Coke en stock (LIX) : au Mali, la drogue est le nœud du problème (e)
Dans ce pays de dupes, on a trouvé pas mal d'aventuriers, notamment chez les pilotes de brousse, dont beaucoup disent aujourd'hui avoir ignoré les trafics auxquels ils auraient été forcés de participer. Nous avons vu que "Gédéon" s'est éclipsé à un moment où cela chauffait pour son employeur, en train visiblement de s'afférer à l'accueil du Boeing de la coke. On a trouvé un autre, plus jeune encore, qui lui aussi travaillera à ce moment-là chez le même employeur, sans avoir semble-t-il remarqué quoi que ce soit, ce qui peut aujourd'hui laisser dubitatif. Or notre jeune pilote a participé à bien d'autres aventures, dont celle consistant à avoir sauvé de la noyade toute une famille, grâce à sa présence d'esprit. Mais aussi à un autre genre "d'aventure" : celle de l'Arche de Zoé, dans laquelle, étrangement, nous allons retrouver aussi notre ancien président. Le premier ne gardant pas semble-t-il une bonne impresson du second....
Trajectoires croisées
Là où ça se complique en effet, c'est lorsque deux affaires se croisent. Et c'est bien le cas avec cette histoire de Boeing dont on cherche toujours qui auraient bien pu en être les pilotes. Exit Yaroshenjo, qui lui s'occupait de traverser l'Atlantique en Ill-76, voire de transiter via un bon vieux Antonov-12, comme ceux qui traversent l'océan via le Cap-Vert, notamment. J'en ai conté l'exemple ici. Bienvenue à d'autres prétendants, dont deux belges. On commence par un jeune pilote, né en 1984. "En 2007, F.-X. Pinte a 23 ans. Jeune pilote d'avion, il transporte des bien et des minerais en Afrique" écrit le blog Waterloo, car le dénommé Pinte est bel et bien belge. Selon la presse, il aurait rêvé enfant de faire dans l'humanitaire, grâce à ses dons en aviation. Mais il aurait très vite déchanté : "première expérience au Congo, dont il sort écœuré : les avions qui transportent dans un sens du matériel humanitaire sont presque toujours chargés au retour d’armes ou de minerais de contrebande. Deuxième expérience, le Tchad, en 2007. Il a 23 ans, transporte des démineurs". Mais il rêve toujours d'humanitaire, paraî-il, à défaut de devenir pilote de brousse (aurait-il trop visionné Air America, où l'on transporte durant tout le film... de l'héroïne ?). L'occasion va satisfaire ses attentes... mais pas tout à fait comme il l'espérait... car le moins qu'on puisse dire c'est qu'il ne va pas choisir la bonne direction.
L'Arche de Zoé, alias Children Rescue
Au même moment, en effet, deux associations se créent pour les enfants du Darfour : "le Collectif des familles pour les orphelins du Darfour (le COFOD)" créée en France le 17 juillet 2007 et "Kiro et Louna - COFOD" en Belgique, le 14 septembre 2007. Les organisations tablent sur des noms pour se faire connaître. La journaliste Marie Agnès Peleran, journaliste à France 3 Méditerranée et vice-présidente du COFOD France. Leur but, faire adopter des enfants orphelins "de moins de 5 ans" afin de leur faire obtenir un statut de demandeur d’asile via leurs familles d’accueil, ce qui aurait accéléré leur adoption, selon le projet. Environ 1500 euros est demandé aux familles pour organiser le retour des enfants, c'est le projet "’« Opération Darfour 2007 », qui se fait aussi connaître sous le nom de "Children Rescue", une association dirigée par un pompier français Eric Breteau. Son siège siège social est basé en Australie, ce qui est déjà une incongruité. Pour rapatrier ces "orphelins", décision est prise de contacter des pilotes de gros porteurs, puisque c'est une centaine d'enfants à rapatrier qui est prévu : plus de cent d'un coup, sinon davantage. "Un jour, il (FXP) est contacté par un certain Eric Breteau et son amie Émilie Lelouch, (une acrobate de cirque fille de Lucien Lelouch). Celui-ci, prétextant avoir l'appui de Bernard Kouchner et de Cécilia Sarkozy, lui propose d'évacuer 300 jeunes orphelins tchadiens en Boeing.
