Comprendre Poutine, Biden, Macron dans la guerre en Ukraine. L’Intelligence et la Pensée qui commandent l’action des hommes
« L’immortalité de l’âme est une chose qui nous importe si fort, qui nous touche si profondément, qu’il faut avoir perdu tout sentiment pour être dans l’indifférence de savoir ce qui en est.
Notre premier intérêt et notre premier devoir est de nous éclaircir sur ce sujet, d’où dépend toute notre conduite. Et c’est pourquoi, entre ceux qui n’en sont pas persuadés, je fais une extrême différence de ceux qui travaillent de toutes leurs forces à s’en instruire, à ceux qui vivent sans s’en mettre en peine et sans y penser.
Cette négligence en une affaire où il s’agit d’eux-mêmes, de leur éternité, de leur tout, m’irrite plus qu’elle ne m’attendrit ; elle m’étonne et m’épouvante : c’est un monstre pour moi. Je ne dis pas ceci par le zèle pieux d’une dévotion spirituelle. J’entends au contraire qu’on doit avoir ce sentiment par un principe d’intérêt commun. »
Blaise Pascal
Pascal a-t-il raison en exhortant les hommes à « penser leur âme » ? Dans le principe, on peut lui donner raison, mais le monde évolue autrement, et non pas aux injonctions philosophiques de l’homme. Evidemment, cela aurait été magnifique si tous les êtres écoutaient la « philosophie », mais la vie et la réalité de l’existence ne sont pas une « philosophie », mais plutôt l’expression d’une dure existence à vivre. D’autre part, « si tous les hommes pensaient ce que pense Pascal, les hommes ne feront que « penser » » ; qui alors occuperait l’emploi du maçon, du peintre, du menuisier, du mineur, du boucher, de l’éboueur, et autres emplois difficiles et pénibles ? Que seront les chômeurs qui ne feront que « penser à leurs âmes » ; ceux-ci se comptent aujourd’hui par centaines de millions ; par les difficultés de l’existence, et le plus souvent sans projet d’avenir, et c’est valable pour les nantis de diplôme qui sont une catégorie à part et la grande masse sans diplôme. Comment alors peuvent-ils avoir foi à la vie alors que, dès le début de leur existence, tout leur est fermé ? Une situation complexe que, le philosophe français Blaise Pascal n’a pas intégrée dans le quid de l’ « immortalité de âme ».
- La pensée, une « affection » non perçue qui régit l’être humain
Il demeure pourtant que « penser » a un sens humain, que c’est par elle que les êtres sont. Sans la pensée, ils ne sont pas. La pensée est-elle un don ? Dans la réalité de la vie, la pensée n’est pas un don, elle ne pourrait être un don que si la vie humaine est un don. Or, la vie humaine n’est pas un don, elle est ce qu’elle est, ce qu’elle doit être, i.e. d’amener les êtres humains à la vie. La vie humaine dépasse les êtres humains même, pour la simple raison qu’ils sont portés par la vie ; ils ne vivent que parce qu’ils doivent vivre, et peu importe les vicissitudes de la vie. En clair, les êtres humains n’ont pas choisi de vivre ; comme le chômeur n’a pas choisi d’être chômeur ; il est chômeur par essence d’être. Mais pour peu qu’il agisse sur son destin, le chômeur peut retourner son destin et arriver à dépasser cet état. Et c’est la raison pour laquelle la fatalité peut être contournée pour ceux qui pourront la contourner. Et là revient à ce que projette la pensée pour l’humain qui pense.
Pour comparer ce qui se passe aujourd’hui par rapport à ce qui s’est passé il n’y a pas très longtemps. Prenons le temps de la colonisation où le colonisé était exploité et pouvait travailler 10 ou 12 heures par jour et pouvait cumuler 60 ou 70 heures par semaine ; aujourd’hui indépendant, c’est à peine s’il peut travailler 4 ou 6 heures par jour voire pas du tout, il s’expatrie même par toutes les voies qui lui sont possibles. Pourquoi ? Parce qu’il y a le chômage de masse dû à la poussée démographique qui a fait passer la population mondiale de 1,55 à 1,76 milliard en 1900 (estimation onusienne) à près de 8 milliards d’êtres humains aujourd’hui. A cela s’ajoute le formidable progrès technologique de masse dans les trois secteurs de production. Au final, c’est un processus de développement de l’humanité qui fait que ceci engendre cela. L’être humain, et donc le chômeur ou tout autre humain qu’il soit, un non-chômeur, un riche, un moins riche, sont tous jetés dans l’Étant ; l’Étant de ce qui est est ce qui doit être, i.e. l’être ne commande pas son devenir ; il est seulement ce qu’il est pour ce qu’il est.
Cependant, dans ce macrocosme, il est aussi un microcosme, l’élément qui fait le macrocosme et tout relève de la pensée de son être. La pensée lui est un guide ; il est ce par quoi il est ; la pensée peut lui ouvrir de nouveaux horizons ; souvent l’être humain croit agir sur son destin mais en fait c’est sa pensée qui se charge d’orienter son destin. Et cela l’homme n’en prend pas conscience parce qu’il reste dans sa croyance que c’est lui qui pense ce qui lui arrive, c’est lui l’acteur de sa vie ; ce qui n’est que partiellement vrai. En effet, sa croyance que c’est lui l’acteur de sa vie, il la détient de sa pensée qui lui fait croire que c’est lui l’acteur. Je fais ceci, et je suis certain que c’est moi qui a décidé ce pourquoi je l’ai fait vient de sa pensée et uniquement de sa pensée.
