Coke en stock (XXXIII) : le crash non élucidé de Gander
A partir de ce trafic de drogue, on l’a vu, vient se greffer un trafic d’armes : les deux sont intimement liés, a-t-on dit précédemment. Et un homme plus curieux que les autres, en dévidant la pelote de cet immense trafic, va tomber sur une véritable horreur. Le crash d’un avion contenant plus de 200 militaires, un crash atterrant survenu au Canada, une des catastrophes majeures de l’armée US qui s’est empressée d’en enterrer les vestiges au plus vite, tant elles constituaient les preuves de ce trafic d’armes, lié à un autre scandale, celui de l’affaire des Contras. On peut voir dans le crash de Gander la préfiguration, d’une certaine manière de l’attitude des autorités américaines vis à vis des parents des victimes du 11 Septembre, qui seront toutes déboutées quand elles oseront remettre en cause la version officielle, malgré une accumulation de preuves contraires, et surtout le témoignage contraire d’un des membres de la commission chargée de rendre son verdict sur la catastrophe. C’est un des plus gros scandales de ces dernières années, sur lequel on n’a su que très peu de choses pendant trop longtemps.
Une autre compagnie à laquelle s’est intéressée Wheaton est tout aussi étrange que celles déjà citées ici. Wheaton, cet ancien adjudant qui a mené des enquêtes qui vont du cas du colonel Sabow évoqué précédemment à la poursuite du travail du Cristic Institut de 1987 suite à l’accident très bizarre de Gander, Terre-Neuve. Celui d’un vol d’Arrow Air, en 1985, qui a coûté la vie à plus de 250 membres du la 101e division aéroportée. Arrow Air ayant été, selon Wheaton, « l’une des compagnies aériennes préférées d’Ollie North ». Il a également été l’un des premiers chercheurs à découvrir le trafic de drogue de la CIA à la Mena, AK et travaille aujourd’hui avec l’avocat de Sabow, Daniel Sheehan, un ancien de l’Institut Cristic, sur le cas justement de ce pauvre Sabow. » Le crash de Gander, le Vol 1285 (du 12 décembre 1985), d’un McDonnell Douglas DC-8-63CF enregistré N950JW, était le vol de retour, du Caire, en Egypte à leur base de Fort Campbell dans le Kentucky, via Cologne (Allemagne), et Gander (Canada) de 248 soldats américains. Les hommes du »3rd Battalion » du « 101st Airborne » revenaient alors de participer à une mission de paix dans le Sinaï.
Il y avait eu 256 victimes, dont 11 soldats du Task Force 160, une unité spéciale, et l’armée en avait conclu bien vite à un phénomène de glace apparue sur les ailes... alors que l’avion était au décollage et qu’une explosion avait été entendue par des témoins. Un rapport canadien de 1989 mettait fortement en doute l’explication du givre sur les ailes. Le Djijad islamique avait pourtant aussitôt revendiqué la catastrophe à partir de Beyrouth. A ce jour, c’est toujours le pire crash aérien survenu au Canada.
L’avion était un avion de chez… Arrow Air. la société fondée par George E. Batchelor, qui a perduré malgré la catastrophe et vient seulement de s’arrêter le 1er juilllet dernier : elle était devenue depuis Arrow Cargo. Elle avait obtenu son premier contrat avec le Pentagone en octobre 1985, et il était de 13,8 millions de dollars : à savoir une somme assez rondelette pour qu’on puisse penser à des liens plutôt privilégiés entre cette petite société et le Pentagone. Tout le monde songe à juste propos à des activités « à part », celles de servir de transporteur pour la CIA. Au moment du crash, l’hypothèse émise très rapidement par les autorités laissent pas mal d’observateurs sceptiques. Le givrage ne se produit pas de cette façon, et des témoins ayant nettoyé les pistes affirmeront que les ailes de l’appareil étaient nettes de tout dépôt de glace. En mars 2009, un des DC-10 d’Arrow Cargo avait « largué » un de ces trois réacteurs au dessus de Manaus au Brésil... endommageant 22 maisons et des véhicules.
Or le 14 février 1998, treize années après la catastrophe, tout bascule. Charles M. Byers, le président de la société Accuracy Systems Ordinance Corp, écrivait un bien étrange courrier au directeur de l’US House Intelligence Oversight Committee qui a supervisé l’enquête sur le crash. Selon lui, c’est un de ses engins qui a « probablement » détruit l’avion ! Byer affirmera que son appareil avait été commandé par une petite unité sous la direction du Lt. Col. Oliver North, et était supposée servir de détonateur à une mini-bombe nucléaire « portable » en Iran, pour faire croire à un accident de ce type. Etonnante version ! Selon Byers, la preuve de ses assertions résidait dans l’attitude des autorités après le crash.
