant, il a mordu la poussière devant son adversaire, élu président de l’Assemblée régionale de Gao. Cet échec a été amputé au député des Abeilles de Ménaka, Bajan Ag Hamatou qui aurait "vendu" ses délégués au Mouvement citoyen. Ce qui a provoqué un malentendu entre la communauté chamanamass de Ménaka et celle de l’honorable député, issu de la chefferie traditionnelle. A cela est venu s’ajouter le refus du même député de participer au récent forum de Kidal et d’adhérer, par la même occasion, à la constitution d’un prétendu réseau pour le développement et la paix au nord - Mali, initié par des Ifoghas, des Chamanamass et un groupe de Kounta".
Le Boeing avait eu un comité d'accueil spécial
Le maire de Tarkint, qui aurait donc lui-même "accueilli" le fameux Boeing, et même au moins deux autres appareils ?" Les témoignages de Touaregs ayant assisté à l’atterrissage du 727, fin novembre 2009, dont de larges extraits avaient été publiés par la presse malienne, évoquaient le maire de Tarkint qui avait « accueilli » l’avion. Le personnage est un parfait connaisseur du désert qui a joué un rôle important dans les négociations avec AQMI pour la libération des otages allemands, autrichiens, canadiens et bien d’autres. La presse avait affirmé que l’équipage de ce « coke 727 » avait disparu de l’aéroport de Bamako. Ce qui laisse suspecter des complicités à un très haut niveau des autorités maliennes." Un atterrissage doublé en février 2010, avec le même scénario pour le comité d'accueil : "le 6 février dernier, un autre appareil transportant 4 tonnes de cocaïne, piloté par quatre Sud-Américains, s’est posé sur une piste à Kayes, à quelques centaines de kilomètres à l’ouest de Tombouctou. Il était attendu par des officiels locaux ; la presse a cité Baba Ould Cheikh, Cherif Ould Tahar, Hanouni Ould Labiadh, Ould Lagwinate, mais aussi des militaires maliens de la caserne de Nampala (région de Ségou), lesquels avaient procédé au balisage du terrain avant l’atterrissage. Trois jours plus tard, un autre avion a atterri à Aïn In Esséri, au sud-est de Tinzaouatin (non loin de la frontière avec le Niger) et ce sont les mêmes notables de Tarkint et de Gao qui sont venus l’attendre. Tous seraient des Arabes proches du régime de Bamako et de Niamey qui auraient joué un rôle important dans la répression de la rébellion touareg au Niger et au Mali, mais qui, aujourd’hui, se retrouvent sous-traitants des terroristes. Autant de révélations qui font craindre le pire" concluait Salima Tlemçani de "barberousse.bloguez.com" . Algeria Watch, un peu plus précis, affirmant que les second et troisième appareils auaient été des Beech 300 des Super King Air, orthographiés "Bach 300"), "sous pavillon sud-américain" (on peut supposer vénézuelien, comme la plupart de ceux débarqués en Afrique de L'Ouest. Ou comme celui atterri en août 2011 sur une route à Bélize ; de l'autre côté de l'Atlantique.Des vols cités dans son rapport par l' UNODC et confirmé par celui du GRIP : "à la fin février et au début mars, deux autres vols auraient été repérés. Trois jours plus tard, un autre appareil se serait posé dans la zone de Kidal, à l’est du Mali. Cependant, tous ces avions ne seraient pas nécessairement des avions de ligne ayant tra- versé l’Atlantique. Beaucoup d’entre eux seraient des « petits-porteurs » arrivés de pays voisins, en particulier la Guinée-Bissau". Autrement dit, le Beechcraft 300 J5-GTQ de Vernay...
