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Accueil du site > Tribune Libre > Coke en stock (LXI) : la mort de Marco-la-torpille

Coke en stock (LXI) : la mort de Marco-la-torpille

Pour une fois, dans cette (longue) je fais une infidélité aux avions, en venant vous parler de bateaux. Ou plus exactement de torpille, puisque c'est l'incroyable procédé mis en place par des narco-trafiquants... français pour rapatrier en avril dernier à Rotterdam 100 kg de coke du Vénézuela. En prime de cet incroyable histoire, on découvre que celui qui se cachait derrière l'affaire avait déjà défrayé la chronique il y a près de 20 ans, en ayant réalisé "le casse du siècle", qui lui avait rapporté trois fois plus que celui de Spaggiari. Récit des aventures de Marco-la-torpille, qui vient de disparaître ce week-end : arrêté une nouvelle fois et incarcéré après avoir été pris en flagrant délit de livraison de cocaïne, l'homme s'est suicidé aux Baumettes. Son second gros coup aurait dû être un autre coup de maître, il s'est terminé en fiasco, celui-là...

Commençons si vous le voulez bien par un premier "succès" dans sa carrière : nous sommes le 16 décembre 1992 à Toulon, et à la Banque de France déboule en fin d'après midi une dizaine de braqueurs déguisés (ils portent fausses barbes, perruques, chapeaux, etc). ... qui en peu de temps raflent la bagatelle de 146 millions de francs (22 millions d'euros de l'époque, près de 40 aujourd'hui), soit trois fois plus qu'Albert Sppagiari s'était ingénié à aller chercher en creusant un tunnel de 8 mètres de long à Nice. Les travaux d'approche de Spaggiari avaient duré trois mois, et son équipe en avait sué sang et eau pour atteindre et percer le 1,80 m d'épaisseur de béton final pour accèder aux 371 coffres (en photo les policiers en train de retirer le matériel amené par les malfaiteurs dans les égoûts). A Toulon, cela avait été tout l'inverse et plutôt par ruse : l'affaire, rondement menée avait commencée par la séquestration dès le matin à 7 heures, chez lui, devant son sapin de Noël, d'un gardien de nuit de la banque, père d'un enfant de 6 ans, promptement entouré d'explosifs pour le menacer (ils n'étaient pas reliés à la télécommmande pour les faire exploser, et n'auraient jamais pu le tuer) . Il sera amené vers 16 h sur les lieux, pour y apitoyer deux de ses collègues, et l'expédition de vidage des coffres sera menée en moins d'une heure, avec une précision qui très vite va orienter les policiers vers une complicité intérieure. Il a en effet fallu sortir 4 mètres cubes de billets de 100 francs de la Banque (soit 850 kilos de papier !), ce qui ne se fait pas sans quelques préparatifs et répétitions, avec dans les jambes les 15 personnes présentes ce jour-là sur place. Quand les braqueurs repartent, les deux camionnettes regorgent de billets : la Renault Express blanche de la BDF montre de l'extérieur les billets sur ses vitres, tellement il y en a dedans dira un des témoins !

La fameuse complice, dans la place c'est la pétulante secrétaire comptable, âgée alors de 39 ans, qui est là depuis 18 ans dans les murs, Hélène Renaux, à qui aussi on donnerait le bon dieu sans confession, et qui a eu le malheur de tomber amoureuse d'un vendeur de cassettes vidéos, Gino Lo Piccolo, reconverti des chantiers navals de la Ciotat, qui n'est autre qu'un des membres du gang, et à qui elle a offert... les plans de la Banque et donné des indications sur les dispositifs de protection. Le loueur de cassettes à un copain RMiste, René Bombacce, dit "Nesse", ancien ouvrier lui aussi des chantiers de La Ciotat au chômage, que les policiers vont avoir le flair de suivre... en vacances, en Italie, où il va faire maladroitement le flambeur quelques jours à peine après le casse. Ce qui va mettre bien sûr la puce à l'oreille du commissaire Bonnefont, qui après avoir épluché toutes les relations décide de faire surveiller toute l'équipe repérée par déduction, y compris celui qui était à la tête du groupe, ou présenté comme tel.  Un autre complice, est "logé", c'est Dominique Gianone dit Mimo, un maçon qui n'est autre que le voisin de Piccolo... les policiers commenceront à se dire qu'ils font partie de ceux qui ont fait le casse quand il les suivront jusqu'en Lorraine, partis... racheter des tickets gagnants de loto et tiercé, car c'est un moyen connu de blanchir de l’argent dans le milieu… 

