• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > « Course contre la faim » : ou comment faire une bouchée de la neutralité (...)

« Course contre la faim » : ou comment faire une bouchée de la neutralité scolaire sous couvert d’action humanitaire

La neutralité du service public de l’éducation, qui s’en soucie ? Elle est de plus en plus mise à mal par d’astucieux stratagèmes avec la complicité des personnels de direction sans que, sauf exception, les professeurs eux-mêmes s’en offusquent. Il faut, en effet, une exception pour qu’on en ait connaissance, comme au collège Félix-Buhot de Valognes dans la Manche.

 
Un professeur, M. Jean-Pierre Ponthus, s’est ému d’apprendre que le conseil d’administration de son établissement avait, le 20 novembre 2008, « autorisé la participation des élèves volontaires à la « Course contre la faim » du 15 mai 2009  » et confirmé cette décision le 3 mars 2009.

« Une course contre la faim » pour collecter des fonds

À première vue, qu’est-ce qui peut bien indisposer un professeur quand son collège s’investit dans une action humanitaire aussi généreuse que la lutte contre la faim, sauf à avoir un cœur de pierre ? C’est la force de ces entreprises prétendument philanthropiques que de masquer parfois leur affairisme sous les oripeaux du « leurre d’appel humanitaire » si facilement confondu avec l’authentique appel humanitaire auquel nul ne saurait rester insensible sans nier sa propre humanité. Sous le prétexte consensuel d’éduquer les élèves à la solidarité, l’École est un terrain de choix pour le leurre d’appel humanitaire, d’autant qu’elle se garde bien d’en analyser la perversité dans ses programmes : on se souvient encore, par exemple, de l’ignoble campagne «  Riz pour la Somalie » du 20 octobre 1992, organisée par MM. Lang et Kouchner, alors respectivement ministre de l’Éducation nationale et ministre de la santé et à l’action humanitaire (1)
 
Cette fois-ci, c’est une ONG, « Action contre la faim », qui s’est introduite au collège Félix-Buhot pour collecter des fonds à l’aide d’une idée ingénieuse. Le principal lui a donné tout loisir de venir, pendant les heures de cours, vanter auprès des élèves une manifestation de son cru : il s’agissait de les inciter à participer à « une course contre la faim ». Quoi de plus admirable ? Mais qu’est-ce à dire ? Dans une brochure nommée « Passeport » qui leur a été distribuée, avec encart publicitaire de remerciement au Crédit Agricole à la philanthropie bien connue, qui l’a financé, il est demandé à l’élève de se trouver des « sponsors » qui acceptent de lui verser des sommes d’argent - 1, 2, 3 Euros ou plus - par kilomètre qu’il s’efforcera de parcourir. Une fiche doit recenser le nom des « sponsors » avec les références des chèques versés. Les professeurs sont mis à contribution pour servir d’intermédiaire, collecter les chèques et les remettre à « Action contre la faim ». La course aura lieu vendredi prochain, 15 mai 2009, en matinée.

Un agrément ministériel faussement allégué

Qu’est-ce qu’un professeur peut donc bien trouver à reprocher à une initiative aussi noble ? D’abord, Jean-Pierre Ponthus a découvert que cette association « Action contre la faim » n’était nullement agréée par le Ministère de l’Éducation nationale, contrairement à ce qu’elle affirmait. En réponse à sa demande, le ministère a clairement précisé par lettre, le 14 janvier 2009, que « l’opération « La course contre la faim » (n’était) pas mise en œuvre avec le soutien de l’Éducation nationale et que « Action contre la faim » (n’était) pas agréée au titre d’association éducative complémentaire de l’enseignement public  ».

L’association a donc trompé son monde en présentant son action, sur chaque coupon à remettre aux "sponsors", comme « un projet éducatif et pédagogique retenu par le Ministère de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche parmi les initiatives susceptibles de répondre au désir d’engagement des jeunes ».
L’appellation ancienne du ministère dont use l’association, laisse d’ailleurs à penser qu’elle a pu avoir cet agrément par le passé. Mais il est clair, selon la réponse ministérielle, qu’elle ne l’a plus aujourd’hui ! Pour quelle raison ? On l’ignore.