Dès l’annonce du crash, en effet » le General John Crosby de l’U S Army était arrivé avec une équipe spécialisée du type « Broken Arrow Nuclear Disaster Team », et sans conduire d’enquête, avait décidé de bulldozeriser le sol sur deux mètres de profondeur ». Il fut savoir que le nom « Broken Arrow » (« flèche brisée ») est celui donné en cas de chute de bombe nucléaire, comme j’ai pu aussi l’expliquer ici et là. Des pompiers se plaindront plus tard effectivement de maux de tête sur les lieux du sinistre.
Un livre sortira, « Improbable Cause » rédigé par un des membres de l’enquête ayant refusé de signer le rapport final concluant à la thèse du givrage des ailes. Sur les neuf membres du Canadian Aviation Safety Board, quatre avaient refusé les pressions américaines, dont l’auteur, Les Filotas. On pouvait y voir des obus de mortiers retrouvés à proximité du crash, certainement issus des boîtes de bois vues à bord à l’embarquement. Des photos embarrassantes de débris appuyaient la thèse de l’explosion intérieure. Et d’autres, tout aussi gênantes, montraient des amoncellements de M-16 brûlés au milieu des restes de l’épave, qui furent rapidement ensevelies, réacteurs compris.
Parmi les victimes, deux corps ne seront jamais retrouvés, ce qui ajoute encore aux hypothèses les plus extravagantes. Lorsque les premiers sauveteurs arriveront, ils découvriront des corps pendant aux arbres, indubitablement la preuve d’une explosion en vol.
Le magazine Time, le 27 avril 1992, confirmera bien la présence d’armes sur les lieux du crash : « Bien que le gouvernement américain a déclaré qu’aucun des explosifs n’ait été à bord, les pompiers entendu des armes légères éclater partout dans le place et j’ai vu des débris envoyés en l’air en raison d’explosions. « Il y a eu de 30 à 40 explosions par exemple, a signalé le chef des pompiers de Gander. Plus tard, des roquettes armées ont été trouvées parmi les débrits de l’’épave, comme par exemple ce sac de 32-kg en forme de polochon rempli de munitions ». Des armes, et leurs utilisateurs : « parmi les témoins que Wheaton a retrouvé, celui qui a confirmé que des armes, y compris des missiles antichars, ont été stockées dans le Sinaï. Alors qu’ il scrutait les documents d’embarquement de l’appareil d’ Arrow Air, il a découvert un mystérieux groupe, composé de 22 hommes qui ne faisaient pas partie dela 101e division aéroportée. Tous marqués du même MOS (Military Occupational Specialty) le 11-H, qui indiquait qu’ils étaient des artilleurs de missiles Tow » (pour « Tube launched, Optically tracked, Wire command link guided »). Le type d’engin filoguidé qui venait d’être fourni aux iraniens par Oliver North ! Visiblement, à bord de l’infortuné DC-8 ; il n’y avait pas que de la piétaille ordinaire, mais aussi des hommes des « Task Forces 160 et 163″. Des commandos d’élite, comportant des pilotes et des spécialistes d’hélicoptères. La jounaliste Zona Phillips découvrant qu’il se serait s’agi du Seal Team 6, le commando qui s’était illustré lors de l’affaire de l’Achille Lauro !
Pour les familles des disparus, c’est simple, le décès des leurs a fait l’objet d’une « cover-up" « Plus tard, les rapports d’autopsie déclassifiés montrèrent que les soldats avaient inhalé de la fumée dans leurs poumons avant de mourir, indiquant qu’il y avait bien eu un incendie à bord avant que l’avion n’heurte le sol ». Des parents de victimes avaient retrouvé eux-mêmes des pièces de l’avion montrant les traces d’une explosion ! L’hypothèse d’un attentat se double de celui de la cargaison fort spéciale qu’aurait emporté le DC-8.« Six lourdes caisses avaient été placés dans la soute de l’avion en Egypte sans dédouanement militaire. Plus tard des témoins affirmeront que des armes, y compris des missiles anti-char TOW, ont été stockées en Egypte près du lieu où l’avion a décollé. À l’époque, les États-Unis avaient secrètement effectué la vente de ces types de missiles à l’Iran, pour faire face à la prise de leur otages. » Plus tordus encore : certains des missiles reçus par les iraniens s’avéreront avoir été sabotés, ce qui aurait expliqué leur furie une fois déballés. « Quelques jours avant l’accident, les responsables iraniens ont menacé de mesures de rétorsion auprès des USA si on leur envoyait de mauvais missiles. North avait écrit trois jours plus tôt qu’il était déterminé à continuer les livraisons d’armes. « Arrêter maintenant en cours de route, serait laisser s’enflammer le feu iranien. Les otages seraient nos pertes minimales « , avait-il même écrit à ses supérieurs . « Une théorie est que l’Iran a utilisé des militants connectés au Hezbollah pour punir les USA d’avoir envoyé des missiles défectueux ». Voilà qui se tient tout autant.
