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Accueil du site > Tribune Libre > Coke en stock (LXIII) : retour au Honduras... et au rôle actif qu’y (...)

Coke en stock (LXIII) : retour au Honduras... et au rôle actif qu’y joue la CIA

On l'a vu hier, l'Etat hondurien, depuis le coup d'état de 2009, part en quenouille. Le taux de criminalité a explosé, et les promesses de faire la chasse aux avions apportant la drogue n'ont pas été tenues, loin s'en faut ; puisqu'on s'approche à nouveau des records des années antérieures avec une centaine d'appareils par an qui se posent dans le pays (du moins ce qu'on arrive à comptabiliser !). Qui sont les responsables de cette situation, on en a une petite idée déjà avec ce que je vous ai expliqué hier. La confirmation, un peu comme d'habitude, est venue de Wikileaks, qui, par la révélation de documents d'ambassade fort gênants, en septembre 2011, montre qui sont les véritables organisateurs du trafic de cocaïne dans le pays, devenu un narco-état en fort peu de temps. Sans surprise non plus, ce sont les personnes déjà décrites ! C'est un échec sur toute la ligne, qu'a supporté jusqu'ici l'administration américaine, jusqu'à récemment, où un général responsable de la police s'est fait rappeler sa propre pratique des escadrons de la mort au seuil de l'an 2000, ce qui semble (enfin) gêner Obama. Tout cela sous le regard de la CIA, qui se frotte les mains comme à l'accoutumée dans un pays où la drogue est reine...

Wikileaks frappe à nouveau

C'est donc sans trop de surprise que Wikileaks en effet rompt le silence en 2011 à propos des liens entre les hommes forts du pays, à savoir les militaires, avec les trafiquants colombiens... et l'industriel multimillionaire, en révélant que des appareils se sont bel et bien posés à plusieurs reprises dans ses propriétés. Sacré pavé dans la mare, encore une fois. Révélant donc aussi que les USA avaient soutenu un coup d'état dont l'un des organisateurs n'était autre qu'un trafiquant de cocaïne !!! Cela avait commencé bien avant, dès 2004 pour Facussé, selon Wikileaks. "maintenant, les câbles publiés par Wikileaks sur 30 Septembre font soudainement la lumière sur l'armée américaine et le rôle du Département d'État dans le conflit de l'Aguán Valley et au Honduras de manière plus générale. Un câble du 19 mars 2004, de l'ambassade américaine à Tegucigalpa, intitulé "un avion contenant de la drogue s'est posé dans la propriété d'un personnage important », indique qu '« un vol de drogue contenant une cargaison de 1 000 kgs de cocaïne de Colombie ... a atterri avec succès le 14 mars sur la propriété privée de Miguel Facussé. "Selon l'auteur du câble, l'ambassadeur Larry Palmer, des sources l'ont informé que« sa cargaison a été déchargée sur un convoi de véhicules qui était gardé par environ 30 hommes lourdement armés. "L'avion a été vu brûlé, et son épave enterrée par un « bulldozer à lame frontale." Palmer écrit aussi que « alors que la propriété de Facussé était fortement gardée, la perspective que les personnes auraient pu accéder à la propriété sans autorisation, et utiliser la piste est discutable. Une autre source a affirmé que Facussé était présent sur le terrain au moment de l'incident. " L'ambassadeur Palmer a également indiqué que "cet incident marque la troisième fois au cours des quinze derniers mois que les trafiquants de drogue ont été liés à cette propriété détenue par M. Facussé." Dans un câble ultérieur du 31 mars 2004, Palmer a noté la confiscation par les autorités honduriennes d'environ 700 kilos de cocaïne et véhiculé la conviction que la drogue pouvait provenir de l'avion brûlé sur la propriété de Facussé." Incroyables telexs, décrivant un multimillionnaire doublé d'un trafiquant de cocaïne, envoyés à Washington par un ambassadeur nommé par le Secrétaire d'Etat Colin Powell en personne (plus tard, il se verra refusé par Chavez comme ambassadeur au Venezuela) ! Les américains savaient à qui ils avaient affaire depuis 2004 !!! Toute la scène du déchargement de l'appareil décrit par l'ambassadeur ressemblant beaucoup à une scène étonnante, hélas non répertoriée sur une carte, de trafiquants déchargeant un Beech 200 pour en repartir les paquets de drogue sur de petites embarcations fuyant ensuite vers la mer, filmée d'un Lockheed Orion P3 et visible ici...