Cependant il arrive à douter sur ce qu’il a fait et pourquoi il a fait, et là encore revient à sa pensée sur ce questionnement sur soi. Mais ce cas est très rare, le plus souvent les êtres humains ne se repensent pas, ils agissent, parce qu’ils sont ce qu’ils sont. Tous les êtres humains ne peuvent s’occuper que de penser, comme on a dit supra, « qui alors occuperait l’emploi du maçon, du peintre, du menuisier, du mineur, du boucher, de l’éboueur, et autres emplois difficiles et pénibles ? »
L’humanité est un tout humain cohérent, et la cohérence le doit à cette pensée qui régit l’humanité entière. A voir seulement le formidable développement du monde tant dans le progrès technologique dans la production mondiale, le progrès politique qui a vu la décolonisation du monde, la poussée démographique qui le doit à ses deux facteurs premiers, et le chômage de masse engendré et enfin la mondialisation économique et politique qui est la conséquence de ses trois facteurs précédents. Et tout revient à la pensée dans la pensée humaine, comme une pensée dans la pensée ; que c’est elle, en ouvrant les progrès dans les âmes humaines, dans tous les aspects de la condition humaine, a élevé l’être humain à ce qu’il est aujourd’hui, dans le sens ce qu’il est et ce qu’il doit être.
Prenons maintenant ce qui pense la pensée ou plutôt croient penser la pensée. Et ce « penser » n’est donné qu’à une infime partie d’êtres humains qui pensent penser leurs pensées. Pour la grande masse d’êtres humains, la question est « à quoi leur serviraient-ils de trop penser la pensée ? Ne perdons pas de vue que pensent que ceux qui pensent ou viennent à penser le sens de leur être ; et encore là, il faut le dire, c’est la pensée même qui interpelle leur pensées. En clair, ce n’est pas eux qui pensent mais la pensée en eux qui les fait penser. Et c’est très important de faire la différence.
Un philosophe n’est véritablement un philosophe que s’il sort de sa pensée habituelle de philosophe et laisse sa pensée le découvrir et lui découvrir le sens caché de choses, le sens relatif et absolu (atteint ou non atteint) des choses, et lui entrevoit ce qui régit le monde. Ce n’est pas peu ce qu’elle lui laisse découvrir en la pensant comment elle pense le monde.
L’objectif de la pensée est d’éclairer ce pourquoi nous existons dans notre macrocosme ou le nôtre, un microcosme avec les mêmes difficultés sauf qu’il est limité à soi. Et c’est là l’importance de penser. Pour ceux qui vivent et se limitent à vivre essentiellement à ce qui leur est donné et surtout avec cette idée « à quoi cela sert de penser si penser n’apporte ce pourquoi nous existons » est amplement justifié. La pensée profonde, la pensée qui remet en cause la pensée vient de la pensée elle-même et fait penser ceux qui arrivent à la penser. Non pas qu’ils ont quelques supériorités sur d’autres, non, cela relève seulement de leur morphologie de leur métaphysique d’être. Tous les êtres humains relèvent de leur métaphysique d’être, d’être ce qu’ils sont, d’être des êtres pensants, d’être des êtres humains, mais les morphologies de leur métaphysique d’être sont différenciés, dans le sens que chaque être humain est ce qu’il est.
L’homme globalement dans sa pensée recherche un bien-être ; et ce bien-être, il e trouve dans sa pensée ou plutôt sa pensée s’efforce de l’y conduire. Mais il faut comprendre qu’il y a le mal de l’humanité comme le bien de l’humanité qui souvent se chevauchent. Et cela n’est pas du tout évident pour l’être humain de les dissocier. Quand Pascal exhorte les hommes à « penser » au point qu’il le définit comme d’intérêt commun pour les humains, il faut encore que la pensée soit « parlante », ce qui n’est pas le cas pour tous.
Aussi, peut-on répondre, à quoi bon « penser » si « penser ne fait pas vivre l’homme ». Et la vie n’est pas une sinécure. Ne pense, dans le sens pascalien, que celui qui a une situation spécifique, d’abord que sa pensée lui soit « parlante », et c’est le premier facteur, le second et qu’il soit « inspiré de penser l’humain », et s’efforcer d’être objectif. Et tout vient de sa pensée qu’il sait qu’elle est extérieure à sa pensée, i.e. qu’il ne pense plus sa pensée comme si non pas qu’il pense sa pensée, mais met une distance entre sa pensée propre et sa pensée qui lui vient. En fait la pensée qui lui vient se superpose à sa pensée propre et fait ensuite une seule pensée ; i.e. la pensée pense en lui. Il « pense alors pour les autres », apporte ce dont ont besoin les autres, si évidemment ce qu’il apporte est bien pris, i.e. accepté par les autres pensées et mis à profit par l’humain et pour l’humain.
Ce mode de penser peut s’appliquer à d’autres situations spécifiques sauf que le processus reste inconscient, non comme celui qui pense sa pensée. Chaque homme, à un moment de son existence ou des moments d’existence (il faut plutôt dire une multitude de moments qu’on ne peut compter ») se « repense », cherche à comprendre sa destinée, ce qu’il est réellement, surtout dans les instants difficiles, dans les instants où il se sent qu’il existe certes, mais se dit-il, face à l’adversité, qu’il n’est rien dans l’existence. Et cela peut se faire souvent face à une situation familiale, professionnelle ou autre difficile.
Qu’il perde son emploi alors qu’il a des obligations de famille, ou même célibataire, il doit travailler pour survivre, perdre un emploi peut l’installer dans l’angoisse de l’existence. Ou, face à une grave maladie et les médecins sont impuissants, et même une simple maladie qui le diminue peut l’effrayer, son moral est gravement touché. Et des situations de ce genre sont innombrables.
En amour, l’homme peut s’aliéner pour une femme, et réciproquement. Combien de suicides ont été entraînés par de « graves chagrins ». Ou simplement des problèmes familiaux complexes qui, extrêmement stressants, rompt l’homme dans son désir d’exister.
