Contes et légendes libérales

Le bestiaire politique de la droite foisonne de chimères malfaisantes : Etat, impôt, service public, protection sociale, 35 heures, fonctionnaires, chômeurs, immigrés… Comme pour les peurs ancestrales qui charriaient avec elles d’innombrables fantasmes, ces calamités drainent des fables qui se transmettent de père RPR en fils UMP, de journal télévisé de TF1 en pauses café, de marchés aux légumes en salles de marché.

Voici un recueil incomplet des idées reçues les plus courues : « les salariés français ne travaillent pas assez, déclinable à souhait en les salariés/les fonctionnaires/les chômeurs sont des fainéants, il faut travailler plus pour gagner plus, les 35 heures ont dévalorisé la valeur travail, le Code du travail est trop rigide, en France on est toujours en grève, les entreprises sont asphyxiées par les charges, on paie trop d’impôt, accompagné de son fumeux "trop d’impôt tue l’impôt", moi je paie des impôts alors que la moitié des Français n’en paie pas, l’ISF fait fuir les riches, il coûte plus qu’il ne rapporte, les droits de succession sont spoliateurs et frappent tout le monde, l’héritage est le fruit du travail, le bouclier fiscal profite surtout aux foyers modestes, la gauche est dispendieuse et la droite rigoureuse, l’éducation n’est pas une question de moyens, il y a trop d’immigrés, ils font beaucoup d’enfants et ils coûtent à la collectivité, la justice française est laxiste ».
Aucune de ces idées reçues ne résiste à un examen rationnel, si tant est que l’on se donne la peine de fouiller un peu dans les chiffres, ce que ne font malheureusement pas assez une bonne partie des « journalistes ».

Face à un monde et à des problèmes complexes sans réponse simple, il est plus aisé de trouver des coupables désignés et des réponses faciles, et plus vendeurs aussi : ces idées reçues ont fini par s’immiscer dans l’esprit des gens, avides de fautifs déclarés pour calmer leurs peurs ou leurs frustrations. Elles ne sont pas simplement colportées par la rumeur populaire ou par des médias passifs ou complices. Elles sont alimentées par des hommes politiques bonimenteurs, adeptes du profit électoral immédiat, et par des prétendus économistes nourris au néolibéralisme anglo-saxon, adeptes du profit financier immédiat ; aussi vides sur le fond qu’efficaces sur la forme, comme tout bon slogan démagogique, elles ont fini par construire de toutes pièces l’idéologie en place, et consacrer un bateleur en chef.

« Approchez, approchez braves gens, votez pour moi et je vais remettre de l’ordre dans la maison. Avec moi fini les profiteurs, le peuple paresseux va se remettre au travail, et l’Etat, ce voleur, va vous rendre votre argent. Voici mon programme : plus de travail, moins de charges, moins d’impôt, plus d’héritage, plus de répression, plus de religion, moins d’Etat, moins de Code du travail, moins d’immigrés ».
Une recette vieille comme la droite, qui sert évidemment les intérêts d’une minorité, riches et possédants, mais, comble du cynisme, vendue sous des couverts d’intérêt général et de modernité par tous les VRP illusionnistes du gouvernement et du Medef.

Le tour de force est là, dans l’inversion incroyable des valeurs : les constructions les plus élaborées des sociétés évoluées, les protections sociales, le contrat de travail, les congés, l’impôt, la régulation du marché, la répartition des richesses, la solidarité, l’égalité républicaine, la laïcité sont présentés comme rétrogrades et archaïques, à l’inverse des régressions en cours vendues comme des réformes modernes.

Dans les contes, les menteurs et les méchants finissent généralement par payer et les autres par vivre heureux. Dans cette mauvaise fable, c’est l’inverse.

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10 réactions à cet article

Adolph Morice 16 septembre 2008 11:26

@ l’auteur

"Aucune de ces idées reçues ne résiste à un examen rationnel"

Vraiment ? Et pouvez vous nous faire part de votre "examen rationnel" sur chacune d’entre elles ? Car je pense que certaines sont très justifiées !