Les avions étaient suivis

Et ce n'était pas fini pour autant, puisque cinq années après, le manège des avions bourrés de cocaïne fonctionnait toujours : "le 22 Février 2009-quatre mois avant le coup d'El Heraldo, un journal de droite de Tegucigalpa, a rapporté que, selon un responsable de la lutte contre les stupéfiants, et le bureau du gouvernement hondurien, un Cessna avec 1 400 kilos de cocaïne a été trouvé à Farallones, à l'est de la vallée de l'Aguán, dans le département de Colon, « sur une piste d'atterrissage qui, selon nos informations appartient à Miguel Facussé." "Il semble raisonnable de présumer que l'ambassade américaine lise soigneusement.le quotidien El Heraldo", ajoute non sans une pointe d'humour Wikileaks. Le petit bimoteur saisi avec des bidons d’essence à bord et plus de 1400 kg de cocaïne,  c'était un Cessna Conquest 441, enregistré au Vénézuela, dénué de tout marquage extérieur, comme j'avais déjà pu ici-même vous le décrire. La noria d'avions était donc bien connue de l'administration hondurienne, mais aussi de Washington : "d'autres câbles publiés par Wikileaks établissent que les fonctionnaires de l'ambassade ont rencontré Miguel Facussé en juin 2006 et le 7 septembre 2009, dix semaines après le coup d'Etat, quand l'ambassadrice a déjeuné avec Facussé et Rafael Callejas, un autre des soutiens puissants du gouvernement putschiste." Des rencontres où il semble impossible que le sujet n'ait pas été abordé. En photo, l'avion atterri le 2 juillet 2009 à Brus Laguna-El Pasado avec à bord 73 kilos de cocaïne et de nombreux bidons d'essence, indiquant une origine lointaine. Des atterrissages sans fin : en 2010, une saisie mouvementée de drogue à lieu au même endroit, à Brus Laguna, dans le district de la province de Gracias a Dios, avec l'arrivée inopinée de la National Drug Enforcement Agency (DNLCN), qui donne lieu à une fusillade. 416 kilos seront retrouvés dans les alentours. Les trafiquants étant prêts à s'échapper avec des hors-bords et deux jet-skis qui seront détruits par les autorités. La police recherchant juste après "un petit avion" ayant apporté la drogue, aperçu par les riverains. En novembre 2011, même chose avec un autre bimoteur, obligé à se poser par l'intervention des Tucanos, trois narcotrafiquants étant arrêtés, et près de 500 kilos de coke saisis à bord de leur vieux Piper Seneca.
 
Les appareils incendiés et enterrés
 
Les avions brûlés et leur débris enterrés décrits par Wikipedia n'étaient pas des racontars. A El Guayacán, au pays du cigare, les paysans avaient raconté un jour d'avril à la police qu'avion venait régulièrement se poser mais qu'un soir il n'avait pas pu redécoller et que ses utilisateurs l'avaient brûlé sur place, ou qu'il se soit même écrasé à l'atterrissage. Il faudra plud de trois mois aux autorités pour réagir et effectuer des recherches dans le secteur le 18 juillet 2012. Ils finissent par trouver un terrain remué il y a quelques mois, dégageant une forte odeur d'essence. En dessous, les vestiges d'un bimoteur Cessna arborant le drapeau vénézuelien ! L'article de presse ajoutant une marque macabre : "Dans la zone où l'avion est tombé, une odeur de la chair brûlée se sentait, ce qui suggère que les deux pilotes sont morts dans l'accident et ont été enterrés par les personnes qui ont recueilli une partie du métal et de la drogue, calculé comme devant se situer entre 600 et 900 kilogrammes"... L'enquête de la police découvrira autre chose  : "en effet, la semaine dernière, on a dénoncé aussi la présence d'au moins 10 citoyens de la Colombie, qui logeaient dans un hôtel dans le village et que l'on a dit être arrivés d'une manière mystérieuse, et qui avaient été vus en train d'exécuter certaines inspections physiques des lieux de pistes de narcotrafiquants (...)  Compte tenu de la quantité de "narcopistas" trouvées dans la vallée de Agalta, qui dépasse les 40, il n'est pas exclu que, dans ce domaine ont y fait des déchargements de drogue" conclut le journaliste. Il y a bien une organisation colombienne, derrière ces envois. A Belen, le 23 Juillet 2009 vers 16h20 heure locale, en face de la lagune Ibans, on avait assisté à une scène plus grandiose encore dans le genre : en plein jour, et en pleine fête du village, un avion atterrit sur un terrain de sports (on y voit dans une vidéo tournée par quelqu'un sur place des gens se promener en vélo alors qu'il tente de redécoller). A peine les pneus à terre, l'avion est entouré par des hommes lourdement armés de fusils AK-47, qui tirent en l'air pour effrayer les badauds. Peine perdue, les gens du coin ne bougent pas, habitués semble-t-il au passage régulier de l'avion !  La drogue à bord est vite chargée dans un 4x4 ; direction un bateau de pêche à moteur qui attend dans l la lagune, et l'avion s'apprête à repartir mais il n'y arrive pas. Les narcotrafiquants se dirigent alors vers les pêcheurs du coin avec des bidons d'essence et des billets verts, pour que l'avion soit incendié alors qu'ils s'évaporent déjà, ce qui sera fait. Quand la police arrive elle ne peut qu'assister à l'incendie de l'avion... on découvrira que les narcotrafiquants avaient arrosé tout le village, promettant 60 dollars à tout paysan qui entretindrait la piste d'atterrissage en la fauchant, notamment... la police se rattrapera juste après, en interceptant le navire, avec à bord 700 kilos de cocaïne et le gang au complet.
 
