Comment Tony Blair s’est couché devant Kadhafi (*)
Les documents qu'expose le Mail sont explosifs. La découverte de documents confondants à l'ambassade anglaise de Tripoli par les insurgés ruine totalement l'image de marque de celui qui se fait payer en ce moment très cher pour soi-disant jouer les messieurs bons offices au Proche-Orient. On savait Tony Blair menteur, on le découvre aujourd'hui même carrément traître à son propre pays. Un jour, lui aussi, comme Bush, devra rendre compte de ses forfaits : en apprenant son incroyable duplicité, tout le monde pense à un homme, retrouvé mort, soi-disant suicidé : David Kelly, l'homme qui avait remis un rapport sur l'absence probable d'armes de destruction massive en Irak, qui fichait en l'air ce qu'avait déjà décidé de faire Blair, devenu la marionnette de G.W.Bush. L'histoire le jugera un jour, je l'espère bien, comme j'espère qu'elle sera sévère avec lui.
Tony Blair avait de l'autre côté du channel été affublé d'un drôle de surnom : "Bliar", inversion de lettre fabriquée pour obtenir "liar", menteur. C'est ainsi qu'il restera désormais avec ce qu'on vient de découvrir en Libye comme documents, qui sont dévastateurs pour lui et pour son successeur et leur parti (travailliste, qui sort laminé du blairisme). Le premier document concerne le cas du responsable de l'attentat de Lockerbie, Abdelbaset Al Megrahi, que l'on vient de retrouver aussi mourant en Libye, privé de soins vitaux. Or, son départ d'une prison d'Angleterre avait été présenté par Tony le Menteur comme étant dû à sa seule condition physique, celle d'un homme en phase terminale de cancer. Les papiers saisis démontrent tout autre chose : l'homme a été libéré par Gordon Brown après que Kadhafi ait menacé de mettre l'angleterre à feu et à sang, rien d'autre. Kadhafi, qui chez lui pourchassait Al-Qaida ou tuait dans ses prisons ceux que les américains lui avaient rendus, avait en effet menacé l'Angleterre de "guerre sainte" à l'époque, en 2007. Et notre idiot de Blair, converti depuis peu au catholicisme y avait crû, sans doute ! Tony Blair n'était pas le seul, dans l'histoire, Gordon Brown aussi en prenant aussi au passage, Blair ayant quitté le poste de premier ministre au 27 juin 2007 alors que le 9 juin encore il avait démenti les rumeurs d'un possible échange de détenus avec Megrahi en point central. Abdelbaset Al Megrahi ayant été reconduit chez lui définitivement le 20 août 2009, sous Gordon Brown, donc, juste après un voyage à Tripoli... de Tony Blair !
Selon le Mail en effet, "un mémo envoyé de l'étranger à David Miliband et au ministre Bill Rammell en Janvier 2009 l'avait annoncé : "Kadhafi veut que Megrahi revienne en Libye à tout prix." Les responsables libyens et les ministres ont prévenu des conséquences désastreuses pour la relation entre le Royaume-Uni et la Libye et pour les relations commerciales du Royaume-Uni en Libye en cas de décès de Megrahi en prison." Ce mémo, écrit par Robert Dixon, chef de l'équipe d'Afrique du Nord au Foreign Office, ajoutait qu'un éminent ministre libyen de Kadhafi avait averti qu'il considérerait cela comme une « condamnation à mort ». M. Dixon concluant : « Nous croyons quela Libye pourrait chercher à se venger." Les diplomates britanniques avaient peu de doute que les menaces de Kadhafi étaient authentiques, et ont suggéré de tenter de l'apaiser en utilisant à la fois des "contacts téléphoniques" bien "chronométrés" entre M. Brown et le dictateur, et ceux personnels du Duc de York avec les deux Kadhafi et Musa Kusa, son secrétaire pour l'étranger qui a fait défection en Grande-Bretagne aux premiers stades de la guerre".
Parmi les détenus des geôles infâmes de Kadhafi, beaucoup de prisonniers sont morts, on le sait. Je vous ai expliqué la terrible histoire de l'un d'entre eux, expulsé de Guantanamo et promis en Libye à une mort certaine à Abou Salim, ce qui s'est produit avec Al-Libi. Or, à la demande express de Blair, les anglais avaient demandé qu'on interroge davantage ceux provenant d'Angleterre. Si Tony Blair avait eu deux sous de jugeote, il aurait très vite compris que sa demande aurait été comprise comme un droit d'exercer des tortures supplémentaires, ce dont la police de Kadhafi ne s'est jamais privée, cela aussi on le sait désormais. Les services secrets anglais ont eux-même torturé des ex-prisonniers de Guantanamo, on le sait aussi ; notamment entre deux vols de "renditions" dont de récentes découvertes montrent les montages financiers pour tenter d'en cacher les vrais maîtres d'œuvre : la CIA, ou le MI6. Mais Blair est allé encore plus loin, en proposant à Kadhafi que le MI6 l'aide à rédiger ses discours pour qu'il puisse revenir plus facilement dans le concert diplomatique mondial que ses frasques avaient conduit à l'en faire exclure.
