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Conclusions concernant l’accueil de l’élève agresseur sexuel à l’école

L’intervention éducative que j’ai relatée et analysée dans la première partie de cet article suggère l’existence d’un fort potentiel éducatif et même rééducatif de la « socialisation démocratique » qui apparaît ainsi comme un puissant levier de régulation à la disposition des enseignants. Mais quelle en est la limite ? Ne serait-il pas risqué, périlleux voire irresponsable de penser accueillir jusqu’à douze ans tout élève que l’on saurait capable de violences diverses (physiques, sexuelles, psychologiques, etc.) dans une enceinte scolaire fréquentée par des élèves pour la plupart sans défense et notamment des petits de maternelle ? La simple idée d’une telle cohabitation peut sembler intolérable au citoyen lambda, surtout s’il est parent. Mais avons-nous le choix ?

Je peux bien l’avouer, quand les deux collègues, la directrice et l’enseignante m’ont fait état de la situation à laquelle elles étaient confrontées avec le retour de Tony dans l’école après son placement et passage devant le juge pour agression sexuelle, tout psychologue que je suis, j’ai ressenti une grande indignation en pensant que l’institution judiciaire était tout de même assez inconséquente, vu qu’en plus nous avions appris cela « par la bande. »

On pourrait penser, en effet, qu’il y a quelque chose d’incroyablement irresponsable à laisser ainsi un élève de douze ans — reconnu et jugé comme auteur d’agression sexuelle sur sa nièce de cinq ans — réintégrer une école où des élèves de maternelle, de trois à six ans, seront, pour ainsi dire, à portée de main.

Comment ne pas se demander à quoi pensent les juges en lâchant ainsi un renard dans le poulailler sans même que les éducateurs soient officiellement informés dans risques encourus ?

Heureusement, si je puis dire, nous avions autre chose à faire que d’être dans la récrimination ou la contestation, il fallait penser et agir vite. J’ai donc vite oublié mon impression première pour porter toute mon attention aux exigences de la situation.

Maintenant que je peux faire retour sur cette perception initiale des choses avec le recul et la sérénité nécessaires, je me mesure clairement le fait qu’il m’est impossible de me mettre décemment à la place de la Justice et de ses agents. Je ne peux ni répondre à leur place ni même tenter d’esquisser les grandes lignes de ce que pourrait être leur représentation de la situation. Il ne m’appartient pas de le faire et il est probable que je serais très vite à côté de la plaque tant sont multiples les facteurs, notamment historiques, qui contribuent aux modalités de fonctionnement de la justice. Il ne me serait d’aucune utilité de mettre tout cela en question.

Je vais donc me tenir à ma place et seulement livrer mon point de vue de psychologue qui peut se formuler très simplement comme suit : à mon sens, les choses se sont passées exactement comme elles auraient dû se passer, c’est-à-dire, aussi bien que possible — étant donné que c’est le but premier de toute action éducative.

Suite à l’agression dont Tony avait été l’auteur et pour laquelle il avait été jugé, deux pistes pouvaient être suivies pour cet élève :

  1. soit la stigmatisation généralement associée au passage en justice
  2. soit au contraire l’intégration complète sans aucune discrimination au sein de sa classe d’âge.

Il m’apparaît que la justice a suivi la seconde et outre que c’est très probablement la loi, c’est aussi très clairement le bon sens même.

En effet, un élève de l’élémentaire est un être en pleine construction identitaire. Le stigmatiser, c’est contribuer à la formation d’une identité de délinquant, éventuellement sexuel et c’est donc construire un avenir dramatiquement sombre, non seulement pour lui, mais pour ses éventuelles victimes à venir. Rappelons-nous que ces humains que nous appelons des « monstres » ont toujours une histoire et, en particulier, une enfance. Donc, gardons-nous de contribuer aussi peu que ce soit à la construction de telles personnalités.

A l’évidence, le bon sens consiste ici à tabler sur la résilience dont peut faire preuve tout être en développement pour autant qu’il se trouve placé dans le cadre structurant auquel il a droit et que la société doit d’autant plus se donner les moyens de le lui procurer que l’on a aura déjà pu constater les effets délétères de sa faiblesse ou de son absence passées.