Un Premier ministre français socialiste s’est suicidé, selon des informations télévisées françaises, parce qu’il a été accusé de corruption pour un appartement acheté à 100 millions Frs. Enfin, ce sont ces raisons qui ont été avancées pour justifier sa mort. Comment peut-on penser qu’un Premier ministre si important dans la hiérarchie politique se donne la mort ? Le problème n’est ni la position politique, ni la richesse, c’est son statut d’être et ses principes moraux qui ont commandé la sanction, la « mort ». Il n’a pas accepté de vivre avec cette tâche « mise » sur son dos, surtout s’il ne l’a pas commise. Et probablement il ne l’a pas commise ou il a été trompé ; un homme malhonnête ne se donne pas la mort ; c’est tout le contraire, il est contre la mort, il chercherait même à tromper la mort.
Dès lors, la « pensée » s’avère être une « affection ». Une affection intérieure qui a droit de vie et de mort sur l’être humain. A Pascal, la pensée lui intime sa « philosophie sur l’immortalité de l’âme » et ses exhortations sont aussi une « affection » pour son être. Il le dit « où il s’agit d’eux-mêmes, de leur éternité, de leur tout, m’irrite plus qu’elle ne m’attendrit ; elle m’étonne et m’épouvante : c’est un monstre pour moi. » Il y a cette formidable force affective qui agit en l’être humain, qui souvent passe inaperçue même pour ceux (psychologues, psychanalystes, psychiatres) qui ont la charge de guérir.
Le problème est que tous les êtres ont besoin de ce réservoir d’affectivité que ne secrète que la Pensée. Et si ce « réservoir d’affectivité » est malmenée, ou venait à s’épuiser, les conséquences, on peut imaginer ce qu’elles seraient.
- Le savoir, donnée par la pensée, une autre forme d’« affection » vitale à l’existence de l’être
Par l’« affection » et les faits humains, la pensée nous fait éprouver des sentiments contradictoires. Elle nous fait sentir notre vie, notre existence, nos plaisirs, nos peines, nos douleurs. Et, notre pensée nous est intime ; elle est le lien qui nous relie avec l’extérieur, c’est-à-dire le monde. Elle n’a pas que cet attribut ; elle est aussi notre « conscience ». Et peut-on dissocier la pensée de la conscience ? En énonçant que la conscience est la connaissance immédiate de notre état, elle est alors la connaissance de notre réalité d’exister, de notre expression d’être, et de notre être, en termes de convictions, de croyances, d’idéaux moraux. Ce qui détermine toute notre existence Mais, si la conscience s’est formée progressivement par le vécu de l’être (depuis l’enfance), il reste que l’action de la pensée a été centrale dans sa formation. La conscience n’est pas venue avant la pensée, mais après la pensée. Et c’est la pensée, en cogitant les événements existentiels, non seulement a édifié une conscience de l’être mais a imprégné cette conscience. Dans l’Homme, il n’y a pas une conscience, mais des consciences. Si tous les hommes pensent la même pensée, leurs pensées sur le vécu sont différentes. Chacun pense selon sa pensée. Il y a des pensées proches comme il y a des pensées antagonistes. Et, en pensée humaine, il y a autant d’êtres humains que de pensées.
Quand Jean-Paul Sartre écrit, « La seule façon d’exister, pour la conscience, est d’avoir conscience d’exister ». Il faudrait plutôt dire, « La seule façon d’exister, pour la conscience, est de prendre conscience qu’on pense ». Si on prend conscience d’exister ne signifie pas qu’on existe, on croit seulement qu’on existe, mais on ne sait ni pourquoi ni comment on existe. Or c’est en s’interrogeant par la pensée et non par la conscience, que l’on a, par les réponses de notre pensée, le sentiment d’exister. La conscience ne donne à l’homme qu’un état de ce qu’il est, et la plupart des hommes sont conscients qu’ils sont des êtres humains, ou simplement ne s’interrogent pas sur leur humanité parce qu’ils sont des êtres humains. Et cela ne signifie nullement que l’homme prenne réellement conscience de son existence. Tout au plus il existe, il vit son existence comme elle lui est donnée ; il ne se repense pas ; il ne cherche pas à découvrir son essence ; son existence de ce qu’il est lui suffit.
Donc, « avant de prendre conscience de sa conscience, il faudrait prendre conscience que l’on pense ». Et c’est là le problème, l’homme évite de s’interroger sur sa pensée, de chercher le sens de son existence. Surtout s’il est confronté à des problèmes difficiles d’existence. S’interroger sur le sens de l’existence apporte souvent des angoisses. Il y a une crainte que sa pensée lui échappe et lui fasse entrouvrir des questions existentielles complexes, où il n’y a pas de réponses écrites.
Dans un livre de Camille Flammarion, « L’âme existe-t-elle ? », Edition 1920, l’auteur relate (page 70) : « Tant il est vrai que la Vérité s’impose par elle-même et brille, inexigible, comme Sirius au milieu de la nuit éternelle.
D’ailleurs Henri Poincaré m’a souvent affirmé personnellement, dans nos nombreuses et souvent longues conversations, que doutant même de la réalité du monde extérieur à nous, il ne croyait qu’à l’esprit. C’était excessif. Il y a quelque chose en dehors de l’esprit. N’exagérons rien.
Après tout, nous savons bien ce que nous sentons en nous-mêmes. Pendant que je compose ce livre, que j’en conçois le plan, que j’en distribue les chapitres, je sens exactement, rigoureusement, sans dogme quelconque, simplement, directement, que c’est moi qui fait ce travail, mon esprit, et non mon corps. J’ai un corps. Ce n’est pas mon corps qui m’a. Cette conscience de nous est notre impression immédiate, et c’est sur nos impressions que nous pouvons et devons raisonner : elles sont la base même de tous nos raisonnements. […]
La volonté est, certes, une énergie d’ordre intellectuel. Prenons un exemple entre mille. Napoléon veut conquérir le monde et sacrifie tout à son ambition. Examinez tous ses actes, même les moindres, depuis la campagne d’Egypte jusqu’à Waterloo. Ni la physiologie, ni la chimie, ni la physique, ni la mécanique n’expliqueront cette personnalité, cette continuité d’idées, cette persévérance, cet entêtement. Vibrations cérébrales ? Ce n’est pas suffisant. Au fond du cerveau, il y a un être pensant dont le cerveau n’est que l’instrument.
