Coke en stock (LXXX) : l’héritage du côté obscur de Chavez
Hugo Chavez avait toujours nié l'existence d'un trafic sur son territoire, ou en avait rejeté la responsabilité sur des "groupes paramilitaires" opposés à sa politique. En réalité, de ses proches participent au trafic, à l'évidence, ce que d'autres ayant fait défection depuis commencent à raconter un peu partout ; évoquant surtout le rôle trouble d'un syrien d'origine, Walid Makled Garcia (*), proche du pouvoir, mais arrêté début 2011 en Colombie et extradé au Venezuela, où il a fait depuis des aveux retentissants (son adjoint Rafael Blanco étant capturé le 13 septembre 2012 à Valencia). Un autre personnage est apparu également pour charger la barque : l’indo-vénézuélien Rama K.Vyasulu, gestionnaire de comptes bancaires à l'étranger. Ceux du blanchiment de la coke vénézuélienne, en liaison avec la mafia italienne !
Le Vénézuela, terre de transit de la colombienne (et de la péruvienne)
En 2001 déjà, le département d'Etat américain avait estimé dans un rapport qu'entre 161 et 212 tonnes de cocaïne avaient probablement quitté le Venezuela vers d'autres destinations dans le monde. Un commerce de la drogue parti du Venezuela et s'étendant jusque l'Afrique de l'Ouest et Europe de l'Est, vers la Guinée-Bissau ou vers... l'Ukraine (et oui !). Celui qui avait abouti au Boeing du désert ou qui avait vu des traversées de l'Atlantique par des "Mermoz de la coke" comme j'avais pu les décrire, à bord de petits bimoteurs trafiqués vidés de leurs sièges pour être remplis d'essence. Victor Bout avait participé au trafic, qui se doublait à certains endroits d'un trafic d'armes. Un témoignage fondamental était apparu pour élaborer cette conclusion à propos du Venezuela : celui d'Eladio Aponte ; un ancien juge de la Cour Suprême du Venezuela qui avait fui le pays (en photo en bas de ce chapitre), pour "coopérer avec une unité des opérations spéciales de l'US Drug Enforcement Administration qui ciblait alors les grands trafiquants internationaux", selon des sources proches du dossier. Depuis des années, les Etats-Unis avaient affirmé que Chavez fermait trop les yeux sur le trafic et que des fonctionnaires de son gouvernement étaient directement impliqués, et Aponte, en ce domaine, constituait en ce cas un témoin-clé. Sept généraux étaient cités comme complices des trafiquants. Un autre ancien juge, Luis Velasquez, qui avait quitté le Venezuela en 2006, en conflit lui aussi avec des alliés de Chavez, avait abondé dans le même sens, en affirmant que le système judiciaire du Venezuela et les militaires avaient été pénétrés depuis longtemps par des trafiquants de drogue. Velasquez, le juge qui a fait écho aux critiques d'Eladio Aponte, déclarait notamment que la guerre avait éclaté depuis entre les différents cartels vénézuéliens, y compris celui qui est fait de hauts officiers de l'armée connue sous le nom "Cartel de Soles - Cartel des Soleils"(son nom provenant en effet des insignes qui ornent les épaulettes de généraux vénézuéliens !).
Des proches de Chavez incriminés
L'ancien juge (ici à gauche) ira plus loin encore, en déclarant que les généraux Jésus Aguilarte et Wilmer Moreno, confidents proches du président Chavez, abattus en mars et avril (2012), l'avaient été dans "des tueries qui ressemblaient à des meurtres mafia de la drogue". Au royaume socialiste béni de Chavez, tout n'était pas rose, on le sait, et son héritier, adoubé du vivant du dirigeant, doit faire avec l'entourage de son prédécesseur, où cohabitent un bon nombre de trafiquants notoires. Selon Velasquez encore, le trafic touchait aussi la Havane, le Venezuela faisant parvenir la coke via ses bateaux de guerre, tel le T-62 "Esequibo" de la marine de guerre vénézuélienne. Selon lui, "Fidel Castro en personne aurait surveillé de près les transferts, demandant expressément que ce soit le vénézuélien Jesús Gámez Aguilarte, l'ancien gouverneur de l'État d'Apure démissionné par Hugo Chávez qui se charge en personne de l'envoi à Cuba ... " Le label "militaire" autorisant le navire à se passer des inspections des douanes mutuelles. Aguilarte, qui avait également partie du groupe de soldats qui avaient participé à la rébellion civile et militaire du 4 Février, 1992 avait été l'objet d'une tentative de meurtre le 15 mars (il avait reçu 4 ballles), était décédé le 24 mars 2012...
