Comment rendre la candidature #JLM2017 gagnante : Lettre ouverte du PRCF à Jean Luc MELENCHON
Lettre ouverte du PRCF à Jean-Luc Mélenchon- Par L. Landini, G. Gastaud, A. Mateu-Casado et A. Manessis
Cher citoyen candidat,
Le 13 novembre dernier, à l’issue d’un débat sérieux mené dans toute notre organisation, et sans attendre quelque consultation interne du PCF que ce soit, le CC du PRCF a décidé quasi-unanimement d’apporter son « soutien critique, mais dynamique et constructif » à votre candidature présidentielle. Depuis lors, les militants franchement communistes du Pôle diffusent largement aux entreprises un quatre-pages qui, tout en détaillant notre programme de Frexit progressiste pour la souveraineté nationale, le progrès social et la coopération internationale, appelle clairement à utiliser le bulletin de vote présidentiel portant votre nom.
Nous avons certes des différences politiques avec vous : en particulier nous pensons qu’il est irréaliste de « renégocier les traités européens » en restant dans l’UE : cette prison des peuples asservie au capital, pilotée par Berlin et adossée à l’OTAN (qu’à juste raison, vous voulez quitter sans négociations), est conçue de A à Z pour détruire les nations d’Europe, les acquis sociaux et le produire en France au nom de l’ « économie de marché ouverte sur le monde dans laquelle la concurrence est libre et non faussée ».
Nous disons en outre que, le MEDEF et le CAC-40 étant fanatiquement acquis à la mortelle « construction » euro-atlantique, une politique progressiste tendant à affranchir notre pays de l’UE déboucherait très vite sur un affrontement de classes majeur qui ne manquerait pas, à terme, de poser la question du socialisme pour notre pays : en effet, les protagonistes de cette confrontation de classes ne peuvent être que, d’une part, le bloc réactionnaire et antinational formé par l’oligarchie capitaliste et ses partis (lesquels vont, sous des formes très diverses, des maastrichtiens Macron et Hamon, au FN, lequel donne de plus en plus de gages aux partisans de l’euro), et, d’autre part, le bloc populaire et patriotique potentiellement composé des forces populaires alliées aux couches moyennes. Mais ce qui est décisif pour vaincre l’oligarchie et ses tendances de plus en plus liberticides et fascisantes, c’est que le monde du travail s’engage pour le Frexit progressiste avec à sa tête la classe ouvrière dont le printemps 2016 a montré qu’elle était le fer de lance contre la Loi Travail. Et c’est pour permettre à cette classe, privée de son parti d’avant-garde par la mutation du PCF, de redevenir l’actrice centrale du changement que le PRCF tend la main aux vrais communistes de France, y compris aux adhérents communistes du PCF (il en reste !) pour qu’ils reconstruisent un véritable parti de classe et de combat dont l’absence réduit le mouvement populaire à une défensive perdante.
Bien entendu nous n’oublions pas nos larges convergences avec votre programme : il se réclame d’une gauche « indépendantiste » et pose crûment la question « l’UE on la change ou on la quitte ». Vous avez en outre le mérite de refuser tout compromis avec ce PS, véritable pilier gauche du Parti Maastrichtien Unique qui, depuis des décennies, démonte les conquêtes du CNR, démolit l’héritage de la Révolution française et va jusqu’à soutenir doucereusement l’inavouable entreprise de substitution à la langue française du tout-anglais « transatlantique ».
Cependant, pour que la dynamique politique créée autour de votre campagne devienne irréversible, pour qu’elle permette de conjurer le second tour cauchemardesque Le Pen/Fillon (ou Le Pen/Macron, ce qui ne vaut pas mieux !) et qu’elle repouse la contre-attaque pseudo-unitaire du PS « rosi » aux moindres frais par la victoire de Hamon, il faut clairement selon nous :
- Mettre franchement au centre de la présidentielle le débat sur la question européenne, faire en sorte que la formule que vous employez (« l’UE, on la change ou on la quitte ! ») ouvre un espace de franche rupture aux 72% d’ouvriers qui ont refusé la constitution européenne : très légitimement, ils attendent un signal fort de votre part pour s’engager et pour faire la décision.
- Ouvrir le dialogue avec tous les communistes qui militent pour votre percée électorale et qui constatent que certaines tirades « mouvementistes » qui fustigent le « léninisme », le « centralisme démocratique » et « les partis dépassés », nuisent à la dynamique unitaire. Classe politiquement centrale, y compris quand elle s’abstient massivement ou quand ses franges les plus fragilisées sont tentées par le FN, la classe ouvrière ne vous conduira au second tour, voire à la présidence de la République, que si sont pleinement respectées ses traditions militantes. Or, les « idéaux » communistes du mouvement ouvrier ont toujours fait corps avec la construction de partis et de syndicats de classe ; nul ne vous demande évidemment de reconstruire à la place des communistes le parti dont la renaissance relève de leur responsabilité. Tout au moins, cessons d’opposer ce qui est dialectiquement complémentaire : l’émergence d’une France insoumise, et qui serait encore plus forte en devenant une France Franchement Insoumise à l’UE, l’action concertée de partis légitimes à représenter la diversité des courants populaires (et parmi eux bien sûr, le courant franchement communiste), et la mise en place d’un Front Antifasciste, Patriotique, Populaire et Écologique (FRAPPE !) unissant la Marseillaise à l’Internationale : sans cette dialectique constructive, impossible de brider le lepénisme, de conjurer le macro-fillonisme et de remettre notre pays sur la voie du progrès !
