Comment Ben Ali croyait se rire de nous
Jamais depuis des siècles, on n’a vu pareille révolution. Les experts en études sociopolitiques parlent déjà de cas d’école.
Fait unique en son genre, la révolution tunisienne fait partie de celles que l’on citera dans les livres d’histoire.
Spontanée, imprévisible, foudroyante, inattendue… les qualificatifs ne suffisent plus à la décrire.
Spontanée… elle l’a été et seule la soif de liberté l’a soulevée.
Foudroyante … Ben Ali et ses acolytes vont pendant longtemps en faire les frais.
Inattendue …Pas si sûr. En opérant un retour en arrière, on peut comprendre comment dans sa vanité, il avait créé lui-même l’abîme dans lequel ce peuple qu’il méprisait, a fini par le jeter.
Retour sur quelques-unes des stratégies de manipulation que Ben Ali et son pouvoir avaient mises en place et que les nous avons ont réussi à déjouer.
Il exigeait des médias écrits et audio visuels à sa botte de nous inonder d’informations insignifiantes pour nous abrutir et nous embrigader.
Nous nous sommes branchés sur les chaines satellitaires orientales et occidentales pour s’informer de ce qui se passait ailleurs, comprendre et comparer.
A travers un déluge de distractions inutiles, il croyait avoir transformé nos différents festivals et manifestations en un laboratoire artistique pour des clowns en mal de succès commercial. Nous avons malgré tout maintenu le niveau de la barre intellectuelle et culturelle en encourageant des festivals tels que celui de la Médina, du Jazz, des journées cinématographiques de Carthage, des rencontres littéraires organisées dans les librairies…
Il pensait captiver notre attention par des sujets sans impact réel sur le développement de notre société tel le football ou les talk shows pour nous empêcher de nous intéresser aux sujets essentiels tels que la science, l’économie, la sociologie.
Tous nos corps de métier ont continué à avancer, à se classer parmi les meilleurs dans le domaine de la médecine, de la biologie, de la technologie, du droit, de l’agriculture, de la communication, de l’aéronautique… Il faudrait remplir des pages pour nommer tous ces Tunisiens, à l’intérieur comme à l’extérieur, qui ont réussi à sortir la Tunisie de l’ombre
Il avait laissé se développer la violence urbaine et particulièrement dans les stades pour que nous nous adressions à sa police pour « assurer » notre sécurité.
Nous avions compris que la violence était le fait de ses sbires pour semer le désordre et la terreur en chacun de nous.
Il avait fait appel à notre émotionnel pour profiter de notre compassion et notre générosité par le biais de son fonds de solidarité.
Nous savions qu’il l’avait créé pour mieux nous ponctionner et si nous y avons contribué, nous l’avons fait sous la menace, contraints et forcés.
Il nous présentait le parti Ennahdha comme l’arme de destruction massive, nous convainquant que lui seul allait l’empêcher d’anéantir le pays.
Nous avions bien saisi le subterfuge utilisé pour installer l’appareil le plus répressif au monde car nous étions conscients qu’Ennahdha n’avait aucun programme viable ou concret à nous présenter, et que quand bien même il serait passé, sur l’échiquier géopolitique, ce parti anti-démocratique n’avait aucune chance de durer.
Il avait stigmatisé les barbus et les voilées, les présentant comme nos ennemis jurés.
Devant ce qu’il leur a fait endurer (emprisonnement, torture, privation de citoyenneté, familles éclatées, isolement social avec menace pour celui ou celle qui aurait voulu les aider…), nous avons ressenti de la compassion et nous avons réalisé que le véritable danger venait de la mafia qui l‘entourait, de sa police civile, de ses gangs, de ses milices et du RCD.
Il a nous a fait croire qu’il conservait les acquis en matière d’éducation alors qu’il n’a fait que progressivement en dégrader le niveau pour maintenir nos enfants dans l’ignorance et la stupidité.
Nous sous sommes saignés pour leur donner ce qu’il y avait de meilleur comme enseignement. Nous leur avons appris le désir de l’excellence en les encourageant à faire partie des élites.
Il avait fait de la censure l’une de ses armes favorites pour nous museler, fermant tous les sites et empêchant l’entrée des médias étrangers susceptibles de le dénoncer.
Nous avons contourné cet enfermement en échangeant toutes sortes de proxy et de techniques qui nous permettaient de surfer sur la toile en toute liberté.
Il nous encourageait à nous complaire dans la médiocrité, croyant nous avoir convaincus que le mieux pour nous était de se laisser vivre et de le remercier de nous assurer des conditions de vie bien meilleures que celles de nos voisins.
Nous avons compris le stratagème. Nous nous en sommes détournés pour observer de loin ceux qui étaient tombés dans son piège et en tirer silencieusement les conclusions nécessaires.
Il pensait avoir réussi à nous mener à nous auto-dévaluer, à culpabiliser face à notre manque d’intelligence et de capacités
Nous lui avons prouvé que nous étions intelligents, et cultivés, responsables et civilisés
Il pensait nous faire intégrer que nous méritions ce qui nous arrivait parce que dans notre couardise, nous étions incapables, de formuler même la moindre critique ou idée encore mois de nous soulever.
QUAND LA COUPE A DEBORDE, EN MOINS D’UN MOIS NOUS LUI AVONS CRIE DEGAGE, NOUS L’AVONS DEGOMME EN FAISANT DE LUI LA RISEE DU MONDE ENTIER.
Fatma BENMOSBAH
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