Comment battre Macron ?
Les élucubrations sur le "monde d'après" deviennent plus rares.
Tout le monde a bien compris que le "monde d'après" sera le "monde d'avant" mais en pire !
Selon Macron : "La rentrée sera très dure" ... pour les salarié(e)s !!
Faut-il vraiment se résigner au pire ?
La première semaine politique de juillet se termine avec deux évènèments politiques importants.
1 - Macron annonce avec beaucoup de détails son plan d'action pour les mois qui viennent.
2 - Un nouveau premier ministre est désigné pour mettre en oeuvre cette ligne politique.
1 - Macron annonce le programme dans la presse régionale.
Il faut absolument lire avec attention la prose de Macron. Cf La Provence.
Derrière le langage technocratique il expose clairement les prochaines actions du gouvernement. Et notamment les principaux chantiers en cours :
1.1 - Le "Ségur de la Santé".
1.2 - L'assurance chômage.
1.3 - La réforme des retraites.
1.1 - Le Ségur de la Santé est évoqué en premier. Difficile de faire l'impasse sur les 30000 morts victimes du Covid-19, de la politique criminelle de Macron et du délabrement de notre système de santé. D'où la mascarade du plan Santé.
Le montant des sommes consacrées à la santé seraient de 6 milliards pour les dépenses de personnels et de 10 à 15 milliards pour les investissements.
On est très loin des centaines de milliards distribués au patronat sans aucune contrepartie. Lequel patronat s'est empressé d'augmenter les dividendes et de licencier massivement. Normal puisque c'était cadeau !
De plus les sommes promises pour la Santé ne sont que des promesses. En 2019 le "plan massif" pour la Santé prévoyait des centaines de millions pour se ramener finalement à des restrictions de crédit !
Enfin on notera que Macron prononce à loisirs les mots santé, hôpital, système de santé. Mais jamais les mots santé publique, hôpital public, système de santé public !
Un oubli ? Pas du tout. En fait, une grande partie des sommes promises aux soignants et à l'hôpital partiront vers le système de santé privé !
L'hôpital public, lui, étant considéré comme une charge publique, qu'il est urgent de réduire, par l'ONDAM par exemple.
1.2 - La réforme de l'assurance chômage a été reportée pendant la crise sanitaire. Lorsqu'elle s'appliquera des dizaines de milliers de chômeurs verront leurs allocations réduites, voire supprimées.
D'ailleurs le droit à l'assurance chômage n'existe plus, c'est devenu une aide sociale.
Dans son interview Macron se plaint des chômeurs trop "indemnisés généreusement". Les 60% de chômeurs qui ne touchent pas un euro se reconnaîtront surement !
Avec un imbécile pareil, on peut être sur que la "réforme" de l'assurance chômage va s'appliquer dès la rentrée 2020. Et frapper de plein fouet les victimes de la crise du capitalisme qui existait avant la crise sanitaire mais qui explose actuellement.
Dans ce contexte il faut être fanatique libéral comme Macron pour oser nous proposer le "travailler plus". Ce qui englobe non seulement les attaques contre les 35H mais également contre le système de retraite, pour allonger la durée de cotisation et retarder l'âge de la retraite.
Si les gens qui ont un travail font des journées de 10H et si les retraités continuent à travailler après 62 ans, n'importe quel écolier verrait que cela diminue automatiquement le nombre des emplois disponibles.
Ce qui augmente automatiquement le nombre des chômeurs, surtout si les entreprises recoivent des milliards pour multiplier les plans sociaux !
Si on voulait faire augmenter le chômage, on ne s'y prendrait pas autrement.
En même temps, Macron nous fait un discours poétique sur le grand malheur des plans sociaux, qu'il subventionne, et sur le sort indigne de la jeunesse qui mériterait d'avoir sa chance. Touchant :)
1.3 - Le projet de "réforme" des retraites revient au premier plan, comme un objectif principal de Macron.
Ce projet est l'un des points clés du programme politique de Macron en 2017, il ne reculera devant aucune manoeuvre, aucune bassesse pour le faire adopter.