Ceci suppose, d’une part, que les éducateurs des services sociaux aient les moyens, c’est-à-dire, la compétence et le temps d’aider les familles dans leur fonction parentale et que, d’autre part, l’école sache mettre en œuvre un cadre éducatif adapté qui, pour les différentes raisons analysées dans la première partie de l’article, me semble devoir être bâti sur les principes d’une éducation bienveillante autant que structurante, c’est-à-dire, démocratique et donc absolument respectueuse du sujet tant sous le rapport de son image que de son statut d’agent autonome, libre et responsable.

C’est, me semble-t-il, ce qui a été réalisé et réussi par l’école de Tony. Je crois malheureusement qu’il y a là quelque chose d’assez exceptionnel car la norme, je le crains, serait plutôt du côté d’une réaction défensive consistant, autant que possible à exclure l’élève délinquant sexuel et à le renvoyer vers des structures spécialisées déjà amplement surchargées.

Ma conviction est qu’il manque à l’éducation des professionnels bien formés qui sache installer un cadre éducatif capable d’accueillir les situations les plus diverses au lieu de toujours chercher à « ne voir qu’une seule tête. » C’est terrible à dire mais nous en sommes encore bien loin alors que les réformes scolaires ne cessent de se succéder depuis décennies et qu’une refondation est en cours qui ne donnera probablement pas satisfaction sous ce rapport.

Autant dire que, pour longtemps encore, il restera à chacun à faire de son mieux, en conscience. Mais la crise s’aggravant, il ne faudra pas s’étonner de voir ici et là le système craquer et laisser apparaître ses insuffisances.

Comme nous voilà parvenu au stade politique de la question, je considère que mon propos psychoéducatif est à présent achevé et je vais donc m’en tenir là.

 


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19 réactions à cet article    


  • bakerstreet bakerstreet 5 février 2014 11:35

    Votre histoire fait écho avec une autre, assez malheureuse dans sa dynamique et ses résultats, pourtant sans doute percluse de bonne intention et de prise en charges plus ou moins boiteuses

    En sizième, il y a une dizaine d’années, mon gamin était scolarisé avec un certain Davy. Quelle était l’histoire de Davy ? On n’en savait rien, même si l’on s’en doutait. Un parcours chaotique, d’établissement en établissement, qui le fit arriver dans cette classe. 

    Bon, il aurait sans doute était préférable pour lui qu’il ne mesura pas déjà 1,75m, ce qui avec ces deux ans de retard, lui permettait d’établir tout de suite un rapport particulier aux profs, qu’il insultait, et dont il se moquait, en sortant parfois du cours par la fenêtre, quand il ne les menaçait pas.....Revenant avec un paquet de bombons qu’il avait été acheté au supermarché du coin....

    Les autres gamins dans ce collège tranquille étaient assez effarés de l’effet « Davy ». Je voyais bien que le mien était assez faraud, d’abord, devant ces agissements avant de se montrer parfois inquiets, et il y avait de quoi.....
    Ils avaient été invités par le directeur d’établissement, faisant parfois de courtes apparitions, tant lui tenait à cœur l’inclusion de Davy dans le groupe, à faire preuve de compréhension, et d’esprit de camaraderie. 

    Remarquons le grand n’importe quoi, d’associer des gamins tout jeunes à un projet pédagogique et éducatif, tout en les couvrant d’anathèmes s’il s’y employaient : Un message plein d’’ambivalences destructrices, dont il ne faut pas être grand clerc pour le mettre à jour. 
    Ainsi, Germain, mon gamin se fit réprimander plus d’une fois, pour avoir voulu pactiser avec Davy, et condamner même par une prof, quand celui ci n’était pas là ( ce qui arrivait de plus en plus souvent) : « Toi, tu vas finir par ressembler à Davy »

    C’était une vraie farce, cette prise en charge. Toute la classe était en souffrance. Il fallut qu’un gamin soit poussé dans le grand escalier, un autre la main traversé par un compas, et qu’un autre soit presque noyé dans un fossé par Davy, pour que le père de celui ci m’en informe, et que nous n’envisagions une action auprès du chef d’établissement. 
    Très hautain, celui ci bouta en touche, nous faisant comprendre que nous n’y comprenions rien, et que le travail commençait pourtant à porter ces fruits...Une pétition à l’inspecteur d’académie, et une plainte au commissariat ( disons une main courante....) ne changèrent rien : Nulle réponse apportée.......
    Seul, le départ de Davy, ou plutôt son nom retour, d’une de ses permissions en classe qu’il s’octroyait, dans la toute puissance de son désir jamais stoppé, finit par résoudre le problème. 
    Je ne parle plus du sort de Davy, mais de l’ensemble de la classe, gamins et profs, qui purent recommencer à travailler. 
    Voilà une expérience vécue, pour parler des limites de la prise en charge en milieu ouvert, qui peut s’apparenter, parfois, à un sectarisme