Tentative de contre-feu
 
Bref, tout le monde savait. En novembre 2009, on essaiera bien de lancer un contre-feu médiatique, masquant les fameuses aires d'atterrissage appartenant à Facussé : "les autorités honduriennes déclaré lundi qu'ils ont découvert une piste d'atterrissage secrète sur la propriété appartenait autrefois à un membre du Congrès assassiné soupçonné de trafic de produits chimiques précurseurs de la méthamphétamine. Les avions de presque toutes les tailles auraient pu atterrir sur la piste de 900 mètres trouvée sur le ranch de bétail près de la frontière ouest avec le Guatemala, a déclaré Julian Gonzalez, directeur du bureau du procureur général de la lutte nationale contre les stupéfiants.. La bande était encore en construction, cependant, et n'a pas été utilisée, a-t-il dit. Le ranch avait été possédé par Mario Hernandez, un député tué par des inconnus armés en novembre 2008. Trois jours avant sa mort, la France avait saisi 7 millions de dollars de pseudoéphédrine expédiés par une société détenue par Hernandez. L'entreprise avait été une façade pour fournir de la pseudoéphédrine des cartels de la drogue, a déclaré Gonzalez. Peu de temps avant sa mort, Hernandez a vendu la ferme à son chauffeur, a déclaré Gonzalez. Il dit que les enquêteurs croient que la propriété - connue autour de la ville comme le "ranch mexicain" - a été utilisé par les trafiquants de drogue liés au puissant cartel mexicain de Sinaloa Les employés du ranch ont été interrogés lundi". A noter que la drogue, selon le rapport de"l'Organe International de Contrôle des Stupéfiants Pour 2009", provenait de... l'Inde, et avait transité par le Honduras, avant d'arriver en France par container dans le port du Havre.
 
Et pendant ce temps, la répression continue
 
Un feu de paille qui ne masquait pas la terrible répression des paysans révoltés contre Dinant et Pacussé, dont les milices recevaient l'aide directe de la police et de l'armée pour remettre de l'ordre dans les palmeraies du magnat : le 15 décembre 2010, entre 500 et 1000 policiers débarquaient pour encercler le petit village de Guadalupe Carney, pendant que des hélicoptères avec snipers à bord le survolaient, à la recherche d'armes. Les maisons étaient fouillées une à une. En vain. En avril, à la suite du meurtre de 5 gardes, dont un policier, dans la région de Xatruch, où 1000 policiers revenaient à nouveau, faisant dire au délégué du Committee of Relatives of the Disappeared in Honduras (COFADEH) "qu'avec la militarisation de Xatruch, Ils essaient de transformer notre zone en Irak " et que « Nos habitants sont soumis à un état ​​de siège permanent." Le 24 juin nouvelle incursion de l'armée et de la police, qui passe des maisons au bulldozer mais aussi trois églises et dix-sept écoles ! A peine partis, les paysans reviennent et s'installent dans les décombres. Une répression aveugle et sans fin :  "de multiples témoins oculaires et des groupes de défense des droits de l'homme rapportent que des gardes privés de Facussé, des policiers et des militaires travaillent tous ensemble dans ces expulsions violentes et les décès associés. A Tumbador le 15 Novembre 2010, à Guadalupe Carney le 15 Décembre 2010, à Rigores le 24 juin 2011, et à La Aurora le 11 Octobre, où les femmes se sont cachées dans les arbres ainsi que l'enlèvement de Chinchilla avait lieu. Le 15 août 2012 encore, selon les rapports du Committee of Relatives of the Disappeared in Honduras (COFADEH), les gardes de Facussé assistéS de la police ont attaqué brutalement des paysans attaqués sur la palmeraie connue sous le nom de Villa Panama". A noter que pour le COFADEH, interviewé en 2002 par le United Nations High Commissioner for Refugees sur le sort du sinistre Battalion316 de sinistre mémoire, l'organisme n'avait pas dit qu'il avait complètement disparu, et qu'au contraire, il avait pris d'autres formes depuis 1979... en somme, que les escadrons de la mort s'étaient reconvertis... en milices privées. Y compris celles de Facussé.
 
