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Accueil du site > Tribune Libre > Collectif les Indomptés-collectif Condorcet Appel à François (...)

Collectif les Indomptés-collectif Condorcet Appel à François Hollande

Appel national pour sauver l'école de la République
 

La colère et l'exaspération grondent parmi les professeurs, sur les réseaux sociaux mais aussi dans les établissements scolaires. Elle gronde aussi chez les parents d'élèves. Elle gronde chez les universitaires et les intellectuels.

En témoigne l'appel national pour sauver l'école de la République, adressé à Monsieur le Président Hollande. Porté par deux cents cinquante signataires initiaux, parents d'élèves, professeurs du secondaire, universitaires, elle a recueilli plus de 7000 signatures en quelques semaines. Son succès ne se dément pas...Elle demande l'abrogation de la réforme du collège décrétée par Madame le ministre de l'Education nationale.

La ministre de l'Éducation nationale ose en effet proclamer que sa réforme est destinée à lutter contre les inégalités et renforcer l'apprentissage des langues. La réalité est tout autre :

 - Suppression des classes européennes, sauf pour les familles aisées qui pourront payer pour aller dans le privé.

 - Suppression des classes bilangues (sauf pour les parisiens !) et donc quasi disparition de l'enseignement de l'allemand.

 - Diminution des heures de LV2 en 4eme et 3ème

 - Quasi disparition de l'enseignement des langues anciennes.

 - Baisse des horaires d'enseignement notamment en français et en mathématiques.

 

Cette réforme est un désastre : elle signe la fin de l'école de Condorcet et de l'universalisme républicain. Elle accélère la baisse de l'offre publique d'instruction. Sur quatre ans un élève perdra jusqu' à 500 h de cours disciplinaires... Baisse des dotations horaires, suppression de postes d'enseignants, fin des redoublements. Demandez le programme !
 

Les Indomptés-collectif Condorcet, rassemble des enseignants du primaire, du secondaire, du supérieur, des pseudo-z-intellectuels et beaucoup de parents d’élèves, des gens de bonne volonté lassés par la communication mensongère du ministère, dégoûtés par l’indigence des premières journées de formation à la réforme, inquiets pour l’avenir d’une institution qu’on défait. Ils ont donc écrit une tribune libre sous forme de lettre à François Hollande pour réclamer l’abrogation de la mascarade que constitue la réforme.

Cette tribune (dont les 250 premiers signataires sont représentatifs de l’ensemble du territoire, outre-mer compris) est devenue une pétition nationale. On trouve parmi les signataires un grand éventail de personnes venues d’horizons divers et même un ancien Recteur, Alain Morvan, expert des questions d’éducation et par ailleurs éminent angliciste, que l’enseignement des langues ne doit pas laisser indifférent…Éditeur de Frankenstein et autres romans gothiques dans la collection de la Pléiade, il croyait sans doute tout savoir des apparitions macabres et des créatures monstrueuses, avant d’avoir vu surgir, échappée des antres pédagogistes, l’abominable réforme du collège.

Quand Le Figaro et L'Humanité publient la même lettre ouverte à Hollande et la même pétition, c’est qu’il est en train de se passer quelque chose de pas ordinaire. On peut le dire : la liquidation de l’école républicaine n’est pas une mince affaire et devrait concerner tout le monde. Beaumarchais et Jaurès demandent l’abrogation…

Même si la misère est camouflée par des dispositifs pédagogiques ronflants et l'abus, jusqu'à la nausée, d'un langage pédagogiste inspiré du management, personne n'est plus dupe.C'est à l'instruction qu'on s'attaque et aux horaires de l'enseignements des fondamentaux. Il s'agit avant tout de faire des économies.
Cette réforme va accentuer les inégalités par l'autonomie accrue des établissements et créer des inégalités territoriales. Elle se traduira par une évasion toujours plus importante des classes favorisées vers le privé.

Antoine Desjardins, professeur de lettres modernes, cosignataire, membre du Collectif Les Indomptés-Condorcet. 
 

 

 
Pour signer et lire l'appel : ICI
Appel dans le Figaro 
Appel dans l'Humanité


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7 réactions à cet article    


  • BA 12 février 2016 13:57

    Des professeurs du collège Hubertine Auclert de Toulouse ont écrit une « lettre ouverte » glaçante :

    Lettre ouverte

    Notre jeune collègue de mathématiques a mis fin à ses jours mercredi 27 janvier 2016. Il avait 27 ans et commençait tout juste dans le métier. Vincent était professeur stagiaire en mathématiques, tout comme Anne-Marie, comme Alice en français, ou Ana et Georges en anglais. L’équipe enseignante avait pourtant demandé au Rectorat, en juin dernier, de ne plus affecter de stagiaires dans notre collège. Personne ne peut ignorer les conditions difficiles dans lesquelles nous exerçons notre métier : insultes, incivilités, coups portés sur les adultes, dégradations des locaux, déclenchements incessants de l’alarme incendie, violence dans la cour, en classe ou devant le collège, harcèlements conduisant certains élèves à des absences répétées voire à des départs de notre établissement.

