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Accueil du site > Tribune Libre > Comment financer et réussir la transition énergétique ?

Comment financer et réussir la transition énergétique ?

Plus nous nous enfonçons dans la crise, plus les illusions et les masques tombent, plus l'opinion publique commence à se convaincre de la nécessité d'organiser la transition énergétique vers une société plus sobre et consommant essentiellement des ressources renouvelables.

Si on est convaincu de la nécessité de cette transition, se pose alors la question de son financement : isolation des bâtiments, appareils sobres, fermeture des centrales nucléaires, création de multiples sources d'énergies renouvelables, la facture se compte en centaines de milliards. Comment financer ces énormes investissements ?

Le modèle classique keynésien est celui de la relance par l'Etat. Celui-ci finance en partie, soit directement, soit par des crédits d'impôts, puis le marché fait le reste. Mais on voit bien, en ces temps de déficit chronique, que la méthode ne fonctionne plus. A écouter les économistes libéraux, il ne reste donc plus qu'à attendre que le marché, dans sa "grande rationalité", fasse émerger seul les ENR. On peut en douter.

 

Tous ceux qui sont convaincus de la nécessité de réaliser la transition énergétique, se posent la même question : comment la réussir ? 

Nous disposons maintenant, avec le scénario Négawatt, d'un modèle qui nous permet d'imaginer l'avenir. Nous connaissons le scénario de la transition. Mais nous avons besoin d'inventer les leviers concrets qui vont permettre d'agir. Il nous faut démontrer la faisabilité de ce scénario aux responsables politiques en charge de conduire la Nation. Pour cela, nous devons leur fournir aussi les outils qui vont leur permettre d'entreprendre les réformes dont nous avons besoin.

Nous nous trouvons en effet dans une période de remise en cause de la politique traditionnelle. Légiférer, réglementer, taxer, détaxer : les instruments habituels du pouvoir étatique semblent de plus en plus désuets et inefficaces face à la complexité croissante de nos sociétés en crise. Cette inanité du politique se trouve renforcée par la crise des dettes. L'Etat a perdu son instrument d'action le plus puissant : celui de l'usage des financements publics pour impulser des politiques publiques de qualité.

Or la transition énergétique a un coût : convaincre le pouvoir politique signifie donc lui prouver que ce scénario est économiquement viable dans un contexte défavorable de crise économique.

Il nous faut donc inventer une autre manière de financer la transition énergétique. Et pour cela, on sait bien que la fiscalité joue un rôle crucial. Mais nos sociétés ont changé : l'impulsion centralisatrice qui ne fait pas confiance aux acteurs est une conception de la société dépassée. Les individus et les acteurs économiques veulent aujourd'hui devenir parti prenante de leur choix de vie. Le niveau d'éducation et le réseau internet ont permis une diffusion de l'information et des idées.

La fiscalité classique, celle où l'Etat prend de l'argent aux contribuables et redistribue cet argent, selon ses choix propres, ne peut plus être la bonne réponse face à des sociétés de plus en plus complexes, où il est nécessaire de laisser les acteurs prendre les initiatives. L'Etat a pourtant toujours son rôle à jouer, c'est à lui de donner les impulsions et de définir le cadre. Mais il doit, dans la fiscalité, comme ailleurs, laisser les citoyens et les entreprises faire leur propre choix.

Les politiques publiques dépendent étroitement de l'efficience des outils fiscaux utilisés. Taxe carbone, TVA sociale, Taxe Tobin, ... : ce n'est pas un hasard si le débat politique porte souvent aujourd'hui sur leur efficacité.

Les concepteurs du scénario Négawatt ont d'ailleurs, pour leur part, fait la proposition de créer une contribution environnementale sur les énergies primaires et les externalités environnementales (Cepex). Ils sont convaincus de la nécessité d'agir sur le prix de l'énergie.

Cette approche est la bonne. Mais, nous proposons d'aller encore plus loin dans cette réflexion sur la fiscalité environnementale et les prix de l'énergie. Nous devons en effetimaginer un système efficace qui puisse répondre aux exigences suivantes :

-amener les acteurs économiques (les ménages et les entreprises) à changer de pratiques dans le domaine énergétique

-les convaincre de cette nécessité

-les aider à financer cette transition

-la rendre acceptable pour les plus pauvres et les plus en difficulté

-convaincre les entreprises de l'énergie (celle du nucléaire particulièrement) de rentrer dans ce processus plutôt que de s'y opposer.