Plus tard, Breteau lui demandera aussi de louer rapidement un Boeing car celui de l'Arche de Zoé aurait été annulé." La présentation et le soutien des personnalités cités semblent avoir immédiatement séduit notre homme, qui se lance donc dans l'aventure. Comment en revanche aurait-il pu garantir financièrement la location d'un Boeing reste une autre histoire. L'Arche de Zoé, ou plutôt "Children Rescue" utilisera aussi un autre appareil, un petit Cessna 172H de Reims Aviation immatriculé F-BTUF visible ici à droite. "Je travaillais comme pilote au Tchad depuis fin mai 2006, pour une compagnie aérienne louant ses services à des organisations humanitaires, en l’occurrence le Haut-commissariat de l’ONU pour le déminage. A la mi-septembre 2007, l’organisation Children Rescue a loué un petit appareil à ma compagnie, et j’ai donc été leur pilote pendant deux semaines" raconte FXP..
Un vieil ami du manche
Xavier Pinte cherche alors du soutien chez ses amis pilotes, que l'on trouve invariablement en Belgique dans un lieu assez magique (aujourd'hui fermé !) toujours plein de vieux baroudeurs, et que je vous avais aussi décrit ici : "pour trouver un pilote pour le seconder, F.-X. Pinte alerte des anciens sabéniens qui fréquentent le Check-in Pilot's Bar (fermé depuis) à Waterloo. Jacques Wilmart, pilote retraité de la Sabena et âgé de plus de 70 ans, se propose. Jusqu'au bout, malgré les avertissements de Pinte et même dans les geôles tchadiennes, celui-ci ne voulait pas abandonner les enfants à leur sort". C'est bien là qu'à eu la rencontre, et là où a été décidé dans un premier temps d'utilser l'avion personnel de Wilmart : c’est au « Check-in pilots bar », un petit bar de Waterloo, dans la banlieue de Bruxelles, que tout a commencé. Le patron du bar le met en contact avec un jeune pilote qui doit remonter d’Agadès (Niger) vers N’Djamena (Tchad) un petit avion, un Cherokee six Piper PA-32 pour Children Rescue, une ONG qui en a besoin pour ses opérations « d’évacuation sanitaire ».
Jacques Wilmart (ici aux commandes de son Piper) est en effet un vieux pilote qui a de la bouteille, avec son compteur bien rempli à la Sabena et l'association fabrique un bel équilibre ; on dit parfois qu'un bon avion est piloté quand dans le cockpit ça fait 100 ans d'âge environ pour les deux pilotes. Avec nos lascars, c'est le cas (l'un à 74 ans et l'autre 24 !) . En fait, Wilmart dispose de son propre avion, un petit PA-32, immatriculé F-BCJJ (voir ci-dessous) qu'il va revendre 50 000 euros à Chidren Rescue pour faire la navette et regrouper ainsi les enfants à Achebé, au Tchad, acheminés par lots en plusieurs voyages avant de les regrouper dans un gros porteur. On peut apercevoir l'appareil dans une photo figurant sur la couverture du livre qu'il a consacré à l'affaire. "Après plusieurs contacts téléphoniques, le jeune pilote met Jacques Wilmart en relation avec l'association. "Pour moi, c'est un 'aviateur romantique', un homme que je trouve extraordinaire. Il veut rendre les gens heureux, il est d'une totale bonne foi", estime-t-il. "J'ai lu et entendu que c'est lui qui était aux commandes du Boeing 757 qui devait ramener les enfants en France : c'est totalement faux. Jacques n'a pas suivi la formation pour piloter ce type d'avion et il est interdit de piloter un avion de ligne ou charter quand on a plus de 65 ans" tient à préciser FXP". Exit la théorie pour le pilotage du Boeing du désert également... mais il convient de noter quand même que les déclarations de FXP ont été parfois contradictoires, comme ici au Soir le 6 novembre 2007 : "Pendant les deux semaines où j’ai volé pour eux, j’ai eu l’impression qu’ils voulaient vraiment venir en aide aux enfants. Et puis ils m’ont dit qu’ils avaient acheté un petit avion, un Cherokee PA 32, et qu’ils avaient besoin d’un pilote. Ils m’ont demandé si je connaissais quelqu’un. C’est là que vous avez pensé à Jacques Wilmart ? Je ne le connaissais pas directement, mais j’ai contacté quelques personnes en Belgique, et c’est ainsi que j’ai été en contact avec lui". Difficile de croire que le jeune pilote n'ait pas su quel était l'avion acheté par Children Rescue...