 
Le Honduras comme porte d'entrée du Mexique
 
Les avions des narco trafiquants pleins de bidons d'essence ou de cocaïne continuant à tomber pendant ce temps sur le Honduras comme une nuée de sauterelles comme en 2009, 2010 et 2011... Même si depuis 2009, avec 169 appareils découverts et 43 seulement en 2010 le taux avait sérieusement baissé, il s'était vite relevé en 2011 pour atteindre 99 appareils. Et dans le lot, un bon nombre qui passent toujours au travers du filet : ainsi le 24 novembre 2011, où un Beechcraft 200 blanc immatriculé CC-ABN venu atterrir à l'improviste à l'aéroport de la Goloson, arborant un drapeau colombien sur la queue.  Ayant décollé d'Antioquia, en Colombie, à destination de La Ceiba avec à bord Enscategui Javier Collazos et comme copilote, Diego Rodriguez Sanchez, un ressortissant colombien. L'avion appartenant à une société américaine basée en Colombie, RG Aicraft Limited, et annonçait devoir prendre un passager au Honduras, du nom de Jorge Valladares. On soupçonnait au départ un avion volé, comme cela se produit de plus en plus souvent (notamment le Beech 200 N871C volé au charter touristique Puntacana (*), sur l'International Airport Dr. Joaquin Balaguer en République Domiaine le 24 octobre qui précédait) mais on ne trouvera pas de drogue à bord, les enquêteurs remarquant surtout que les pneus de l'appareil et les baies de rentrée du train étaient couverts de boue et de fumier, signe qu'il avait fait une pause auparavant sur une piste fantôme pas très lointaine. Le 4 juillet 2012,  c'est un Piper Cheyenne, enregistré PT-OFH, le grand classique des trafiquants, qui s'écrasait après une course poursuite avec des hélicoptères et des avions honduriens, à Olancho, tuant ses deux pilotes. Il était suivi depuis la Colombie. Le train replié, moteur droit en feu, l'avion datant de 1979 était toalement détruit, alors qu'il était en parfait état au départ et contenait près 600 kgs de cocaïne. Il provenait probablement du Brésil, avant la Colombie, car il y avait été photographié en août 2010. Visiblement, les gens venus récupérer la drogue n'avaient rien pu faire face à la violence de l'incendie du moteur qui avait suivi.
 
 
Les surplus
 
Il en tombe tellement qu'on ne sait plus où les garer. En févier 2010, un forum explique que la base d'Hernán Acosta Mejía ne sait plus ou garer ses prises de guerre dans son hangar. On y trouve des Cessna Conquest à profusion, et même un Antonov 28 de PZL débarqué de nuit à à Olancho le 21 octobre 2009, dont on a dû découper les ailes pour le ramener de son lieu d'atterrissage. Il avait débarqué 4 tonnes de coke d'un coup en octobre 2009 ; dix fois plus que ses collègues habituels !!! Il y a même un hélicoptère Bell en attente de décision : feraillage ou remise à neuf ?. Trône au milieu des prises un superbe Beechcraft B200 King Air dont l'auteur raconte que les militaires souhaiteraient l'utiliser,  mais qu'ils se heurtent alors aux paperasseries diverses pour savoir à qui appartenait l'avion saisi. Or celui-là n'est pas un total inconnu question drogue : c'est le Beechcraft numéro YV 724, (d'un côté, l'autre arborant G-TAJ !) contraint d'atterrir à Utila après avoir essuyé des tirs des appareils de la force aérienne hondurienne. L'appareil sera finalement remis à neuf pour intégrer les Forces Honduriennes sous le numéro FAH15, peint aussi mal que ce que faisaient jusqu'ici les narcotratiquants... chez ces derniers, certains ratent parfois la côte de peu, faute de carburant, et s'échouent sur les plages avec un appareil à 1/2 million de dollars :
 