Les témoignages à la DEA de ceux ayant fait défection
Le troisième larron de l'histoire est Rafael Isea ; ancien homme de confiance de Chavez (les deux sont ici à gauche en photo à Maracay) devenu gouverneur de l'Aragua, où il a supervisé la construction pour améliorer la distribution d'eau et d'électricité ; un échec patent (tous les fonctionnaires ponctionnant l'argent public dans le pays !). Idem, dans un degré moindre, pour l'aéroport de Tacariguas (à Maracay) en 2011, où décolllent de petits Cessna 208 (voir photo à droite) et des bimoteurs Embraer 120 d' Albatros Airlines (ici vu sur leur site) devenus avions-taxis depuis 2012 (c'est une ancienne base militaire qui a été remaniée en fait). Accusé sur place d'avoir détourné pour 58 millions de dollars, il a demandé de bénéficier en septembre 2013, du statut de témoin protégé devant la DEA après avoir donné des informations sur le trafic de drogue et blanchiment d'argent commis par les autorités vénézuéliennes. En tant qu'ancien ministre des Finances sous le gouvernement de Hugo Chavez, il en avait à dire en effet. Il figurerait "sur la liste rouge d'Interpol alors qu'il demeure en liberté", selon la procureure générale venezuelienne Luisa Ortega Diaz : or, vérification faite, nulle trace de lui à Interpol... l'homme a quitté précipitamment le pouvoir après une affaire... d'avion et un règlement de comptes interne : "Isea a quitté le Venezuela il ya quelques semaines" pouvait-on lire le 21 septembre 2013 dans El Nuevo Herald, "après avoir averti que la justice vénézuélienne désirait créer un lien avec le cas d'un avion capturé dans les îles Canaries avec 1,4 tonnes de cocaïne, après avoir décollé de l'aéroport de Valence tel que l'a rapporté le journal El Nacional" (je reviendrai plus loin sur le cas). "L'enquête sur l'avion a été lancée en août 2012 par le ministre de l'Intérieur Tarek el Aissami, et Nestor Reverol, le président de l'Organisation nationale anti-drogues du Venezuela. El Aissami, en décembre à remplacé Isea comme gouverneur d'Aragua, après avoir déjà porté plainte et être parti à la poursuite de la disparition présumée de 58 millions de dollars du gouvernement".
Un malaise évident
Le Venezuela serait devenu en quelques années le point de décollage privilégié des avions de la drogue ? A l'évidence ! La preuve est là, visible en un seul graphique, celui de la circulation des avions détectés par les radars américains, au départ, massivement, de l'état de l'Apure, frontalier avec la Colombie. Comparé aux années précédentes, l'évolution est flagrante et indiscutable. En 2011, en effet, c'est l'Apure qui sert massivement de point de départ (et d'arrivée, pour les avions venant s'y charger), et surtout le Nicaragua et le Honduras qui reçoivent au final la majorité des vols emportant de la cocaïne, le survol de la Colombie étant désormais évité. L'évolution flagrante ayant démarrée en 2006, au lendemain d'une décision cruciale prise par Hugo Chavez : "avec La décision d’août 2005 du président Hugo Chavez de rompre toutes les relations avec la Drug Enforcement Agency (DEA) sous prétexte d’« espionnage » américain a grandement permis aux trafiquants d’augmenter le flux de drogue transitant par le Venezuela estimé à plusieurs centaines de tonnes ! Comme par hasard, depuis 2005, les saisies de stupéfiants au Venezuela ont chuté de 40%. La corruption de certains membres des services de sécurité, en particulier appartenant à la Garde nationale n’a fait que faciliter les choses pour les Organisations criminelles transnationales (OCT) colombiennes comme le « cartel del Norte del Valle ». L'accusation, formulée bien avant la décision de Chavez, était-elle fondée ? L'actualité la renforce, en tout cas, avec cette énième arrivée de biréacteur en pleine brousse le 18 octobre dernier.