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 5 février 2014 12:13

      Merci pour cet exemple qui illustre très bien ce qui peut arriver de pire lorsque précisément il n’existe plus de cadre éducatif et que l’on est d’emblée dans le n’importe quoi.
      Le problème ici c’est que des élèves sont exposés un risque (bien réel) de violence sans qu’aucune limite ne soit posée a priori de sorte qu’il est impossible de constater qu’elle est franchie et dès lors, il est impossible de garantir leur sécurité.
      Il faudra donc attendre le passage à l’acte ou sa répétition avant que les choses changent.
      Il apparaît ainsi que la bonne volonté et la bienveillance sont impuissantes et même néfastes lorsqu’elles n’opérent pas dans un cadre structurant.


    • Folacha Folacha 5 février 2014 12:44

      Bonjour Luc Laurent Salvador,


      On peut comprendre que tous les enfants qui vous sont confiés aient droit à votre bienveillance, que leurs parents, aussi démunis intellectuellement soient ils aient droit au respect .
      Mais pour avoir connu un un « Tony en pire » qui bénéficiait d’une impunité certaine, les centres spécialisés, (offrant également à leurs pensionnaires des opportunités de résilience) sont plus rassurants pour moi .

      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 5 février 2014 13:21

        Merci de mettre sur cette piste que j’aurais dû évoquer dans ma conclusion tant il est vrai que l’alternative ne se réduit pas à « l’asile » (au sens de Foucault) d’un côté et le circuit scolaire ordinaire de l’autre.
        Disons pour faire simple que je suis, bien sûr, d’accord avec vous, les établissements spécialisés, c’est plus rassurant pour tout le monde.
        Mais cette option, lorsqu’elle est disponible, règle-t-elle la question pour tous les Tony du paysage scolaire français ?
        J’en doute.
        Le problème est, je vais oser un gros mot, toujours, celui des limites.
        Quelle ligne devons-nous tracer entre les élèves problématiques qui seront orientés vers ces établissements et ceux qui resteront en circuit ordinaire ?
        Plus nous voudrons une société sécurisée, plus nous serons portés à « exclure » en quelque sorte des élèves de la société des gens « normaux » et, outre que c’est stigmatisant et donc douloureux, cela est aussi souvent la première étape de construction d’une inadaptation sociale dans la mesure où l’enfant qui grandit en établissement devient dépendant de ce cadre et manque cruellement d’expertise vis-à-vis du cadre social standard dont la complexité et les subtilités peuvent vite lui échapper.

        Il me semble donc qu’il y a un équilibre délicat à trouver entre le trop et le pas assez.
        Il est clair qu’un risque sérieux de passage à l’acte existait pour Tony.
        Toutefois, il semble bien que l’école ait su répondre de manière adéquate au défi que constituait sa scolarisation en milieu ordinaire.
        Dès lors, après coup, on peut dire, que le concernant, c’est le bon choix qui a été fait.

        Mais on ne peut exclure que cela ait seulement été le produit d’une logique administrative irréfléchie au sein de laquelle les agents se sont contentés de faire ce qu’ils ont l’habitude de faire sans calculer les conséquences de leurs actes.

        Il conviendrait de s’assurer que cela ne peut arriver et que le choix de remettre en société un sujet plus ou moins dangereux pour ses semblables soit informé, réfléchi et complètement assumé par l’autorité décisionnaire.

        J’ai peur que nous n’en soyons pas là, mais c’est une autre histoire...


      • ObjectifObjectif 8 février 2014 06:49

        Bonjour,

        Pour aller un peu plus loin, j’interprète tout acte comme une communication, de type non verbale en ce cas. Cela parait cohérent avec le fait qu’un enfant de cet age pourrait ne pas être capable de mettre des mots sur une très grande souffrance, ou un phénomène social dont on a justement pas le droit de parler à cause du tabou existant et tellement sensible, puisque votre intervention n’a finalement fait que renforcer le tabou.

        Je ne veux pas juger de quoi que ce soit, j’essaye simplement d’analyser et de comprendre, et je vous remercie très largement d’apporter ce témoignage à la discussion. J’essaye donc de savoir si rétrospectivement vous comprenez ce que je veux dire.