Il pourra compter sur le soutien tacite des politiciens de droite qui tenteront une discrète critique avec des arguments comme "Nous nous aurions fait mieux !". En attendant ils ne combattront pas cette "réforme".
Evidemment il va essayer de "mouiller" les organisations syndicales, lesquelles ont commencées par protester mollement, "ce n'est pas le moment !".
Mais quand la "réforme" se précisera, les syndicats collaborationnistes se presseront pour avoir leur strapontin dans les soit disant discussions.
Il est clair que sans des mobilisations massives, les salarié(e)s vont perdre leur système de retraite.
Et le nouveau système par points est un vrai coup de massue pour les plus pauvres. Qu'ils prendront sur la tête dans quelques dizaines d'années en constatant qu'ils n'ont pas eu des salaires assez gros pour obtenir le nombre de points suffisants.
Dans la même déclarationà la presse Macron détaille ses priorités :
Nous aurons peu de priorités : la relance de l’économie, la poursuite de la refondation de notre protection sociale et de l’environnement, le rétablissement d’un ordre républicain juste, la défense de la souveraineté européenne.
Il faut traduire ce discours pompeux en termes plus simples et plus proches de la vérité !
- la relance de l'économie, c'est le soutien massif et inconditionnel au patronat
- la refondation de la protection sociale, c'est la liquidation de la sécurité sociale
- le rétablissement de l'ordre républicain, c'est la limitation des libertés publiques
- la défense de la souveraineté européenne, c'est pour la forme
Je néglige l'environnement puisque de nos jours tout est "vert". Le moindre rouleau de PQ est certifié bio, sans gluten et anti réchauffement climatique. Et en même temps les ministres de l'écologie prennent des lois pour protéger les pollueurs et les accros du glyphosate !
Pour le reste je crois que le programme affiché par Macron va être respecté. Et ce n'est pas une bonne nouvelle.
2 - Le changement de gouvernement.
Pour créer l'illusion d'un changement, et se débarrasser d'un possible concurrent, Macron a changé de premier ministre, et donc de gouvernement.
La nomination de Jean Castex, un fonctionnaire relativement obscur, appelle deux commentaires.
D'une part il s'agit d'un haut fonctionnaire docile, qui fera tout ce que Macron lui demandera de faire sans discuter.
Même son chef de cabinet a été désigné par Macron. Castex prétend qu'il n'est pas un "collaborateur", mais le mot "larbin" serait plus exact !
Car visiblement notre président entend profiter à fond du régime présidentiel de la Vème République pour mettre de coté le premier ministre et diriger lui même le pays !
On notera que Jean Castex est un élu de droite (LR). C'est la preuve que ceux qui pensaient que la situation économique et sociale nécessitait un tournant social, même minime, ont bien eu tort. Au passage, en débauchant la droite, Castex vient de résilier sa carte de LR, Macron espère les affaiblir. Malin !
Encore pire, Castex fait partie des plus libéraux. C'est lui qui est à l'origine de la tarification à l'activité (TAA) qui a déglingué le fonctionnement des hôpitaux publics. Plus antisocial tu meurs !
Sans prendre en compte le résultat des municipales, avec la déroute de LREM et les succès des "Verts", Macron persiste et signe. La politique économique et sociale de 2017 ne sera pas modifiée.
La composition du nouveau gouvernement montrera sans doute quelque postes pour l'affichage d'écologistes ou d'ex socialistes. Mais pas de changement de politique, plutôt une accélération de cette politique anti-salarié(e)s.
Et le tryptique des ses priorités est très inquiétant.
- relance de l'économie capitaliste agonisante
- destruction de la protection sociale
- limitation des libertés publiques
Bref la ligne politique de Macron est donc claire et surtout d'une grande cohérence !
Pour se faire réélire en 2022, il devra mobiliser les 18% d'électeurs du 1er tour en 2017 ou les 24% de votants aux élections régionales de 2019.
Dans l'état actuel des forces politiques, le vainqueur de l'élection de 2022 sera celui qui passera le 1er tour.