Le rôle de Makled-Garcia
L'homme rendu responsable du trafic principal, selon lui (et d'autres observateurs) s'appelle Walid (surnommé "Le Turc" ou "l'Arabe"), Makled-Garcia (ici avec Chavez) un vénézuélien corpulent d'origine syrienne devenu proche des arcanes du pouvoir, mais aussi le co-propriétaire, au moment de son éviction, de la compagnie aérienne vénézuélienne, "Aeropostal", mise en cause également dans le trafic. Ses avions de ligne ayant servi pendant des années à exporter incognito la cocaïne de l'Amérique latine. On évaluait alors à 10 tonnes par mois la quantité de coke gérée par Makled au moment de son arrestation ! Il suffisait ensuite de traverser l'Atlantique vers l'Afrique de l'Ouest, qui a servi et sert encore aujourd'hui "d'entrepôt de transit" pour le marché de la Grande-Bretagne ou pour l'Europe. Arrêté en Colombie en 2010, après une cavale de deux ans (consécutive à un clash avec Chavez qui n'avait pas digéré de le voir préférer un autre candidat présidentiel que lui), après l'incarcération de trois de ses frères, arrêtés lors d'un raid dans un ranch familial au Venezuela où 392 kilos de cocaïne avaient été trouvés, il en avait à dire en effet, sur le rôle du Venezuela dans le trafic de cocaïne colombienne !!! De quoi régaler la presse de droite US, à coup sûr ! Dans un document, la DEA explique en effet comment Makled "avait acheté sept tonnes de cocaïne en provenance de l’armée vénézuélienne et à des représentants du gouvernement qui l’auraient confisqué aux trafiquants". Le rapport affirmait également que "Makled avait soudoyé un million de dollars à Jésus Alfredo Itriago, le chef de l’unité anti-drogue du Venezuela de ce qui était alors connu sous le nom de police technique judiciaire (PTJ), installée à Valence, pour reprendre en mains 4 000 kilos de cocaïne qui avaient été saisis. Le document avait été déposé en octobre dans le cadre d’une demande de la DEA de geler un compte détenu par Makled et sa famille dans une banque du Venezuela qui exerce à Puerto Rico". La corruption, gangrène du pouvoir sous Chavez (et sous Maduro)...
L'étrange monsieur Vyasulu
Du trafic, donc, mais aussi du blanchiment. Pour obtenir sa concession portuaire de Porto Caballo, Makled avait versé 2 millions de dollars pour la campagne électorale de Chavez, ajoutait le rapport... l'argent de Khaled transitant à la Caracas International Banking Corporation (CIBC), où l’indo-vénézuélien Rama K.Vyasulu, de son vrai nom Rama Krishna Kuchibhotla Vyasulu, possédait 49 comptes différents ! Comme lieu de réference de ses 49 fausses entreprises, une simple boîte postale UPS à Doral, en Floride. La ville du fief de la CIA !!! Rama K.Vyasulu, qui était aussi alors le vice président et directeur de la Centennial Bank USA, à New York, ainsi que le vice-président de Banco de Venezuela Internacional à Miami et New York !!! L'homme est tombé lui aussi en 2009, après deux ans d'enquête, lors de l'opération de la DEA "Fire and Ice", entraînant avec lui un gigantesque réseau de blanchiment ayant des liens avec la mafia italienne et dont un des pôles était... en Floride, l'autre étant dans le Massachusetts, (avec Boston, Woburn, Revere, et Somerville comme villes-clés) : les liens vers la Floride étaient profonds dans l'enquête : "en 2009, les agents enquêteurs ont trouvé 60 bons de souscription à Miami et ont saisi plus de 151 millions de dollars à la Bank of America sur les comptes contrôlés par Rama K. Vyasulu, (ici à droite) un homme de Floride qui a plaidé coupable des accusations de blanchiment d'argent". L'homme, fils d'un diplomate indien qui avait travaillé au Venezuela et au Mexique, marié à une allemande et ayant fait l'Académie Militaire US, était devenu multimillionnaire, avec son entreprise de change Rosemont Finance Corporation : il prétendra avoir agi sur 10 millions de dollars dans le marché des changes au Venezuela ! Des journalistes de l'El Nuevo Herald découvriront, via le blog Notiven, avec grande surprise, que l'adresse de sa prétendue société, la "suite 407 de la Rosemont P. Corporation" était située au 9737 NW 41 Street, et que c'était celle d'une boîte postale d'UPS... les estimations des sommes blanchies portent sur la somme de 240 millions de dollars et sur 49 intermédiaires (en courtage et en changements), sur le marché des changes du Venezuela. Son divorce prononcé, il a rencontré Tania Gonzalez, une avocate d'affaires qui était au départ hôtesse de l'air vénézuélienne, qu'il a épousé en septembre 2001 à Miami. Ses anciens collègues banquiers qui ne l'appréciaient guère préciseront que "Vyasulu a de très bons contacts en République Dominicaine et une relation étroite avec un colonel vénézuélien". De quoi faire, en effet, dans le milieu... sur le fronton de son entreprise de Rosemont, le slogan gravé était "initiative, transparence et professionnalisme !!! '' Bref, le parfait blanchisseur !!! Et pour parfaire le tableau, on avait appris que lorsque le gouvernement de Chavez avait annoncé s'en prendre aux pistes clandestines en les détruisant à la bombe ou au TNT, l'un de ceux qui avaient été nommés pour en effectuer le contrôle n'était autre que... Makled-Garcia ! La lutte contre les trafiquants, tant vantée par Chavez à la fin de sa vie comme par son successeur Maduro aujourd'hui ressemble décidément plutôt à de l'esbrouffe totale !