        J’ai le sentiment que cet enfant à émis une alarme comme il pouvait, et que le but des adultes autour était seulement d’éteindre le signal d’alarme très gênant pour eux, plutôt que de chercher la cause de l’alarme.

        Du coup, l’enfant a intégré encore plus le tabou et a encore plus enterré sa souffrance, qui ressortira donc immanquablement plus tard et plus fort...

        La normalisation de façade a gagné contre le soin profond et attentif.

        Qu’en pensez-vous ?


        • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 8 février 2014 08:09

          Vous évoquez là quelque chose qui grosso modo s’apparente à la fameuse « disparition du symptôme » tant critiquée par les psychanalystes, parfois à bon droit.

          Ici, en l’occurence, notez bien, c’est indispensable : avec l’intervention éducative réalisée pour Tony, nous n’étions pas dans la thérapie. Du tout. Que les actions pédagogiques ou éducatives puisse avoir un effet thérapeutique, c’est une réalité peu contestable (cf. la résilience) mais ces effets ne sont jamais visés en tant que tels, ils ne sont jamais des objectifs.

          Ceci étant, je pense qu’il y a bel et bien eu un effet thérapeutique pour Tony et non pas une disparition du symptôme car l’attitude pro-active qu’il a eu dans le processus de régulation de son comportement mis en place est quelque chose qui ne peut prendre son origine dans une souffrance qu’on enfouit en attendant qu’elle ressorte ailleurs.

          Tout au contraire, je le lis comme l’expression parfaite d’une libération qui a été la sienne vis-à-vis d’une compulsion qu’il n’avait pas seul les moyens de contrôler.

          Il fallait ce cadre clair, attentif et bienveillant, il fallait cet accord qui faisait loi vis-à-vis duquel il s’est engagé et qui, par sa simplicité et sa précision, lui a donné le moyen et donc la capacité de passer à autre chose, cad, de se dominer.

          Pour parler en terme psychanalytique, je dirais que nous avons étayé son surmoi et que son moi s’en est trouvé dynamisé, énergétisé, par le pouvoir, l’emprise ou l’ascendant qu’il a pu ainsi reprendre sur lui-même après qu’une exposition à des modèles fâcheux l’ait engagé sur une voie de ... perdition dirons-nous.

          C’est en ce sens que la loi à laquelle on consent, loin de nous contraindre, nous libère, en nous donnant l’appui nécessaire pour dominer nos compulsions délétères.

          Je ne peux faire d’anticipation concernant Tony mais disons que j’ai espoir que cette expérience, en lui redonnant confiance en sa capacité à se maîtriser, lui permettra d’éviter de s’abandonner aux turpitudes d’une société qui encourage outrageusement la recherche de satisfactions immédiates.


        • ObjectifObjectif 8 février 2014 18:08

          Vous avez écrit : " lui permettra d’éviter de s’abandonner aux turpitudes d’une société qui encourage outrageusement la recherche de satisfactions immédiates.« 

          On peut imaginer tout ce que vous voulez, mais la seule manière de savoir sans supposer, c’est de poser des questions pour savoir d’où venaient ces actes, à quel endroit il les avait appris pour réussir à son age à les faire ainsi.

          Le mettre d’emblée dans la position coupable du chercheur »de satisfaction immédiate" est une supposition bien hardie et lourde de conséquences. Surtout s’il est lui-même victime de tels actes, ce qui est une des sources connue de ce type de comportement.

          Pourquoi ne pas lui poser des questions sur la source de son comportement, plutôt que de s’intéresser seulement à la disparition du signal d’alarme ?


        • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 9 février 2014 09:22

          Je comprends votre étonnement, probablement lié au fait que vous avez une vision idéale de la psychologie à l’école.

          Comme je vous l’indiquais la demande qui m’a été faite était de trouver une solution au problème suscité par le comportement prédateur de Tony dans l’enceinte scolaire.
          Cette demande est légitime de la part de l’équipe enseignante et a déterminé mon cadre d’intervention.

          J’étais en position d’aider à l’intervention éducative à laquelle il a été procédé, je n’était pas, absolument pas, en position de mener des investigations pour connaître l’origine du comportement de Tony. 