Mieux encore, puisqu’une autre enquête va recouper un marchand d’armes bien connu : « dans le début des années 1990, deux reporters magazine Time font un livre sur le scandale de la banque BCCI. Ils mettront au point une source fiable, un marchand d’armes privé, utilisant l’alias « Heinrich ». « Heinrich » dira aux journalistes qu’une grande quantité de liquidités était aussi sur le vol de Gander, et il leur dit cela avant qu’aucun compte d’argent sur le vol ne soit rapporté dans les médias. Heinrich, l’homme qui a pris part à de nombreuses transactions d’armes avec des fonctionnaires de haut niveau de la BCCI, dira aux journalistes : "Cet argent dans l’avion était l’argent d’Abedi (le fondateur de la BCCI, Agha Hasan Abedi), l’argent que la banque avait fourni aux renseignements des États-Unis pour ses opérations secrètes. L’argent a été utilisé par l’armée américaine. Je n’ai aucune idée de son usage. Vous ne demandez pas ce genre de questions à ces personnes »…. Un des hommes de la banque, peut-être je devrais le appeler, était un peu en colère à propos de cet argent. Il a estimé qu’il était, affecté aux soldats des forces spéciales. Quelqu’un d’autre a pensé que c’était peut-être détourné pour une autre opération. Je sais seulement que le sujet de l’accident de Gander a été soulevé, et ces gens ont parlé de l’argent de la BCCI disparu avec lui." Pour beaucoup d’observateurs attentifs, le fameux « Heinrich » n’était autre qu’Adolph « Al » Schwimmer… entrevu déjà dans l’épisode précédent. Pour d’autres, plutôt, c’était Ari ben Menashe, un associé d’Oliver North, membre du Mossad. L’avion de Gander n’a pas fini de livrer ses secrets, mais l’enquête bâclée et le manque d’information des familles entâche fortement la thèse du simple accident. Celle d’une bombe à bord plantée au Caire ou celle de l’engin machiavélique instable se tiennent toutes deux. Les corps calcinés des malheureuses victimes ayant révélé l’absorption de fumées avant le crash met fort à mal l’hypothèse officielle du givrage.
Les avions d’Arrow Air ont servi à pas mal de choses en marge des choses officielles, la thèse de l’accident devient de plus en plus difficile à accepter. Benashe rédigera un livre sur la question : « Profits of War : Inside the Secret U.S.-Israeli Arms Network« .
Il dirigeait comme couverture la firme Traeger Resources and Logistics Inc, située au… Canada. En 1989, il sera accusé d’avoir tenté de vendre 3 C-130 à l’Iran, en fabriquant des faux papiers d’exportation, mais il se défendra en faisant valoir son appartenance au Mossad, et sera… acquitté, le 28 novembre 1990 ! Un député US, le démocrate Robin Tallon de Caroline du Sud essaiera bien de réunir 103 signatures à la Chambre en 1989 pour réouvrir l’enquête, mais Bush (père) refusera tout net. Trop dangereux pour le pouvoir, bien trop dangereux ! Le député, dans sa question N°12 à l’administration avait osé une « est-ce vrai qu’Arrow Air vole jusqu’à Téhéran et au Honduras ? pour quoi faire ? Est-ce pour emporter des armes pour l’Iran et les Contras ? » qui ne semblait pas vraiment avoir été apprécié… pas plus que la 17, qui révélait un sacré pot aux roses : « Pourquoi est-ce que ce DC-8 particulier avait deux bouteilles d’extincteurs supplémentaires installées dans chaque puits de roue ? Était-ce parce que l’avion avait à bord des explosifs ?« … dans la vidéo reportage sur la catastrophe, on distingue clairement des « enquêteurs » débarrasser rapidement de la vue d’éventuels témoins ces fameuses bouteilles… ce qui avait intrigué les pompiers, c’est que des morceaux de l’appareil avaient brûlé pendant 20 heures sans pouvoir être éteints ! Le député Tallon fera aussi remarquer que le rapport d’Irving Pinkle’s un expert réputé en explosifs et un spécialiste de la N.A.S.A avait complètement disparu…
Un pays qui a menti sur le sort de 248 de ces soldats dès 1991 pourra-t-il faire pire seize ans après sur plus de 2000 de ces civils ? Pour moi, ça ne fait aucun doute. Les 248 soldats US ont été sacrifiés sur l’hôtel des Contras. En 2001, sur celui de l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak. Ce qui valait bien dix fois plus de morts…
Pour l’accident de Gander ; le site remarquable est ici :
http://www.sandford.org/gandercrash…
et la vidéo ici :
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