Les conséquences réglementaires et juridiques qui s’ensuivent

Dès lors, il en découle une série de conséquences réglementaires. La première est qu’une telle association ne peut venir s’immiscer dans le temps scolaire obligatoire, ni par des séances dites de «  sensibilisation à la faim dans le monde », ni en obtenant que les élèves manquent à leur obligation d’assiduité scolaire, vendredi 15 mai, jour de la course. La seconde est que les professeurs du service public ne peuvent être détournés de leur fonction et mobilisés pour recueillir les fonds gagnés par les élèves et les remettre à une association privée qui en retient 20 % pour son fonctionnement personnel.

Viennent, en outre, s’ajouter d’autres violations d’ordre juridique. Ainsi le fameux « Passeport » ne mentionne-t-il à aucun moment que soit requise l’autorisation parentale pour ce qui apparaît, explique J.-P. Ponthus, comme un double contrat - défini par l’article 1101 du Code Civil - , fût-il innommé - car non prévu par la loi sous une dénomination propre (article 1107 du Code civil) - mais néanmoins synallagmatique - car contenant un engagement réciproque des parties (article 1102) entre, d’une part, l’élève et ses « sponsors » et, d’autre part, l’élève et « Action contre la faim » - à titre onéreux - car assujetissant les parties à faire ou donner quelque chose (article 1106) - et « réel » - car sa validité suppose, outre l’accord des volontés, la remise d’une chose (res, en latin), soit, ici, une somme d’un montant illimité. Or, que l’on sache, tous les élèves du collège sont des mineurs qui ne peuvent donc contracter par eux-mêmes. La nullité de ces contrats est donc évidente.

De même, on peut s’interroger sur la divulgation d’informations confidentielles sur la fiche réservée aux « sponsors » qui s’engagent à verser des euros par kilomètre parcouru : les références des chèques doivent y être mentionnées avec les domiciliations bancaires. Puisque sur la fiche peuvent s’inscrire une dizaine de sponsors possibles, ces informations confidentielles risquent d’être ainsi divulguées contrairement à la loi.

Des éducateurs à la citoyenneté en dessous de tout

Surtout, cette pseudo-éducation à la citoyenneté prend toute sa saveur quand on lit dans La Presse de la Manche et Ouest-France  du 11 juin 2008 qu’au collège Félix-Buhot, « environ 25 % de la nourriture est jetée après le repas du midi  » ! On reste sans voix devant pareils éducateurs qui abusent à ce point leurs élèves, en ne sachant pas commencer leur éducation par le commencement !

Mais le clou du spectacle est la réaction des autorités hiérarchiques aux initiatives de Jean-Pierre Ponthus. Devant le mur d’incompréhension auquel il s’est heurté, - le respect de la laïcité et de la neutralité est aujourd’hui devenu le cadet de leurs soucis ! - celui-ci s’est alors d’abord permis d’informer les parents de ses élèves : sur le carnet de correspondance, il a fait écrire que « « Action contre la faim » (n’avait) absolument pas le soutien de l’Éducation nationale, (que c’était) donc de façon abusive qu’elle (cherchait) à s’imposer dans les collèges publics, qu’elle y (faisait) sa publicité et qu’elle (demandait) même à l’administration de mettre à sa disposition des enseignants, du temps scolaire et surtout des élèves pour lui rapporter de l’argent dont 20 % (servaient) à son propre budget de fonctionnement (…) ».

Puis, le 6 avril 2009, il a saisi le Tribunal administratif de Caen pour obtenir l’annulation comme illégale de l’autorisation donnée, le 3 mars 2009, par le conseil d’administration aux élèves volontaires de participer à cette course contre la faim pendant le temps scolaire.