          Il eût fallu pour cela être missionné par ses tuteurs (parents et/ou services sociaux).
          Je ne l’étais pas et pour cause : les services sociaux en charge de Tony ont leurs propres psychologues et/ou il peuvent faire appel à ceux de services de soin pour aider Tony à dépasser cette expérience difficile, ce qui pourra nécessiter, en effet, de l’amener à parler de son vécu antérieur.

          En résumé, j’avais mission d’aider l’école, pas de soigner Tony. Mon sentiment est que le cadre d’éducation démocratique mis en place l’a considérablement aidé. Pour le reste, j’ai fait confiance aux services qui en ont la charge.


          • ObjectifObjectif 10 février 2014 12:55

            Merci de répondre avec autant d’ouverture.

            Je crois que nous sommes arrivés au nœud de mon problème de compréhension.

            J’ai toujours pensé que le psychologue à l’école était payé pour s’occuper des problèmes des enfants. Toutes les autres personnes de l’école sont des adultes, avec un libre-arbitre et l’accès gratuit à des aides psychologiques, autant qu’ils le veulent.

            Le seul qui ne peut pas chercher de l’aide dans le circuit médical, c’est bien l’enfant. Et dans ma grande naïveté, je pensais que le psychologue des enfants était là pour les enfants.

            Aujourd’hui, je découvre que c’est faux : le psychologue n’est pas A l’école pour les enfants, il est le psychologue DE l’école pour protéger l’école CONTRE les enfants.

            "la demande qui m’a été faite était de trouver une solution au problème suscité par le comportement prédateur de Tony dans l’enceinte scolaire.« 

            Je vois la communication de Tony, avec ses moyens, comme une demande d’aide, une alarme montrant qu’il s’est passé quelque chose de grave qui l’amène à transgresser des règles qu’il connait tout à fait, comme la suite l’a prouvé.

            La demande du personnel est de supprimer l’alarme. A quoi sert une alarme, alors ?

             » j’avais mission d’aider l’école, pas de soigner Tony.« 

            Mais comment savez-vous que Tony »devait être soigné«  ? C’est un comportement naturel et souhaitable de lancer une alarme si vous êtes victime d’un viol, non ? Comment savoir si vous ne posez pas de questions, alors que le type même de communication non verbale, »par l’action« , montre une situation d’impossibilité de verbaliser et donc un aspect de douleur profonde ?

            Je ne peux que faire le lien ici avec l’attitude hélas trop habituelle de déclarer les enfants qui témoignent des agressions qu’ils ont subis, comme des »malades« , et de déclarer les personnes qui leur portent de l’aide aussi comme des malades.

             »Pour le reste, j’ai fait confiance aux services qui en ont la charge."
            Comme vous pensez que vous êtes payé par l’école pour défendre l’école CONTRE les enfants, et que vous savez que les autres psychologues sont payés par les services sociaux, comment pourriez-vous pensez qu’ils ne sont pas payés comme pour vous, pour défendre les services sociaux CONTRE les enfants ?

            Si vous en restez à votre position, selon vous qui pourrait défendre les enfants étant donné que les enfants ne peuvent payer personne pour les défendre ?


          • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 10 février 2014 17:08

            Bonsoir ObjectifObjectif,

            « il est le psychologue DE l’école pour protéger l’école CONTRE les enfants »

            Je ne sais pas ce qui vous pousse à de si funestes interprétations. Rien dans ce que j’ai écrit ne vous permet de parvenir à cette conclusion. Je la vois comme une projection de votre part ou alors une phénoménale incompréhension.

            Peut-être vous souvient-il que Tony venait de passer devant le juge pour une agression sexuelle sur sa nièce ? ça ne vous suffit pas comme alarme ça ? Il a été placé, pris en charge par des personnes parfaitement formées et informées, il a été jugé, dès lors pourquoi voudriez-vous que son comportement prédateur ultérieur soit encore une alarme ?

            Un signe oui, une alarme ça n’a plus de sens.

            Mais bon revenons à l’essentiel, car je vous ai apparemment complètement égaré.

            Sachez que le psychologue scolaire a, comme les enseignants et les parents, pour objectif premier l’intérêt de l’enfant.
            Dès lors, en toutes circonstances, il s’assure que la situation faite à un enfant répond à ses besoins, ce qui l’amène à faire régulièrement des recommandations qui irritent et les enseignants et les parents car ceux-ci le vivent souvent comme une remise en cause.

            Et oui, quand ce n’est pas la faute de l’élève (le discours de base du psychologue scolaire), elle est pour qui la patate chaude ?