Une noria d'avions de coke
Le tout dissimulant de fait le contrôle du passage de la drogue au Mali : "c’est en fait un réseau mafieux, destiné à tracer des couloirs de passage pour les trafiquants de drogue et autres marchands de produits illicites. C’est également un réseau qui veut imposer ses membres aux autorités de Bamako comme uniques interlocuteurs dans la gestion des questions sécuritaires de la zone. C’est aussi une manière de créer les problèmes et d’offrir sa facilitation ou médiation pour y remédier. C’est un véritable réseau de pyromanes. Le député de Ménaka, ayant compris leurs objectifs inavoués, s’est démarqué du projet en même temps que d’autres cadres et hommes politiques de la zone. Ils ont donc juré de lui créer des difficultés. Sachant bien que le petit fils de Firhoun, chef des Oulémendens, est intouchable. Alors, un scénario a été minutieusement concocté : il s’agit de l’enlèvement de Pierre Canatte pour ternir l’image de Ménaka qui a plusieurs communes jumelées avec des villes françaises".
Le touriste patron d'hôtel
La ville de Ménaka (10 000 habitants), où Camatte dira lors de son retour ce qu'il y avait fait : "Ce soir-là, Camatte dort sur un matelas dans la cour de l’hôtel Minika (« Où sommes-nous ? » en tamashek), dont un ami malien lui avait proposé la gérance quelques mois plus tôt. Il est environ 2 heures du matin quand cinq hommes lui sautent dessus et lui demandent, en anglais, son nom. Premiers coups. Chacun d’eux porte un kalachnikov en bandoulière. Le Français se débat en vain. Il est menotté et traîné jusqu’à un pick-up garé à quinze minutes de marche. Ses agresseurs le jettent dans le coffre débâché, lui ligotent les jambes, qu’ils attachent à ses bras. Le véhicule démarre. Garé à côté, un autre, identique, suit." En somme, l'ancien prof de gym à la retraite s'était vu confier la gestion d'un hôtel. Renseignement pris, il existe toujours, porte le nom réel de la ville, mal prononcée par les français, et il n'est pas minuscule puisqu'il offre 19 chambres pour 36 lits au total. Un hôtel, lieu rêvé pour l'observations des oiseaux de passage, ceux débarquant de Toyotas surtout, pourrait-on dire. Quant aux touaregs qui parlent anglais, avouez que ça peut paraître étrange... aujourd'hui, Camatte annonce "qu'à Ménaka, l’hôtel où j’étais a été investi par les islamistes. La maison de mon ami aussi… " Il y "était", ou il le "gérait" ?
Un bien étrange touriste
A forcer le trait à ce point, celui de la violence (qu'on ne réfute pas pour autant, sa détention à bien été un calvaire, entendons-nous bien) on est en droit de se demander aujourd'hui si l'obsession Le lieu du rapt n'était pas non plus anodin, pas plus que l'otage en personne. C'était en effet retrouvé étrangement assez proche du lieu d'atterrissage du 727, ce qui laisse entendre que les français étaient au courant du trafic, et informés de l'arrivée de l'appareil. Camatte ayant été installé avant l'arrivée du Boeing dans la région. Il sera libéré le 23 février en grande pompe, par un président français venu le chercher sur place effectuant une bien étrange conférence de presse devant les caméras, durant laquelle Nicolas Sarkozy reprendra l'ex otage à plusieurs reprises, en lui faisant ajouter notamment "qu'il avait reçu des coups". Une libération obtenue avec ce qu'on peut imaginer comme paiement de rançon... remise à Baba Ould Cheikh en personne, le maire de Tarkint, principal intermédiaire avec les islamistes ayant enlevé l'otage français. Ce qui signifie en clair que sur le cas de Pierre Camatte, Nicolas Sarkozy s'était fait complètement rouler dans la farine, en nourissant directement par une rançon ceux qu'il clamait vouloir pourfendre à Paris, Baba Ould Cheikh étant lui-même l'organisateur du réseau islamiste local ! Hypothèse difficile à croire quand on connaît Sarkozy, plutôt du genre à rouler qu'à se faire rouler !
Pourquoi là ?