Les révélations terribles de Makled
Selon Colin Freeman, responsable des affaires étrangères du journal le Telegraph, une fois arrêté, Makled avait en fait lâché le morceau, en affirmant qu'il avait bien versé ou fait verser des millions de dollars en pots de vin mensuels à des militaires vénézuéliens de haut rang ou à des responsables civils du civil. Il a affirmé par exemple avoir payé 5 millions de dollars à un seul commandant de la marine pour obtenir une concession, celle de diriger un entrepôt au port principal du Venezuela de Puerto Cabello, qui est connu aujourd'hui comme un centre de trafic de drogue. "Si je suis un trafiquant de drogue, tout le monde dans le gouvernement Chavez est trafiquant de drogue", a déclaré M. Makled, qui fait également face à des accusations de blanchiment d'argent et d'assassinat. Interrogé pour savoir comment il avait recruté les 40 généraux, colonels et des majors de l'armée, il a souri et dit : "c'était plutôt eux qui m'ont recruté." L'homme de l'ombre dont le nom revenait sans cesse dans tous ses témoignages était le général Hugo Carvajal Barrios, surnommé "El Pollo", signifiant le "Bantam Rooster" ("Petit Coq !"), en raison de sa petite taille (il est ici à droite), l'homme à la tête des renseignements militaires, la Dirección General de Inteligencia Militar (DGIM). L'un de ses pires sbires étant Hermágoras González Polanco, du Cartel du Soleil lui aussi, surnommé "Gordito", ou "Fatso" ou "Fatty Gonzalez" qui utilisait sans vergogne ni remords ses deux casquettes, celle de commissaire de la DISIP et celle des services spéciaux de la Garde Nationale bolivarienne, les deux lui ouvrant toutes les portes ! Le 11 février dernier, on apprenait que Walid Makled Garcia était condamné à 14 années de prison pour trafic et blanchiment... mais était absous des crimes liés à son trafic de cocaïne... ou du trafic d'armes. Pas vraiment un jugement satisfaisant, pour beaucoup.
Tous mouillés
Les militaires vénézuéliens de la Garde Nationale, devenus responsables des aéroports, par décret signé Hugo Chavez, avaient en effet de drôles de méthodes pour emporte leur cocaïne, et surtout de sacrées façons d'entrer en possession d'appareils pour le faire. Le 12 juillet 2008, un avion immatriculé N351SE, un Gulfstream G1159B de 1969, censé apporter des "médicaments" destinés aux militaires de Guinée Bissau, se pose en catastrophe, en prétextant un incident technique. Il vient d'Espagne, mais il a traversé auparavant l'Atlantique, étant parti de Tocumen, au Panama (d'où partira plus tard le célèbre Boeing de la coke malien !). L’avion est un Gulfstream modèle II, assez ancien (décidément, l'affaire d'octobre 2014 est une redite dans le genre !), c’est le 64eme seulement produit (le premier de la série II a volé en effet le 2 octobre 1966 !), et qui a aussi porté le N°N940BS. L'avion apporte en fait 600 kilos de cocaïne pure... qui disparaissent aussitôt ainsi que les trois pilotes, brièvement arrêtés par les autorités locales, vite volatilisés avec la complicité des militaires guinéens (lire ici le détail des événements). A peine le temps de s'apercevoir que parmi ces trois pilotes figure .... Carmelo Vicente Vázquez Guerra, qui n’est autre que le propre frère du pilote du fameux DC-9 de Ciudad del Carmen, dans l’Etat du Campeche, Miguel Vicente Vázquez Guerra, celui de SkyWay et de Royal Sons Motor Yacht Sales, le DC-9 déguisé en avion gouvernemental et fortement supposé appartenir à la CIA ! Le DC-9 lesté de 5,5 tonnes de coke ! Mieux encore, lorsqu'on regarde qui s'est posé à ses côtés, pour venir à son aide et tenter de le faire redécoller : un vieux bimoteur Fokker passablement défraîchi, que l'on verra lui aussi accompagnant au Brésil, le Boeing du désert : un (trés) vieux Fokker 300M d’Air Africa Assistance, l’ancien C-GWXD canadien, une compagnie alors totalement inconnue. Vu ici à Segunda-Feira, à Rio de Janeiro, le 16 mars 2009. Air Africa, la société d'Eric Vernet, le français mouillé jusqu'au cou dans l'affaire du Boeing calciné au Mali ! Toutes ces opérations de cocaïne s'imbriquent en effet les unes dans les autres ! Et c'est cela la chose fondamentale, que l'on a attence à oublier, à traiter affaire après affaire !
