Comment les sondages vous trompent : l’exemple de Paris

Les sondés, c'est bien connu, mentent (souvent) aux sondeurs. Celui dont les opinions correspondent à des forces constamment dévalorisées par les médias aura tendance à les cacher. Les sondeurs le savent, c'est pour cela qu'ils "redressent" leurs résultats en partant du principe que les électeurs qui mentent sur leurs choix passés mentiront dans les mêmes proportions sur leurs choix futurs...

Mais les personnes interogées ne sont pas les seules à mentir. Les instituts de sondage et les médias qui leurs passent commande induisent également les personnes interrogées en erreur. Pour que celles-ci puissent valablement se prononcer, il faut leur présenter de façon claire et identifiable pour elles les forces en présence. Ainsi, à Paris, sont présentes des listes du Front de Gauche (dont le dirigeant le plus connu est Jean-Luc Mélenchon) conduites par Danielle Simonnet (le PCF, lui, soutient le PS, ce que les sondeurs ne manquent pas de signaler dans leurs questions). Ce qui identifie le mieux ces listes aux yeux des électeurs : le Front de Gauche et Jean-Luc Mélenchon.

Et que croyez-vous que font les sondeurs ? Ils ne mentionnent ni l'un ni l'autre dans leurs questions. Evidemment, les électeurs du Front de Gauche interrogés sont perdus. Certains croient que les amis de Jean-Luc Mélenchon sont absents de la campagne ! Guère étonnant dans ces conditions que nombre d'entre eux se disent tentés par l'abstention, et que le score annoncé des listes de Danielle Simonnet soit bien en-deça de celui de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle.

Il est pourtant possible de présenter clairement cette candidature aux électeurs. Et sans prendre parti dans la malheureuse querelle entre le PC parisien du sénateur Pierre Laurent et le reste du Front de Gauche. C'est ce qu'a fait l'institut Polling Vox dans le XIVe, qui proposait aux électeurs "une liste du Parti de Gauche soutenue par Jean-Luc Mélenchon". Résultat ? 11% des voix, autant qu'à la présidentielle ! Lorsque les électeurs peuvent identifier clairement ces listes -qui soit dit en passant, ne se limitent pas au Parti de Gauche-, le résultat change totalement.

On a donc, de propos délibéré, faussé les résultats de ces études. Qui peut croire, en effet, que les responsables de ces enquêtes et leurs commanditaires ignorent ce qui précède ? Cette tromperie est à rapprocher de l'attitude des médias. Que faire si vous entendez limiter le score des listes du Front de Gauche ? Allez partout répétant que Danielle Simonnet et ses amis sont de dangereux gauchistes sectaires et irresponsables ? Surtout pas ! Car alors, les électeurs curieux pourraient avoir l'idée de vérifier par eux-même ce qu'il en est... Qui plus est, comme les citoyens n'aiment guère les médiacrates, cela pourrait même attirer des sympathies au Front de Gauche... Non, le meilleur moyen est de parler le moins possible de cette candidature. Et c'est exactement ce que font les médias, et de façon spectaculaire.

Malheureusement pour eux, les citoyens ont montré à maintes reprises qu'ils savaient s'affranchir des diktats médiatico-sondagiers. Paris 2014 en apportera une nouvelle illustration.