Conflans Sainte-Honorine : l’assassinat et la rhétorique
Conflans Sainte-Honorine : l’assassinat et la rhétorique.
On ne se préoccupe vraiment de ce que fait la nébuleuse politico religieuse qui se réclame de l’Islam ( les « Islamistes-politiques », Salafistes, Frères Musulmans, Wahhabites, … ) , qu’à l’occasion des assassinats commis par certains de leurs adeptes.
Cependant, si l’on replace ces assassinats dans le contexte, ces derniers arrivent en bout de chaîne des préceptes et préconisations de la mouvance, qui sont déjà largement pratiqués et respectés au sein de la population : femmes voilées, contestation d’enseignements, traitement séparé des femmes à l’hôpital ou dans les piscines, endoctrinement par un système d’enseignement concurrent de l’enseignement public des enfants dans des officines coraniques, activités d’associations diverses, conducteurs de bus auxquels on confie un véhicule qui ne vient pas d’être conduit par une femme, discours de nombre d’imams, …
Les incantations (1) contre les assassins ne règlent donc pas la question. Surtout qu’il est difficile d’empêcher, et même de prévoir à coup sûr, qu’un individu isolé ou en bande, puisse matériellement commettre de tels forfaits, en ayant qui plus est le sentiment de bien faire ; puisque d’après ce qui lui a été mis dans la tête, il le fait au nom de Dieu, et pour son propre salut.
La question est de savoir 1. si l’on veut « contrer » le développement d’un mouvement qui prône et organise progressivement l’avènement d’une autre société et 2. si l’on choisit de remonter le temps, pour revenir à l’époque où personne ne dérangeait au nom de l’Islam et où aucune mouvance n’avait en tête de programmer l’installation d’une autre société.
Si la réponse est positive, il ne faut plus se contenter de penser que les mots auraient une efficacité magique (2).
Il faut mettre en place un dispositif d’éradication de la maladie qui attaque les fondements mêmes de l’Etat C’est à dire interdire et sanctionner toute mise en œuvre de la doctrine politico-religieuse en question.
Evidemment dira-t-on, cela va porter atteinte aux libertés. Evidemment si l’on prend une mesure qui vise à interdire, à ceux qui se réclament de « leur » Islam, d’adopter telle tenue vestimentaire dont le port est prescrit par certains religieux, les bonnes sœurs chrétiennes ne pourront plus porter de coiffe. Certains Juifs devront sortir dans la rue sans kippa, tablier, costume noir et chapeau. Et les moines bouddhistes devront changer la couleur et la forme de leurs vêtements. Et alors ? ça n’empêchera pas de croire, ni de prier chez soi ou dans un édifice cultuel … Surtout que la loi ( v. ci-dessous) , peut prévoir des dérogations.
Il faut oser (3) et laisser dire. Et empêcher ( en mettant les interdits dans la constitution) que les juges ne soient obligés de manier ( quand ils ne le font pas de leur propre chef) le principe de liberté (en faveur de minorités qui le combattent) contre la conservation de la liberté (dans l’ensemble de la société) . Liberté qui n’est, par les temps actuels, menacée, ni par les chrétiens, ni par les Juifs, ni par les Bouddhistes, … ni par les « autres » Musulmans.
Il nous paraît que l’on peut s’inspirer de la technique imaginée par les Républicains qui voulaient combattre l’emprise que les Jésuites avaient dans leurs écoles - (prestigieuses qui accueillaient l’élite et la formatait aux conceptions anti républicaines- sur le cerveaux des jeunes : Dans la loi de 1901 sur les associations, les Républicains ont proclamé la liberté de constitution des associations sauf pour les associations étrangères, et sauf pour les congrégations ( les écoles des jésuites étaient gérées par des congrégations). Il suffisait de refuser ensuite la création de telle de ces associations, pour saborder l’enseignement confessionnel anti républicain.
Si aujourd’hui, on précise dans la constitution (4) que la laïcité implique la neutralité dans les espaces ouverts au public et qu’il ne peut être dérogé que par la loi, et si l’on fait tomber sous le coup de la loi pénale les violations ( ou l’exhortation à la violation) de ce principe, on peut espérer perturber la tranquille progression dans les comportements et dans les esprits, des prescriptions censément tirées - au moins par ceux qui voient les choses ainsi - de la Charia.
Evidemment, tant qu’on ne sait pas comment les individus, les juges ( 5 ) , les décideurs nationaux et locaux (6) , mettront en œuvre le texte, on ne saurait doter – comme on a l’habitude de le faire - ledit texte ( et les lois prises pour son application) de vertus magiques.
