Coup de gueule, coup de menton ; Darmanin et Olivier godillent, Macron va devoir ramer…
Admettons que la sortie –« …je ne vais pas me faire baiser comme ça… »- du Chef d’Etat-Major des Armées (CEMA), le général d’armée Pierre de Villiers, le 11 juillet dernier devant la Commission de la Défense Nationale suite à l’arbitrage budgétaire gouvernemental (réduction des crédits de la Défense Nationale de quelque 850 millions d’€uros) ait été peu orthodoxe dans sa forme, du moins a-t-elle été proférée en "vase clos".
J’insiste sur Défense Nationale alors que dans la logique macronienne, a fortiori pour les hauts fonctionnaires de Bercy et pour Gérald Darmanin, les crédits concernent le ministère "des armées". Jamais depuis le début des années soixante la France n’avait été aussi engagée dans sa défense, dans des opérations extérieures (OPEX) directement en relation avec un danger menaçant notre pays, sa cohésion nationale et ses institutions. Il s’agit bien de sécurité publique, de défense de notre société et de nos entreprises, mais aussi de guerre sur des théâtres d’opérations fort divers dont le moindre n’est pas celui de la cyberguerre…
Il y a d’ailleurs un paradoxe à relever : l’UE, plus exactement la zone euro, demande à la France que son déficit budgétaire ne dépasse pas les 3% de son PIB (au passage : si il y a un numérateur, il y a aussi… le PIB en dénominateur ; ce critère européen de convergence monétaire est tout aussi dépendant de la croissance que de la dépense publique…), cela sans tenir compte de l’engagement budgétaire de notre pays dans la défense des intérêts de notre Europe, plus largement de notre monde occidental et de ses valeurs de démocratie.
À l’habitude, le surcoût des OPEX est compensé par une péréquation interministérielle traduisant en quelque sorte ce qui est de la solidarité nationale. Là, Bercy et Matignon ont été d’une maladresse insigne. Le "coup de gueule" du CEMA se comprend fort bien, lui qui sait quels sont en outre les besoins en équipements et en renouvellement de ceux-ci, pas seulement en termes de matériels et de technologie, mais encore et peut-être surtout en équipements individuels, en ce qui permet à des femmes et à des hommes en opérations, quelles qu’elles soient, même « sentinelle » sur le territoire intérieur, de se sentir en sécurité et d’avoir la vie collective la plus décente possible…
La réaction du président de la République est non seulement disproportionnée, mais telle qu’elle a été formulée publiquement le 13 juillet, je l’ai trouvée insupportable. Et déplacée compte tenu du contexte de la cérémonie au cours de laquelle s’est ainsi exprimé Emmanuel Macron. Réitérée le week-end suivant dans un entretien au JDD.
Libéré des incertitudes de deux campagnes électorales, fort d’une majorité incontestable à l’Assemblée Nationale (même si le taux d’abstention laisse planer chez nombre de commentateurs et d’opposants un sentiment de faible légitimité), Macron peut se lâcher ; comme il peut slalomer entre les portes du « en même temps » et suivre ses prédécesseurs dans les promesses non tenues, les ajustements au coup par coup, la burette d’huile et les tours de vis…
Se lâcher… et sur quel ton ! Voix, mots, regard… Coups de menton pour un coup de gueule ?
D’aucuns prétendent que l’attitude, face à un "cinq étoiles" est gaullienne. N’en rajoutons pas. Et au cas où… souvenons-nous que De Gaulle avait commandé au feu durant la première guerre mondiale et encore, et même brillamment, en 1940 à la tête d’une brigade blindée…
Macron va devoir ramer pour "réparer" les maladresses de Darmanin, l’insuffisance de Mme Florence Parly et faire oublier la sécheresse de ses propos de recadrage.
Les articles foisonnent sur ce sujet : j’en fornis quelques liens :
En annexe, pour avoir une idée du sérieux des auditions de nos têtes galonnées, étoilées même, par la Commission de la défense Nationale, il convient d’aller lire les comptes-rendus de ces auditions. Pour 2017, en ce qui concerne le général Pierre de Villiers, CEMA d’ailleurs reconduit par le nouveau président, E. Macron, voici en lien celle de février 2017 qui montre l’étendue de la connaissance que ce CEMA a à la fois des enjeux, des théâtres d’opérations, des unités et matériels engagés, et des difficultés des hommes et des femmes qui sont sous l’uniforme :
http://www.assemblee-nationale.fr/14/cr-cdef/16-17/c1617028.asp
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