 
L'avion volé avait déjà servi au trafic
 
Des avions parfois... subtilisés au nez et à la barbe de l'armée : ainsi le 7 novembre 2010, où un gang a investi la base de l'Armando Escalon à San Pedro Sula, assommant deux gardes pour s'engouffrer dans un hangar convoité. Celui contenant "un avion déjà saisi en 2008 pour trafic de drogue" et qui avait ses réservoirs pleins", "pour maintenance" (?). Un Beechcraft 300 de 1986 enregistré au départ au Mexique qui avait été retrouvé abandonné au Ramon Villeda Airport deux ans auparavant. L'avion ne sera pas perdu pour tout le monde : il se fera remarquer le 13 novembre suivant en atterrissant sur une route à Belize... lors d'une opération rondement menée, avec feux de signalisation déposés sur le bitume à endroits réguliers et camionnettes pour embarquer la coke. L'avion avait été repeint et réimmatriculé grossièrement N786B avec des numéros auto-colllants mal découpés, et vidé de ses sièges. Dans une des deux camionnettes venues à son secours on trouvera des paquets faisant au total 5704 livres, soit 2 604 kilos de cocaïne de première qualité (soit pour 57 millions de dollars).  Des policiers seront mis en cause. L'avion saisi sera vite revendu à un acheteur de Floride (à Hector Schneider, d'Eagle Supply), pour devenir le N467JB, à l'intérieur refait, qui le refourguera aussi vite à un Venezuelien qui en fera le YV2531 (les vénézueliens démentiront)  : résultat, il réapparaîtra une nouvelle fois devant les caméras... avec le même numéro de série. A Belize, les policiers mis en cause dans le trafic seront... exemptés de toute charge en mai 2012... !!! Eagle Supply étant installé à... Doral, à deux pas du siège de la CIA. Au final le bilan est là : c'est le Honduras qui sert désormais de porte d'entrée principale de cocaïne vers le Mexique puis vers les Etats-Unis, via les airs :
 
 
Les Tucanos entrent en scène par une bourde
 
Un avion qui n'avait pas été intercepté par ce qui devrait bloquer toute envie de survoler le pays, à savoir les célèbres avions Tucanos fièrement montrés comme étant l'arme ultime contre les trafiquants. Deux avions de narcotrafiquants seront effectivement descendus par ces Tucanos, dont un au dessus des Bahia Islands, ce qui avait été aussi l'objet de critiques de la part de Washington qui en septembre 2012 suspendait en représailles son assistance de couverture radar au Honduras (via ses Awacs mais aussi ses Orion P-3). L'affaire avait fait grand bruit à Washington : le Brigadier General Ruiz Pastor Landa avait été éjecté du commandement de la Honduran Air Force le 23 août, la veille d'une viste du général Douglas Fraser, Commandant du US Southern Command... sur place, les débris évoquaient bien des tirs suivis d'un crash et d'un incendie consécutif... Les mauvaises langues disant que les USA avaient râlé pour la seule crainte de voir un de leurs agents infiltrés lui aussi abattu, un jour ou l'autre...
 
Ironie du sort, le 13 janvier 2011, l'un d'entre eux, numéroté 258, piloté par le capitaine Ramon Alonzo Yermin Kennet Coello et le lieutenant Kevin Ortega Reyes, se vautrait dans un champ après une avarie hydraulique. Un des dix des forces aériennes et non un des quatre "Super Tucanos" achetés en juin 2011 au Brésil (9 millions de dollars pièce). Tombé juste à côté d'un champ de maïs de la ferme "Quebracho", appartenant... à Miguel Facussé ! Avouez que ça ne manque pas de sel comme situation ! Les américains, dans tout ça, étant bien obligés de reconnaître le trafic et surtout le rôle des militaires, ce qui a abouti ces derniers jours à une situation pour le moins originale. Dans le lot des personnes visées par la justice hondurienne, le colonel Juan Carlos Bonilla figurait depuis des mois sinon des décennies. Or de nouvelles investigations le rendent aujourd'hui responsable d'avoir fait assassiner des paysans honduriens, via une milice privée personnelle, un véritable escadron de la mort personnel, durant la période 1998-2002.
 