Mais il est certain qu’on ne peut pas traiter l’installation progressive d’une société politico-religieuse, avec des textes qui ont été conçus à une autre époque dans un contexte qui a disparu. Et que l’on ne saurait continuer à appliquer de la même manière ces textes à des individus et des organismes qui se comportent aujourd’hui de manière très active en fonction d’idéologies hostiles
Marcel-M. MONIN
m. de conf. hon. des universités
(1) On signalera au passage, qu’à l’occasion de l’assassinat de l’enseignant du lycée de Conflans Sainte-Honorine, le président de la République a utilisé la même technique de communication que lors de la crise du virus : il énonça et déplora des faits que … chacun peut constater et déplorer ( et dont l’existence s’explique également par des carences depuis sa prise de fonctions) ; et il annonça qu’il allait faire ce qu’il faut… Sans préciser ce qui sera fait. Lors du développement du virus, le président de la République dévoila aux Français … ce que ces derniers ressentaient : « Ca ne peut plus continuer comme avant ». Mais dès le lendemain on apprenait que le système de financement de l’Etat par des prêts privés continuerait, que les mesures qui auraient fait sortir les hôpitaux publics du processus de transformation entrepris en application des règles de Maastricht ne seraient pas prises, etc…
A cet égard, l’analyse des traités de Maastricht, de Marrakech ( OMC) révèle, chez les rédacteurs, chez ceux qui les ont signés et ratifiés, et chez les membres de l’élite qui les met en application consciencieusement -qui (ce sont les mêmes), appellent par ailleurs de leurs vœux un « gouvernement mondial »- l’existence d’ une adhésion à une vision de la société peu démocratique elle aussi. Puisque les rênes de l’Etat sont abandonnées aux financiers (qui créent la monnaie). Et que l’Etat, quand les textes des traités n’ont pas déjà décidé une fois pour toutes à la place des institutions nationales, doit à travailler à sa propre neutralisation. Ce qui prive les citoyens d’avoir à utiliser leur bulletin de vote sur ce que détermine leur mode de vie. Si les islamistes avaient dans leurs cartons une stratégie de réinstallation de l’Etat dans ses fonctions régulatrices, dans l’intérêt du niveau de vie du peuple, il faut se demander si les élites « maastrichiennes » et « mondialistes » ne seraient d’aventure pas plus toniques à l’encontre des doctrines ( et des pratiques) des élites salafistes.
(2) voir le texte idéal typique à cet égard de la proposition de loi constitutionnelle visant à « garantir » (sic) la prééminence des lois de la République, adoptée le 19 octobre 2020 par le Sénat .
(3) Dans ce registre, on n’ose pas penser, alors que le président de la République, donne, au moins derrière un micro, des leçons de comportement à des dirigeants étrangers, à la technique Poutine. Quand ce chef d’Etat répondait ( en 2014) à la l’existence potentielle d’une menace d’attentats à Sotchi, développée par le prince Bandar (v. sur internet) Mais sans aller aussi loin, rien n’empêche de prédire un sort funeste, juste à quelques membres des élites étrangères porteurs de l’idéologie en question, si des attentats se renouvelaient. Et les en avertir (c’est également cela l’amitié). La liquidation de certaines personnes par un service « action » serait naturellement choquante. Mais, à y regarder d’un oeil cynique , pas plus que les assassinats de personnalités politiques qui oeuvraient de leur vivant contre des intérêts économiques extérieurs et pour le bien être de leurs peuples. Pas plus non plus, que les assassinats commis par leurs adeptes.
(4) Dans l’état actuel de la jurisprudence, les juges français n’acceptent pas de discuter du bien fondé de règles figurant dans la constitution. Ce qui figure dans la constitution n’est en revanche pas pris en compte par des institutions non françaises par le jeu de traités. Là encore, la solution technique est simple : on sort, au moins partiellement, du champ d’application du traité.
(5) S’agissant des juges, et pour ne citer qu’un exemple, on citera la jurisprudence Kerrouaa (1992). Dans laquelle le Conseil d’Etat réussit le tour de force de faire primer le texte d’une loi traitant du fonctionnement des établissements scolaires sur le principe « constitutionnel » de la laïcité, et décida ce faisant que le règlement intérieur d’un lycée qui interdisait le port du voile dans l’enceinte scolaire était illégal.
(6) Dans le milieu enseignant, où on n’aime pas toujours les vagues et où l’on sait fabriquer les argumentaires pour justifier ce qu’on fait ou ce qu’on ne fait pas, on rappellera la directive des années 2005, des dirigeants de l’université de Nanterre. Lesquels prescrivaient que le contrôle de l’identité des étudiantes voilées lors des examens, devait être assuré par des femmes en dehors de la présence des autres étudiants (sic) . http://www.forumamislo.net/viewtopic.php?t=14019&p=152090
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