Pierre Camatte, un otage plutôt curieux, qui à sa sortie insistait lourdement sur le caractère religieux de ses geoliers, alors qu'on vient de voir c'est que leur fondamentale mafieuse primait. "Ils détiennent une vérité qui est à la vérité suprême. Ils ont le Coran qu'ils lisent tout le temps. (...) Ils disent que les musulmans de France ne sont pas de vrais musulmans, que ce sont eux qui détiennent la vérité et que leur objectif est d'islamiser le monde entier", a déclaré Pierre Camatte, au cours d'une conférence de presse, au palais de la présidence malienne" expliquait Le Point. La propension religieuse décrite ne cherchait-elle pas à masquer plutôt le pourquoi de la présence de Camatte à cet endroit précis : la surveillance de l'arrivée du gros porteur en plein désert, attendu par des trafiquants colombiens qui n'avaient rien d'islamistes. Pourquoi donc Sarkozy avait-il tant tenu à se montrer autant aux côtés de Pierre Camatte, présenté comme simple chercheur ayant découvert une plante miracle (l'artemisia, l'armoise annuelle) censée guérir du paludisme, venu ostensiblement surveiller la livraison de 6 tonnes de coke en plein désert, reste à ce jour un profond mystère. Rien ne l'obligeait à effectuer ce show médiatique. Et rien non plus l'obligeait à dicter autant certains mots à Camatte lors de la conférence de presse de sa libération ! (A noter aussi pour l'anecdote que deux ans auparavant, notre bon président de l'époque s'était fait refaire la piscine de son point de chute, la Lanterne, par... de jeunes maliens sans papiers...).
Un preneur d'otage pris en otage ?
Un otage curieux, qui semble avoir oublié l'information surprise du 5 février 2010 sur le kidnapping.... de son propre kidnappeur appelé Chedani Ould Inamey, déjà auteur de plusieurs rapts de touristes autrichiens, allemands et suisses. Celui aussi cité dans l'attaque le 27 décembre 2009 de trois princes saoudiens partis à l'Ouest du Niger chasser l'outarde près de près de Djambala dans la région de Tillabéri (selon lui une capture d'otage qui aurait mal tourné). C'était sa propre femme qui avait loué le 4x4 aux saoudiens ! Visiblement un mafieux, et non un islamiste d'un quelconque mouvement ! Qui donc s'était emparé de l'otage français, que l'on présentera plus tard comme ayant été "vendu" à ses nouveaux geoliers, en mèche directe avec le maire de Tarkint (Pierre Camatte, démentira à son retour cette version des faits) ? Les services secrets maliens auraient-ils sévi pour appuyer quelques demandes à Paris ? A ce moment-là, ATT attendait toujours des livraisons d'armes qui n'étaient pas arrivées (mais elles n'avaient rien de françaises). Les 19 véhicules véhicules blindés de type BTR-60P russes resteront bloqués à Conakry même durant l'exercice du président suivant. Les islamistes du Mujao s'étaient emparés dans le nord de quelques exemplaires précédents, de quoi inquiéter de la tournure des combats futurs. Les envoyés du maire, mécontents de la tournure financière des négociations auraient-ils tenté le coup de force ? Seul Camatte pourrait le dire.
La boite de pandore de la justice malienne
Mais aujourd'hui, la justice malienne, flouée sous ATT (ici à droire avec Brice Hortefeux), rouvre le dossier. Et ce qu'elle annonce remet pas mal de choses en cause. D'un doigt accusateur, elle désigne de nouveaux responsables indirets au trafic gigantesque : ceux qui ont fait libérer les véritables responsables du trafic de cocaïne, dont un assassin ayant découpé le corps d'un de ses employés à la scie électrique. "Si les sieurs Ould Médou, colonnel Gamou et Sadou Diallo, maire de Gao sont aujourd’hui suspectés de complicité dans la libération de narcotrafiquants liés à l’affaire d’« Air Cocaïne », il faudra signaler que d’autres suspects et non des moindres ont également été élargis en Août 2012, c’est-à-dire, après le coup d’Etat du 22 mars. Dans un article signé « Service de Sécurité malienne » publié sur Maliweb.net, « Suspicion de complicité pour la libération de deux narcotrafiquants », l’auteur accuse les colonels Ould Médou, El hadj Gamou et Sadou Diallo de complicité dans la