            L’élève est au centre du système scolaire. La loi de 1989 est toujours actuelle et je vous assure que les psychologues scolaires y veillent.

            Pour finir, je vous indique que les enfants peuvent toujours demander à parler aux psychologues scolaires et que dans ce cas l’entretien peut se faire sans autorisation préalable des parents même s’il faudra ensuite, bien sûr, les en informer.


          • ObjectifObjectif 10 février 2014 18:13

            J’ai seulement fait la reformulation de :
            "la demande qui m’a été faite était de trouver une solution au problème suscité par le comportement prédateur de Tony dans l’enceinte scolaire."

            Décider de ne pas interpréter comme une alarme le comportement de Tony, c’est comme prétendre que le moteur de sa voiture ne fait pas de bruit parce qu’elle sort du garage : si le bruit est encore audible, c’est peut-être que le garagiste n’a pas réparé la panne,

            Si chaque psychologue pense qu’il ne doit rien faire sur le fond en supposant que le problème a déjà été réglé par le précédent, que doit faire Tony pour pouvoir trouver un interlocuteur qui s’intéresse à ce qu’il a vécu, alors que c’est potentiellement tellement douloureux qu’il ne peut pas en parler avec des mots ?

            Je suis vraiment désolé que vous ne semblez pas me comprendre mieux que vous n’avez réussi à entendre l’appel à l’aide de Tony.


          • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 11 février 2014 00:35

            Si, si, je vous comprends très bien. C’est l’inverse qui n’est pas vrai smiley


          • ObjectifObjectif 11 février 2014 13:33

            Si vous comprenez, alors vous devriez pouvoir répondre à cette question simple et factuelle :

            Que doit faire Tony, concrètement, pour qu’un psychologue lui pose des questions sur ce qu’il a vécu pour en arriver à agir ainsi ? Étant donné que Tony ne peut payer personne pour l’écouter et le défendre ?


          • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 11 février 2014 16:43

            Reprenons votre notion d’alarme.
            Tony est passé à l’acte.
            Il a lancé l’alarme.
            Il a été interrogé, écouté par un(e) psy qui l’ont amené à se raconter.
            Il a été placé, il est passé devant le juge et...
            finalement il revient à l’école.
            Le fait qu’il continue son comportement prédateur n’est plus selon moi une alarme, mais la simple (compulsion de) répétition d’un comportement qu’il a eu le malheur de découvrir d’une manière ou d’une autre.
            Grâce au cadre d’éducation démocratique mis en place, l’équipe enseignante lui a appris la meilleure chose qui pouvait lui arriver : reprendre le contrôle de lui-même.
            Bien sûr, il ne faut pas verser dans un excès d’optimisme car des rechutes sont toujours possibles mais quoi qu’il en soit, je trouve cela extrêmement satisfaisant, et bien que je suppose qu’il a tous les suivis nécessités par sa situation, je ne suis pas sûr qu’ils aient des effets remarquables (quoique je ne peux exclure qu’ils y aient contribué).
            Entre nous, j’ai quelques réserves sur les suivis psy réalisés en centre spécialisés. J’en ai connu des lamentables à force d’inefficacité. C’est un peu la loterie et je trouve que Tony a eu de la chance d’être tombé sur cette équipe enseignante qui a su le respecter comme je l’ai rarement vu.

            Bon, je m’arrête là en vous rappelant que tout élève est en position de demander à parler au psychologue scolaire pour être écouté, aidé, protégé et que ce dernier s’il ne peut ensuite assurer un suivi, saura lui proposer les relais extérieurs à l’école, tous gratuits, qui sont à sa disposition.

            Donc laissez tomber votre cauchemar, il n’a pas lieu d’être.


          • ObjectifObjectif 11 février 2014 23:59

            « Reprenons votre notion d’alarme. »

            Une communication non verbale de ce niveau est clairement une alarme, ce n’est pas MA notion.

            « Tony est passé à l’acte.
            Il a lancé l’alarme.
            Il a été interrogé, écouté par un(e) psy qui l’ont amené à se raconter.
             »

            Comment le savez-vous sans avoir ni interrogé Tony sur ce sujet, ni avoir interrogé aucun autre acteur ? Selon vos dires précédents, cette phrase est une pure supposition.