Les navettes en Piper
Au Tchad, Wilmart commence par attendre. « Je poireaute à N'Djamena trois jours pour atteindre l'autorisation de circuler. Et ce n'est que le 6 octobre, que je décolle, enfin, avec à bord trois pompiers d'Argenteuil. On a un problème technique. L'huile fait monter trop la pression. Je reviens sur N'Djamena. Et finalement on ne redécolle que le lendemain, le 7 octobre ». Direction Abêché. Là, il « découvre l'antenne médicale de Children Rescue, des gosses sous perfusion, choyés, nourris, réapprenant à rire et jouer ». Sa mission : conduire le petit Piper pour aller récupérer les enfants dans les confins du territoire tchadien, à la limite du Soudan. toutes ces pistes de brousse étaient en limite soudanaise, sur territoire tchadien, très près des zones rebelles, Un jour près de la zone rebelle, on n'a pas pu atterrir car la piste était sous les tirs de mortiers. Mais on "n'a jamais franchi la frontière" assure-t-il. L'opération « se fait au grand jour ». C'est bien cela qui étonne toujours aujourd'hui : les autorités Tchadiennes comme les françaises étaient bien au courant de tous les déplacements de Wilmart et de son Piper. On possède aussi des clichés des membres de L'Arche de Zoé, tous habillés en pompiers à bord d'un des Transall de l'armée de l'air française (ici à droite).
« Chaque jour, je remplissais un plan de vol, avalisé par le contrôle aérien de l'aéroport d'Abéché, précisant le nombre de personnes à bord et le manifeste (les noms des passagers) ». Il dénie aussi qu'il puisse y avoir eu le même rapt d'enfants, ayant été « témoin à plusieurs reprises, notamment à Biltin, de la façon dont s'y prenait Emilie Lelouch (la compagne d'Eric Breteau, qui dirigeait toute l'opération), demandant, aux chefs de village et aux traducteurs s'ils étaient bien orphelins ». De toute façon, l'opération se faisait au grand jour. « Eric Breteau m'a dit de porter l'uniforme pompier parisien (NB : Eric Breteau est pompier volontaire à Argenteuil, en région parisienne), avec Children Rescue marqué derrière nous. Car je ne veux pas donner l'impression d'une secte secrète, m'a-t-il expliqué. On se balladait, partout avec des tee-shirt siglés « Children Rescue », des stickers sur l'avion, sur les 4X4 (l'avion était bien siglé "Children Rescue" en effet sur le capot avant). ». Bref, Jacques Wilmart, par son bon cœur, se fait embarquer dans une drôle d'histoire, car les enfants ne sont pas tous orphelins, loin de là. Lui et FXPinte n'ont donc jamais été pressentis pour piloter le gros porteur ramenant les enfants à Vatry, comme j'avais pu le dire, mais seulement pour organiser le regroupement des enfants.
Le fiasco
La suite on la connaît. Le gros porteur 757 d'une société espagnole, Girjet, qui arrive, avec ses 7 membres d'équipage, n'est pas celui qui avait été choisi au départ, ce confirme Wilmart : "au Novotel à N'Djamena, "le 24, j'apprends au dernier moment l'arrivée de l'avion loué, un avion d'équipage espagnol, immatriculé islandais "l'immatriculation ne correspondait pas, suite à un problème technique, l'avion d'origine ne pouvait venir, ils n'ont pas réintroduit de demande, c'est courant" dans le milieu aérien. Wilmart ne ment pas : l'avion est bien enregistré en islande, c'est le TF-LLZ de la firme Loftleidir Icelandic, un Boeing 757 :
"J'ai personnellement assisté à l'élaboration du plan de vol (du Boeing), la veille du départ. Il était mentionné : Nombre personnes à bord = 7 (commandant bord, l'équipage), remarques : OPS Children Rescue, EVASAN. Nombre de personnes à bord : 119. Destination Vatry. (Pour les noms des enfants), c'est à Abeché, que le chef de mission avait établi le manifeste avec tous les noms des enfants". (...)" Bref, pour lui tout était en règle, et il s'apprête à repartir lui-même à Agadès avec le Piper. Finalement FXP et lui décident de le laisser sur place et de rentrer par leurs moyens. C'est alors que Jacques Wilmart se fera arrêter. Lors de l'enquête, on s'apercevra qu'on avait menti aux espagnols de la même façon qu'à FXP : "La compagnie aérienne espagnole affrétée par l'Arche de Zoé pour faire sortir 103 enfants du Tchad avait été informée que l'opération avait le soutien des Nations unies et de Cécilia Sarkozy, apprend-on vendredi de source proche de l'enquête. Selon cette source, qui n'a pas souhaité être nommée, la compagnie charter catalane Girjet a accepté de prendre ce vol en charge après avoir reçu des courriels lui affirmant que l'opération était organisée par le HCR, organisme de l'Onu en charge des réfugiés, et avait reçu la bénédiction de Cécilia Sarkozy, alors épouse du président français". Des courriels en attestent : "Veuillez fournir une estimation du coût du transport de 180 passagers du HCR d'Abéché (Tchad) à Marseille", peut-on lire dans l'un des messages, envoyés en anglais, dont Reuters a pu consulter une copie. "Besoin réel de votre coopération entière dans cette affaire, considérée comme un vol humanitaire pour le compte d'un groupe français dirigé et soutenu par Mme Cécilia S.", insiste un autre courriel. "C'est évident qu'ils voulaient donner l'impression que la présidence française était au courant de la mission de l'Arche de Zoé", a déclaré la source". Pouvait-on aussi facilement se faire valoir de la première dame de France d'alors ? L'enquête sur Girjet sera vite enterrée. La société verra son autorisation de vol supprimée en 2008, sans avoir auparavant vu un de ses appareils, un Fokker 100 (F-28-0100, EC-JOM) bloqué et "confisqué" le 23 décembre 2007 à Manchester (on avait disposé à l'arrière un petit chasse neige pour être sûr que l'appareil ne soit bougé. Aucune raison n'avait été donnée à ce blocage. La société avait été interdite de vol en Suisse pour présentation de documents insuffisants. Girjet partira en banqueroute après avoir tenté de se lancer dans les cargos en achetant deux 747-200F à Martinair, de Hollande (PHMCE et PHMCF), le premier devenu EC-KEP et N652AP. L'appareil, déposé au Goodyear Airpark de Phoenix, sera acheté par Rayyan Air, société pakistanaise, pour devenir AP-BIB, en remplacement de ses vieux Ill-76 interdits de vol en Europe pour normes de pollution.