Outré, le chef d’établissement s’est empressé, dès le 4 mars, de faire son rapport au recteur pour demander «  un rappel aux obligations professionnelles  » (sic) ! Et le 31 mars, le recteur d’académie de Caen, plus vrai que nature, a décrété dans une lettre à Jean-Pierre-Ponthus que «  ces faits (constituaient) une faute professionnelle inacceptable ». « (Il lui demandait) donc de faire preuve de plus de discernement et de loyauté envers (son) institution » (resic) !


Or, qui, dans cette affaire, manque de discernement et de loyauté envers l’institution ? Ce professeur à qui une circulaire n° 97123 du 23 mai 1997 demande d’être « attentif à l’éducation à la citoyenneté » et, en cas d’action de partenariat, d’être « capable d’identifier les apports spécifiques de ces partenaires  » ? Ou ces hiérarques qui violent impunément les principes de laïcité et de neutralité de l’École publique en faisant, pendant le temps scolaire, des élèves dont ils ont la responsabilité, les agents publicitaires et les collecteurs de fonds d’une association privée qui s’est prévalu d’un agrément ministériel qu’elle n’avait pas ? Paul Villach
 
(1) Paul Villach, "Il est midi, Docteur Kouchner ! Réveillez-vous !", AGORAVOX, 21 mai 2007.
 

Moyenne des avis sur cet article :  4.56/5   (18 votes)




Réagissez à l'article

22 réactions à cet article    


  • french_car 12 mai 2009 10:50

    Et hop encore un oeuf frais du jour !
    Plus sérieusement je suis affligé devant tant d’acharnement à cette détestation de vos semblables.

    Comment peut-on se permettre de conspuer une association fondée par Françoise Giroud et Marek Halter, reconnue et agréée par le Ministère de l’Intérieur - ah oui ce n’est pas l’Education Nationale, ça change tout, le sanctuaire ...

     En qui le fait de collecter pour cette fondation constituerait une atteinte au principe de laïcité ? Il ne s’agit pas là du CCFD mais d’une institution totalement indépendante de toute autorité religieuse et dont les membres appartiennent à toutes les confessions ou athéisme.

     Le plus hilarant dans l’histoire c’est que finalement Villach conspue ou encense l’administration de l’EN selon que ses arbitrages vont dans le sens ou à l’inverse du rôle qu’il entend lui voir jouer.

     Le plus désolant c’est qu’il y a tant et tant à faire pour réformer cette institution sclérosée que de se battre autour d’une initiative citoyenne parait vraiment dérisoire, après tout l’idée de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux n’est pas idiot si l’on considère le temps qu’ils perdent à traiter des affaires de peu d’intérêt.


    • french_car 13 mai 2009 11:35

       Astus je suis parfaitement d’accord avec ce que vous dites - ni Sarko ni la privatisation de l’EN ne sont ma tasse de thé - et qui est parfaitement HORS SUJET puisqu’il ne s’agissait pas de sponsoriser l’école mais l’ACF agréée depuis 1992 par le Ministère de l’Intérieur, cofondée par Françoise Giroud et Marek Halter entre autres.


    • french_car 13 mai 2009 16:00

       Astus ce que je voulais souligner c’est que dans cette affaire on a mobilisé pas mal de temps de fonctionnaires pour savoir si on devait, si on ne devait pas etc ... Pour moi les fonctionnaires de l’EN sont missionnés pour instruire ou organiser l’instruction et pas faire mal aux mouches.
      Je suis tout à fait favorable aux pions et autres CPE qui ont souvent le mérite de temporiser entre des élèves en pleine effervescence adolescente et une administration sarkozyste partisane du tout répressif et du non-négociable.
      Je ne pense pas que des initiatives telles que la collecte pour l’ACF, ou bien tout simplement la collecte pour la banque alimentaire, tiens personne n’y fait allusion ça à la montagne de paquets de nouilles derrière le bureau de la maitresse qui alimente les familles nécessiteuses du département.
      Comme vous je dénonce complètement le système américain mais à l’inverse je ne pense pas qu’il faille voir dans l’organisation d’un collecte pour une association agréée par l’Etat les prémices d’une privatisation de l’EN.