Car il doit bien y avoir un cerveau, derrière ce casse, se disent les policiers, intrigués par le réseau qu'ils ont cerné, et qui est fait de personnes sans grande envergure de truand, celui à qui la secrétaire avait décrit le plan et indiqué même le montant déposé à la banque au moment du forfait : il y avait 2,9 milliards de francs dans les coffres, à Toulon ! Cet homme, il faut encore le coincer, et il ne semble pas décidé à commettre d'erreurs. Intelligent, pour empêcher les bêtises du genre de celle des vacances trop visibles, il a en effet décidé de ne pas distribuer l'argent à tout le monde en même temps mais de le répartir par paliers successifs, une fois le braquage effectué. Aux policiers d'être donc patients et d'attendre quand le "grand argentier" va décider de récompenser ses acolytes de casse. Chez les malfrats, une première livraison rate : un intermédiaire employé pour distribuer trois sacs d'argent en donne un... mais part dans la nature avec les deux autres !! Le responsable décide alors de s'en charger lui-même, ce qui laisse aussi supposer qu'il est le seul à savoir où est l'argent...

Ils vont attendre deux mois, les policiers, patiemment, pour voir la petite voiture du "cerveau" sortir de son parking et se rendre sur celui d'un centre commercial de Mougins avec dans le coffre des sacs, dont un remis à un. puis caché dans un recoin du centre commercial, comme si les deux malfrats s'étaient sentis observés ou suivis (les policiers y trouveront 750 000 francs deux jours après sans que personne n'ait eu l'envie de s'en emparer). Les policiers (pas moins de 50 ont effectué la filature des deux hommes !) décident alors d'empêcher la petite Fiat Uno de repartir. Ils ont eu pleinement raison : dans le coffre, il y avait deux autres sacs et 3,2 millions de francs au total. Le propriétaire de la Uno est arrêté : il s'appelle Marc Armando, il tient un bar à Marseille nommé "l'Eclipse", un de ses barmans est aussi dans le coup, et celui à qui il a remis le sac est un homme qui a "une tête de chinois" comme l'ont dit les employés de la BDF pris en otage : lui, c'est Dominique Bernardini, venu spécialement de Corse pour toucher son dû (filé par la police qui le surveillait étroitement). Toute l'équipe est alors arrêtée : parmi eux il y a Jean-Etienne Chiari, qui est surnommé "l'égouttier" depuis qu'il avait tenté de refaire le casse de Spaggiari, mais à la Lyonnaise de Banque des Six-Fours !!! Il avait pris 8 ans, ce jour-là, alors que pour le casse de Toulon il sera plus tard... acquitté, faute de preuve (personne ne l'a reconnnu) !!