- Enfin, concernant les législatives, et sans qu’il soit question d’apporter le moindre soutien politique à la direction euro-béate et socialo-dépendante du PCF-PGE, qui tente de tirer à droite la F.I. sur les sujets cruciaux, nous pensons que ce serait un geste fédérateur de votre part que de retirer toute candidature « insoumise », non seulement contre les députés PCF sortants qui soutiennent votre candidature, mais contre les députés PCF qui ont été battus par le PS en 2012 ; pourvu naturellement que lesdits candidats soient clairs sur ce minimum euro-critique qu’est votre formule déjà citée sur l’UE. Dans les autres circonscriptions, il faudrait ouvrir des discussions ouvertes à tous vos soutiens présidentiels avec le souci qu’émergent des candidatures unitaires à la fois fédératrices et totalement indépendantes du PS.
En faisant droit à ces demandes désintéressées et de bon sens du PRCF, votre candidature pourrait sûrement conjurer la contre-attaque social-européiste qui émane bien sûr du banquier Macron, mais aussi de Benoît Hamon. Assumant totalement la politique ultra-atlantique de Hollande, le candidat du PS que d’aucuns présentent comme un nouveau Jaurès veut ouvertement accélérer la marche à l’Europe fédérale et affecter 2% du PIB français au financement de l’OTAN comme le réclament à la fois Trump et Obama. Ses propositions « sociales » visent surtout à enterrer la revendication historique du mouvement ouvrier : le droit au travail pour tous sans une société débarrassée de l’exploitation capitaliste. Dans cet esprit, nous approuvons le refus que vous venez d’opposer à M. Hamon à propos de sa demande confusionniste de faire converger (comment ?) vos démarches et candidatures respectives. L’insoumission aux politiques maastrichtiennes est incompatible avec le sauvetage du PS maastrichtien dont s’est chargé l’ex-ministre de l’Education nationale de F. Hollande.
Cher citoyen Mélenchon, veuillez croire à notre engagement pour le succès de votre candidature, à notre investissement dans les luttes sociales sans attendre le prochain scrutin ainsi qu’à notre volonté franchement insoumise de reconstruire, sans cesser l’action commune avec toutes les forces progressistes et euro-critiques qui l’accepteront, le vrai parti communiste dont manque cruellement notre pays, et à notre engagement à défendre la paix, qui implique sortie de l’OTAN et de l’UE.
Léon Landini, ancien officier des FTP-MOI, président du PRCF, Georges Gastaud, secrétaire national, Antoine Manessis, responsable aux contacts unitaires, Annette Mateu-Casado, co-responsable francilienne du PRCF
Jean Luc Mélenchon à propos de Benoit Hamon : « Monsieur Hamon choisissez »
« Bon, vous avez entendu. Donc, maintenant, que me propose-t-il ? De former une majorité gouvernementale parlementaire cohérente. Alors je dis, en toute sympathie, à Benoît Hamon : ce n’est pas possible que vous nous demandiez de former une majorité parlementaire gouvernementale cohérente, comme vous le dites, en mélangeant des gens qui veulent tourner la page, comme nous, avec des gens qui sont responsables de ce qu’il y a sur la page, comme c’est le cas des députés que vous avez l’intention d’investir pour la prochaine élection à l’occasion de votre convention. Car nous allons retrouver des gens dont je vous demande comment nous faisons pour ensuite former une majorité avec eux puisque nous les avons combattus pendant des années.
En fait, pour être plus concret, comment voulez-vous former une majorité pour abolir la loi El Khomri avec madame El Khomri comme députée du PS ?
Comment voulez-vous qu’on abroge toutes les brutalités auxquelles le président du groupe du PS Bruno Le Roux s’est abandonné avec monsieur Bruno Le Roux comme candidat ? Comment peut-on même imaginer de changer quoi que ce soit alors que vous vous proposez de faire réélire comme député d’Évry monsieur Manuel Valls ? Ce n’est pas sérieux. On ne fera croire à personne que tout cela peut fonctionner ensemble puisque ça n’a déjà pas fonctionné ensemble jusque là.
Alors j’admet que vous ayez voté le soutien au Premier ministre de François Hollande, le dernier en date, mais vous ne pouvez pas nous demander de participer au grand-écart dans lequel vous vous trouvez. Et puis ce n’est pas tout : vous nous demandez aussi de former une majorité cohérente avec des députés de votre parti qui se préparent à voter pour monsieur Macron. Mais rien de tout ça n’est sérieux ! On ne peut pas gouverner un grand pays avec des équipes de bric et de broc, les uns qui ont été contre les autres pendant des années, tout soudain se retrouvant et s’embrassant sur la bouche. Assez de carabistouilles, c’est le moment de la clarté.
Je dis donc à Benoît Hamon, en toute sympathie : maintenant, il faut choisir. Vous avez une vague qui est en mouvement. Alors adossez-vous à elle. Faites-vous porter à elle. Choisissez. Entre eux et nous, choisissez. Entre la vague dégagiste et le sauvetage de l’ancien monde, choisissez. Choisissez et tranchez.
Parce que nous, nous ne changerons pas d’avis : nous voulons tourner la page, nous voulons passer à la 6e République, nous voulons sortir des traités européens, nous voulons la planification écologique, nous voulons sortir de l’OTAN, et ainsi de suite. Nous voulons le partage des richesses, d’une manière claire et nette dans ce pays, en faveur de ceux qui ont été détroussés par les deux derniers présidents de la République. Nous voulons que la vie change pour ces millions de pauvres, de gens qui n’ont plus de logement, qui sont dans la rue, et qui n’ont rien à faire de nos arrangements. Ce qui compte pour eux c’est que la vie change pour de vrai, et on ne la changera pas en rafistolant le vieux monde. »
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