L'argent et sa provenance
Tout le monde se pose alors la question d'où vient l'argent qui a permis tout cela , ainsi que les aides évidentes dont on bénéficié Breteau au démarrage de son action (*) : "Le coût total de l'opération s'élèverait, selon l'association, à 550 000 euros, dont 165 000 dépensés pour la location du Boeing qui devait transporter les enfants. "J'ai reçu deux virements bancaires, l'un mardi matin, l'autre mercredi, confirme Jean Bidegain, directeur de Cargoleasing, qui a affrété l'avion. L'association m'avait assuré qu'il s'agissait d'une évacuation médicale." Le courtier prévoit de se retourner contre l'Arche de Zoé". Payé ou pas payé, comment a-t-on pu en arriver à une opération aussi lourde ? Les fonds de l'Arche de Zoé le permettaient-ils seuls ? FXP a sa théorie là-dessus, qu'il va écrire dans un live sur l'affaire. Il y raconte qu'il avait eu le temps de se rendre compte d'une escroquerie : "c'est sous couvert d''évacuation humanitaire" que l'Arche de Zoé avait rassemblé 103 enfants à l'est du Tchad. Tous étaient présentés comme des orphelins, mais selon François-Xavier Pinte, il était clair que certains avaient encore une famille. "J'ai vu une dame qui voulait récupérer un enfant au centre de santé d'Abéché. L'enfant lui a été immédiatement rendu. C'est là que j'ai compris qu'il y avait une ambigüité", explique-t-il." L'ambiguité étant partout, la société Cargoleasing citée ne fournissant au départ... que des avions démunis de sièges (mais faisant praraît-il aussi du "chartering" pour tout avouer, en sous-traitance ) !!!
FXP sur la paille règle ses comptes
De quoi susciter des années après plus qu'une amertume : "François-Xavier Pinte en veut encore à Eric Breteau, le fondateur de l'Arche de Zoé. "Je me suis fait réellement manipuler. Eric Breteau nous avait toujours affirmé qu'il avait de nombreux appuis au niveau politique français. Il n'y avait aucune raison pour que le personnel français sur place au Tchad pose des questions à ce niveau là", tempête-t-il". Des questions surtout sur les iiens entre le frère du président et un laboratoire pharmaceutique, notamment, et ses liens directs avec l'association. On découvre lors d'une perquisition menée le 26 octobre 2007, au siège de L'Arche de Zoé, que cette dernière est installée à la résidence parisienne deJean-François Dhainaut le père de Stéphanie Dhainaut-Lefebvre, la trésorière et la secrétaire générale de l'Arche de Zoé. Or elle est aussi la directrice adjointe de Paris Biotech Santé, la firme mise en cause. Cette dernière a comme membre de son comité d'évaluation parisien François Sarkozy, frère du président français, ce qui expliquerait l'empressement présidentiel à clôre l'affaire, qui révèle aussi comme j'ai pu l'écrire le désastre de l'adoption en France, Laure de Choiseul, dont la direction nationale a été confiée... à l'épouse du ministre de la justice précédent (Pascal Clément).
Bref, un vrai panier de crabes politiques, dont le jugement récent n'a pas révélé grand chose, sinon la désarmante sincérité et la candeur des pauvres assistants de Breteau, leurrés sur toute la ligne et condamnés en définitive a du sursis. Je songe en particulier à Alain Peligat dont la grandeur d'âme est évidente et qui n'a jamais varié sur ses déclarations. L'expérience de FXP dans l'humanitaire est loin d'avoir été une réussite. Son vieux collègue arrêté sera relâché quelques semaines plus tard. Nicolas sarkozy transformant un fiasco humanitaire en opération de relations publiques : c'est alors le sauveur de tout dans le monde, ou presque.... et surtout celui de Cécilia Sarkozy, envoyée jouer le même rôle en Libye, chaperonnée de près par Claude Guéant.