Des avions repris aux trafiquants, puis maquillés
A peine aussi le temps de constater de drôles de similtudes entre le fameux Gulfstream et un autre aperçu ailleurs... au Venezuela.... le N°75 de la série, numéroté N211SJ, et appartenant à Mobarak Aircraft LLC, vu en mars 2007 sous ce nom. Comme je vous l'avais écrit alors " Il suffit de peindre le dessous seulement couleur bordeaux pour obtenir le N351SE ! La société est évidemment une société de Floride, résident à Fort Pierce. Or Mobarak Aircraft à une spécialité : la peinture ! Justement ! L’appareil, soupçonné d’avoir servi au trafic de drogue au Vénézuela avait été carrément saisi et donné ensuite à l’armée vénézuélienne, qui l’avait rebaptisé "0010", pour s’en servir comme avion de VIPs pour ses généraux. Il avait été photographié à Caracas à La Carlota (General Francisco Miranda) en juin 2008 encore. Des spotters malins l’avaient pris en photo auparavant avec trois autres prises de guerre des vénézueliens (Un Cessna Citation numéro 2470 et deux Aero Commander)". Un autre exemple patent de ces pratiques est celui du Beechcraft Super King Air (B200) de l'air force vénézuélienne répertorié 5134 dans l'armée. C'est en fait le numéro de série BB-466, un appareil de 1979, ancien N206P aux USA. Celui de Ridge Aire, un broker texan, mis en vente ici sur son site. Annoncé comme "volé" le 28 mai 2012 par un dénommé Nick Popovitch, un personnage controversé de série TV chez Discovery ("Airplane Repo") dont le thème est la recherche, justement, des engins volés à rendre à leur propriétaire !!! Pourquoi donc Ridge Aire, vendeur aussi du N56CD, ou du N47RA, vendu 995 000 dollars, n'a-t-il pas déposé plainte auprès des vénézuéliens ? Ridge Aire, qui revend un Beechraft King Air 200T (numéro de série BB510-BT-7) modèle "TIP TANK", N60RA, (avec phare de recherche intégré), à savoir un avion des forces spéciales, équipé de réservoirs de bouts d'aile mais aussi d'une trappe pour installation de matériel de surveillance... ou de largage de bouée (il a appartenu au gouvernement japonais pour la surveillance maritime, N°JA8812, puis s'est retrouvé chez Air Express Algeria sous le N°ZS-OEB) annoncé à un petit 1,595 million de dollars. Or Ridge Aire a aussi son siège installé administrativement dans le Delaware... à Wilmington...