Au final si le casse est élucidé, le compte n'y est pas : les policiers n'ont récupéré que 9 millions, il en manque toujours... 137 !!! Pour beaucoup, les accusés qui se verront infligé de lourdes peines (18 ans pour Bernardini et Armando, 14 pour la secrétaire et entre 10 et 12 pour les autres), n'étaient pas les vrais commanditaires : tout le monde cite alors Jean-Louis Fargette comme véritable cerveau du braquage colossal. C'est alors le parrain incontesté du Var alors réfugié... en Italie. C'est là qu'il est assassiné le 17 mars 1993, à peine trois mois après le casse du siècle de Toulon !  Fargette avait comme ami Paul Grimaldi, qu'on retrouvera lors de l'affaire Yann Piat, dont les ressorts semblaient bien mystérieux et toucher à des personnes très haut placées en politique : en fait cette histoire serait une totale imposture. Pour le braquage Toulon, c'est ce que semble aussi penser Jean-Claude Kella, un ancien de la French Connection, dans son livre sur l'affaire. Il ne pouvait en faire partie, lui ; au moment des faits il était en prison. Selon lui, c'est sûr, "on sait qu'Hélène et Gino sont partis vivre en Amérique du Sud, une fois sorti de prison. Sûrement avec une partie du butin"... (ils seraient partis s'installer au Brésil, après s'être mariés, signe qu'ils auraient bien touché leur part de butin après leurs années de prison !) c'est plus fort que Tony Musulin ça... et ses 2,5 millions d'euros évaporés. On retrouvera bien quelques billets neufs de 500 francs en Suisse... endroit qui aurait pu servir de dépôt pour l'argent... blanchi. Mais le secret bancaire imposé bloquera tout espoir aux policiers de remonter plus loin la filière.

Ceci, pour la première manche de la saga de Marc Armando, qui est sorti lui aussi en 2005 de prison après avoir purgé sa peine (incompressible aux deux tiers avec Bernardini, selon les recommandations de l'avocat général). A-t-il récupéré l'essentiel du butin à sa sortie, comme l'a laissé entendre le même avocat général lors du procès, pour appuyer sur la décision du jury de le condamner sévèrement ? Ou l'aurait-il laissé à un autre, le véritable et mystérieux "Le Grand", qui était apparu dans le dossier (et les écoutes téléphoniques) et auquel Armando avait dit devoir rendre des comptes ? Et dans lequel beaucoup voyaient un des chefs de gangs les plus en vue de l'époque, dont Fargette ? Où était-ce un des "parrains de la côte", du genre "Francis le Belge" ? Le fait de replonger, en ce cas, aurait tendance à démontrer qu'effectivement l'argent lui avait échappé....(il n'aurait quand même pas "flambé" plus de 100 millions !). Pendant ces dernières années, on n'entend plus pourtant parler de lui, avant qu'il ne se fasse à nouveau pincer, ou plutôt que ses nouveaux complices le fassent... plutôt bêtement, à vrai dire. Marco s'est trouvé une nouvelle passion, figurez-vous : la plongée sous-marine !

Cette fois, ça démarre à Fos-sur-Mer, le 17 juin 2012 par un contrôle de routine de la gendarmerie maritime, qui a remarqué des plongeurs dans le port en train de s'entraîner près de cargos. Les gendarmes ont été en fait appelés par des employés du port, qui avaient vu vers 3 heures du matin, des hommes-grenouilles, dotés de propulseurs, s'approcher d'un navire dans le port pétrolier. Ce qui n'est pas fréquent, ma foi. Les hommes avaient rejoint un bateau penumatique qui les attendait. Intrigués, eux aussi, les gendarmes vont les suivre, discrètement, sur plusieurs jours et s'apercevoir que leurs entraînements ont lieu aussi de nuit, entre Antibes et Juan-les-Pins, toujours près de cargos, et constater aussi qu'ils dépensent beaucoup en matériel de plongée pour de simples amateurs, comme ils s'étaient présentés devant eux. Placés sous surveillance, on découvre que les mêmes avaient pris il n'y a pas si longtemps des billets d'avions pour le... Pérou, endroit où, on le sait, la coke de Colombie ou du pays sort des ports régulièrement en quantité. Les plongeurs seraient-ils sur un gros coup de transfert de coke se disent les gendarmes, qui connaissent bien les méthodes utilisés par les cartels de drogue ? L'enquête, qui dure depuis 10 mois maintenant, semble y conduire. Bonne pioche, car tout s'accélère soudain à la mi-avril : les voilà qu'ils partent à trois, le 13 avril dernier dans une camionnette lourdement chargée de matériel de plongée vers... Anvers (où ils arrivent le 14 avril), puis Rotterdam (où ils sont le 18 avril). Dans la camionnette, il y a des tenues, des bouteilles d'oxygène, des propulseurs de marque Seadoo à plus de 700 euros pièce ; mais aussi des... parachutes, du type de ceux qu'emploient les chercheurs d'épaves pour faire remonter leurs découvertes  ! Les policiers les voient tourner à leur arrivée autour d'un chimiquier néerlandais rouge, le "Laguna D", faisant 14 132 tonnes et 136 m de long parti le 22 mars du Vénézuela, de Curaçao, via une escale dans les Antilles néerlandaises : il vient de faire les deux arrêts du 14 et du 18 avril à Anvers et Rotterdam. C'est donc bien ce navire-là qui les intéresse... se disent les policiers, qui demandent aux néerlandais de les intercepter avant qu'ils ne plongent sous le cargo.