« Approchez-approchez braves gens, votez pour moi et je vais remettre de l’ordre dans la maison. Avec moi fini les profiteurs, ...... ».
"Une recette vieille comme la droite"

Reveillez vous ! Gauche et droite c’est pareil !

La mere segolene vous proposait exactement la meme chose : " votez pour moi et tout ira mieux, je vais doubler le nombre de fonctionnaires, supprimer la police, ouvrir les frontieres à l’immigration , vive l’europe et la mondialisation, vive la chine ,on va fleurir les cités, donner des prets de 10000 euros aux jeunes garantis par l’etat, mort aux riches (sauf moi), transformons les usines en centres de R&D ..."

Je ne defend pas la droite, je vous dit juste : la gauche c’est AUSSI les mechants.

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- Tintin 16 septembre 2008 12:53
  
  Faut arretez avec les gentils et les méchants, laissons ces conceptions foireuses aux bisounours qui sont incapables de voir la politique autrement qu’avec les oeillères droite et gauche.
  
  La question politique n’est pas quoi faire, mais comment faire.
  
  Comment aider les gens dans la merde, comment comment rendre l’Etat performant, comment trouver le juste équilibre entre sécurité et liberté.
  
  Quand on pose la question de cette facon, on obtient tout de suite beaucoup moins de réponses, les bisounours ferment spontanément leur gueule d’habitude si grande ouverte pour désigner des coupables (les riches, les fonctionnaires, les actionnaires, les chomeurs, etc..).
  
  Comme dirait Domenech, heureusement que la guillotine n’existe plus.
  
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- Vilain petit canard 16 septembre 2008 11:50
  
  Il démarre bien, votre article, mais on aurait aimé quelques démontages de ces fables ... On dirait qu’il manque la moitié du texte.
  
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  - Vincent Marot 16 septembre 2008 12:35
    
    Ce sera dans un tome 2 des Contes et légendes libérales, d’ici peu.
    
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  - Le péripate 16 septembre 2008 12:47
    
    Excellent ! Pour faire pendant, voici quelques exemples de contes et légendes collectivistes : les riches sont des prédateurs, les américains des gros cons, les sionistes des nazis, l’Etat c’est nous, la sécu c’est ce système que le monde entier nous envie, les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres, les salariés sont exploités, c’est une insulte que de proposer du travail à un chômeur, le libéralisme est un fascisme (ou un national-socialisme, c’est selon)...
    Quelle hauteur de vue...
    
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    - sisyphe 16 septembre 2008 13:15
      
      par Le péripate (IP:xxx.x64.142.254) le 16 septembre 2008 à 12H47
      
      Excellent ! Pour faire pendant, voici quelques exemples de contes et légendes collectivistes : les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres, les salariés sont exploités,
      
      Sauf que ça, loin d’être un conte ou une légende, ce sont des FAITS : vérifié et vérifiables sur n’importe quelles statistiques : il suffit de vouloir se renseigner, quoi...
      
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    - ZEN 16 septembre 2008 13:32
      
      Par contre,que Péripate déraille grave, ce n’est pas un conte, hélas !
      
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      - Forest Ent 16 septembre 2008 18:21
        
        Il y a du vrai. Mais il y aussi d’autres actes de foi qui sont, et c’est plus embêtant, partagés par le PS.
        
        La mondialisation et les délocalisations sont inéluctables.
        On n’a pas vraiment besoin d’industrie.
        Toute taxe douanière est mauvaise.
        On ne peut pas réguler les marchés.
        Toute entrave à la circulation des capitaux est mauvaise.
        On ne peut rien faire contre les monopoles et oligopoles privés.
        etc ...
        
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        karg se 16 septembre 2008 22:48
        
        j’ajoute :
        les délocalisations expliquent le chômage
        les délocalisations détruisent l’industrie ^^
        
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        Vilain petit canard 17 septembre 2008 12:46
        
        Et j’ajoute également :
        la crise c’est mondial on n’y peut rien.
        
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