Pour ceux qui auraient déjà lu le tout premier billet de ce blog -et ils doivent être aussi nombreux que la horde sénile des fans re-liftés de Régine- et qui s’apprêtent par la force des choses à se jeter tels des
Richard cocaïnomanes, sueur au front et bave aux lèvres sur ce deuxième écrit, pour eux donc, mais également pour les quelques autres, je me dois de préciser une seule et unique chose avant de débuter : ce n’est pas que je n’aime pas les féministes (cf. :
premier billet). C’est juste que je déteste le politiquement correct.
Non en fait je viens de vous mentir. J’aime pas
le féminisme et puis tout ce qui s’y rapporte.
J’aime pas ça parce je ne peux pas m’empêcher de comparer le féminisme à une forme de communautarisme. Un communautarisme qui voudrait quasiment faire du marxisme et de la lutte historique des classes, une théorie transposable à l’existence des inégalités de genre, à entrevoir une véritable lutte des sexes dont les fins seraient alors salvatrices pour la femme mille fois victime, à travers les âges et les générations, de sa soumission à l’homme.
Et à la limite, si le féminisme n’était que cela. S’il n’était que ce qu’il prétend être ; un mouvement politique par les femmes, pour les femmes et sans les hommes – au passage rustres tas de poils et d’hormones tout juste bons à boire de la bière et à enfanter, après trois jours d’une grossesse gazeuse, un mince filet de méthane aux parfums de Belgique, de Flandre et de Wallonie réunies -.
S’il n’était qu’un mouvement de libération de la femme et de ses aspirations, un facteur d’équité et d’égalitarisme entre les femmes elles-mêmes, mais surtout entre les sexes, entre les zétètes et puis les autres…
Si le féminisme c’était ça, alors je pense que je pourrais passer mon chemin. Or, et
Isabelle Alonso pourra bien sortir les crocs, le féminisme n’est en rien, sinon dans ses principes, un mouvement de défense des femmes par les femmes et sans les hommes, mais bien plutôt un truc qui pourrait ressembler à un mouvement d’avilissement de la femme, par les femmes avec les hommes –et pour la gloire de l’économie de marché et du capital-. Cela va de soi.
Il faut je crois et sans faire de soralismes, voir en partie le féminisme non pas comme il se présente depuis l’imposture Beauvoir mais plutôt comme il apparaît être et avoir été, comme un formidable outil mis à la disposition de nos sociétés capitalistes dans le but de les alimenter. Sortir les femmes -celles des petites classes- de l’aliénation d’un foyer castrateur de féminité -excusez l’expression- en faisant naître chez elles ce sentiment qu’elles n’étaient finalement rien d’autre que des « Cendrillons » à deux balles au service de leur footeux de mari, a certainement été l’entreprise de lavage de crânes la plus difficile à instituer à l’échelle du monde occidento-américain. Une entreprise difficile, oui mais voilà ; une entreprise qui a bien fonctionné tout de même. Chemin faisant, la femme moderne, la SuperWoman qu’ils disaient -comme Fitoussi-, s’est affranchie du carcan marital, de sa cuisine poisseuse aux murs gorgés d’huile de friture pour investir, là encore, aujourd’hui pas tout à fait à l’égal de son détracteur, la sphère du monde qui bouge, celle de l’argent roi et du patron –encore lui…-.
De la joyeuse épouse, fidèle et bien dévouée, à la mise en plis impeccable tout droit sortie d’une pub vaisselle, elle est rapidement passée à la femme consciente de sa condition de victime puis bientôt, à l’Executive woman, la salariée « … Chanellisée le jour, Alaïsée le soir,… ». Une évolution qui l’a finalement conduit à muter, au dernier stade connu de son développement, en une jouisseuse consommatrice adepte des derniers gadgets à la mode et autres produits jetables made in china. Nos sociétés ont finalement réussi, avec l’aide inespérée du féminisme et de ses premières combattantes -chiennes de garde s’il en est-, à faire de l’aliénée l’archétype de la femme moderne. Jamais plus qu’aujourd’hui les femmes n’ont été confrontées à autant de sollicitations, d’images, de messages ou encore de pressions. Jamais les femmes n’ont connu autant de facteurs possibles d’aliénation.
Et le matraquage commence sur TF1. De la crème antiride qui vous restaure les traits mollissant de la trentaine façon
Régine –encore elle !- au couscous Garbit™ prêt en cinq minutes, histoire de contenter rapidement beaubeauf et les gamins, en passant par ce superbe soutif Wander… qui fera sans doute demain matin tout son effet sur le patron. La société de consommation, au travers de sa vitrine cathodique et hollywoodienne -Bridget et autres héroïnes des temps modernes- a rattrapé les femmes, ce n’est pas nouveau, tout comme elle commence, motivée par les fins du rendement et du profit à rendre les hommes accros à la crème épilatoire- une dernière fois chérie !-.
Mais s’il n’y avait que ça à la limite. S’il n’y avait finalement que ça ; des femmes qui s’épanouissent dans l’achat de strings, de gloss ou encore de robes Dior, ça ne me dérangerait pas. Oui mais voilà, il y a encore tout le reste. Il y a la double réalité de classe produit de la collusion du féminisme et de la société bienpensante. Il y a le beau, le grand féminisme, celui tout « rose Barbie » vécu par les femmes de la nouvelle bourgeoisie urbaine, celui vécu à chaque seconde de leur temps qui passe comme une douce révolution et puis il y a l’autre. Il y a le féminisme un peu crade, pas très visible derrière la couche de merde qu’il projette. Il y a le féminisme vécu par les femmes des classes de moins en moins moyennes et puis les autres, celles de la « petite usine » - ou de la grosse qui ferme-.
Le féminisme qu’on voit à la télé ce n’est pas celui là. Le féminisme crade lui, a poussé la femme moderne, la petite femme moderne à ne plus en pouvoir. A trimer deux fois plus que quiconque, à travailler à la fois à la pérennisation d’un système qui l’a « asservi » et a fait d’elle la gardienne d’un certain pouvoir d’achat mais également à travailler, le soir venu, au torchage du môme –parfois à la chaîne- et à la restauration collective de son foyer…
On a souvent eu tendance à faire l’examen du féminisme à l’économie de ces considérations. Et c’est bien dommage. Celui là n’a rien apporté à la femme qu’on se le dise. Alors bien sûr, on ne peut pas ne pas rester sans reconnaître les formidables avancées, politiques avant tout, que le féminisme a suscité. On ne peut pas rester sans reconnaître que la place actuelle et l’insertion des femmes au sein de notre société a considérablement progressée ces dernières décennies -quoique-. Oui mais voilà. Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui force est de constater qu’au delà de la politique et du législatif, le féminisme n’a su transcender les grandissantes frontières de classe. Pire, il n’a certainement fait que les souligner. Désormais alors que l’une aspire par le travail à rejoindre la stratosphère sociale, l’autre cherche, malheureusement sans l’ombre d’une issue, à survivre...
Et encore s’il n’y avait que ça, je passerais mon chemin.