En fait, les gendarmes n'avaient pas déclenché leur surveillance sur le simple fait d'avoir vu des hommes-grenouilles dans le bassin de Fos. L'un des deux plongeurs interpellés avait décliné son nom, et il avait été facile de vérifier son lieu de travail. L'homme était plongeur, certes... mais dans un café-restaurant !!! Il travaillait sur dans la commune de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes), à "l'Argile Caffé", dont la publicité indique "qu'à quelques minutes de Grasse, Vallauris et Cannes notre cuisine du monde et nos spécialités méditerranéennes, vous invitent à renouveler le plaisir des papilles au fil de la carte et des menus élaborés avec le plus grand soin. En terrasse ou en salle, vos soirées et cocktails se déroulent dans une ambiance festive et musicale." Le restaurant venait juste de démarrer sa page WordPress... après avoir créé son site propre  annonçant "tous les samedis soirs "soirée strip-tease et chippendales " Le propriétaire de l'établissement n'étant autre que... Marc Armando, qui faisait partie de l'expédition hollandaise avec ses deux nouveaux complices Samir Laribi et Lofti Bengadim. Avec l'aide de la police néerlandaise, le navire est dans un premier temps fouillé, puis des plongeurs vont ausculter sa coque. Pour y trouver fixé un long cylindre du même rouge que la coque du navire ressemblant à une longue torpille. Celle-ci n'est pas motorisée, elle est creuse, et contient 101 kg de cocaïne, de la "blanche très pure" selon les gendarmes ! il y en a pour 7 millions d'euros ! Aramando a bien replongé, c'est le cas de le dire !

Dans la foulée, la police arrête bien sûr les trois de Rotterdam, mais aussi 5 personnes autour de Grasse, une à Toulouse, deux à Bastia et ses alentours et une encore à Marseille. Parmi les corses arrêtés, Jean-Michel Dominici, le frère du gangster Ange-Philippe Dominici, condamné lui à 14 ans en 2010 pour son rôle dans le vol en Suisse des lingots d'or de la société Metalor en 2004. La cueillette des lingots avait été faite avec la même célérité que le braquage d'Armando : "le 25 janvier 2004, trois hommes encagoulés et armés avaient fait irruption dans les locaux de cette entreprise spécialisée dans l'affinage d'or. Ils avaient ligoté un agent de sécurité, puis s'étaient fait accompagner jusqu'au stock de lingots. En moins d'une heure, ils avaient fait main basse sur la marchandise. Des complicités au sein de la société de sécurité avaient dès lors été mises au jour". Ange-Philippe étant lui aussi patron de deux restaurants un à Aléria et un autre... aux Deux-Alpes, l'un des deux s'appelant "Casa Nostra" ! Les lingots (il y en avait pour 668 kg d'or, pour trente lingots de 12,5 kilos et 3 060 de 100 g !) n'ont eux non plus jamais été retrouvés, et les policiers pensaient même au départ que les plongeurs de Fos cherchaient à les dissimuler dans la "torpille"...