Tout ça pour atterrir... chez Vernay !
L'opération tchadienne a été un fiasco total, et pour notre jeune pilote, il faut assez vite retrouver un emploi : il se retrouve ainsi à travailler en juin 2008 avec Eric Vernay... au Mali. Retrouvant ainsi son travail congolais de convoyage de minerai d'or (pas illicite, cette fois, selon les dires de "Gédéon"). Ces rêves d'humanitaire semblent bien envolés, mais ne demandent qu'à resurgir, pourtant. C'est ce qu'on lit le 29 août en tout cas sur une page "régions" de l'Avenir.net : "Il y a 2 mois, François-Xavier pause ses valises à Bamako. Il y rejoint Éric Vernet et sa jeune compagnie aérienne, Aéro Service Mali, comme chef pilote et directeur des opérations aériennes. Jusque-là, Aéro Service avait pour principaux clients les agences de tourisme et voyageurs de passage désireux de découvrir le Mali. Mais très vite, François-Xavier se rend compte que le Mali connaît lui aussi sa part de souffrance. Plusieurs régions du nord du pays sont touchées par l'islamisme radical et agitées par des conflits avec des rebelles. Du coup, les ONG ont bien du mal à y assurer leur mission. Fort d'une précédente expérience de l'humanitaire (lire ci-contre), François-Xavier propose à Éric Vernet de dédier un des 5 avions de la compagnie à des missions d'appuis aux ONG dans le nord du pays, là où les autres compagnies aériennes ne veulent plus aller. En désenclavant ces régions par voie aérienne, la compagnie permet aux ONG d'aller agir au plus près des populations en détresse." Notre jeune pilote a donc rejoint Eric Vernay, en lieu et place du "Gédéon"
(photographié ici en train de se reposer dans le Chieftain de Mali Aero Services), parti début mai 2008 en laissant ce bref mot dans son blog : "Salut, Bon normalement je dois déménager prochainement, mais comme je ne suis pas sûr d’avoir le net, inquietez vous pas (ici tout est long long long long) donc a bientôt…" on le retrouvera, on l'a vu, au Canada en novembre de la même année pour des missions de sondage aérien, en Gaspésie dans l’est du Québec. Mais sans piper mot du pourquoi de son brusque départ d'Aero Services Mali, devenu depuis AAA pour le Québec (Africa Air Assistance, les deux firmes ayant existé conjointement*). Un sacré changement, face à Gao !
Un sacré changement aussi....pour XF Pinte, qui se met en scène sur son blog Netlog, en postant une photo non datée devant ... un Piper PA-31-310 Navajo C immatriculé... Au Canada. Y aurait-il accompagné "Gédéon" ? Il semble surtout très jeune sur les photos, ce qui ferait plutôt remonter les photos à avant 2006, à savoir sa période de formation vers 22 ans. Un avion bien reconnaissable en réalité puisque vu ici aux Trois Rivières au Canada en août 2008, avec les mêmes couleurs, et la même immatriculation C-FEUO. L'appareil ayant été pris en photo par notre tout jeune pilote en des contrées plus hospitalières, puisqu'affichant un palmier-cocotier à l'arrière plan. On songe... à la Floride plutôt, impression confirmée par un autre cliché : celle de notre vaillant Navajo pris à Fort Lauderdale en avril 2011, ayant toujours comme propriétaire le dénommé Gabriel Buisson. Le fondateur de la société chimique Laurentide, spécialisée dans la peinture (vendue en 2011 à General Paint). Sur le fond de la photo, droite, une camionnette de la SWAT.