    • c.d.g. 12 mai 2009 14:23

      le but de l education nationale est d eduquer les eleves, pas de faire du sponsoring, quelque soit la cause, surtout sur le temps prevu pour les cours !!
      Sinon, ou s arretera t on ?
      apres la faim dans le monde, ce sera les victimes du raz de maree a X, puis le tremblement de terre a Y, la lutte contre le cancer ou sida, la sauvegade des bebes phoques ou les pieces jaunes pour Mme Chirac..
      au final, il n y aura plus de temps pour les cours

      Les oeuvres « charitables » ont bien compris qu en utilisant des enfants, ca rapporte plus.
      Et quel résultat a la fin ?

      les sac de riz de Kouchner ont permis :
      - a l auteur de devenir ministre en entretenant sa célébrité
      - aux bébés somaliens sauves de devenir aujourd hui pirate ou milicien (pas trop d alternative dans ce pays)

      s attaquer aux symptômes sans soigner la cause n a jamais fonctionné


      • Annie 12 mai 2009 14:46

        A la décharge d’ACF, cette association fait partie d’un vaste réseau international, comme MSF, médecins du monde, terre des hommes etc. et ces pratiques de mobilisation de fonds sont courantes dans les pays anglo-saxons. Mes enfants ont souvent entrepris ce genre d’initiatives dans le cadre de leurs études primaires et secondaires avec la coopération de leur enseignant qui en profitait pour structurer ses cours autour de sujets brûlants plus internationaux. Aucun consentement parental n’était requis. Peut-être le pragmatisme britannique m’a déteint dessus, mais je pense qu’il s’agit d’un moyen plus direct et plus efficace d’enseigner pratiquement aux enfants certaines réalités qu’un cours magistral pourrait le faire. 
        J’admets qu’il y a aussi en France un aspect légal, mais ici la question ne se pose pas.


        • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 12 mai 2009 21:57

          Je n’ai aucune opinion quant à cette initiative en particulier, dont je constate qu’elle s’inscrit dans cette mouvante para ou pseudo philanthropique sur laquelle la société semble vouloir s’appuyer pour que soit fait ce qu’elle devrait, mais ne veut pas prendre le temps de faire.


          La vraie raison de mon post est de faire le constat qu’on ne s’y retrouve plus dans la maison AGV. Je ne ratais avant aucun de vos articles, je les trouve maintenant un peu par hasard, sur une page parmi d’autres dont le but ne semble plus d’offrir un choix mais de « couvrir » la nouvelle. 

          Je suis sur ce site depuis assez longtemps pour reconnaître les signatures, mais le néophyte qui trouve ici le même magma à valeur inégale qu’on trouve sur un hebdomadaire régional laissera sans toute tomber avant de prendre l’habitude de lire Agoravox.  Écrivant moi-même, je sais les efforts qu’il faut y mettre, et je trouve désolante la baisse du lectorat pour vous et d’autres auteurs qui ne viennent pas ici uniquement recopier un flash de AFP et se montrer.

          Je ne veux que vous témoigner ici le respect que j’ai pour ce que vous apportez. 

          Pierre JC Allard



          • Paul Villach Paul Villach 13 mai 2009 09:15

            @ Pierre JC Allard

            Merci pour votre hommage et sachez que ma considération à votre égard est égale.
            Je partage votre désappointement devant la nouvelle maquette où l’on a peine à s’y retrouver. Et c’est dommage ! Très cordialement, Paul Villach


          • docdory docdory 12 mai 2009 23:55

            Cher Paul Villach


            Merci d’avoir porté ce scandale sur la place publique . On aimerait que l’éducation nationale revienne sur ses fondamentaux . En tant que contribuable et parent d’élève, je ne demande qu’une seule chose au collège : c’est qu’il accomplisse sa seule mission , laquelle est d’agir contre l’ignorance, et non pas contre la faim. Le moins qu’on puisse dire, c’est que , pour ce qui est de l’action contre l’ignorance , il y a du travail .... 
            Après tout , le ministère de l’Education Nationale n’a pas vocation à devenir le Ministère de la Nutrition Internationale . Les élèves sont au collège pour acquérir des connaissances et non pour rechercher des sponsors pour telle ou telle cause , quand bien même serait-elle honorable .