-se doter des moyens de financer la transition énergétique.

 

Il faut donc inventer une fiscalité innovante au service de la transition écologique et énergétique. Cela sera le sujet de plusieurs articles, publiés dans les jours à venir, que de présenter les grandes lignes de cette nouvelle démarche fiscale.


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8 réactions à cet article    


  • bo bo 13 février 2012 11:02

    Marre des propositions toujours identiques de nouvelles fiscalités sur tous nos sujets de société.......car l’argument « payer différemment » a fait largement long feu depuis 40 ans.....
    Quand à « nouvelle législation » destinée à "amener, convaincre, aider (? ??, acceptable, doter....cela a des relents de langue de bois ...utilisable pour n’importe quel sujet de société....


    • benedicte_gab 13 février 2012 11:23

      Le problème est mal posé selon moi, sans changement profond de société, c’est à dire de culture, de dogmes, de vision de la vie, etc ... aucun changement réel n’aura lieu, tout ce que l’on fera serait de l’ordre de ravaler la façade d’immeubles lépreux et insalubres.
      Tant que l’on se refuse à remettre en cause le libéralo-capitalisme, le consumérisme, le productivisme, le mythe de la croissance et du progrès techno-scientiste, dont les conséquences sont de détruire le bien commun pour le profit d’une toute petite minorité, et de faire payer les nuisances et pollution toxiques collectives à tous, tant financièrement, qu’en terme de santé et de mal vivre, tout en en transformant ces nuisances en activités lucratives pour la toujours même minorité.
      En terme d’énergie ne parler que des logements et instaurer de nouvelles taxes sur les particuliers dont seuls les pauvres et les revenus modestes souffriront, car ce sont eux qui habitent des logements mal chauffables par exemple, alors que déjà plus de 10% de la population n’a plus les moyens de payer pour avoir une température acceptable en hiver dans son logement, c’est bien du foutage de gueule.
      Comme pour la santé, ceux qui ont l’argent se foutent du déremboursement des soins, ils peuvent payer une bonne mutuelle, et quand à tous ceux qui sont au-dessus du très bas plafond de la cmu, et bien ils cessent de se soigner.
      Cessons de produire pour jeter, ça fera énormément d’économie d’énergie, donc taxons fortement les sur-emballages et produits jetables, et favorisons le vrac. Transformons l’agriculture industrielle en agriculture bio ou raisonnée en favorisant les petites exploitations et en taxant les très grosses énergétivores, en favorisant les circuits de vente courts, donc le local. Cessons d’illuminer les agglomérations la nuit, un éclairage sobre et minimal est largement suffisant. etc ... les pistes ne manquent pas. Il faudrait également que l’énergie, l’eau et les transports en commun, incluant le train, redeviennent des services publics, qui n’ont pas à être rentable financièrement, à rapporter des bénéfices. Il faudrait raisonner en terme d’intérêt général,...
      Mais tout ceci est contraire au dogmes du libéralo-capitalisme, à sa cupidité et perversité.... et au comportement de troupeau aveugles des populations qui appellent liberté leur servitude, et sont incapables d’imaginer autre chose la vie de bétail à laquelle ils sont réduits, et qui pour une partie ont été si bien conditionnés à croire qu’en dehors de leur cage ce serait pire, qu’ils seraient prêts à tuer quiconque chercherait à en ouvrir la porte :)
      Il y a plein de choses à faire si nous étions réellement conscients de l’urgence qu’il y a à arrêter de détruire la planète, si nous étions réellement soucieux de nos enfants et générations futures ... ce n’est pas l’argent qui manque c’est la volonté de réellement prendre en compte les problèmes, d’en faire un réel diagnostic et de définir à partir de ce diagnostic les priorités.
      A partir du moment où l’on se refuse à faire le diagnostic et à agir sur les causes du problème, on peut se gargariser de mots à l’infini, sans rien faire de réel, voire ne prétendant agir alors qu’on ne fait que s’agiter, et attendre que le problème atteigne un point où il va nous exploser à la figure. Et comme le système en question s’ingénie à mettre un nombre croissant de personnes dans la misère, et ce dans toute l’Europe, ça va exploser méchant !
      Raisonner qu’en terme financier comme vous le faites, c’est rester dans le schéma de raisonnement du système, or c’est ce schéma de raisonnement qui nous a mis dans cette situation, ce n’est pas en continuant de pédaler dans celui-ci que l’on va en sortir.
      Je ne suis pas optimiste, la devise de la grande majorité des occidentaux est apparemment « après moi le déluge » ...


