Convergence des luttes : la grande peur des capitalistes
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la prochaine élection présidentielle ne se jouera pas sur le bilan -désastreux- de la gestion épidémique par le gouvernement actuel mais bien sur des questions qu’on aurait aimé voir disparaître du débat public : le racisme, l’immigration, la religion. La technique du bouc-émissaire chargé de faire passer comme secondaire le débat sur le bilan du quinquennat Macron fonctionnne toujours aussi bien : on parle plus des musulmans que du covid !
On en pourrait même craindre qu’à l’occasion des présidentielles (si ce n’est avant) la stigmatisation des musulmans se renforce encore pour monter du cran caractéristique de ce genre de régimes qui s’appuient sur la haine et le harcèlement des minorités, afin que le peuple ne se retourne pas contre le gouvernement, seul et véritable responsable de la situation du pays.
A tel point que cela devient tout simplement insupportable. Alors que les actes anti-musulmans se multiplient en France, on s’aperçoit même bien vite que loin de susciter l’indignation ou la compassion sur les réseaux : en réalité ces manifestations islamophobes semblent même être plutôt soutenues par de nombreux Français. Cette situation est le fruit d’une intense propagande gouvernementale qui depuis des mois tentent de faire monter les tensions, n’hésitant pas à faire passer l’islamophobie pour une défense de la laïcité, ou de la République. C’est pourtant bien ce même régime qu’on nous demandera bientôt de sauvegarder, au nom de la lutte contre ce « pire » qu’il a contribué à dédiaboliser (Hannah Arendt disait pourtant « Politiquement, la faiblesse de l’argument du moindre mal a toujours été que ceux qui choisissent le moindre mal oublient très vite qu’ils ont choisi le mal. ») ; et comble du comble au nom de des valeurs de la France -celles qui sont justement bafouées quotidiennement par ceux-là même qui prétendent les défendre. Toute honte bue, ils sont tellement arrogants et sûrs de leur tactique pour 2022 qu’ils n’essaient même plus de cacher leur mépris des institutions qu’ils dirigent -et salissent, montrant ainsi à quel point elles ont besoin d’être entièrement refondées dans une 6ème République : privilèges ( dîners), mensonges (courbes de Castex), autoritarisme (Macron décide de tout tout seul) mépris( fêtes de Vidal) entre-soi (pentouflage Poirson), ridicule (Pannier-Runacher qui produit les vaccins en France) chasse aux sorcières (islamo-gauchistes partout de Blanquer et Vidal)-, laisser faire (extrême-droiteux agissant en toute quiétude grâce à Darmanin) duperie (vote de lois scélérates et députés godillots LREM), et j’en oublie encore….
En moins d’un quinquennat et avec l’occasion inespérée pour lui et son camp qu’a offert la crise du Covid, Macron aura quasiment fini de détruire la 5ème République et continué de saper tout ce qu’il restait de la démocratie. L’inquiétude est bien sûr qu’il finisse par ne plus vouloir rendre le pouvoir, ou que les lois scélérates votées sous sa mandature servent à un pouvoir au moins aussi dangereux que le sien.
Ici et aujourd’hui c’est donc le musulman, qu’il soit arabe ou noir, qui se trouve être dans le viseur de ce gouvernement. On leur reproche leur séparatisme, leur culture, leur origine, leur comportement. On les soupçonne de soutenir des idées politiques anti-républicaines, de vouloir envahir la France, d’être proches des islamistes- et par extension bien sûr des terroristes. Avec comme soutiens les fameux islamo-gauchistes.
En réalité le pouvoir et ses soutiens craignent par-dessus tout ces fils et petits-fils (et filles bien sûr !) d’immigrés qui sont très éduqués, très intégrés et très au fait des discriminations dont ils sont l’objet. Ils ont fait tout ce qu’on leur a dit de faire, et maintenant ils prennent conscience de l’injustice du sort qui leur a été fait, à eux et leurs anciens. Ils ont compris pourquoi on les laissait dans les ghettos tout en leur reprochant de ne pas s’intégrer, ou en quoi leur lutte contre les discriminations rejoignait les autres luttes sociales (femme, noire et exploitée, en Ehpad ou dans les hôtels, par Uber ou par Amazon), et même pourquoi les gouvernements successifs continuent de ne pas vouloir légaliser le cannabis malgré tous les avantages qui en découleraient pour tout le monde. Ils constatent et dénoncent comment l’Etat préfère maintenir les tensions plutôt que de les apaiser, car cela leur permet justement de les utiliser pour diviser, stigmatiser, surveiller ou réprimer.
Le pouvoir a lui aussi très bien compris qu’aujourd’hui la lutte des classes et la lutte contre les discriminations est le lien de convergence qui pourrait le renverser. La fille (ou le fils) d’immigré représente un danger pour le pouvoir capitaliste et bourgeois car il est au carrefour des discriminations, à l’embranchement des luttes (intersectionnalité). D’ailleurs l’attaque sans comparaison qui se fait pour séparer les deux luttes est une preuve de la peur du pouvoir et de ses affidés. La vieille gauche désormais macroniste -qui ne sait même plus qui elle est- se déchire à grands coups d’islamo-gauchistes, de wokes ou d’indigénistes, sans aucun recul ni aucune réflexion sur ce qui se joue réellement. Saisis pas la peur du « grand remplacement », ils s’autorisent « patriotes » mais se refusent encore à s’assumer racistes… D’où leur agitation trollesque désormais permanente autour de tous ces mots que ces « bien-pensants » utilisent pour faire passer les défenseurs de cette convergence des luttes minoritaires pour des fascistes en puissance.
En réalité leur plus grande frayeur, après s’être rendus compte que tous ces gens qu’ils méprisaient -et continuent pour la plupart de mépriser- c’est que ces gens « qui ne sont rien » commencent à revendiquer les mêmes droits que les autres, abaissant ainsi la valeur de leurs privilèges. Le décalage sans doute provient de ce que la gauche et son paternalisme à relents colonial se trouve mis face à ce qu’il est réellement, et beaucoup ne le supportent pas. A cette occasion je regrette d’ailleurs que les autres minorités stigmatisées -et pourtant il y en a- ne soient pour la plupart pas déclarées solidaires de ce combat des minorités pour l’égalité. La vraie. La polémique sur « l’arabe de service » est exactement la preuve que ces « universalistes » ou « laïcistes » sont d’accord pour le noir ou l’arabe qui amuse la foule avec l’acceptation du rôle qu’on veut bien lui donner, mais beaucoup moins pour celui qui revendique de parler d’égal à égal avec l’Homme blanc sur BFM ou Cnews (comme Anasse Kazib par exemple).
Pourtant l’avenir est là devant nous : tous les réactionnaires racistes ne parviendront jamais à arrêter l’Histoire, car le mélange des cultures et des couleurs est déjà là, comme il est Naturel qu’il soit. La convergence des luttes est en route et plus le pouvoir frappera fort, plus les opprimés se rapprocheront les uns des autres. Le capitalisme étant le responsable ultime de tous les maux dont les peuples souffrent, il sera remplacé qu’on le veuille ou non. A nous de choisir par quoi.
#Résistance #convergencedesluttes
Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr
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