Le deuxième tour contre le RN étant une formalité administrative, ce qui me parait un poil optimiste en pleine crise de type 1929 !
Pour atteindre cet objectif, Macron doit faire deux choses :
A - Empêcher la constitution d'une troisième force qui pourrait empêcher Macron de terminer dans les deux premières places.
En 2017 cela s'est fait en débauchant, en "achetant", des poids lourds du PS et de LR. Et comme la méthode a bien fonctionné, elle va resservir. Le nouveau gouvernement devrait comporter encore pas mal de transfuges.
On peut s'attendre aussi à pas mal de marchandages avec les élus locaux influents, de droite et de gauche.
Si la droite et la gauche partent en 2022 avec de multiples candidats, comme en 2017, la réelection de Macron est possible.
B - Réaliser tout le programme réactionnaire promis à l'électorat bourgeois qui l'a élu en 2017.
C'est dans ce cadre que la réforme des retraites prend toute son importance. Macron ne peut pas être réélu si les "réformes" promises à la bourgeoisie ne sont pas menées à bien. Assurance chômage rétrécie, système de retraite démantelé, services publics privatisés, ...
C'est la condition sine qua non pour que Macron ait une chance de redevenir le candidat principal de la bourgeoisie.
Que cela fonctionne ou pas, et personnellement je ne parierais pas la dessus, c'est la seule possibilité. Et donc la seule stratégie possible de Macron : disperser ses adversaires et obtenir le soutien de la bourgeoisie.
A contrario cela dessine ce qui pourrait être une ligne efficace d'opposition politique.
1 - Faire échouer les réformes antisociales.
2 - Constituer une force politique unitaire et progressiste.
1 - La première tâche se joue dans les médias et dans la rue, simultanément. Puisqu'ils faut d'abord convaincre la population, en priorité les salarié(e)s qu'ils sont en train de se faire plumer !
Et non, la réforme des retraites ne va pas profiter aux plus pauvres. Au contraire, elle va les enfoncer, et si j'osais je dirais, les enterrer ! Il faut le faire savoir et dénoncer le matraquage propagandiste des médias !
2 - La deuxième tâche, concomitante avec la première, c'est de réaliser l'union des salarié(e)s sur une ligne politique socialiste.
Enfin pas le "socialisme" de Mitterrand, plutôt celui qui consiste à organiser la société en privilégiant l’intérêt collectif davantage que les intérêts particuliers d'une minorité !
Le problème qui va se poser c'est que les dirigeants des divers courants "réformistes", des syndicats et des partis, vont nous proposer de lutter pour des réformettes sans intérêts. Afin de diviser les gens et d'affaiblir les luttes contre le système capitaliste.
La solution ne pourra venir que la base. Avec toutes les personnes de bonnes volontés, sans aucune exclusive.
Mais en rejetant toute forme de controle ou de direction imposée par des "leaders" syndicats ou politiques, dont la plupart sont soit des bourgeois ralliés au système, soit des vendus achetés par les capitalistes.
Des contraintes compliquées, mais pas inatteingnables non plus.
Quoiqu'il en soit des détails, la seule chose qui soit sure c'est que les capitalistes ne se laisseront pas faire.
Ils ont bien l'intention d'utiliser la violence pour briser toute résistance. Et il vaudrait commencer à anticiper cette situation !
Les défis qui nous attendent sont faciles à énumérer :
- Sauver le système d'assurance chômage (surtout en cette période !)
- Sauver le système de retraite actuel.
- Récupérer nos libertés publiques
- Lutter contre les violences policières
Et partout contrer les campagnes massives de désinformations menées par le gouvernement !
Afin de rétablir leurs profits les capitalistes ont engagés une guerre totale pour détruire les acquis sociaux des salarié(e)s, dégrader leurs conditions de travail, baisser les salaires ...
Si on perd on vivra au niveau de l'Amérique de Trump, sans droit du travail, souvent sans retraite, ni assurance maladie, ni éducation gratuite, avec une police qui tire à vue ...
Un autre monde nous attend ...
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