Bonilla dans le collimateur
 
La réaction américaine aux accusations devenues plus précises étant pour le moins étonnante avec la déclaration officielle d'un membre de l'administration Obama, envoyé devant les journalistes pour essuyer les plâtres devant la presse : "le secrétaire d'Etat adjoint William Brownfield a dit que les USA ne remettraient pas « ni un dollar, ni un centime" au chef de la police Juan Carlos Bonilla, qui est accusé d'exécutions extrajudiciaires, rapporte l'AFP. Les Etats-Unis vont aussi éviter de travailler avec 20 responsables directement sous ses ordres, afin de maintenir « deux degrés de séparation", a déclaré Brownfield. L'article décrivant une situation devenue pour le moins kafkaïenne, avec les 16 millions de dollars supplémentaires promis en aide à la police hondurienne et les accusations portées en même temps contre celui qui devrait les gérer. Comment distribuer de l'argent sans qu'il n'atterrisse en priorité dans ses poches, voilà bien tout le dilemme, le président Lobo lui ayant réitéré publiquement et récemment sa confiance. Le Congrès a déjà refusé un financement en raison de préoccupations au sujet des droits de l'homme, le département d'Etat plutôt embarrassé affirmant que l'argent "n'ira qu'aux unités spéciales concernées". Donner de l'argent, donc, mais à qui ???
 
Conclusion : le retour des vieilles traditions
 
Voilà ce qu'il en coûte, aujourd'hui, aux USA, de laisser la CIA faire comme bon lui semble au Honduras pour garder la main sur le trafic de cocaïne... les américains, pour ça, sont prêts aujourd'hui à abandonner le monstre qu'ils ont créé à savoir Juan Carlos Bonilla Valladares, surnommé "Le Tigre". Ce n'est pas la première fois qu'ils agissent ainsi : en Afghanistan ils ont fait la même chose avec les chefs de guerre, leurs anciens alliés, aujourd'hui décimés à coups de drones. La CIA peut se frotter les mains pour une deuxième raison : trente ans après, au Honduras, les escadrons de la mort sont bien de retour.
 

(*) l'avion sera retrouvé deux mois après, nous en reparlerons bientôt.

le fim de l'Orion

 


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6 réactions à cet article    



    • morice morice 12 juillet 2013 12:19

      autre news


      à part ça, il n’est pas complètement givré, bien sûr !

      • Pyrathome Pyrathome 13 juillet 2013 14:02

        Le cerveau des attentats du 11-Septembre aurait demandé une faveur un peu spéciale aux agents de la CIA qui le détenaient : concevoir un appareil électroménager......
        .

        J’adore le mot « le cerveau ».....ça me fait penser à Bourvil....
        .
        Cheney, Rumsfield et consorts en rigolent encore.....
        .
        Remarquez, ils lui ont tellement aspiré le cerveau, le pauvre, qu’il devenu complètement dingue, effectivement....


      • Pyrathome Pyrathome 13 juillet 2013 14:07

        À noter aussi que ceux qui viennent moinsser et insulter ici depuis + de 5 ans, sont aussi largement dérangés....


      • morice morice 13 juillet 2013 15:34


        J’adore le mot « le cerveau ».....ça me fait penser à Bourvil....


        ah vous aussi

        dans la description qui est sortie, on a un sentiment étrange : celui de se dire il est complètement givré, il l’était avant même d’être waterboardé, et il raconte n’importe quoi depuis toujours !!! 

        bref, on a affaire à un débile profond comme organisateur du 11 septembre !

        on rappelle la meilleure : dans ses aveux, il a avoué vouloir attaquer une banque située dans un bâtiment, à part que la banque sera ouverte 4 ans APRES la date qu’il a donné de l’attaque...

        on lui aurait soufflé des noms qu’on n’aurait pas eu mieux...

        et actuellement, dans son procès, si les militaires trouvent qu’ils abordent un sujet qui ne doit pas être dévoilé, ils coupent le micro qui est dans la salle, et qui peut être écouté par les journalistes...

        au cas où il montrerait trop à quel stade de folie il est arrivé ....

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