            • ZEN ZEN 13 mai 2009 09:34

              Bonjour Paul

              Entièrement d’accord avec vous , les réactions de Pierre et Docdory
              L’apprentissage(?) à l’humanitaire ne vient-elle pas cruellement escamoter la réflexion sur la simple justice , qui devrait être enseignée dans le cadre de l’instruction civique..
              Mais terrain trop scabreux, n’est-ce pas... ?

              Je suis moi aussi encore incapable de m’orienter dans cette nouvelle formule d’AV, que j’ai abandonnée un temps, que je fréquente de moins en moins
              Je constate que je ne suis pas le seul...
              Dégager le bon grain de l’ivraie devient un tâche de plus en plus difficile...
              Cordialement


            • Paul Villach Paul Villach 13 mai 2009 09:48

              @ Docdory

              Cher Docdory, vous parlez d’or ! Paul Villach


            • Paul Villach Paul Villach 13 mai 2009 09:48

              @ Zen

              Je vous rejoins tout à fait ! Paul Villach


            • ocean 13 mai 2009 05:14

              bien sûr, paul, oui, oui, et oui, vous n’avez pas tort.

              mais bon.

              va-t-il falloir mettre un préservatif à toute action généreuse, va-t-il falloir aseptiser toute allusion au nom d’une banque pour en masquer l’identité alors qu’elle est présente partout : dans le fonctionnement du lycée, dans la paye des profs et même dans le crédit de leur logement et de leur voiture, dans le matériel, l’entretien des murs, le labo, la cantine, la taille des arbres, la peinture des portes, le remplacement des tableaux, la moindre table, la moindre chaise de l’établissement, les cars scolaires..... ?

              faut-il faire d’une banque le grand satan interdit non seulement de séjour, mais même simplement de figurer sur un document parce que des élèves vont l’avoir entre les mains, alors que ces mêmes élèves vont passer (à la louche et en ne comptant que les jours de classe) 4 x 150 = 600 fois (ne recomptez pas... !!) devant l’agence bancaire en venant au lycée et en en sortant  ?

              faut-il mettre un consultant et deux avocats aux côtés de chaque proviseur ? ou ajouter un conseil juridique à la batterie des intermittents de l’éducation (avec les conseillères d’orientation n’ayant jamais mis les pieds dans une entreprise, etc) ?

              ne faut-il pas jeter tout de même un coup d’oeil à la finalité de l’opération ?

              faut-il enseigner aux chères têtes blondes qu’il n’est de générosité permise que neutralisée, aseptisée, hors la ville, hors la vie, hors l’humain et ses défauts ?

              et surtout : que cherche exactement m. ponthus ? supponsons que son noble combat aboutisse. Parfait. Et puis ? la vie sera-t-elle meilleure quand on se baignera dans son eau ultra javellisée, conforme au moindre alinéa du sous-article de la troisième annexe à la circulaire machin-truc ?

              n’y a-t-il pas mieux à faire auprès des élèves que leur démontrer à tout prix que tout ce qui de près ou de loin évoque l’argent et sa gestion - domaines dans lesquels notre administration exerce ses talents avec le brio que l’on sait - est sale, de toute façon corrompu, de toute façon rampant et mielleux, de toute façon suspect ?

              mort aux banques, mais merci d’y faire verser mon salaire, c’est pour mes sicav, mon pap, mon pel, je vous joins mon rib, merci beaucoup.

