Copé, l’homme qui rêve d’être Bayrou

Jean-François Copé a brillamment tenu la contradiction lors du duel avec Bayrou dans l’émission "A vous de juger". Plusieurs coups ont fait mouche. Le président du MoDem, surpris par cette nouvelle tactique médiatique, n’a pas pu à chaque fois se montrer à la hauteur de ses capacités d’orateur.

Jean-François Copé, on le sait, est le coucou qui voudrait faire son nid dans le parti de son ami Nicolas. Il ne manque plus une occasion de mettre de l’animation au sein du groupe UMP pour lancer quelques frondes savamment servies sur un plateau aux médias qui s’en font l’écho. Jean-François Copé voudrait apparaître comme le troisième homme mais la tâche est rude pour ne pas dire impossible puisque, d’une part, Bayrou occupe solidement ce rôle et d’autre part, Jean-François Copé n’a pas créé son propre parti. Sa situation est donc ambiguë ; il s’oppose par coups d’éclats pour assurer sa publicité, mais très vite il doit se ranger aux ordres du chef qui trône à l’Elysée.

Hier soir, le député-maire UMP a cependant réussi à porter quelques coups contre le président du MoDem. Malheureusement, ces coups ne furent pas francs et ils reposèrent sur la simple propagande élyséenne ou les coups de bluff propres à édifier les téléspecteurs hésitants comme l’argument "vous êtes à droite et l’avez toujours été". Ce reproche décoché habilement peut facilement convaincre un indécis mais ne résiste pas à la critique. En effet, peu avant, Arnaud de Montebourg rappelait les points de convergence importants entre le PS et le MoDem (la VIème république notamment). Il était rappelé aussi peu avant les déchirements des socialistes face à l’alternative Bayrou qui montre bien les affinités qui existent aussi entre le MoDem et la gauche modérée.

Copé a su se mettre en valeur de la meilleure façon en évoquant les rares dossiers techniques qu’il connaît : l’audiovisuel (il est président de la commission de réforme dictée par Sarkozy), la gestion de sa ville. A propos de mairie, Copé a adressé à son contradicteur un argument bas et peu constructif, glissant perfidement que, lui, il a la connaissance de la gestion d’une ville (gestion sur laquelle on trouverait à redire...). Jean-François Copé semble avoir saisi l’occasion de cette émission pour, une nouvelle fois, faire sa propre publicité et il n’a rien apporté de constructif, contrairement à François Bayrou qui a reconnu le travail utile du président Sarkozy à la présidence de l’Europe et formulé trois propositions pour la relance de l’économie.

Le discours sarkoziste de Copé, bien rôdé était certes exprimé avec force conviction mais chez un homme qui prétend représenter l’alternative à Sarkozy, un tel par coeur est-il de bon aloi ? Par ailleurs, Jean-François Copé a fait montre d’un certain aveuglement idéologique conforme aux idées de son maître et a affiché son incompréhension totale des enjeux de la réforme de l’audiovisuel et des atteintes à l’indépendance du service public qu’elle entraîne, dangers pourtant perçus par les Français...Un tel homme politique, si peu vigilant sur le respect des libertés et des valeurs du peuple français, pourra-t-il un jour parvenir convaincre jusqu’à creuser une troisième voie ? Il en est pour l’instant très loin !

Et ce n’est pas par de simples mimiques médiatiques, un langage percutant mais servile de perroquet, ni par quelques pitreries dont il est coutumier, qu’il ouvrira une voie utile et durable offrant des choix de société aux électeurs. A propos de choix de société, le rôle majeur qu’il joue actuellement dans la mise en place de la réforme de l’audiovisuel n’augure rien de bon.

Pour conclure, si je dois admettre que François Bayrou s’est laissé quelque peu surprendre par cette bête médiatique qu’est Jean-François Copé, je ne suis nullement inquiet quant à l’avenir du MoDem qui représente une force nationale désormais bien établie dans le paysage politique des Français.