    Il se tient dans le collège plus de 15 conseils de discipline par an, et tout autant ne sont pas tenus pour faire baisser les chiffres... Il faut regarder les choses en face.

    En quatre ans nous avons obtenu la création d’un poste supplémentaire de CPE. Or depuis notre dernière audience au rectorat en 2014, la situation, déjà préoccupante à l’époque, s’est fortement aggravée. L’Équipe Mobile de Sécurité a fait acte de présence de temps à autre, en simple observateur dont nous n’avons jamais lu les conclusions. Rien de plus. Aucun label ZEP, REP, Eclair ou autre, qui permettrait d’alléger les effectifs en classe, d’apporter des réponses à la violence et aux difficultés des élèves. On nous dit que le label fait peur, qu’il risque de pousser certains élèves vers le privé, de faire disparaître pour de bon la mixité sociale. Dans les faits, de nombreux élèves de CM2 évitent notre collège et partent dans le privé. D’autres le quittent en cours d’année, excédés, effrayés par le comportement des camarades et l’absence, de la part de l’institution, de réponse rassurante et de nature proprement éducative. Les professeurs stagiaires, l’an dernier, ont démissionné : celui de mathématiques en décembre 2014 puis celle de français en janvier 2015. Personne ne s’en est ému.

    En septembre dernier, ils étaient cinq stagiaires, emplis d’espoir et d’appréhension à la fois, mais la foi a vite cédé la place au désenchantement et à l’angoisse la plus profonde. La réalité du terrain est cruelle : confrontation permanente au bruit et à l’indiscipline, difficulté voire impossibilité de faire cours, furie des élèves dans les couloirs, dans la cour de récréation ou au réfectoire, violence verbale et physique à l’encontre des adultes ou des élèves eux-mêmes, mépris affiché de l’autorité.

    Les rapports s’amoncellent, symptôme de l’impasse dans laquelle l’institution se trouve. Au final, quelle solitude pour chacun lorsqu’il se retrouve seul dans sa salle de classe ! Quelle absence de reconnaissance de la part de notre hiérarchie, nous renvoyant sans cesse à notre responsabilité individuelle, remettant en cause nos compétences, nous rappelant que nous sommes « des professionnels et non des personnes » alors même qu’on nous somme d’incarner « la bienveillance » en toute situation ! On nous punit même comme des enfants ! On nous interdit même, dans une telle situation, l’exercice de notre droit de retrait !

    Le soutien apporté par le collège n’aura pas suffi à aider Vincent. Aujourd’hui nous crions notre colère et notre désespoir. Quelle réponse nous est faite ? Le secrétaire général adjoint de l’académie, M. Jean-Jacques Vial, a témoigné dans la presse locale, il considère que lier ce suicide à nos conditions de travail relève d’un « raccourci un peu grossier ». L’article qualifie le collège Hubertine Auclert (affublé d’une belle faute d’orthographe) d’« établissement pas connu pour être compliqué ». Quel mépris pour notre métier et le travail accompli ! Quelle méconnaissance de la situation de notre établissement, alors même que le Rectorat est en possession de l’état des lieux déplorable dressé en 2014 ! Par ailleurs on nous propose un soutien psychologique individuel, là où nous dénonçons un dysfonctionnement institutionnel.

    Le jour de ses obsèques, nous avons appris que Vincent était malade : son dossier médical n’était pas un secret pour l’institution. En toute connaissance de cause, il n’aurait jamais dû être envoyé dans notre collège. Le métier d’enseignant requiert une solidité certaine. Mais à l’heure où il faut absolument mettre des adultes dans les classes, on fait peu de cas de la santé mentale de chacun. Professeurs stagiaires, contractuels ou titulaires sont placés çà et là, qu’ils connaissent, ou pas, la réalité du terrain, qu’ils soient préparés, ou pas, à vivre les situations les plus déstabilisantes, qu’ils aient les épaules, ou pas, pour esquiver les coups.

    Une fois la porte de la classe fermée, les souffrances sont étouffées : on nous demande coûte que coûte de garder tous les élèves en classe, y compris ceux qui nous insultent et qui empêchent le cours de se dérouler. Et même si les souffrances parviennent jusqu’en salle des professeurs, muselées, elles ne passent pas la porte de l’établissement. Les enseignants souffrent en silence. Nos ministres nous imposent sans cesse de nouvelles réformes, comme des réponses à tous les maux. Nos pratiques pédagogiques ne sont jamais les bonnes, nous sommes, dit-on, responsables de ce qui nous arrive...