libération, samedi dernier, de présumés narcotrafiquants liés à « Air Cocaïne ». L’on constate, soit dit en passant, que ce n’est pas tous les jours que les lecteurs ont droit à un article de presse signé « Service de Sécurité malienne » ; une maladresse, selon toute évidence... précise la presse locale bien informée." Le même Ould Médou qui, le 7 Juin 2012 déclarait que la région nord du Mali était... imprenable, bloquant ainsi tout espoir de reconquête. L'autre personnage cité, le maire de Gao, réfugié à Bamako lors de l'avancée des islamistes, ayant ces derniers temps été beaucoup interviewé en train de dire qu'il souhaitait retrouver sa ville "débarrassée de ses islamistes"... et se présentant déjà comme étant sous la protection des français ! Le 11 février, on avait en efffet appris que Baba Ould Cheick et Mohamed Ould Awaïnat, (ancien maire de Tarkint) arrêtés par les français, qui les avaient remis aux gendarmes locaux, avaient réussi à s'échapper, aidés par "des hauts gradés de l’armée malienne et certains responsables politiques locaux suspectés très proches du maire de Tarkint". Etaient alors cités le Colonel Gamou (ici au centre en train de pactiser avec les touaregs islamistes) et Hassane Ag Mehdy. Le Colonel-Major Elhadji Gamou avait il est vrai déjà fait parlé de lui en avril 2012 en faisant alliance avec le MNLA et en allant se réfugier au Niger au lieu de combattre les islamistes... en mars 2012, en rejoignant les rebelles, avait abandonné la junte. Un posteur décrivant sa défection n'ira pas par quatre chemins : "la preuve, s'il en est encore besoin", écrira-t-il "que Att était de mèche avec la rebellion. Gamou était son conseiller au palais. C'est ce même Gamou qui, voulant ravitailler le camp amshach de Tessalit, a livré armes, carburant et vivres aux rebelles sans que Att ne bronche. Quelle trahison. ATT a livré le Mali aux narcotrafiquants et autres bandits de grand chemin". Des islamistes ravitaillés par l'armée ?
Dealer-ambassadeur, un nouveau métier sous ATT
La justice malienne ouvre donc une boîte de pandore, qui faisait qu'on pouvait en mars 2010, voir un ATT rayonnant faisant envoyer dans les rédactions un communiqué abondamment repris donnant les noms des deux principaux "libérateurs" de Pierre Camatte, dont le leader d'Ansar Eddine, baptisé "ambassadeur (et aujourd'hui qualifié de "terroriste" : "le rôle des négociateurs dans la libération d'otages est aussi discret qu'indispensable. C'est ce qu'a bien compris le président malien Amadou Toumani Touré qui avait fait de la survie de l'otage Pierre Camatte "une affaire personnelle". Deux Maliens en particulier ont participé activement à la libération, le 23 février, de ce Français enlevé le 26 novembre 2009 par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Baba Ould Choueckh, homme d’affaires d’origine arabe et maire de Tarkint, à 90 km de Gao, et Iyad Ag Ghali, diplomate, actuellement en poste en Arabie saoudite et appelé en renfort par Bamako au début de janvier. Ancien chef rebelle touareg, Ag Ghali (ici à gauche) est originaire de Kidal et appartient à la puissante tribu des Ifoghas. Kidal est la région contrôlée par l’émir Abou Zeid, qui détenait Pierre Camatte. Le diplomate connaît aussi la branche d’AQMI dirigée par l’émir Mokhtar Belmokhtar, ancien chef de l’ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Fort de cette connexion, il avait négocié, en 2003, la libération des otages allemands détenus par le GSPC. Quant à Ould Choueckh, commerçant, grand connaisseur du désert, il aurait fait des affaires avec Mokhtar Belmokhtar, avec qui il a noué des relations de confiance." Une déclaration qui sonne bien de façon étrange, trois ans après... les anciens amis ou envoyés du Président malien étant tous aujourd'hui considérés comme des terroristes !
(*) Sachant qu'elle vaut en France 60 euros le gramme, mais avec une "pureté" de 33 %, l'avion transportait donc pour 1,08 milliard d'euros de cocaïne... soit le prix d'un an d'opération en Opex (opérations extérieures) en France... le tout en seul voyage !
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