            "Il a été placé, il est passé devant le juge et...
            finalement il revient à l’école.
            Le fait qu’il continue son comportement prédateur n’est plus selon moi une alarme, mais la simple (compulsion de) répétition d’un comportement qu’il a eu le malheur de découvrir d’une manière ou d’une autre.
            "

            Le fait est qu’il continue son alarme, car si c’était une alarme avant pourquoi ne serait-ce plus une alarme après ?

            Si l’alarme continue, on ne peut pas ignorer la possibilité que la source du problème n’ait pas été corrigée par les équipes précédentes, ce qui parait logique puisque le juge est là pour punir, en l’occurrence, pas pour trouver la cause, et qu’il n’y a pas de raison que les autres psychologues aient plus cherché que vous même.

            "Bon, je m’arrête là en vous rappelant que tout élève est en position de demander à parler au psychologue scolaire pour être écouté, aidé, protégé et que ce dernier s’il ne peut ensuite assurer un suivi, saura lui proposer les relais extérieurs à l’école, tous gratuits, qui sont à sa disposition."

            Je comprend justement son action réitérée comme un appel à l’aide, et il me semble qu’il serait logique de le faire prendre en charge par des personnes spécialisées pour l’aide aux victimes de sévices sexuels, qui pourraient déterminer avec délicatesse et ouverture d’esprit ce qui lui est arrivé.

            Je peux comprendre que vous n’ayez pas envie ou pas la possibilité, mais de grâce accordez à Tony le bénéfice du doute.

            « Donc laissez tomber votre cauchemar, il n’a pas lieu d’être. »

            Je suis surpris de cette injonction, brutale et grossière.

            Que savez-vous de ma vie au juste ?

            Vous comprenez ma vie autant que vous avez compris celle de Tony ?

            Il semble que vous ayez l’habitude d’imposer votre vision sans même essayer de comprendre quoi que ce soit. Envisagez d’autres possibilités avant d’imposer votre vision limitée.


          • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 12 février 2014 01:13

            « Le fait est qu’il continue son alarme, car si c’était une alarme avant pourquoi ne serait-ce plus une alarme après ? »
            Voilà une bonne question. Cela ne peut plus être une alarme après car, après son passage à l’acte, Tony a, selon la formulation classique « été entendu ».
            Dès lors, il est sûr que ce n’est plus une alarme. Si le comportement prédateur continue, force est de supposer une autre cause. La possibilité que le comportement soit une pure recherche d’excitants et de satisfactions diverses apparaît l’hypothèse la plus probable.

            Quoi qu’il en soit, contrairement à ce que vous affirmez, il y a tout lieu de supposer que Tony a été pris en charge comme il se doit vu que tout professionnel du domaine sait bel et bien que la première hypothèse explicative du passage à l’acte pourrait être le fait d’avoir été soi-même victime de violences sexuelles. La « cause » de l’apparition de ces troubles est la première chose que l’on va chercher et il y a tout lieu de penser que le placement n’est pas étranger à cela.

            Désolé que vous l’ayez mal pris mais j’ai parlé de cauchemar comme j’aurais pu dire « fixation ». Je ne faisais donc aucunement référence à votre vie, je ne vois pas pourquoi je l’aurais fait.
            Ce que je constate c’est que vous prenez votre interprétation pour la réalité et vous vous étonnez que tout le monde n’ait pas des actes en conformité avec votre vision victimaire de Tony.
            Il est fort possible que Tony ait été une victime. Mais il est sûr qu’il a été « entendu ». Dès lors le comportement prédateur qu’il a eu à l’école ne pouvait être une alarme, il était une conséquence, une séquelle qu’il fallait l’aider à dépasser. C’est ce qui a été fait.
            Vous me pardonnerez mais je pense être allé au bout des explications que je pouvais vous fournir, je n’irai donc pas plus loin.


          • ObjectifObjectif 12 février 2014 10:11

            Pour devenir psychologue dans une école, avez-vous eu une formation sur le domaine bien spécifique des enfants victimes de viols et incestes ?



          • ObjectifObjectif 14 février 2014 10:49

            Et un autre texte expliquant le ressenti d’une victime par rapport à des « experts » expliquant qu’il faut juste « bien » se comporter, « tout va bien madame la marquise » :

            http://mk-polis2.eklablog.com/ma-vie-en-pieces-detachees-victime-d-inceste-et-de-la-theorie-du-syndr-a106477488

            Elle a eu de la chance, elle a décidé de devenir experte et a réussi.

            Quel rôle avez-vous décidé de jouer par rapport à la victime ?

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