Et il y avait d'autres papiers encore dans l'ambassade (bravo les employés qui n'avaient rien détruit en partant !) comme le révèle toujours le Mail :
"Beaucoup de journaux montrent le réchauffement de la relation entre l'Angleterre et la Libye et, en particulier, les liens extrêmement étroits entre le gouvernement Blair et le régime de Kadhafi. La note montre comment :
- Tony Blair a aidé le colonel Kadhafi et son playboy de fils Saif à obtenir sa « douteuse » thèse de doctorat alors qu'il était Premier ministre.
- Les forces spéciales britanniques ont proposé de former la brigade Khamis, l'unité militaire la plus vicieuse de Kadhafi .
-le MI6 était apparemment disposé à tracer les numéros de téléphone pour le renseignement libyen (voilà qui rapproche de ce qu'a fait la France)
-Gordon Brown a écrit chaleureusement à Kadhafi en 2007 en exprimant l'espoir que le dictateur serait en mesure de rencontrer le prince Andrew, quand il se rendra à Tripoli.
- le budget de 150 millions de livres en 2002 pour le MI6 a été divulgué à des responsables libyens, ainsi que les détails de la façon dont la Grande-Bretagne, Downing Street et le système d'urgence du comité Cobra opèrait
-Les services de renseignement britanniques ont forgé des liens étroits avec les unités de sécurité les plus brutales de Kadhafi."
Sans oublier un autre cas à imputer à Tony Blair. Souvenez-vous donc : quelqu’un savait que Saddam Hussein n’avait plus aucune arme de destruction massive. En connaissance de cause : ce microbiologiste de 59 ans (en 2003) employé du ministère anglais de la défense et expert en armes biologiques, avait été expédié à 37 reprises sur place pour aller le vérifier. Sa conviction était faite : contrairement à ce que racontait son premier ministre de tutelle, Saddam Hussein n’avait plus de quoi faire peur au monde entier. Le pays du dictateur, laminé par une guerre terrible contre l’Iran, subissait un embargo qui le menait à la ruine, et qui affamait sa population. Lorsqu’il avait remis son rapport définitif à son premier ministre, celui-ci concluait donc logiquement à l’inutilité de l’invasion de l’Irak. Passant outre ses recommandations, et n’écoutant que ses services secrets, et surtout lui-même, Tony Blair décidait quand même de suivre G.W.Bush dans son expédition punitive inutile. Un député conservateur faisait alors justement remarquer à la Chambre que "c’est la première fois de son histoire que la Grande-Bretagne est entrée en guerre sur la simple foi d’un jugement des services de renseignement". Le 20 mars 2003, l’Irak était donc attaquée. Des voix s’élevaient alors contre cette décision, notamment des journaux, qui savaient bien que Saddam n’est plus aussi dangereux : ils l’avaient appris de la bouche même de celui qui le savait. La polémique enflait en Angleterre... le 17 juillet, celui qui savait la vérité sur le prétendu stock d’armes de Saddam était retrouvé mort, prétendument suicidé. C’est le début du plus gros scandale politique attaché à la personne de Tony Blair. Arrivées à la septième année de la disparition du chercheur anglais David Kelly, d’autres voix s’élèvent pour que l’enquête sur sa mort suspecte soit rééouverte.
De quoi gâcher une nouvelle fois les vacances perpétuelles du multimillionnaire Blair, reconverti depuis en conseiller au plus offrant. Avec des émoluments plus que conséquents (et bien dissimulés), qui ne l'empêchent pas de se faire inviter sur des yachts tels que celui de Bernard Arnault et son petit esquif de 69 mètres, l'Amadeus.
Le legs déplorable qu’il a laissé derrière lui Tony Blair, il faudra bien qu’il en rende compte un jour, ne serait-ce que devant les familles des soldats anglais morts en Irak et en Afghanistan.
(*) à ma connaissance, remarquez, Kadhafi n'est pas allé planter sa tente dans les jardins de Buckingham !
L'excellent reportage de la BBC sur la mort de Kelly, que j'appelle un assassinat, est visible ici (il fait 58 minutes).
http://video.google.com/videoplay?docid=-1236026913411489909
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