    En tout cas, nous nous sentons collectivement responsables du décès de notre collègue. Personne n’a su préserver son intégrité physique et morale ; personne, surtout pas le grand appareil de l’État.

    Combien de Vincent faudra-t-il pour qu’on entende enfin la douleur des enseignants ?

    Un collectif de professeurs du collège Hubertine Auclert de Toulouse, le 1er février 2016.

    http://www.politis.fr/articles/2016/02/de-la-misere-en-milieu-enseignant-34064/


    • JC_Lavau JC_Lavau 21 février 2016 07:07

      @BA
      Les dossiers médicaux sont secrets à l’intéressé. Il lui est impossible d’en avoir connaissance, sauf à actionner le tribunal administratif. Le gouvernement Raffarin a pris soin de rendre hors de prix l’accès au tribunal administratif, au profit de l’Honorable Monopole d’avocats.
      On dira poliment que si c’était pour mieux préserver les secrets honteux des ripoux, et leurs fraudes aux ordres, ça ne se passerait pas différemment.


    • Profil supprimé Jean-Michel Lemonnier 12 février 2016 19:30

      L’École est/était supposée fonctionner sur le mode de l’abus de pouvoir, l’arbitraire, la peur, et accusée de transmettre les préjugés et les « normes » de la « bourgeoisie » selon Michel Foucault et Pierre Bourdieu et autres penseurs névropathes du monde euro-américain.

      Le fou, le narco-pédophile, le voyou détiennent la vérité ! Pas le fasciste-professeur qui doit devenir animateur-démago, accoucheur des « intelligences multiples »...

      Une aubaine pour les « managers », nouveaux seigneurs capitalistes de la mégamachine technicienne ou comment la sous-philosophie libidineuse de rupture avec la « tradition » a servi à légitimer la formation du bo-beauf pousse-caddie de l’hyper-ghetto globalisé, sans racines (et sans Racine), « nomade de l’asphalte », illettré, taillable et corvéable à merci...


      • Profil supprimé Jean-Michel Lemonnier 13 février 2016 09:57

        Finalisation d’un processus qui a débuté il y a plusieurs décennies : la création de l’École foucaldienne « inclusive » (qui finit par exclure les meilleurs) du capitalisme total, permise par la monstrueuse complicité entre les pédagos à la Meirieu, les disciples logorrhéiques de D. Winnicott et de J. Dewey et les apologistes de la sous-culture pseudo-rebelle techno-rapoïde Mac Do’ décérébrante qui génère du bétail-main d’œuvre docile, gouvernable. Le reste c’est du bavardage.
        Maintenant que ses propres gamins sortent du collège-pétaudière en sachant à peine lire et écrire et en ânonnant des fadaises sur le vivre-ensemble ou le tri sélectif « durable », le bourgeois libéral progressiste voltairien ex-mitterrandien, après avoir joué au savant fou à l’école, s’inquiète.


      • Captain Marlo Fifi Brind_acier 12 février 2016 19:48

        Il faut que le Gouvernement déglingue l’école pour faire accepter sa privatisation. La privatisations de l’école est dans le collimateur de la Commission européenne , comme celle de tous les biens publics.


        La méthode a été expliquée en 1996 par l’ OCDE, dont les bons conseils vous éclairent sur les objectifs et les méthodes à employer pour privatiser. (A afficher dans tous les salles des profs )

        Si le collectif veut sauver l’école, il faudrait se rassembler provisoirement pour sortir de l’ UE.
        C’est ce que propose l’ UPR, qui prévoit dans son programme d’inscrire « la santé et l’école dans la Constitution, comme biens non privatisables par nature ».

        • Amiral terrestre 14 février 2016 20:16

          La preuve que le sujet est fondamental : il est peu commenté.
          @Fifi Brind_acier
          Le lien sur l’OCDE est consternant.
          @JM Lemonnier
          Mention spéciale pour l’analyse cinglante. Tout est dit.
          @BA
          C’est le triste constat. Et 800000 profs qui ne bougent pas.
          Je voyais une prof (cgt-cfdt bazar) venir chouiner à la télé l’autre jour. Elle se plaignait du fait que les profs femmes se faisaient traiter de pute 15 fois par jour et qu’une de ses collègues s’était pris de la bombe à poivre en pleine poire. J’avais envie de lui dire « t’as vu ma conne, le résultat de 40 ans de démagogie que tu as soutenue depuis que tu es enseignante ! »
          Bien content d’avoir foutu le camp de ces écoles.


          • JC_Lavau JC_Lavau 21 février 2016 10:32

            Hollande ? Regarde comment ils ont traité l’affaire du foulard de mauvais goût :
            http://citoyens.deontolog.org/index.php/topic,2063.0.html

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