Convoquée pour une mise en examen : Marine Le Pen fait faux bond à une juge d’instruction
Le mardi 16 juillet, Marine Le Pen a refusé de se présenter devant une juge d'instruction à Versailles, pour sa mise en examen. La Présidente du Rassemblement National est accusée d’avoir publié un document judiciaire sur Twitter.
Indignée par l’imposition d’un examen psychiatrique
L’affaire remonte à décembre 2015. Un mois après le souvenir encore vif de la série d’attaque terroriste du vendredi 13 novembre 2015 qui frappait Paris et Saint-Denis, la N°1 de l’extrême droite française Marine Le Pen publie sur tweeter des photos d’exactions du groupe djihadiste avec la légende : « Daesh c’est ça ! ».
Cette réplique, elle l’écrit à l’attention du journaliste Jean-Jacques Bourdin de BFMTV-RMC. L’homme aurait tenu des propos faisant clairement le lien entre l’Etat Islamique et son parti le Front National. Marine Le Pen pense confondre le journaliste en le confrontant à la violence de ses affirmations.
Mais la pilule ne passe pas. Dans le contexte d’une France abattue qui a encore du mal à digérer 130 morts et environ 400 blessés, la publication choque et bouleverse des milliers d’internautes ainsi que toute la classe politique.
Rapidement, les clichés sont signalés par le ministère de l’intérieur. Dans le Nouvelobs le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s’exprime à cet effet : « Ces photos sont de la propagande de Daech et sont à ce titre une abjection, une abomination et une véritable insulte pour toutes les victimes du terrorisme, pour toutes celles et tous ceux qui sont tombés sous le feu et la barbarie de Daech ».
Le même jour, le parquet de Nanterre se saisit de l’affaire et lance une enquête pour « diffusion d'images violentes ». Marine Le Pen est inculpée pour diffusion d’images violentes et risque 3 ans d’emprisonnement, 75000 euros d’amendes.
Aussitôt, le bureau de l'Assemblée nationale lève l’immunité parlementaire de M. Le Pen et la contraint à passer un examen psychiatrique. Une sentence qu’elle juge révoltante et surréelle. Toujours sur tweeter elle se désole : « La liberté d'expression et de dénonciation, qui est consubstantielle au rôle de député, est morte avec cette décision de basse politique politicienne. Mieux vaut être un djihadiste qui rentre de Syrie qu'une députée qui dénonce les abjections de l'EI (…) Pour avoir dénoncé les horreurs de Daech par tweets, la justice me soumet à une expertise psychiatrique ! Jusqu'où vont-ils aller ? »
Cette fois, elle diffuse l’ordonnance de l’examen psychiatrique datée du 11 Septembre émanant du juge qui instruit l’enquête. La demande de cet examen est exigée « dans les plus brefs délais ».
Décision de justice ou stratégie politique ?
Marine Le Pen n’a jamais caché son intention de boycotter la justice sur cette affaire. Dans les médias, elle avait clamé son intention de ne pas se rendre au fameux examen psychiatrique. Les juges s’appuyant sur l'article 227-24 du Code Pénal, maintenaient la sanction contre « le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support un message à caractère violent, incitant au terrorisme, pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine ».
Sur BMTV la Présidente du RN se défendait : « L'article pour lequel on me poursuit est un article qui sert à poursuivre des détraqués sexuels, des pervers, des prédateurs sexuels, des psychopathes ». Solidaire à sa cause Jean-Luc Mélenchon, à la tête de la France insoumise avait dénoncé sur son compte twitter une psychiatrisation de la décision politique : « Ce n’est pas avec des méthodes pareilles qu'on fera reculer l'extrême droite ».
« Je n'ai jamais vu un acharnement judiciaire de cette ampleur »
Marine Le Pen a été convoquée ce mardi 16 juillet 2019 pour un interrogatoire de première comparution, dans le cadre d'une instruction ouverte pour « publication d'actes de procédure pénale avant leur lecture en audience publique ». Elle ne s'est pas présentée, a rapporté son avocat Me Rodolphe Bosselut.
« Elle a excipé de son immunité parlementaire dans un dossier qui porte directement atteinte à la liberté d’expression », a expliqué l’homme de loi à l'AFP. « Je n'ai jamais vu un acharnement judiciaire de cette ampleur », a-t-il ajouté.
Ainsi, la juge d'instruction a désormais une autre alternative : Celle de demander de levée de l’immunité parlementaire de l’accusée, afin de poursuivre le dossier.
Enfin le député RN Gard Gilbert Collard a lui aussi fait l’objet d’une instruction qui a abouti à son renvoi en correctionnelle fin mars, pour la même infraction.
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