Une vedette : le Maire. Et des acteurs secondaires, des jeunes espoirs de la politique, des figurants.
Depuis un an, les élu.es municipaux sont en scène. A part la grande première, une présentation générale, le public boude les séances municipales. Constat après un an de mandat.
De grandes nappes blanches sur les tables, une estrade et des fleurs, et même une photographe. C’est un dimanche après-midi. La salle des fêtes est noire de monde. Aux premières loges, des privilégié.es ; ils et elles ont reçu une invitation personnelle déposée dans leur boîte aux lettres ; ils et elles ont une place à table. Les autres invités sont assis, plus loin. Le maître de cérémonie prend la parole ; le maître qui devient maire ! Mars 2008 : premier conseil municipal suite aux élections.
C’était il y a un an. Depuis les représentations se succèdent. Une séance mensuelle où se retrouvent les acteurs et actrices de la vie politique locale. 43 personnes sur la scène… ou sur la sellette. Une seule vedette : le Maire. C’est lui qui ouvre la séance. Il s’assure que toute la troupe est bien là, c’est l’appel nominal. Ensuite, c’est un bref débriefing du conseil précédent. Toutes les prises de parole ont été consignées dans un compte rendu intégral.
Théâtre d’opposition… et d’improvisation
Puis commence la pièce en elle-même ! Le Maire présente les délibérations ; les conseiller.ères donnent la réplique. Certaines prises de parole sont préparées : une tirade longue, lue mot à mot. D’autres interventions sont spontanées, du tac au tac. Ces joutes orales résultent de divergences entre Majorité et Opposition. Du théâtre d’opposition au théâtre d’improvisation ! Ne se livrent à ces échanges verbaux, vifs quelquefois, seulement ceux qui font de la politique depuis longtemps. Des professionnels ! Ce sont les acteurs principaux. Ils se comptent sur les doigts de la main. Tout laisse à croire qu’ils rêvent de jouer dans une autre assemblée ; une assemblée nationale par exemple. L es autres élu.es sont de simples figurants. Indispensable, cette figuration ; c’est une question de quorum.
Tentative d’une conseillère d’opposition, pleine de bonne volonté en début de mandat.
Elle demande la parole : qu’est-ce qu’elle veut celle-là ? Regard désapprobateurs des conseiller.ères de la Majorité ( et de ses collègues d’opposition).
Elle commence à s’exprimer : on n’entend pas, parler plus fort…
Elle respire, répète son texte, appris par cœur, sur un sujet qui lui tient à cœur… et c’est un chœur de murmures. Hostiles !
La prochaine fois, elle la jouera « comique ». Juste une question de registre ! Comme le registre qui passe le long des tables. A signer. Que d’autographes ! Et pas d’admirateurs !
Le public jamais content !
Côté public, les rangs sont plutôt clairsemés. Que des habitué.es, environ une dizaine. Pourtant, la séance se tient presque chaque dernier mercredi du mois ; le journal de la ville annonce la date ; l’affichage sur tous les panneaux municipaux détaille le programme. Programme encore appelé Ordre du jour. L’ODJ, pour les intimes. « Lo DJ », ne serait-ce pas plus porteur sur le plan communication. Ou encore, faudrait-il écrire sur les affiches « Spectacle gratuit », « Entrée libre »… et « Déconseillé aux enfants » bien que la représentation prenne parfois une tournure guignolesque.
Une question reste en suspens. Le Maire, producteur, réalisateur et metteur en scène de ces représentations souhaite-t-il plus de spectateurs ? Paradoxe du théâtre municipal ! Lorsque le public est là, et c’est arrivé deux fois en l’espace d’un an, exception faite de la première séance, c’est parce que les habitants ne sont pas contents. Ils viennent en signe de protestation ! Et c’est seulement à cette occasion que la Presse en parle. Une contre-publicité ?
Une chose est sûre : un an après les élections, les acteurs et les actrices semblent fatigué.es.
Et moi, j’y suis, j’y reste. Une erreur de casting ! Un an après les élections, je me pose cette question : un conseil municipal, à quoi ça sert ?