Un hasard ? Peut-être pas : le 20 avril 2010 plusieurs mois avant a prise de vues, l'avion de Buisson (atteint aujourd'hui d'Alzheimer) avait été bloqué à Fort Lauderdale avec à bord 109 458 dollars non déclarés avait-on appris "Selon le rapport de l'agent spécial Rodd Delmonte, du Bureau des douanes et de l'immigration au Département de la Sécurité nationale américaine, Gabriel Buisson, accompagné de sa femme et du pilote de son avion privé, se sont posés à l'aéroport de Fort Lauderdale en provenance des Bahamas peu avant 16 h, le 20 avril dernier. Dans les minutes suivantes, les douaniers ont demandé aux trois personnes si elles transportaient un montant supérieur à 10 000 $ sur elles car dans ce cas, elles devaient le déclarer. M. Buisson aurait alors pris la parole en mentionnant que personne ne possédait un tel montant en argent liquide sur lui. Or, les agents ont découvert 9980 $ sur le pilote, tandis que le couple avait 21 360 $, tous des montants en argent canadien. M. Buisson aurait alors indiqué que tout cet argent lui appartenait. Munis d'un détecteur de devises, les agents se sont dirigés vers le cabinet de toilette, où deux autres paquets contenant respectivement 53 100 $ et 24 964 $US ont été découverts. Une fois de plus, M. Buisson aurait déclaré que cet argent lui appartenait. Il aurait mentionné aux douaniers que ces montants provenaient de la vente d'une propriété située à Acapulco, au Mexique". Selon la famille, la somme aurait dû servir à payer les réparations de l'avion... en liquide. L'histoire ne disant pas qui était alors le pilote lesté de 10 000 dollars sur lui. Pour sûr, il ne s'agisssait pas de FXP. En juillet 2011, FXP était déjà de retour en Belgique, surtout... et se faisait remarquer de façon... surprenante.
Voler vers le Nord ?
Des vols vers le Nord du Mali, pour l'instant, chez Vernay, en 2008, deux ans auparavant, à savoir au pays Touareg, où les islamistes sévissent déjà, comme on l'a relevé, et qui oblige la société à se renforcer. Qu'est ce qui peut bien décider Vernay de se lancer dans des régions aussi dangereuses ? L'appêt du gain, mais pas seulement celui du paiement des rapatriements liés aux ONG dans ce cas ? C'est au nord que la coke circule, et ça tout le monde le sait ! Pour FXP, ce n'est pas bien sûr le but visé : "Pari risqué pour Éric Vernet, car cela se fera au détriment des vols touristiques rémunérateurs... Mais pari tenu par le chef d'entreprise. Depuis un mois maintenant, Aéro Service Mali réalise des évacuations médicales dans le nord du pays. Pour les assister dans ces nouvelles missions humanitaires, Éric Vernet (Vernay) et François-Xavier Pinte ont fait appel à un autre jeune Belge, venant de Pesche (Couvin), Kim Philippe. Un nom qui ne nous est pas inconnu puisqu'il s'agit du fils de jacques et Michelle Philippe, dont l'ASBL "Le souffle de vie" est installée dans l'ancienne bâtisse de l'école de Pesche. Âgé de 25 ans, Kim est lui-même expatrié depuis quelques années : il s'occupait, dans une concession aurifère et diamantaire du Congo Zaïre, de former les jeunes du cru à la recherche des pépites dans le fleuve Congo. Chez Aéro Service, Kim a désormais pour mission de préparer les opérations vers le nord du pays, de trouver des solutions aux problèmes que rencontrent les ONG, et de voir comment Aero Service peut répondre à leurs attentes."
Bref, un joli discours, mais dans lequel on parle de transfert de minerai d'or, encore une fois, ce minerai "de contrebande" dont Pinte ne voulait plus entendre parler. Ce qui est surprenant, c'est que "Gédéon" n'ait donné aucune indication sur son départ qui semblait bien précipité. Et rien non plus sur le trafic de coke, bien sûr ; dont Vernay avait déjà été soupçonné au Sénégal ! Peut-être le dira-t-il un jour...
Retour au Sénégal pour un plongeon
Une fois l'expérience AAA terminé, comme on a pu le voir, FXP se retrouve... au Sénégal, (et non au canada, donc) justement, dans une autre entreprise d'avions, "Aérotaxi"... , ou il atterrit en terrain connu comme je l'ai écrit ici : "avec comme appareil deux PA32 "Cherokee Six, équipé de 5 sièges passagers.",(6V AHY et 6V-AIA) le même appareil que pilotait Wilmart pour le Children Rescue/Arche de Zoe. Un avion N32014 somme toute assez particulier, car photographié ici le 22 juillet 2006 à Tenerife Norte-Los Rodeos, avec à bord tout un dispositif d'essence supplémentaire, car venant de Reijavik, après avoir décollé de Goose Bay... bref, un appareil capable de traverser l'Atlantique Nord.... pour se faire livrer. Livré à
De bons réflexes
J'avais aussi relevé ici l'accident d'Aerotaxi de janvier 2011, qui allait mettre fin à la société "avec le crash de son PA32 6V-AHY... en pleine mer, en face de la plage de M'Bour, au Sénégal (ville jumelée avec Concarneau) A bord,un "homme d’affaires (François Boucher) et ses deux enfants", qui seront sauvés grâce à des pirogues locales. Selon son témoignage, l'avion a avait été victime d'une rupture de soupape en plein vol (....) Je n'ai pas réussi à déterminer qui pilotait ce jour-là. Mais l'expérience désastreuse pour l'image de marque du plongeon semble avoir laissé une trace chez Xavier Pinte. L'avion a bel et bien... coulé, ce qui a failli tuer ses occupants. Et l'amerrissage forcé à semble-t-il eu raison de la société : "l'appareil qui est toujours dans les profondeurs des eaux de la Petite-Côte avait à son bord un homme d’affaires et ses deux enfants. Le pilote qui accuse de négligence l’agence « Aéro-taxi », propriétaire de cet avion de six places, a en effet rendu sa démission, à la suite de cette affaire. Parce que, selon lui, l’avion a un moteur « trop vieux ». J'avais un doute sur le pilote ; mais un lecteur rappelé "Icarus", plutôt mécontent de ce que j'avais pu dire su FXP (lisible ici, une intervention virulente mais salutaire faite 10 mois après l'article !) me l'ôtera, il s'agissait bien de FXP en personne en effet, ce que j'ignorais : "son hydravion est un cadeau du passager dont il a sauvé la vie et celle de ses enfants" me dira-t-il, en me rappelant qu'effectivement ce jour-là FXP avait réalisé une belle prouesse et sauvé la famille en se posant sur l'eau sans se retourner avec un avion pas fait du tout pour jouer les hydravions avec son train fixe. Ça valait bien en remerciement un avion capable naturellement de se poser sur l'eau !