              mais surtout, paul : frachement, ce genre de croisade en forme de tempête dans un verre d’eau (je vois d’ici le bahut, la cote du prof sur la cour, les blablas dans les couloirs, la salle des profs, les parents d’élèves, les tracts, les stickers, le tintouin...), ce genre de croisade, n’est-il pas idéal pour masquer les vrais problèmes que vous pointez par ailleurs avec tant de raison ?

              pour ma part, si je venais de refermer le « bréviaire des politiciens » de mazarin (cardinal jules), que je fusse proviseur d’un lycée perdu dans une ville méconnue du grand public, et que je souhaitasse (tant qu’à battre les oeufs en neige, allons-y pour la conjugaison... lol), et que je souhaitasse, donc, faire diversion sur deux ou trois ou quatre vrais problèmes de fond affectant mon établissement, je pousserais discréto mon m. ponthus pour qu’il en fasse le maximum après le plus possible, et qu’il en rajoute encore autant qu’il en pourrait trouver.

              enfin tranquille.... !


              • Paul Villach Paul Villach 13 mai 2009 09:47

                @ Océan

                Je souscris à ce qu’écrit Docdory. Le rôle de l’école est de combattre l’ignorance : or, c’est une mission qu’elle ne parvient pas à remplir. Qu’elle s’y emploie davantage !

                Vous savez, d’autre part, comme moi que l’appel humanitaire est devenu un marché juteux et s’est transformé le plus souvent en leurre d’appel humanitaire. Paul Villach


              • ocean 13 mai 2009 15:57

                oui, je sais ce leurre de l’humanitaire, oui et oui, vous pensez bien... je vous dis : vous n’avez pas tort, évidemment...

                je dis juste que c’est une goutte de rosée sur la voile d’un bateau qui coule. Maintenant, c’est en effet peut-être un symptôme (de plus) qui montre à quel point, sur ce joli navire, plus personne, ni profs, ni proviseurs, ni élèves évidemment, ne sait plus non seulement où il va mais pourquoi il est là. Ça au moins c’est clair. Vous ne vous êtes pas souvent privé de le dire, et je suis complètement d’accord (même un aveugle de mauvaise foi aurait du mal à ne pas être d’accord, d’ailleurs !! lol)

                si encore il faisait beau et que la marie-joseph fût un bon bateau..., mais même pas !

                les avatars de l’éduc nat’ rappellent un peu les aventures et mésaventures de la célèbre frégate « l’incomprise ».


              • Francis Francis 13 mai 2009 08:54

                Bonjour,

                moi, ce qui me choque un peu ce sont les 20% de marge, pardon, de frais de gestion.

                Il y aurait pourtant tant de choses à dénoncer dans cette institution qu’est l’éducation nationale. J’ai essayé souvent de les évoquer au travers de mes réactions dans divers post ou forums.

                L’action de ce prof ne masquerait-elle pas d’autres dysfonctionnements ?

                Merci de votre lecture.


                • Annie 13 mai 2009 10:28

                  Monsieur Villach,
                  Désolée de revenir sur ce sujet : mais les mots que vous utilisez me semblent un peu tendancieux. Lorsque vous dites qu’une organisation humanitaire s’est introduite dans un lycée, d’après ce que j’ai compris sur le site d’ACF, ce sont les lycées qui en font la demande. Quelle que soit l’opinion que l’on ait de ce type d’initiatives, il semblerait que celle-ci en soit à sa 12e édition et que certains lycées soient partants.
                  Pour m’intéresser au secteur humanitaire, je trouve qu’il y a des problèmes beaucoup plus importants et urgents que celui-ci, et dont on ne parle que rarement. Il s’agit d’un autre sujet, mais pourquoi pas écrire un article sur le leurre humanitaire ?
                  Maintenant pour mettre tout le monde d’accord, je dirai que j’ai aussi beaucoup de mal à m’orienter sur le nouvel AV et surtout pour retrouver un ancien article qui ne figure plus en première page.
                  Les modérateurs, auteurs, n’avez-vous pas quelque influence là-dessus ?


