Alors que le nombre de chômeurs ne cesse de croître, que pléthore
d’entreprises mettent la clé sous la porte et qu’un plan de rigueur se
dessine, le réseau public de l’emploi continue d’aborder ses missions en
pratiquant la politique de l’autruche, c’est-à-dire en les poursuivant,
comme si de rien n’était, sans aucune remise en question ou si peu...
Qu’il s’agisse des CIO, des Maisons de l’emploi, des PLIE, du réseau d’information jeunesse, chacun feint d’afficher un optimisme de façade s’agissant de leurs professions de foi respectives, alors que leurs dirigeants et personnels ne peuvent ignorer qu’en coulisse, on se prépare à des coupes claires, lesquelles succèderont aux coupes sombres réalisées depuis trois ans, au nom de la fameuse RGPP, Révision Générale des Politiques Publiques.
Pour l’heure, il semble bien que la ligne de défense soit comme souvent dans ce cas, la protection des salariés en poste d’abord. Sur leurs forums de discussion - fermés aux intrus - il n’est question que d’eux et encore d’eux et rarement des publics auxquels ils sont censés s’adresser, et vis-à-vis desquels ils semblent n’avoir plus rien à dire, ni à faire, que ce qu’ils disent et font depuis qu’ils existent. Autistes ils sont devenus par crainte de perdre eux aussi leur emploi.
Les organigrammes de ces structures sont parlants : trop de postes honorifiques et assez peu de réalisations exemplaires sur le terrain. Un constat qui, forcément, n’a pas échappé à ceux qui, comme les collectivités locales et territoriales, tiennent les cordons de la bourse.
Chacun cherche à préserver son pré carré et, à l’image des Cops, Conseillers d’orientation psychologues, c’est plutôt la question du maintien du statut hautement symbolique de psychologue qui semble les mobiliser plus que le sort des milliers de jeunes en panne d’orientation dont ils ont la charge.
Dans ces établissements qui composent le millefeuille du réseau public de l’orientation et de l’emploi, qu’on le veuille ou non, c’est trop souvent le travail conceptuel qui prend le pas sur le reste, quitte à empiéter sur l’accompagnement du chômeur. Pour autant, on ne peut prétendre qu’elles ne font rien, car elles font. Mais ce qu’elles font impacte-t-il réellement la situation du chômeur, ramenés aux coûts engendrés pour le contribuable ?
Cellules de communication, d’ingénierie, de veille, chargés de mission aux contours peu définis, directions multiples, comités Théodule prennent le pas sur les postes de terrain qui, au demeurant, sont souvent les plus mal lotis, tant en moyens qu’en émoluments. Ainsi, l’efficacité des Maisons de l’emploi est qualifiée d’inégale. Certaines ronronnent quand d’autres déploient des paquets d’astuces pour secouer le cocotier.
Il est vrai que les collectivités ont toujours cherché à reclasser leurs serviteurs zélés, ceux de la politique notamment, et que ces « maisons » sont une aubaine pour le faire sans craindre de déclencher l’ire de leurs concitoyens.
Au fond, ce qui transparaît, c’est que face à l’ampleur du chômage, le seul domaine sur lequel il est encore possible d’agir est celui de la file d’attente. Pour cela, il faudrait un dispositif d’ampleur pour orienter, former et reconvertir efficacement tous ceux qui en ont réellement besoin, en espérant un rebond économique. Mais là encore, les promesses sont loin d’être tenues et les annonces de François Fillon ne sont pas de nature à rassurer.
Alors qu’on déplore le manque d’ascensoristes, de poseurs de panneaux solaires qualifiés, rien ou si peu n’a été entrepris pour remédier à cette situation. Une situation qui, au final, profite autant aux travailleurs polonais et roumains qu’aux entreprises trop heureuses d’échapper à la critique, en s’offrant une main d’oeuvre à bas coût.
Il suffit de voir aujourd’hui Pôle emploi désarmé face aux bataillons de chômeurs pour comprendre que la solution passe par la relance de l’activité plus que par la relance du service public de l’emploi. De ce point de vue, si un toilettage s’impose, il est souhaitable de le faire avec discernement et intelligence…