Une société disparue ?
Entretemps qu'est devenu Aerotaxi du pauvre Olivier Moussiaux, qui lui aussi avait réalisé son rêve ? Ces appareils étaient annoncés comme étant en vente après l'accident du 6V-AHY, et ses liens Facebook effacés. Une petite annonce surprise de septembre 2012 annonçait la création d'une nouvelle entreprise sénégalaise, "une jeune compagnie de transport aerien a la demande, basée au Cap Skirring (SENEGAL) recherche pilotes monomoteurs pour vols commerciaux sur SARATOGA II HP et CHEROKEE 6". On peut supposer que cela vienne de lui en effet. Le travail prévu étant de 8 mois (durée de la saison touristique, pour un salaire de 2000 à 3500 euros par mois. Le Saratoga II HP décrit aurait pu être le modèle 6V-AIC basé à l'aérodrome de Dakar, celui qui a participé à l'édition 2009 et 2011 du Tour du Sénégal en avion, mais il semble plutôt appartenir à Arc en ciel aviation, installé depuis 1996 à Dakar même. L'un de ces cinq appareils. Quant à Moussiaux, véitable passionné, lui aussi, on souhaite qu'il puisse repartir... Un site internet en fabrication semble annoncer le redécollage prochain.
Un nouvel espoir grâce à "Caroline"
Comment et pourquoi donc FXP, si pêtri d'humanitaire, s'était-il retrouvé dans une société accusée de trafic de cocaïne, reste un autre grand mystère. Son désir de voler en brousse, sans doute, qui aurait pris le dessus. Aurait-il à un moment pu piloter le Boeing du désert avec Vernay ? Au vu de ses heures de pilotages de petits appareils seulement, ça semble impossible en effet, mais on ne sait toujours pas si les voix entendues dans la tour de contrôle à l'arrivée du Boeing était celle provenant de l'avion ou celle en tour de contrôle, tout ce que l'on sait c'est que c'était bien celle d'Eric Vernay en tout cas. Lui était bien dans le coup dans tous les cas de figure. FXP semble bien loin de tout ça, avec ses tentations humanitaires à répétition. Comme l'est sa nouvelle société, baptisée Ayadeya, qui se présente cette fois comme franchement orientée vers le seul humanitaire, avec pourtant les mêmes employés que ceux croisés chez Vernay... et un seul avion, d'un modèle bien à part : un hydravion, cette fois, un Lake buccaneer LA-4-200 venu de Norvège, cadeau, comme on a pu le voir d'un industriel pour avoir sauvé sa vie et celle de ses enfants grâce à sa présence d'esprit. Immatriculé LN-AAJ et datant de 1979, le beau cadeau de celui à qui il avait sauvé la vie à M'Bour, au Sénégal, permet à FXP de reécrire sa biographie et celle de ses amis dans le site où il se présente désormais ainsi
: "François-Xavier Pinte, notre chef pilote. De formation pilote de Commercial FX oriente la fin de sa formation vers le vol de brousse. Il réalise sa première mission humanitaire au titre de commandant de bord sur un PA-31 a l’âge de 21 ans en zone de conflit pour une ONG française ! Très vite choqué par le manque d’optimisation de transport aérien dans le monde de l’humanitaire, il est par la suite nommé chef pilote pour une mission de Déminage en zone de conflit au Tchad. A 26 ans il est chef pilote au Mali. Trompé par sa bonne foi, il est impliqué dans l’affaire de l’Arche de Zoé au Tchad, une affaire sur laquelle il a co-écrit avec Geoffroy d’Ursel un livre expliquant l’illogisme de cette organisation". Kim Philipe, notre chef logisticien. Tombé amoureux de l'Afrique pendant une mission en République Démocratique du Congo, Kim s'est investi au Mali dans le développement d'une compagnie aérienne en tant que directeur commercial et assistant des opérations aériennes. Avec François-Xavier, ils y ont monté une centrale d'assistance médicale et sanitaire. Toujours au Mali, il s'est reconverti dans le management à travers un centre de formation en boulangerie et pâtisserie. Aujourd'hui, il prête ses compétences à Ayadeya, une manière pour lui de rendre la monnaie à cette Afrique qui lui a tant apporté."
