Constat de Politiques de la ville désorientées
7 janvier 2015 ; les fondements de la République que sont la liberté de penser et d'expression ont été clairement fissurés. Comment en est-on arrivé à ce que des illustrateurs symboles de la libre-expression républicaine (soit-elle appréciée ou non) soient mis à mort par une jeunesse française ?
Depuis les années 80, les gouvernements successifs ont enchainé les dispositifs qui devaient guérir nos banlieues 1.
30 années de lois, contrats, dispositifs, pactes, plans, zonages, pour … ce triste état d'urgence. 3 décennies d'une gouvernance qui semble avoir été à la traine d'un monde dont ils avaient oublié l'évolution et la mutation permanente avec une mondialisation galopante dopée, entre autre, par l'outil internet et des équilibres géopolitiques en complète réorganisation. Pourtant nos banlieues sont toujours plus malades et toujours plus contagieuses.
Courir après les maux a, certes, probablement minimisé les effets néfastes du terrorisme intellectuel2 et physique mais n'a jamais apporté les réponses aux problèmes fondamentaux qui les génèrent. Des réponses en partie réparatrices ont été apportées … les remèdes profonds ont, eux, été négligés.
Et si l'offensive primordiale, l'offensive éducative avait été grandement sous-estimée !
Les législateurs ont rempli une part de la mission collective. Certes, perfectible ou parfois en décalage avec certaines réalités mais l'essentiel de l'échec est-il là ?
Par contre, dans les mises en œuvre sur les territoires, les élus locaux ne se sont-ils pas trop cachés derrière ces dispositifs récurrents ? Ont-ils vraiment mesuré l'enjeu de la chose ? N'ont-ils pas eu, pour beaucoup, une lecture étroitement contractuelle ou financière de ces plans ?
Et si le réel enjeu avait été celui d'une éducation locale3, pragmatique4, durable5 et transversale6 ?
Et si, au delà, de dispositifs « palliatifs » avaient été oubliés les « Essentiels » à une bonne santé sociale des jeunesses de nos villes et nos campagnes7 ?
Hélas, ce n'est pas par des délégations à quelques acteurs associatifs que les exécutifs locaux peuvent satisfaire leurs obligations de moyens ; ce n'est pas par un plan prédominant de rénovation urbaine, de développement économique ou de sécurité que l'on réveille les valeurs humaines8 ; ce n'est pas en ciblant quelques populations pré-repérées sur des temps trop circonscrits que l'on couvre le « Grand chantier éducatif et social » nécessaire à un épanouissement durable des populations. Une politique de la ville ne peut atteindre ses objectifs que si l'Humain est affirmé comme centre de gravité de l'action.
Espérons qu'un jour, dans la plupart des collectivités, l'éducation à l'identité et à l'existence citoyenne9 soit positionnée comme pilier central de la politique de la ville. Rêvons d'élus locaux qui osent mettre en œuvre de vraies politiques sociales, éducatives, culturelles et sportives à la hauteur des enjeux et non plus en saupoudrage de confort. Osons se convaincre que cela est bien plus une histoire de volonté politique et collective que de moyens.
Patrice LORTHIOIS
11992 – plan pour les banlieues – 1994 : Contrats de ville – 1996 : zones urbaines sensibles - 1999 : nouveaux contrats de ville ; programme de rénovation urbaine – 2000 : loi SRU - 2003 : programme national de rénovation urbaine – 2005 : loi de programmation pour la cohésion sociale – 2006 : loi pour l'égalité des chances – 2007 : Contrat urbain de cohésion sociale – 2008 : plan banlieues – 2014 : la loi de programmation pour la Ville et la cohésion urbaine
2Le terrorisme intellectuel est la pratique qui, au moyen d'arguments et de procédés intellectuels (publication, interventions médias, etc.), vise à intimider pour empêcher la formulation d'idées gênantes (que les idées visées soient fausses, vraies, ou discutables). On parle aussi de police de la parole ou de la pensée. « Le terrorisme intellectuel est une mécanique totalitaire. Pratiquant l'injure, l'anathème, le mensonge, l'amalgame, le procès d'intention et la chasse aux sorcières, il fait obstacle a tout vrai débat sur les questions essentielles qui engagent l'avenir ». Jean SEVILLIA
3Car l'éducation humaine inclut des compétences et des éléments culturels caractéristiques du lieu géographique et de la période historique.
4Précision que le terme désigne parfois un mouvement de pensée selon lequel n'est vrai que ce qui a des conséquences réelles.Par pragmatisme on entend la simple capacité à s’adapter aux contraintes de la réalité ou encore l’idée selon laquelle l’intelligence a pour fin la capacité d'agir, et non la connaissance (par procuration des publics et problématiques).
5L'effet éducatif ne peut s'entendre que sur un temps nécessaire à l'appropriation et l'intégration des …..
6En référence à une éducation déclinée en valeur identique et en interaction sur tous les temps de vie de l'enfant et du jeune : scolaire, périscolaire, extrascolaire et familial.
7L'espace urbain n'est pas une entité unique et autonome ; il côtoie et doit la spécificité de son identité par son positionnement et les spécificités de ses espaces voisins (suburbains, périurbain et ruraux).
8En référence aux six valeurs humaines telles que définie par Martin Seligman et Christopher Peterson en 2003 : forces cognitives, émotionnelles, interpersonnelles, sociales, tempérance, sens de la vie.
9En référence à la reconnaissance de ce qu'est l'individu par lui-même ou par les autres et de la place qu'il peut et veux prendre au sein de la cité.
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