Celui qui était alors devenu "Marc-la-torpille", devait être présenté devant un juge de la juridiction spécialisée (Jirs) de Marseille, après avoir été transféré de Rotterdam, mais il s'est suicidé à peine deux heures après être arrivé à la prison des Baumettes (surnommée "Les gamelles"). Ce devait être un coup imparable, cette fois... mais il ne semble pas avoir accepté de retourner une nouvelle fois en prison pour une longue période, à 56 ans. Et semblait bien cette fois ne pas avoir de "Grand" derrière lui pour lui dicter ce qu'il devait faire (signe qu'il était le seul responsable du casse du siècle ?). Pas davantage qu'en 1992, donc ? Il s'est pendu, comme l'avait fait le 23 juillet 1984, Gaetan "Tany" Zampa, (ici à droite) incarcéré comme Capone pour de simples malversations bancaires mais devenu entre temps complètement fou.

L'histoire incroyable de la "torpille" (nous dirons plutôt du container submersible) évoque bien sûr l'ingéniosité débordante des narco-trafiquants pour ce qui est de transporter de gros chargements de cocaïne. En aviation, on le sait, le record appartient au Boeing du Mali, suivi par l'Antonov atterri au Honduras. Retrouvé abandonné à Olancho le 21 octobre 2009, c’est un Antonov 28 de PZL. L’appareil est immatrículé au vénézuela YV 1769. C’est l’ex YV-1147CP, ST-GWA, ES-NOA, UR-28759, CCCP-28759… En 1996, déjà, des Antonov 32 avaient déjà été achetés par des cartels, et des Caravelle (je vais y revenir) avaient aussi servi. "L'Antonov plus récemment enregistré en Colombie a été loué à la fin de septembre à une société qui, peu de temps après la signature du contrat, a perdu un autre de ses grands avions quand il s'est écrasé près de la pointe sud de Baja California en transportant environ 10 tonnes de cocaïne" notait déjà la presse californienne (en fait l'Antonov 32 ne peut pas emporter plus de 6700 kgs et 7,5 tonnes en version la plus modernisée). Pour ce qui est d'autres moyens de transport, les sous-marins complets ont eu l'honneur de la presse ces derniers mois ; en fibre de verre semi-submersibles ou en métal construits selon des plans de sous-marins existants mais à taille plus réduite, on en découvert de toutes sortes, des bricolés comme des remarquablement finis, tel celui trouvé en pleine jungle et en altitude (il aurait encore dû le faire redescendre par tronçons avant de le mettre à la mer. J'avais déjà évoqué le cas ici-même en 2008, en vous montrant les étonnants "sous marins de montagne" colombiens. Des engins qui ont aussi fait l'objet de recherches historiques désormais : ainsi cette remarquable page, évoquant l'incroyable semi-submersible découvert en 1993 à San Andrés, sorte de bateau au cockpit d'avion capable de s'enfoncer dans l'eau, ou le "Laura", ce submersible court de 1994 en fibre de verre, ressemblant à un petit poisson d'aquarium, l'extraordinaire engin trouvé à Facatativá, un modèle en réduction d'un sous-marin russe pouvant emporter entre 15 et 20 tonnes de cocaïne, battu en qualité par celui découvert en 2010 en Equateur. Une page étonnante qui se termine par une... torpille, munie d'un énorme crochet et munie d'un émetteur radio, indique l'étonnant site...