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L'opération montée en octobre 2007 par l'ONG française l'Arche de Zoé - la tentative avortée de faire sortir 103 faux orphelins du Tchad en vue d'une adoption en France - pourrait bien avoir été "publicitaire", pour populariser la cause du Darfour (la province soudanaise voisine) auprès de l'opinion publique européenne et française en particulier, avec un appui "en sous-main" du président Nicolas Sarkozy, affirme un livre paru mardi.
Selon les auteurs, François-Xavier Pinte - le "deuxième pilote belge" qui avait recruté un collègue, Jacques Wilmart - et le journaliste Geoffroy d'Ursel, un "faisceau d'indices" laisse penser que M. Sarkozy et son ministre des Affaires étrangères de l'époque, Bernard Kouchner, ont pu couvrir les préparatifs de l'opération, sans en avoir "la preuve irréfutable".
Ils citent notamment dans cet ouvrage, intitulé "Sarkozy dans l'avion ? Les Zozos de la Françafrique", le fait qu'une lettre de garantie pour la location du Boeing 757 qui devait emmener les enfants d'Abéché (est du Tchad) à Vatry, près de Reims (nord de la France), était signée par le frère du président, François Sarkozy, qui dirigeait la société pharmaceutique Paris Biotech Santé.
Quant au président de l'Arche de Zoé, Eric Breteau, il affirmait agir avec le parrainage de Cecilia Sarkozy, l'épouse du chef de l'Etat, et de soutiens politiques, diplomatiques et militaires. Et les 25 membres de l'ONG ont effectué, après leur arrivée au Tchad, le vol entre la capitale, N'DJamena, et Abéché, en avion "Transall" de l'armée française, ont indiqué les deux auteurs lors d'une conférence de presse à Bruxelles organisée par les Editions de l'Arbre, un éditeur franco-belge.
Les auteurs soupçonnent aussi le président tchadien Deby d'avoir été au courant de l'opération de sortie des enfants et de l'avoir "détournée à son profit" et imité l'instrumentalisation de l'affaire des infirmières bulgares condamnées puis finalement libérées par l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi."
(**) Un Africa Air Assistance qui vient de connaître une résurrection sur le net fort étrange, qui sent le détournement à plein nez. Comme sl l'on avait pris vite fait des clichés d'un hangar du de l'aéroport Léopold Senghor, monté ces deux dernières années à côté des hangars habituels, à Dakar, qu'on n'y avait ajouté un Fokker vite fait pour faire aussi une offre d'avion de ligne, et ressorti l'appellation AAA, resurgie de ses cendres. Le site, mis en ligne le 6 février dernier seulement, sent le fake et la mauvaise finition, le Fokker présenté (rubrique "notre flotte") comme un modèle F-27 à ailes hautes et à turbopropulseurs étant en réalité un F-28 biréacteur, d'un modèle fort reconnaissable en effet, c'est celui d'Air Leasing Cameroon. La photo de Dakar semblant plutôt avoir été faite à Ouagadougou, au Burkina Faso, en octobre 2009 comme le montre le cliché en haut à gauche. Pas très malin, l'auteur a en effet choisi un modèle d'Air Leasing Cameroon, reconnaissable à sa livrée extérieure, un F20-4000 immatriculé TJ-ALF,
un avion bloqué en Guinée Equatoriale depuis son accident le dimanche 26 juin 2011. Depuis, l'avion, qui avait été repeint en mars 2009 à Lanseria (où on refait de tout !!!), a été vu fort dégradé en mars 2011 et en novembre toujours dans le même état à Lanseria même, où on lui avait enlevé les moteurs, signe d'une destruction à venir. A Lanseria, on sait retaper des appareils, mais on ne fait pas de tels miracles. Qui a bien pu tenter de ressusciter AAA ? On soupçonne fort Ibrahima Gueye d'être derrière la malversation.
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