      • Lisa SION 2 Lisa SION 2 13 février 2012 11:31

        Bonjour RC,

        Tout à fait, le nucléaire ne représentant que 15 % de notre production énergétique.

        Il serait très simple de diminuer d’autant nos consommations en privilégiant le renouvelable local. Les nouveautés à venir dans le solaire sous forme de film transparent adaptable sur toiture, voiture et tout objet usuel le permet. L’éolien miniature de toiture et bien d’autres principes ne portant pas le nom de Bolloré ni d’Areva, mais favorisant le petit artisanat local favorise l’emploi, l’esprit d’entreprise résout la transition et garantit l’indépendance.

        N’en déplaise à tous les supporteurs du nucléaire civil, matière première principale du complexe industriel guerrier, basant notre indépendance énergétique sur la soumission brutale des pays en retard. Nos consommations et votes nécessitent également une transition idéologique.

        C’est l’expérience de la navigation qui apporte la réelle conscience du coût de l’énergie et impose une gestion absolue sans lien physique vers la terre. La survie et assurée par une gestion rigoureuse des consommations que l’on s’impose sans la demander au système politique.

        Quant au financement, si l’on fait la somme des démantèlements, zones de conditionnement des déchets, et surcoûts des EPR et ITER...ça fait des centaines de milliards pour la transition.

        nous ne sommes complices que par inconscience globale.


        • Jean-Philippe 13 février 2012 12:11

          Bonjour L’auteur.

          Cultiver une utopie n’est rien d’autre qu’un moyen de se cacher la réalité.
          La transition énergétique à laquelle vous aspirez légitimement n’a pas été menée en temps, et ne le sera dorénavant que par la force des choses, et bien malgré nous.
          Lorsqu’on ne s’adapte pas, on meurt, tout simplement.
          La civilisation industrielle, qui est l’entité concernée par l’épuisement des ressources, en particulier énergétiques, qui aurait rendu nécessaire une telle transition, va donc mourir, et vraisemblablement dans les dix années qui viennent, car son agonie est avancée, pour qui sait lire à cette échelle.
          Plutôt que cultiver des utopies, vous gagneriez certainement à vous préparer aux lourdes conséquences qu’aura pour nous l’effondrement de la civilisation industrielle.


          • Komvouzémoa 13 février 2012 13:16

            le lobby nucléocrate qui bloque tout, faut pas chercher trop loin. areva alstom veulent conserver leur rente, transition lourde, ils ont piqué les contrats offshore.
            on aura les memes acteurs dans le renouvelable et l’énergie sera toujours aussi chère, et on sera toujours aussi dépendants.


            • Soi Même 13 février 2012 15:13

              Une chose simple à faire, faire la gréve de l’énergie, comme ce que préconisait Henry David Thoreau Le livre La Désobéissance civile (1849), dans lequel il avance l’idée d’une résistance individuelle à un gouvernement jugé injuste, est considéré comme à l’origine du concept contemporain de « non-violence ».


              • Acid World Acid World 13 février 2012 22:32

                Les énergies renouvelables demandent surtout plus de coopération internationale, car la planification écologique de cette transition dépasse largement les pays. Actuellement certains pays font office de réservoirs, d’autres de pôles de consommation, d’autres encore de déchetterie. Le grand piège du greenwashing (fabriquer les éoliennes françaises en Chine par exemple) doit être évité.


                • Magnon 13 février 2012 23:52

                  Sauf que pour faire face aux besoins énergétiques, l’électricité de ramassage ne suffira jamais !
                  En admettant que l’on puisse installer 100 000 éoliennes en France, soient 1000 à moins de 60 km de chez vous, Oaouh, la sauvegarde des paysages, il faudrait les coupler avec 100 Gigawatt de centrales thermiques installées, en admettant que l’on ai résolu les problèmes de régulation d’un parc éolien aussi massif et aussi diffus !
                  L’éolien ne peut être qu’un appoint marginal, quand au solaire, en sus d’être une gigantesque niche fiscale et parafiscale, il ne faut pas compter sur lui pour se chauffer et s’éclairer la nuit qu’en il fait froid !

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