On a trouvé de tout, le système le plus simple étant celui du fût semi-submersible remorqué au ras de l'eau, et accroché à un cargo de passage (ce qui nécessite une complicité à bord, tant l'engin demeure visible sous certains angles). Ce système rustique a longtemps été le plus répandu, avant que les pays susceptibles de trafiquer ne s'équipent de détecteurs aéroportés performants, ce qui a obligé les narco-trafiquants à réagir, en choisissant donc d'accoler leur fût rempli de drogue à la coque même du navire. Reste à savoir comment le tube d'acier est accroché au navire qui traverse l'Atlantique, à savoir par des plongeurs similaires à l'équipe interceptée à Fos et Rotterdam, ou lors de travaux d'entretien, au quel cas on tombe vers une mise en cause d'autres personnes, des responsables de chantiers navals obligatoirement. Si l'on a bien obtenu des clichés montrant le cylindre saisi à Rotterdam, on ne possède aucune indication sur la méthode d'accrochage de ce dernier sur la coque. Ce système a intérêt à être solide, en effet, à voir un des clichés du Laguna D (ci-contre) en train de se battre contre des déferlantes en Atlantique lors d'un de ses voyages récents.

Le procédé intercepté, nous disent les policiers, n'est pas neuf, et il montre surtout une incroyable faculté d'adaptation des narco-trafiquants devant les progrés de la détection : "M. Frizon a déclaré que la police anti-stupéfiants en Colombie et au Pérou avait alerté sur la technique de la torpille, il y a environ trois ans déjà. « Nous savions que les cartels de la drogue ont été la recherche de moyens plus sûrs de transport de leurs marchandises. Le transport aérien est problématique quand il passe par l'Afrique tandis que les cargos sont à la merci des contrôles douaniers en surface », a-t-il dit. "Un autre stratagème consistait à attacher un mini-sous-marin remplis de drogue à l'arrière de cargos via un câble métallique, mais ceux-ci ont été facilement repérés. Donc, ils ont développé cette nouvelle méthode. " Selon la police, le principe avait probablement cours depuis des années avec un voyage transatlantique tous les six mois, et elle ne pouvait pas exclure la possibilité que l'équipe que ses hommes suivaient ait réussi à passer en contrebande de la cocaïne, même sous surveillance. « Nous sommes les premiers à avoir attrapé une équipe légalement, mais il est presque certain que d'autres ont fait la même chose", a déclaré Bernard Mascarelli de la police judiciaire de Nice" a précisé le Telegraph." Bref, on en a pas fini, de voir des plongeurs... et des "torpilles " accrochées sous des cargos transatlantiques... mais " Marco-la-torpille" ne sera plus là pour les réceptionner...

le site des submersibles à cocaïne :

http://drsamuelbanda.blogspot.fr/2012/01/los-narcosubmarinos.html

le casse du siècle raconté à la télévision :

http://www.youtube.com/watch?v=S4bybfG0r_E

le film sur "Francis le Belge", où l'on peut noter l'affaire du "Caprice du Temps", un crevettier de Pointe à Pitre dont l'avant de la coque a été truffée de drogue, 425 kg d'héroïne (pour "85 milliards de francs" de l'époque). Le sommet de la "French Connection".


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11 réactions à cet article    


  • médy... médy... 6 mai 2013 11:38

    Bientôt ils en chargeront les oiseaux migrateurs, un peu comme dans « James et la grosse pêche ». Ils n’ont toujours pas de drones (camouflés en oiseaux, requins, baleines, etc) ? Non, en fait, rien ne vaut un bon gros cargo, avec les bonnes complicités...


    • morice morice 6 mai 2013 11:42

      Bientôt ils en chargeront les oiseaux migrateurs, 


      ne leur donnez pas l’idée, ils seraient foutus de la réaliser, tant ils ont à écouler....

      le programme anti-drogue mené par la DEA est un ECHEC sur toute la ligne...

      Non, en fait, rien ne vaut un bon gros cargo, avec les bonnes complicités...

      hélas..

      • baldis30 6 mai 2013 22:20

        Bonsoir,

        les drones ont déjà servis pour des attaques militaires ou de terrorisme et pas seulement par de grands pays, de même pour les ULM, pas toujours détectables par des radars ...


      • Ruut Ruut 6 mai 2013 13:15

        Pourquoi ne font ils pas la récupération dans les eaux internationales ?



        • morice morice 6 mai 2013 13:40

          Pourquoi ne font ils pas la récupération dans les eaux internationales ?