Ce n’est pas l’œil qui voit, ce n’est pas le cerveau qui pense
L’étude d’un astre au télescope ne peut être légitimement attribuée ni à l’instrument, ni à l’œil, ni au cerveau, mais à l’esprit de l’astronome qui cherche et qui trouve.
La volonté humaine suffirait, à elle seule, pour prouver l’existence du monde psychique, du monde pensant, différent du monde matériel visible, tangible. […]
Considérons maintenant spécialement dans l’homme sa pensée. […] La pensée est ce que l’homme possède de plus Précieux, de plus personnel, de plus indépendant. Sa liberté est inattaquable. Vous pouvez torturer le corps, l’emprisonner, le conduire par la force matérielle : vous ne pouvez rien contre la pensée. Tout ce que vous ferez, tout ce que vous direz, ne la forcera pas. Elle se rit de tout, dédaigne tout, domine tout. Lorsqu’elle joue la comédie, lorsque l’hypocrisie mondaine ou religieuse la font mentir, lorsque l’ambition politique ou commerciale lui fait revêtir un masque trompeur, elle reste elle-même, envers et contre tout, et sait ce qu’elle veut. N’y a-t-il pas là un témoignage flagrant de l’existence de l’être psychique indépendant du cerveau ? »
L’extrait est long mais il est suffisamment révélateur des contradictions qui se jouent dans l’être humain. Henri Poincaré, un savant mathématicien français comme Camille Flammarion, un savant dans la vulgarisation de l’astronomie populaire ne peuvent avancer des idées sans qu’ils aient une emprise certaine sur leurs pensées. Ce qui est tout à fait naturel. Cependant, dans l’absolu, cela évolue autrement, on peut dire que l’homme est conscient dans l’inconscience. Ceci dit dans le sens qu’il vit sans savoir pourquoi il vit ; il vit « parce que c’est donné » ; il pense parce qu’il pense, et ce penser est donné, sans que l’homme sache pourquoi il pense. Et c’est d’ailleurs pourquoi il s’interroge, et explique pourquoi une « conscience dans l’inconscience » ; il sait sans savoir pourquoi il sait.
Et ces interrogations ouvertement affichées sur l’essence de l’être sont tout à fait normales. L’homme veut savoir, toute son existence est précisément construite sur cette volonté de savoir, un « principe vital » dont on ne peut en douter et qui n’est donné qu’à l’homme. Et ce principe est donné par la pensée et par le corps qui constituent l’homme dans sa vraie nature d’être humain. Tous deux concourent au savoir, mais il est évident qu’une prééminence de l’une existe sur l’autre ; la pensée est essentielle ; le corps humain est au service de la pensée. Comme le témoigne Flammarion, bien entendu dans l’« absolu » : « Il y a quelque chose en dehors de l’esprit. N’exagérons rien. » […]
« Après tout, nous savons bien ce que nous sentons en nous-mêmes. Pendant que je compose ce livre, que j’en conçois le plan, que j’en distribue les chapitres, je sens exactement, rigoureusement, sans dogme quelconque, simplement, directement, que c’est moi qui fait ce travail, mon esprit, et non mon corps. J’ai un corps. Ce n’est pas mon corps qui m’a. Cette conscience de nous est notre impression immédiate, et c’est sur nos impressions que nous pouvons et devons raisonner : elles sont la base même de tous nos raisonnements. »
Dans l’absolue vérité, c’est sa pensée qui est à l’origine de tout. L’homme croit faire, alors que c’est sa pensée qui fait tout, qui commande tout, qui commande et dirige son existence. On comprend pourquoi le brillant mathématicien Henri Poincaré doute de la réalité extérieure et ne croit qu’à l’esprit.
Henri Poincaré, en disant que c’est l’« esprit », n’en pense pas moins qu’il a son corps, qu’il a ce corps, qu’il a ses pensées, mais à travers la « Pensée ». S’il a apporté beaucoup de connaissances dans ses recherches en Mathématique (topologie algébrique, équations différentielles…), en Physique – on a même avancé que la paternité de la théorie de la relativité lui revenait –, le savant est conscient qu’il doit toutes ses découvertes scientifiques à sa pensée. C’est en quelque sorte une humilité, une forme de reconnaissance qu’il affiche vis-à-vis de son « essence humaine » sur laquelle l’homme a peu de connaissance. Ses affirmations ne sont pas des pensées dues au hasard ; Henri Poincaré sait très bien qu’il n’a été qu’un instrument d’une « Intelligence suprême » dans le cours de sa destinée, dans le cours de son existence et du monde.
Et ce savoir qui est vital à l’existence est aussi une forme d’« affection donnée à l’être ». On existe que pour ce que l’on aime ; on existe pour ce que nous sommes ; privé de savoir et mû par une pensée qui n’aime pas, on ne peut aimer et on ne peut savoir ; c’est comme si la pensée refuse de penser en nous ; la pensée reste pensée mais elle n’est plus ce qu’elle est pour nous ; l’être devient plus corps que pensée. Et on n’a point besoin d’être savant pour créer. On peut créer autour de soi un bonheur, une félicité ou simplement une ambiance conviviale et c’est déjà une création affective apportée à l’être par sa pensée. Et il y a toute forme de savoir, toute forme d’exister, toute forme de vivre.
- Toute pensée en chaque être relève d’une Intelligence et d’une Pensée supérieure sous-jacente à cette pensée
Quand Flammarion dit de Napoléon qu’il « veut conquérir le monde et sacrifie tout à son ambition. Examinez tous ses actes, même les moindres, depuis la campagne d’Egypte jusqu’à Waterloo. Ni la physiologie, ni la chimie, ni la physique, ni la mécanique n’expliqueront cette personnalité, cette continuité d’idées, cette persévérance, cet entêtement. Vibrations cérébrales ? Ce n’est pas suffisant. Au fond du cerveau, il y a un être pensant dont le cerveau n’est que l’instrument. »
Il n’a pas si bien dit. Napoléon a été un « Elément de l’Histoire ». L’Histoire n’est pas une succession de hasards, d’événements fortuits. Pour la « Pensée », rien n’est fortuit, tout dans l’univers est intelligé sauf que l’homme crée et pensé est limité pour saisir les forces en jeu dans la constitution et la dynamique du monde. Napoléon a existé et ses campagnes victorieuses n’ont été possibles que parce que le monde humain était, à l’époque, à la croisée des chemins. Napoléon comme le peuple français ont été un « instrument » de l’Histoire pour transformer l’ordre européen. Les régimes politiques monarchiques devaient « mutés », et cela a échu à un homme, Napoléon, et à un peuple, le peuple français, pour faire avancer non seulement l’Europe, mais le monde. Comme ce qui a prévalu ensuite avec la montée en puissance de l’Allemagne, toutes les guerres, tous les conflits, tous les savoirs scientifiques s’inscrivent dans le « devenir » de la pensée qui les a fait éclore. L’humanité n’est pas, elle « devient », mais elle devient par la pensée qui l’a fait avancer.
Comme le dit Flammarion, au fond de chaque être humain, il y a un être pensant dont le cerveau n’est que l’instrument. Les hommes sont menants et menés sans qu’ils le sachent, ou s’ils le savent, ils ne changeront pas le cours de l’humanité. Ils existent dans cette dynamique du monde, le petit macrocosme qui englobe l’humanité dans un univers sans fin est « pensé » avant que les hommes pensent ; ou plutôt les hommes sont pensés dans leurs pensées.
Pour preuve, « qu’a-t-il l’homme pour penser le monde ? » Et cela dit biologiquement. Il a cinq sens, dont deux directs et trois indirects, le cerveau comme interface ou « décodeur des messages qui viennent des cinq sens », et eux-mêmes « qu’ils reçoivent du monde extérieur », le tout est englobé par la pensée qui les pense et situe l’homme dans son existant.
Les deux premiers directs, c’est-à-dire le goût et le toucher lui donnent ce qui touche directement son corps. Les trois autres sens, i.e. la vue, l’ouïe et l’odorat, le mettent en relation, à distance, avec l’extérieur. Ce sont eux qui lui donnent, à travers le cerveau et la pensée, le sens de l’existence. Mais ces trois organes sensoriels, par leur constitution même, sont insuffisants. Les fréquences d’interception de ces organes sont très limitées pour l’homme. Prenons, par exemple, les armes infra-rouges, qui permettent grâce aux lunettes de vision nocturne et thermique de localiser l’ennemi la nuit. Des ondes ultrasoniques (sonar) permettent à des navires de guerre de localiser des sous-marins, ou des bateaux de pêche à localiser des bancs de poissons, ou un échographe de visionner le sexe d’un bébé dans le ventre de sa mère, etc.
Ce qui signifie que les organes des sens de l’homme sont très insuffisants pour l’homme d’appréhender le monde matériel et immatériel, le visible et invisible. L’homme ne voit que le « visible donné », rien n’exclut qu’il n’y a pas d’êtres invisibles autour de lui. Un homme qui ne distingue pas un autre homme dans le noir mais le distingue qu’à travers des lunettes infrarouges. Ou les rayons X qui distinguent la structure interne d’objets comme le thorax humain
Ou on ne connaît pas l’infiniment petit et l’infiniment grand, ce qui nous entoure, tout au plus ce que nos organes sensoriels nous donnent et que la pensée extrapole. L’homme sait peu de chose de son existant. De plus, même son cerveau n’est qu’une « interface physique » qui relie le corps de l’homme à la pensée dont le véritable siège n’est pas forcément le cerveau. La médecine peut greffer une rétine, un cœur ou autre organe sur l’être humain, ou même une rétine artificielle, un exosquelette, ce qui est tout à fait naturel et compatible avec la science de l’homme. Mais l’homme ne fera que créer par un processus de substitution physique à l’intelligence biologique du corps humain. Combien même cela est réalisé, le cerveau de l’être humain n’étant qu’une « interface », tout vient de la pensée et des scientifiques qui tout au long des siècles ont pensé leurs pensées pour découvrir ces progrès. Ou la pensée a pensé en eux pour arriver aux formidables développements scientifiques que l’on connaît, que l’on vit aujourd’hui.
Si la pensée se trouvait dans le cerveau, et comme le dit Flammarion, lorsque le cerveau meurt, forcément la pensée meurt. Est-ce que la pensée meurt ? Si la pensée mourait avec le cerveau, la vie serait sans sens. L’âme après la mort retourne à son créateur, Dieu.
Ceci étant, avec toutes ces connaissances du monde, sa science sur l’extérieur, l’homme, en réalité, est dans le noir le plus complet, car rien ne lui appartient en propre. Et c’est bien là le « Prodige de l’existence humaine ». L’homme existe, malgré lui, malgré qu’il ne sait rien sur son essence, malgré qu’il croit avoir un libre-arbitre, malgré que la pensée joue la comédie, lorsque l’hypocrisie mondaine ou religieuse la font mentir, lorsque l’ambition politique ou commerciale lui fait revêtir un masque trompeur, elle reste elle-même, envers et contre tout, et sait ce qu’elle veut. N’y a-t-il pas là un témoignage flagrant de l’existence de l’être psychique indépendant du cerveau ?
Force de dire que « L’homme se construit un univers difficile, complexe, mais cet univers est inscrit dans sa destinée, une destinée ouverte à tous les possibles ». Mais ce qu’on dit de tous les possibles, ils n’en font en fait qu’un possible qui se réalise, et après celui-ci, d’autres possibles viennent, et de nouveau ne deviennent qu’un possible qui se réalise, et ainsi de suite. Il existe donc une intelligence dans la pensée que, jusqu’à présent, on en a peu parlée.
Sans l’intelligence que la pensée véhicule, l’être humain ne peut survivre face à l’adversité ; il succombera, cela est certain ; par conséquent l’humanité ne peut exister par ce pourquoi elle est. L’affection certes est essentielle dans l’intérêt de l’humain d’exister, d’aimer sa vie, d’aimer ce qui l’entoure, de s’adapter aux rudesses de l’existence mais aussi de prendre du bonheur de cette existence que seule la pensée peut le communiquer à l’être.
Et comme, on l’a énoncé plus haut, si ce « réservoir d’affectivité » est malmenée, ou viendrait à s’épuiser, les conséquences, on peut imaginer ce qu’elles seraient ; c’est la mort au bout du tunnel. Aussi peut-on dire que chaque être est doté de ce réservoir d’affectivité, qui fait son être, qui protège son être, donne sens à l’existence de l’être. Cependant, il y a une intelligence qui, à travers la pensée, commande cet être, lui donne tous les moyens pour exister et donc « pour être ce pourquoi il est ». Aucun être humain ne pourrait exister, ne pourrait vivre sans cette intelligence qui dirige sa vie. En clair, par la pensée, tous nos actes sont intelligés.
Bien sûr, on ne ressent pas ce commandement de la pensée puisque l’ont fait corps avec la pensée. Il suffit de dire, comme l’a énoncé René Descartes, en son temps, « cogito ergo sum » en latin, ou « je pense, donc je suis », et point besoin de se dissocier de sa pensée. Mais, si on veut aller au-delà, et chercher à comprendre ce pourquoi je pense, ce pourquoi je suis, force de le demander directement à la pensée, à notre pensée le pourquoi cette injonction de notre esprit. Puisque tout compte fait, ce n’est pas moi qui dit « je pense, donc je suis. », mais ma pensée qui me l’intime de le penser. Dès lors ressort une intelligence dans la pensée puisque sans même que j’en prenne conscience j’en viens à penser cette pensée. Je ne vois pas l’erreur et je l’affirme comme postulat comme l’a fait René Descartes.
Cependant dans ce « je pense, donc je suis », il y a une intelligence et la pensée qui sont sécrétées dans l’être humain et par laquelle cet être a prise sur son existence dans le macrocosme humain. D’autre part, le postulat de René Descartes dans le « je pense, donc je suis » s’applique à tous les êtres. Dès lors, ne connaissant pas l’essence de la pensée ni de l’intelligence et pourtant celles-ci s’appliquent à tous les êtres, et leur sont commune, tous les êtres pensent, et chacun selon sa pensée et son intelligence, on peut déduire que cette pensée et cette intelligence relèvent d’une Intelligence et d’une Pensée supérieure, sous-jacente à cette pensée. Guidant chaque être humain, elles guident le monde, puisque tous les êtres constituent ce monde. Comment le comprendre ? L’exemple qui va suivre peut nous éclairer sur cette Intelligence et Pensée supérieure qui guident la marche de l’humanité.
- Comprendre Poutine, Biden, Macron dans la guerre en Ukraine
Pour avoir une idée sur l’Intelligence et la pensée supérieure qui sécrètent la pensée humaine, il est utile de prendre un exemple parlant où plusieurs êtres sont en situation, et la pensée qui « intellige les êtres » montre qu’elle est en chaque être, et que d’elle découle l’« être en acte » dans son étant, concomitamment avec « tous les êtres en acte » dans leurs étants. Ce qui est révélateur de la marche des êtres dans leur histoire ; les êtres humains font l’histoire mais ils la font par une pensée commune mais différentiée, selon ce que l’Intelligence et la pensée supérieure décident pour leur histoire ; la marche du monde relève donc des desseins non portés à la connaissance de l’homme ; sur ce point l’homme a la possibilité par l’intelligence humaine que sécrète sa pensée d’extrapoler et percevoir le sens logique des grands événements naturels qui changent le cours de son histoire.
Aussi, le meilleur exemple que l’on pourrait prendre est la crise russo-ukrainienne qui s’est transformée en une guerre ouverte. Une crise où tous les décideurs du monde sont, par leur pensée commune, différenciée et propre à chaque protagoniste dans le conflit, sont en acte sans qu’ils prennent conscience qu’ils sont assujettis au dessein porté par l’Intelligence et la pensée supérieure qui commandent l’action des hommes dans la marche naturelle de l’histoire du monde.
Pour cela, interrogeons-nous sur l’ordre de puissance mondial, aujourd’hui. On peut dire que globalement il est régi par trois grandes puissances mondiales qui sont les États-Unis, la Chine et la Russie. L’Europe est certes une puissance économique avec en son sein deux puissances nucléaires, la France et le Royaume-Uni, mais cependant dépend économiquement et militairement de la première puissance mondiale, les États-Unis. A deux reprises, les États-Unis ont sauvé l’Europe, et leur dette, durant les deux guerres mondiales, a poussé la première puissance à créer un bouclier contre la guerre, l’OTAN. Où toutes les armées européennes y sont assujetties à cette force de protection commune. Sur le plan économique, l’Europe est dépendante du dollar américain, l’euro, la livre sterling et le yen sont tous dépendants de la puissance du dollar américain dans le commerce mondial ; l’évolution de leurs monnaies suit fidèlement l’évolution du dollar US. Si, par exemple, le dollar perdait la suprématie qu’il a aujourd’hui, cette perte retentira forcément sur les monnaies européennes, et sur leurs économies.
Une grande puissance aujourd’hui est caractérisée par sa puissance militaire et son arsenal nucléaire, par la superficie de son territoire, par sa population et par le niveau technologique atteint. Précisément les Etats-Unis, la Chine et la Russie remplissent ces conditions. Une puissance nucléaire comme la France et le Royaume-Uni qui ont des superficies territoriales très faibles, en cas de guerre nucléaire totale, seraient vite anéantis compte tenu de l’exiguïté de leurs territoires. Alors que la Chine, les États-Unis et la Russie ont des territoires à l’échelle de continents. Les États-Unis ont une superficie d’environ 9,8 millions de km2, et comptent environ 330 millions d’habitants, la Chine une superficie d’environ 9,5 millions de km2 et environ 1,4 milliards d’habitants, la Russie une superficie de 17 millions de km2 et une population de 146 millions d’habitants.
Et on comprend pourquoi toute relation conflictuelle entre ces trois puissances a des retombées sur les autres pays du monde. Ceci étant, qu’en est-il de la guerre aujourd’hui en Ukraine ? Qu’en est-il de l’offensive de l’armée russe, lancée sur ordre du président russe contre l’Ukraine, le 24 février 2022 ? Il est évident que cette guerre qui a surpris tout le monde a des raisons profondes. Tout d’abord, l’Union soviétique qui était la deuxième puissance mondiale et a disparu en 1991 et laissé place à la Russie nouvelle n’a pas tout à fait disparu puisque la Russie a hérité de toute la puissance militaire et nucléaire avec laquelle les deux autres puissances militaires, les États-Unis et la Chine, doivent compter.
On comprend dès lors que la pensée du président russe comme celles du Conseil de sécurité de la Russie et de l’État-major de l’armée russe doivent être en parfaite intelligence. On ne masse pas plus de 100 000 hommes armés, des chars et des véhicules blindés, des missiles, une aviation prête au combat à la frontière ukrainienne, sans que des plans soient déjà préétablis, avec une idée de manœuvre précise en vue d’un but, d’un objectif géostratégique. Et une de ces trois puissances qui déclenche une guerre contre un pays qui n’est pas une puissance ou qui ne se trouve pas protégé par un bouclier comme l’OTAN, qui peut l’arrêter ? Le Conseil de sécurité ? Ce Conseil de sécurité, malgré les deux membres, la France et le Royaume-Uni, disposant d’un droit de veto, ou élargi à dix membres sans droits de veto, avec rotation dans le temps, en vérité, se joue à trois, les États-Unis, la Chine et la Russie. Donc le Conseil de sécurité est impuissance, de même les sanctions économiques et financières.
Lorsque la Russie a annexé la Crimée, et donc a enlevé un territoire-clé à l’Ukraine, c’est parce que la Russie devait agir ainsi. Il y a une Intelligence et une Pensée supérieure qui distribue les cartes du monde. Lorsque l’Union soviétique a disparu en 1991, elle devait simplement disparaître ; les forces, malgré toute sa puissance militaire et nucléaire, étaient contre elle. Quelles étaient ces forces ? Elles n’étaient pas militaires ni n’étaient des sanctions économiques comme l’Occident s’est habitué à distribuer. Elles étaient certes des sanctions économiques mais distribués par l’Intelligence et la Pensée supérieure qui commandent les hommes.
Donc c’est un processus de cause à effet précis qui est, aujourd’hui, en marche dans la guerre russo-ukrainienne. Aujourd’hui, l’Occident est en recul sur le double plan économique et géostratégique, en fait, un recul qui n’est pas un recul mais plutôt un « réajustement positif » de l’ordre de puissance mondiale eu égard à la montée des grands pays émergents. Et la Russie fait partie de ces pays émergents comme d’ailleurs la Chine qui dispute aujourd’hui la suprématie que les États-Unis détiennent sur le monde.
Pour une grande puissance, avoir un conflit armé à ses frontières ou une population russophone séparatiste et une population non russophone pro-le pouvoir ukrainien en place est une situation difficilement acceptable. Surtout s’il s’étale dans le temps et des risques qu’il pourrait entraîner si ce pays avec qui cette puissance est en conflit se trouve intégré à un boulier militaire, l’Otan en l’occurrence. Il est clair que si l’Ukraine venait à rejoindre, comme les ex-pays du glacis soviétique, l’Europe de l’Ouest, et l’Otan, le bouclier occidental, toute offensive russe pour regagner sa puissance dans cette région serait perdue. Pourquoi ?
Pour la simple raison que si l’Ukraine est intégrée à l’OTAN, et que la Russie mène une offensive contre l’Ukraine, elle se trouvera inévitablement confrontée aux forces de l’OTAN, et ce même si les moyens nucléaires ne seraient pas de la partie. Les grandes puissances ne sont pas suicidaires ; chaque partie, cherchant son intérêt immédiat, cherche à récolter des succès et non son suicide. Et on comprend comment la Russie s’est appuyée d’abord en Crimée sur la population russophone qui a demandé à être rattachée à la Russie, et à laquelle elle a répondu positivement. Ce qui ne s’est pas opéré de même dans la région du Donbass où elle a certes fait des concessions, en soutenant les populations russophones mais n’a pas fait suite à leurs revendications de républiques indépendantes, ce qui se serait traduit par la fin de la souveraineté de l’Ukraine sur ces républiques.
On comprend dès lors que la pensée de Vladimir Poutine qui a été un fervent cadre de l’Union soviétique et formé dans cet esprit de l’ex-Union soviétique comme d’ailleurs celles des staffs de la Russie, qu’il s’agisse du Conseil de sécurité ou de l’État-major de l’armée russe, mettent tous, par leur conscience du partage du monde qui leur échoie, au moins un tiers de puissance dans leurs objectifs géostratégiques. Tiers de puissance mondiale qu’il s’agit de protéger ou de regagner à tout prix explique en fait un processus naturel commandé par les faits qui parlent d’eux-mêmes. En fait, ils sont tributaires de l’Intelligence et de la Pensée du monde qui agit, et qui est là toujours en arrière-plan dans la toile de la marche du monde.
