Conclave : entre film noir et wokisme
Voilà un film original et réussi réalisé par Edward Berger adapté d'un roman policier de Robert Harris. Un Berger qui s'y connait en intrigues d'espionnage puisqu'il fut aussi le maitre d'oeuvre de l'excellente série TV Deutschland 83.
La casting est impeccable, avec un Ralph Fiennes au sommet de son art dans la peau du cardinal-doyen Lawrence, et des second rôles énergiques (Sergio Castellitto dans la peau du cardinal intégriste Tedesco notamment). La reconstitution du Vatican, de la Basilique St Pierre et de la chapelle Sixtine où se déroule le conclave est très réaliste. L'ambiance du récit, troublante et malsaine, est prenante grâce au talent d'Edward Berger qui prend soin de mettre peu de lumière dans ses scènes intérieures à la façon de Kubrick.
L'intrigue a été peu exploitée au cinéma. Un pape décède soudainement, un conclave de cardinaux est réuni pour élire son successeur et les choses ne vont pas se passer comme prévu. Ambition des uns, extrémisme passionné des autres, clans rivaux et luttes d'influence vont retarder l'élection, avec en prime l'arrivée inattendue d'un cardinal en provenance de... Kaboul, adoubé par le pape lui-même avant sa mort, qui va se retrouver au devant de la scène. Un personnage humble, humain, brisé par le conflit afghan qui s'en tient à la mission première du christianisme, l'assistance aux plus pauvres. Un cardinal qui cache aussi un lourd secret.
Rien à voir avec une histoire de mort facilitée (l'affaire Jean-Paul 1er), mais toutefois une intrigue qui ne cache pas la corruption de mise chez certains cardinaux. Le doyen Lawrence (Ralph Fiennes) doit tirer les choses au clair, dénouer les magouilles par une enquête à la Columbo. Un attentat islamiste vient interrompre le conclave, enflammant les intégristes qui souhaitent un retour à la fin de l'oecuménisme voire à l'avènement d'une croisade pour chasser l'islam d'Europe. Un cardinal africain, favori du vote, se trouve rattrapé par son passé, et ce n'est pas par hasard. Un autre favori semble jouer un jeu trouble, touché par une rumeur relatant sa destitution par le pape sur son lit de mort.
Vous l'avez compris, la film est une intrigue à tiroirs, un film à suspense digne d'un bon polar. Notre cardinal Lawrence finit par tirer les choses au clair et se retrouve favori pour l'élection... La suite et fin, vous la découvrirez dans les salles obscures.
Une fin qui, hélas, n'échappe pas à l'air du temps. Si intégrité et honnêteté sont de mise et permettent une issue morale à l'élection, le wokisme est en clé de voûte avec une problématique actuelle, dans la lignée du spectacle d'ouverture des jeux olympiques à Paris. Vous comprendrez pourquoi...
Allez voir ce film pour les décors et les jeux d'acteurs, pour vous laisser bercer par la côté thriller du récit. Prenez du recul avec la chute, discutable et peu crédible, qui a le mérite de l'originalité...
Bande-annonce du film :
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