          Question idiote : les cargos ne s’arrêtent pas au milieu des océans...

          Vous savez, ça ne se manœuvre pas comme votre hors-bord...

          • Icarus 6 mai 2013 14:35

            Excellent article, Morice, très fouillé, très documenté. Je suis sincère.

            Mais pourquoi Diable éprouvez vous le besoin de traiter d’idiot le premier qui vous pose une question comme Ruut ci dessus ? Vous croyez que ça vous grandit ? Bien au contraire, c’est ce genre de comportement qui vous attire tous les quolibets dont vous vous plaignez régulièrement.


            • Gromenech 6 mai 2013 14:57

              Bonjour l’auteur

              Excellent article, vraiment passionnant ! Avec le détail qui tue et auquel on ne pense jamais :

              « Il a en effet fallu sortir 4 mètres cubes de billets de 100 francs de la Banque »


              • morice morice 6 mai 2013 16:37

                découverte !



                la HUITIEME IMAGE MONTRE QUOI ???

                Thirty Four year-old Kyle Munson, a shipping specialist from League City, Texas has been a member of the NRA for twenty five years. He owns 25 guns with his favourite being the Wilson .38 super.

                il porte surtout un t-shirt de la firme CRAFT !! celle vue à Boston pour « sécuriser » !!! 

                incroyable !!!
                Picture : Justin Sullivan/Getty Images

                • le crocodile 6 mai 2013 16:41

                  Bonjour tout le monde ,

                  Désolé de vous contredire Morice , mais ce procédé d´utiliser une torpille ou , tout au moins un objet ressemblant à une torpille , n´est pas du tout une idée nouvelle mise en place par des narcotrafiquants français mais par un suédois du nom d´Algoth Niska qui faisait la contrebande d´alcool entre l´Estonie et la Suède et même entre l´Allemagne et la Suède en 1920 -1930 . L´alcool était très bon marché en Estonie et en Allemagne alors qu´en Suède il était non seulement hors de prix mais était vendu sous sévère restriction par le monopole de l´état . et les assoiffés ne manquaient pas .
                  La technique qu´il utilisait pour ses « torpilles » était simple mais efficace . il confectionnait des « torpilles en mettant ensemble 20 ou 30 bidons de 20 litres bien arrimés ensembles et avec des planches clouées en forme de torpille qui donnait au tout une forme aérodynamique . il pouvait y en avoir plusieurs et le tout était traîné par un ou des bateaux de pêche à la vitesse d´environ 7 noeuds .Le poids spécifique de l´alcool faisait que ces torpilles restaient en surface derrière les bateaux . Quand la vedette de la douane se faisait voir à l´horizon , on attachait des petits sacs de sels à ces » torpilles " ce qui faisait couler le tout et quand les douaniers avaient disparu , le sel fondant assez vite , les torpilles remontaient à le transport pouvait continuer .


                  Pour la traduction , Google est votre ami smiley

                  • morice morice 8 mai 2013 17:19

                    Désolé de vous contredire Morice , mais ce procédé d´utiliser une torpille ou , tout au moins un objet ressemblant à une torpille , n´est pas du tout une idée nouvelle mise en place par des narcotrafiquants français mais par un suédois du nom d´Algoth Niska qui faisait la contrebande d´alcool entre l´Estonie et la Suède et même entre l´Allemagne et la Suède en 1920 -1930 `


                    euh vous en avez une autre là ???

                    en suédois, ben tiens

                    votre description (en suédois) n’est en rien celle d’une torpille, mais bien celle d’un fût tiré comme les narco trafiquants l’ont fait récemment encore.

                    sinon vous pouvez aussi remonter à la torpille de Bushnell, remorquée, mais bourrée d’explosif...


                    • Icarus 9 mai 2013 20:33

                      Sacré Morice, il connaît tout, même la Suède, n’essayez surtout pas de lui faire la leçon, vous allez être renvoyés dans les cordes en vitesse !

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