Si, par exemple, il n’y a pas eu la crise financière de 2008 qui a sonné l’économie occidentale pendant des années, s’il n’y pas eu le retrait des forces américaines d’Irak, en 2011, sans gains, si l’Iran pendant plus de vingt ans n’a pas mis en échec la politique de domination américaine, et aujourd’hui encore, avec l’appui de la Chine et de la Russie, s’il n’y a pas eu de retrait en catastrophe des forces américaines d’Afghanistan, en 2021, il est peu probable que la Russie se serait lancée dans une guerre contre l’Ukraine. Certes, elle aurait annexée la Crimée mais serait beaucoup plus prudente, dans la région du Donbass, face à l’Occident. Pour la simple raison que même sans l’OTAN, les États-Unis, en tant que tête de file de l’Occident, en tant que protecteur du statu quo de l’ordre de puissance mondial, aurait transformé l’Ukraine en un autre Afghanistan dont la Russie conserve toujours un vieux souvenir qui hante sa puissance.
On comprend pourquoi la pensée de Joe Biden a été alarmiste, n’a pas cessé de signaler une invasion de l’Ukraine par l’armée russe ; les forces de renseignement lui signalant, par l’observation satellitaire le mouvement des troupes russes au sol en vue d’une offensive massive contre l’Ukraine ; le président américain a tout tenté pour s’interposer par des menaces économiques et financières les plus lourdes que la Russie aurait à supporter en cas d’invasion ; en fait, la pensée de Joe Biden reflétait l’angoisse qu’une telle situation arrive, qu’elle reproduit l’échec très récent sur ce qui s’est déjà passé en Afghanistan, une débâcle des forces américaines avec un attentat terroriste qui a ôté la vie à treize soldats américains ; cette situation est encore en mémoire dans la pensée de Joe Biden.
Le président français, Emmanuel Macron, s’est démené dans tous les sens pour tenter de mettre fin à l’escalade de la guerre par la Russie. Là aussi, le président français a suivi sa pensée et les pensées de ses conseillers, l’Europe était comme paralysée, et a profité de sa présidence française du Conseil de l'Union européenne (PFUE), pour six mois, de janvier à juin 2022, pour s’interposer contre la guerre. C’est ainsi qu’assurant la présidence du Conseil de l'Union européenne, il a téléphoné à multiples reprises au président russe, et s’est même rendu en Russie pour rencontrer le président Vladimir Poutine.
Sauf que, dans la plaidoirie de Macron pour une désescalade de la guerre, la pensée du président français en fait flattait l’ego russe, le confortant même dans son plan de guerre déjà en cours d’exécution. Macron ne pouvait savoir ce qui se tramait, en fait ce qu’avaient déjà commandé l’Intelligence et la pensée supérieure dans l’action des hommes. Qu’il pouvait aussi être convaincu, par sa pensée comme par la pensée de son staff et de ses conseillers, que ses joutes diplomatique intenses qu’il menait pour tenter de mettre fin à l’escalade de la guerre, le servait dans les élections présidentielles qui étaient très proches, à moins de deux mois, en avril 2022. Par cette crise russo-ukrainienne, occupant le terrain diplomatique, il était en quelque sorte hors de la mêlée dans la campagne que menaient ou se préparaient les autres candidats à l’élection présidentielle.
Comme si les jeux étaient faits, l’Intelligence et la Pensée supérieure a déjà porté sa préférence pour Macron ; un raisonnement que ne peut l’auteur aller contre puisque cette conviction de ce qu’il énonce vient des faits même des événements qui le témoignent dans la marche du monde. Aussi peut-il dire que la crise russo-ukrainienne tombait à pic dans le destin du président français ; qu’il avait tout, par sa position de seul interlocuteur pour l’Europe, dans la présidence tournante, et a même poussé le nouveau chancelier allemand Olaf Scholz à suivre ses pas, en se rendant en Russie, pour rencontrer le président Vladimir Poutine et plaider la cause de l’Europe, dans la crise ukrainienne.
Quant à Vladimir Poutine, il est devenu un homme-phare dans la scène internationale, au niveau mondial. En fait, dans l’absolu, ce n’est pas lui qui est devenu un homme-phare dans la scène internationale mondiale mais l’Intelligence et la Pensée supérieure qui en a décidé ainsi. L’homme qu’était Vladimir Poutine, sa pensée qui l’a élevé à ce qu’il est devenu, le monde qui a aussi évolué, entraient dans cette perspective qui a fait de la guerre en Ukraine, une nécessité. La Russie est une grande puissance qui a joué par son histoire de frein à la puissance de domination de l’Amérique ; il demeure que sa puissance est toujours de mise d’autant qu’elle mette en respect les États-Unis, mais aussi la Chine (même si ce pays lui est un allié aujourd’hui) qui cherche à supplanter les États-Unis à la première marche du podium de puissance mondial.
On comprend dès lors que toutes les sanctions européennes et américaines ne feront pas changer la balance, et probablement qu’après la fin de la guerre, la situation va s’apaiser comme le fut la crise de Crimée en 2014, comme la pandémie du Covid-19 est en train de s’essouffler et, par conséquent, la crise ukrainienne finira par se régler.
Que tout rentrera dans l’ordre entre les puissances n’empêchera pas d’autres conflits. Le monde, d’évidence, comme il l’a toujours été, continuera à être conflictuel. La question qui reste posé : qui récoltera les fruits ? La réponse viendra de l’Intelligence et la Pensée supérieure qui commande l’action des hommes. Et si les puissances décryptaient ou tenteraient de comprendre cette Intelligence et Pensée supérieure qui sécrète la pensée humaine ne gagneraient-ils pas en paix et prospérité pour les peuples ? A moins que l’intention même de l’Intelligence et de cette Pensée du monde a déjà cette visée sauf que les êtres humains comme ils sont aujourd’hui ne sont pas encore prêts. Par conséquent, il faut que la marche de l’histoire se fasse.
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