Comprendre la langue française
Avec un mot, il est possible de contourner un texte. Matignon a interdit aux membres du gouvernement de conserver un mandat exécutif local. Pas de rester simples conseillers ni de garder leurs indemnités !
"Moi président de la République, les ministres ne pourraient pas cumuler leurs fonctions avec un mandat local." C’est écrit noir sur blanc dans la charte de déontologie que doivent parapher les membres du gouvernement. "Ils doivent consacrer tout leur temps à l’exercice de leurs fonctions ministérielles. Ils doivent, de ce fait, renoncer aux mandats exécutifs locaux qu’ils peuvent détenir." Comme souvent, le diable se niche cependant dans les détails. Si les ministres doivent renoncer à leurs mandats exécutifs locaux, c'est qu'ils peuvent conserver une ou plusieurs fonctions non exécutives dans leur fief. Un message subliminal entendu par 25 des 39 membres du gouvernement, à l'image de ces trois mêmes barons roses, demeurés simples conseillers au sein de leur assemblée municipale ou départementale. Ne parlons pas de cumul de mandats d’élus. Un ministre n’est pas un élu ! Ministre étant une fonction et non un mandat, les membres du gouvernement ne sont pas soumis aux mêmes règles.
Voila un beau tour de passe-passe politique. Exemple : Jean-Yves Le Drian. Il a quitté la présidence du conseil régional de Bretagne, pas la Bretagne. Il est d'ailleurs resté simple conseiller, profitant en même temps d'un autre vide laissé par le document précité. Rien, absolument rien n'y est mentionné dans les textes à propos des indemnités. "C'est à la libre appréciation des ministres", répond-on à Matignon. Ils sont treize à estimer que tout travail supplémentaire mérite salaire. Certains n'en tirent qu'un petit pécule en tant que conseillers municipaux : Valérie Fourneyron (66 euros à Rouen), Laurent Fabius (615 euros au Grand-Quevilly) et Kader Arif (700 euros à Toulouse). Quand les dix autres "s'augmentent" ainsi de 20%, soit environ 2.000 euros, par la grâce d'un mandat de conseiller général ou régional. La nouvelle ministre de l’Écologie annonce qu'elle passera la main à la présidence de la région Poitou-Charentes, précisant qu'elle resterait conseillère régionale. Najat Vallaud-Belkacem dans le Rhône et Marie-Arlette Carlotti en Paca atteignent même le plafond de 2.757 euros, imposé aux ministres par la loi sur la transparence financière de la vie politique, promulguée en avril 2011. De loi, la commission Jospin en a proposé une nouvelle, interdisant "le cumul de fonctions ministérielles avec l'exercice de tout mandat local". Le gouvernement osera-t-il le changement dès maintenant ? Paroles de : La Vie Ne M'apprend Rien « …Les lois ne font plus les hommes Mais quelques hommes font la loi… ».
7 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON