COP21. Un voeu hors de portée, prioriser la recherche scientifique
Il y a nous semble-t-il tout lieu de penser que même si la COP21 aboutit à un bouquet de bons engagements, la plupart de ceux-ci ne seront pas tenus et que nous retrouverons dans 5 ans avec le même problème à résoudre, sauf que les choses auront empiré depuis.
La raison en est que les énergies vertes sont et resteront largement plus coûteuses que les énergies fossiles. Or dans un monde où les demandes en énergie croitront à la verticale, du fait de la volonté des populations d'élever leur niveau de vie et de consommation d'énergie, peut-être pas au niveau de celui des Etats-Unis, mais de celui des pays européens, le recours aux énergies fossiles sera inévitable, faute de moyens pour généraliser les énergies vertes. S'ajoutera à cela une augmentation incontrôlable de la natalité chez les pays les plus pauvres et les plus peuplés.
Une étude de l'Electric Power Research Institute montre ainsi que du fait du coût du stockage de l'électricité compte tenu des techniques actuelles d'accumulation, le prix d'une électricité produite par les énergies naturelles nécessairement intermittentes (vent et solaire) est 3 fois supérieur à celui de l'électricité produite par des centrales à charbon. Or dans un monde qui reste et restera longtemps régi par la loi du marché et celle du profit, qui acceptera de payer cette différence ?
Subventions publiques
Pour le moment, le coût des politiques de développement des énergies vertes est très largement pris en charge par des subventions publiques. Or ceci ne pourra pas se poursuivre indéfiniment faute de ressources budgétaires face à une demande croissante. Il est estimé que passer aux énergies vertes d'ici 2030, devrait coûter au plan mondial et aux tarifs actuels 100 milliards de milliards d'euros, soit 8% du PIB par an. Aucun budget public, non plus d'ailleurs qu'aucun budget de grandes entreprises, ne sera capable de faire face à de telles dépenses.
Il apparaît évident dans ces conditions que les budgets considérés feraient beaucoup mieux de financer, au moins en partie, des investissements suffisants en Recherche/Développement permettant d' « inventer » des technologies profondément novatrices en matière d'énergies vertes. Comme toujours quand il s'agit de recherches profondément révolutionnaires, il est difficile de dire aujourd'hui quels secteurs les subventions publics devraient contribuer à encourager.
Aujourd'hui, certains domaines sont à peu près connus, bien qu'encore loins de disposer des crédits de recherche/développement nécessaires. On mentionne ainsi de nouvelles générations de cellules photo-voltaïques, de nouvelles générations d'accumulateurs et bien évidemment la généralisation de l'énergie de fusion (nb : fusion et non fission) avec la mise au point de réacteurs de taille abordable.
Comme nos lecteurs le savent, de nombreuses autres solutions sont à l'étude ou envisageables. Mais elles restent trop expérimentales ou non généralisables du fait qu'elles ne font pas appel à des innovations vraiment révolutionnaires. Il faut par ailleurs rappeler qu'une part non négligeable de crédits devra être affectée à des recherches sans perspectives immédiates de résultat, ce que l'on nomme en anglais la « blue sky research ». On estime que les financements de recherches réellement innovantes devraient atteindre 100 milliards d'euros par an, soit 0,15% du PIB mondial, autrement dit des montants véritablement ridicules, non pas dans l'absolu, mais au vu des enjeux. Outre les retombées qu'elles auront inévitablement dans le domaine des énergies vertes, ces recherches pourraient générer d'innombrables brevets et produits utiles par ailleurs.
En fait, le vrai défi ne sera pas scientifique. Il consistera à se détourner d'économies et de régimes politiques principalement consacrés à la recherche de profits immédiats visant de petites minorités de favorisés, à des régimes politiques mettant en priorité le bien commun et l'innovation, notamment par les sciences appliquées et fondamentales. Il y a tout lieu de penser que la question ne sera même pas abordée dans les conclusions de la COP21.
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