COP 21 : La France, un exemple crédible ?
21ème rencontre sur le climat en à peine vingt ans, la COP 21 qui se tiendra à la fin de l'année fait figure de sommet de la dernière chance. La France, organisatrice de l'évènement, entend bien en faire un tournant environnemental et diplomatique et se positionner comme leader de la transition énergétique. Mais en fait-elle vraiment assez ?
« La COP 21 a lieu chez nous en France, nous devons montrer l’exemple »
En tant que pays hôte de la Conférence climat, la France doit montrer l'exemple. C'est en tout cas ce que défend Géraldine Trapp, responsable du congrès Smart Grids Paris. Les différents projets de « smart city » et de « smart grid » qui se développent dans l'Hexagone l'ont propulsé sur le devant de la scène dans le domaine des nouvelles technologies de l'environnement et de l'ingénierie de pointe au service de ces « villes intelligentes ». Et tous les acteurs, publics comme privés, sont mobilisés. Selon Jean-Philippe Clément, responsable de la mission « Ville intelligente et durable » de Paris, les futures smart cities reposent sur trois principes de base : « Nous essayons de développer une vision (…) qui vient mixer trois modèles de villes : la ville numérique et connectée, la ville durable (qui reste l’objectif ultime de nos projets), et la ville dite « ouverte », porteuse de valeurs comme l’innovation, la participation, la transparence et l’éco-système. »
L'organisation de la COP 21 à Paris permettra de faire connaître le potentiel du smart grid et des acteurs français de tous les horizons : acteurs de la filière (ERDF, Alstom, Schneider Electric), académiques et institutionnels (Direction générale de l'énergie et du climat, Direction générale des entreprises) et les nouveaux venus, les acteurs du numérique (Nest, Cisco, Facebook) attirés par ces nouveaux débouchés.
Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie, a elle aussi réaffirmé le souhait de « faire de la France un pays exemplaire ». La loi sur la transition énergétique tombe à pic. Le « projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte » devrait être voté avant la fin de l'année. La mesure phare du projet de loi est bien sûr la réduction du nucléaire dans la production d'électricité française. La baisse de 75 % à 50 % de la part de l’électricité d’origine nucléaire, promise par François Hollande, devrait donc être réalisée à l'horizon 2020. Les autres objectifs clés, dont la réduction de moitié de la consommation d’énergie totale en 2050, avec un palier intermédiaire d’une baisse de 20 % en 2030, ont aussi été réaffirmés. S’il est peu tardif, l'effort n’en reste pas moins réel.
Les pays du Sud rechignent à s'engager
D’autant plus réel et agréable que tous les pays ne semblent pas prêts à faire preuve d'une aussi bonne volonté. L’Inde, par exemple, très gros pollueur (le pays détient le record mondial de décès liés aux maladies respiratoires, devant la Chine et son « airpocalypse »), a annoncé qu'elle ne rendrait publique sa « contribution prévue déterminée au niveau national » (INDC) qu'en octobre, soit à peine deux mois avant le sommet.
Une décision peu surprenantes alors que les gros pollueurs du Sud voient d'un mauvais œil l'imposition de règles contraignantes qui pourraient aller à l'encontre de leur potentiel de croissance. Une preuve supplémentaire que les intérêts économiques et écologiques sont souvent difficilement conciliables. Une impression de déjà-vu puisqu'à Copenhague, les représentants de pays africains avaient quitté la table des négociations lorsque plusieurs pays développés avaient annoncé leur intention de mettre fin au protocole de Kyoto, signé en 1997.
La Chine, l'Inde et le Brésil avaient apporté leur soutien aux contestataires du Sud. En jeu : les retombées financières garanties par le protocole en faveur des pays en voie de développement. Pour les pays riches, de tels avantages étaient obsolètes et injustifiés dans plusieurs cas, comme celui de la Chine dont la croissance a explosé depuis les années 1990. Le géant asiatique ne pouvait donc plus être considéré comme un « pays en voie de développement » au même titre que la plupart des pays africains contestataires.
Le débat avait creusé encore un peu plus le fossé entre les participants, faisant « courir à la catastrophe » le sommet de Copenhague selon le Président de la République de l'époque, Nicolas Sarkozy. La Commission européenne et la Présidence suédoise du Conseil s'étaient également dites « inquiètes de l'absence de progrès ». Le ministre suédois de l'Environnement était allé plus loin en déclarant qu’« il y a deux pays qui représentent la moitié des émissions mondiales (...). Nous attendons toujours de leur part qu'ils relèvent leur niveau d'ambition en termes de réduction d'émissions ».
Les pays du Sud ne sont cependant pas les seuls mauvais élèves. Espagne, Autriche, Japon, mais surtout Australie et Canada, ils sont nombreux à ne pas avoir tenu les engagements du protocole de Kyoto. Pire : le Canada s'était retiré du protocole pour ne pas avoir à payer les amendes prévues en cas de non respect des engagements... Le Congrès américain avait quant à lui tout simplement refusé de ratifier le texte signé par Al Gore, Vice-Président des Etats-Unis à l'époque. Une attitude loin d'être exemplaire pour un pays qui se targue d'être la première puissance mondiale.
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