Des avions saisis devenus jets personnels
Les militaires de l'armée bolivarienne n'hésitant pas à recycler des tonnes de cocaïne... ne devraient logiquement pas hésiter non plus à recycler leurs avions, dont les Gulfstream... saisis par eux pour trafic de drogue. Parmi les méthodes utilisées, une a retenu notre attention, car elle explique parfaitement la présence non pas d'un Gulfstream mais du Citation X CS-DCT de chez Netjets, basée au Portugal, loué à Air Luxor et désormais membre à part entière du parc militaire venezuélien (l'avion à peine saisi, sera en effet très vite utilisé par un général de la Garde Nationale vénézuélienne pour se rendre sur des lieux de villégiature comme Aruba et Curaçao !). Le 24 octobre, 2004, ce luxueux avion a en effet été saisi à Caracas, au prétexte que les autorités avaient trouvé 400 kilos de cocaïne à bord. En réalité, l'histoire est toute autre. Au départ, l'équipage portugais de l'appareil, plutôt consciencieux, avait constaté qu'un de leurs passagers emmenait des bagages supplémentaires non déclarés. "Approchant les douanes pour faire les papiers, le commandant de bord s'est retourné vers le Citation pour constater que les portes des compartiments à bagages de l'avion n'étaient pas fermées correctement. En ouvrant les portes pour vérifier l'intérieur, le commandant et le copilote ont alors découvert 12 valises, inconnues sur les documents de vol, qu'ils ont commencé promptement à retirer. Le capitaine a aussitôt alerté les autorités". Mais ça ne va pas se passer comme prévu pour eux deux. Résultat, en effet, les deux pilotes se retrouvent illico emprisonnés et l'avion est confisqué, ce qui a eu l'art de faire bondir Carlos Pacheco, directeur des relations publiques chez Air Luxor et l'homme chargé de gérer la grave crise qui venait d'apparaître pour sa société. Pour les observateurs anglais du forum de chez Flightware, les deux pilotes n'avaient pas à être arrêtés car il n'avaient commis aucun impair et se proposaient déjà à les aider : "tout membre d'équipage d'un avion affrété qui pense qu'il y a de la contrebande à bord en cas de contact confidentiel des douanes, s'ils le souhaitent de manière anonyme, peuvent le téléphoner au numéro anglais suivant, 0800 595000, où nous prendrons toute l'enquête à partir de là" rappelait un spécialiste. Il n'empêche, le CS-DCT était bien devenu d'un coup de baguette magique le FAV-1060 de la Venezuelan Air Force... !!! L'avion y fera désormais carrière (il deviendra YV2470 et YV2818) ...
Un avion retrouvé... chez les militaires
C'est Wikileaks qui retrouvera en décembre 2010 la trace de ce fameux Citation ainsi prestement "emprunté", lors d'une réunion secrète à Fuerte Mara (Maracaibo, dans l'Etat de Zulia) entre un des officiers militaires cubains présumés, et des hauts fonctionnaires de l'armée vénézuélienne...dont le général Almidien Moreno Acosta (décédé d'une crise cardiaque en juillet de la même année). Une mort surprenante, qui tombait mal pour le Venezuela. L'homme était en effet à la tête de la région militaire Ouest, celle où régne la plus sensible question... du trafic de cocaïne (la Défense de l'Ouest intégrant les régions de Zulia, Tachira, Merida, Trujillo, Lara, et Falcon, les plus en vue dans le trafic de coke). Moreno Acosta, mort en train de diriger l'opération Sierra 22... contre le trafic de drogue, justement... Pour certains, à coup sûr, un décès qui tombait plutôt à pic (on imagine vite qui) : "l'opération de mercredi consistait à détecter et détruire les cultures, les pistes d'atterrissage clandestines, les lieux de rassemblement, les équipements ou les fournitures pour la production de stupéfiants, et l'arrestation de trafiquants de drogue présumés avait commencé". Les trafiquants, dont des généraux, avaient-ils ce jour à envoyé un message fort à Chavez, en lui faisant comprendre de ne pas toucher à certains secteurs réservés ? Les proches de Chavez, il est vrai, remplissaient déjà tout un cimetière, bien avant sa disparition !
(*) lire ici le détail de son organisation :
http://research.ridgway.pitt.edu/wp-content/uploads/2012/05/WalidMakledOrganizationPROFILEFINAL.pdf
Makled, c'est aussi savoir, est à l'origine de l'assassinat du journaliste Orel Sambrano qui avait dénoncé ses activités. Le 26 mai 2010, un des policiers responsables du meurtre, Rafael Segundo Pérez a été condamné à 25 ans de prison. "Sambrano, qui était rédacteur en chef de l'hebdomadaire politique « ABC », vice-président de la station de radio privée « Radio América » et chroniqueur au quotidien régional « Notitarde », a été abattu à Valencia, État de Carabobo, le 16 janvier 2009, après avoir couvert plusieurs affaires de trafic de drogue, dont une impliquant les Makleds."
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