Conflit Russie-Ukraine : Joe Biden abat la carte misant l’escalade militaire et nucléaire
Les Etats-Unis durcissent leur approche du conflit en Ukraine comme dans une partie de poker se déroulant dans un saloon à l’époque du Far West où les joueurs étaient armés que de pistolets à poudre noire et non pas de missiles équipés de têtes nucléaires. Le temps passe, la démesure, la fébrilité, de l’esprit yankee reste. Auparavant, l'administration Biden visait à donner à Kiev une position la plus forte possible pour obliger la Russie à négocier. Maintenant, la Maison Blanche insiste sur la victoire de Kiev et le retour de tous les territoires ukrainiens. Les Etats-Unis déposent maintenant la carte du tout ou rien misant sur l’existence d’un bluff russe.
L’Otan joue la carte de l’escalade militaire. « Les questions clés sont désormais les suivantes : la fin de partie de l'alliance a-t-elle changé et les objectifs militaires sont-ils devenus plus ambitieux ? », se demande The Times qui trouve sa réponse en relayant les propos d'un haut responsable de l'administration présidentielle américaine de Joe Biden qui indique que les dirigeants américains modifient leur approche de la situation en Ukraine. Maintenant, Washington espère que Kiev gagnera le conflit sur la Russie et regagnera tous les territoires perdus.
Les Etats-Unis considèrent que la Russie bluffe. Selon le quotidien britannique, le point de bascule poussant les Etats-Unis à prendre le risque de monter les tensions a été prise avec « la déclaration du président [russe Vladimir] Poutine au cours du week-end dernier selon laquelle il proposait de déployer des armes nucléaires tactiques à lancement aérien en Biélorussie ». « Malgré les menaces nucléaires alarmantes de Moscou, l'Otan est devenue plus audacieuse. Le seuil d'escalade a été considérablement relevé, suggérant que Washington est prêt à répondre au bluff de Poutine », rapporte The Times. Les Etats-Unis restent au niveau d’un jeu de poker où un joueur bluffe. « Minsk assure que cette décision, qui marque l'un des avertissements les plus fermes adressés par Moscou aux Occidentaux sur le nucléaire, ne contrevient pas aux accords internationaux de non-prolifération », souligne La Tribune.
Tout comme le quotidien économique français, Observateur Continental informe que Vladimir Poutine a expliqué sa décision de placer des armes nucléaires tactiques en Biélorussie par le fait que les Etats-Unis ont stationné des armes nucléaires dans d'autres pays pendant des années. « On savait déjà que la Russie progressait vers l'adoption d'un accord type Otan avec le Bélarus (...). Il n'y a rien de nouveau », justifie La Tribune. « [Vladimir] Poutine a raison de dire que le partage nucléaire avec la Biélorussie a un large précédent dans le contexte de l'Otan », a tweeté Dr Jeffrey Lewis, expert américain en non-prolifération nucléaire.
La Russie ne bluffe pas. Le quotidien allemand, le Frankfurter Allgemeine Zeitung, rajoute, tout comme Observateur Continental que « la Russie a déjà équipé dix avions de combat de l'armée de l'air biélorusse afin qu'ils puissent transporter de telles armes. En outre, la Biélorussie a reçu un complexe de missiles Iskander qui peut également être porteur », et, « à partir du 3 avril, la Russie formera les équipages biélorusses et, d'ici le 1er juillet, la construction d'une installation spéciale de stockage pour les armes nucléaires tactiques en Biélorussie sera achevée ».
Observateur Continental faisait savoir que « Moscou dispose d'un grand arsenal d'armes nucléaires, de missiles de courte portée Iskander-M » et que « les militaires américains déployés à travers le monde ne se sentent plus en sécurité » car « les analystes du Centre des évaluations stratégiques et budgétaires (CSBA) affirment que les bases américaines à l'étranger sont extrêmement vulnérables aux attaques ». En outre, « les moyens antiaériens à disposition des Etats-Unis ne suffiront pas pour parer une attaque de la Chine ou de la Russie ». Le CSBA avertit que la Russie possède « un large éventail de missiles de croisière terrestres, navals et aériens » et « Washington éprouve des craintes particulières quant aux nouveaux systèmes offensifs hypersoniques russes ».
54 pays avec les Etats-Unis contre la Russie. The Times a listé l’aide militaire des Etats-Unis en Ukraine : « Plus de 32 milliards de dollars d'armes ont été fournis par les seuls Etats-Unis depuis le 24 février de l'année dernière. Le plus puissant était le système de roquettes d'artillerie à haute mobilité (Himars), qui doublait la portée pour bombarder les cibles russes. La coalition de 54 pays dominée par les Etats-Unis a livré ou promis plus de 100 chars et autres véhicules blindés, 800 obusiers, 50 systèmes avancés de lance-roquettes multiples et deux millions d'obus d'artillerie ».
La ARD a annoncé au début de cette semaine que « les forces armées ukrainiennes ont reçu 18 chars de combat principaux Leopard2 modernes d'Allemagne pour repousser l'attaque russe contre leur pays ». Ces Leopard2 ont été envoyés en Ukraine avec leurs équipages ukrainiens dont la formation a pris fin ce mois de mars en Allemagne.
Les Etats-Unis pour l’envoi de F-16s en Ukraine. Selon The Times citant l’expert américain, « Si les Russes se retiraient, ce serait vécu comme une défaite et ce serait bienvenu. En réalité, cela ne se produira pas [dans un avenir proche] ». Le quotidien britannique assure que « d'ici l'automne, l'armée ukrainienne disposera de chars américains Abrams M1A1 pour accompagner ses Leopard2 allemands et ses Challengers britanniques, ainsi qu'une batterie antimissile Patriot pleinement opérationnelle capable d'abattre des missiles balistiques et de croisière russes ».
The Times dans l’emploi d’un jeu de mots subtiles déclarent que l’Ukraine n’aura pas des F-16s américains mais des F-16s de fabrication américaine appartenant à d’autres pays de l’Otan, nécessitant l’accord des Etats-Unis, ce qui, traduit en français, signifie que les Etats-Unis envoient par des proxies leurs F-16s en Ukraine misant sur l’escalade inévitable du conflit : « L'armée de l'air ukrainienne n'aura pas de F-16s américains car Washington craint toujours de franchir la ligne d'escalade. Mais, il y aura plus de MiG-29 envoyés par la Pologne et la Slovaquie et peut-être que les Etats-Unis autoriseront d'autres membres de l'Otan à fournir des F-16s. Cela n'a pas encore été décidé ».
En somme, les Etats-Unis ne craignent pas la ligne d’escalade et se comportent comme des cowboys dans un saloon à l’époque du Far West. Joe Biden, qui n’arrive plus à monter un escalier, est prêt à appuyer sur la queue de détente. Est-ce que les 54 pays soutenant les Etats-Unis, dont la France, et les conseillers du président des Etats-Unis vont le laisser faire ?
Olivier Renault
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