                  • Paul Villach Paul Villach 13 mai 2009 11:04

                    @ Annie

                    Je partage votre avis sur la nouvelle maquette qui est, à mes yeux, confuse.

                    Pour ce qui est de l’affaire du collège Félix-Buhot, vous ne paraissez pas sensible aux arguments que j’ai avancés :
                    1- une association qui se réclame d’un agrément qu’elle n’a pas avec les conséquences qui en découlent ;
                    2- un accord parental qui n’est pas requis ;
                    2- l’utilisation de l’École à des fins qui ne correspondent pas à sa mission : le service public n’a pas à mettre, sur le temps scolaire, les élèves ni les professeurs au service d’une association privée pour contribuer à lui assurer un budget de fonctionnement de 20 % prélevés sur les fonds collectés ;
                    3- le rôle de l’école est d’abord de lutter contre l’ignorance, comme dit Docdory, et, pour commencer, d’enseigner une théorie de l’information qui aide les futurs citoyens à déchiffrer une information qui est le plus souvent prisonnière d’un réseau de leurres. Et le leurre d’appel humanitaire n’est pas le moins redoutable ;
                    4- tant qu’à éduquer à la citoyenneté, commencer par ne pas gaspiller au repas de midi « 25 % de la nourriture », est le B A BA de l’éducation. Paul Villach


                  • Annie 13 mai 2009 12:37

                    Merci de votre réponse. Je vois que vous avez un autre article et je ne vous retiendrai pas plus longtemps, mais quelques points quand même :
                    Les 20% affichés sont plutôt un gage d’honnêteté. Combien d’ONG (surtout anglo-saxonnes n’affichent seulement que 3 à 4% ?
                    Ensuite la mobilisation de fonds auprès du public est aussi une garantie de leur autonomie et indépendance vis-à-vis du nombre croissant de gouvernements ou d’institutions comme ECHO qui leur allouent des subventions. Beaucoup d’entre elles sont devenues les bras opérationnels de ces gouvernements et mettent en place leurs politiques, par exemple les frais d’usager pour les services de santé, ce que MSF s’est toujours refusé à faire. Je sais qu’il s’agit d’un autre débat, mais il est important.


                    • french_car 13 mai 2009 13:57

                      @Villach
                      Il est clair que s’il s’était agi de collecter pour la Jeunesse au Plein Air la position des corporatistes aurait été toute autre.
                      Il est vrai que l’EN détachait gracieusement des personnels pour assurer le fonctionnement de cet organisme jusqu’à 2007 et qu’en 2007 (je n’ai pas les chiffres 2008) l’EN lui a versé en compensation la somme de 887 275 € . Cette somme provenant directement de nos imôts n’est certes pas financé par la collecte !
                       
                      les comptes de cette association sont transparents on constate que le site de l’association IDEAS qui garantit la transparence des organismes caritatifs aptes à collecter les dons les fait apparaitre à zero !

                      Vu sur le site de cet organisme :

                      Mercredi 21 janvier 2009, quinze jeunes bigoudens de l’Amicale Laïque de Pont L’Abbé ont été reçus au ministère de l’Éducation nationale par Xavier Darcos lors du lancement officiel de la campagne de solidarité 2009 de la JPA.

                      ....

                      Outre les dons individuels, les recettes de la campagne consistant en une collecte de fonds par l’intermédiaire des enseignants et élèves volontaires des établissements d’enseignement public, l’engagement du plus grand nombre est déterminant.




                      • french_car 13 mai 2009 16:03

                        Mr Furtif en quoi le Téléthon porte-t-il atteinte à la laïcité ? De quelle religion se réclame ce mouvement, j’avoue que c’est la première fois que j’entends dire qu’il serait lié à une obédiance quelconque.


                      • Paul Villach Paul Villach 13 mai 2009 15:26

                        @ Le furtif

                        Vous aussi, vous avez eu un affrontement avec votre aimable hiérarchie au sujet de l’admirable campagne « Riz pour la Somalie » ?

                        Figurez-vous que moi aussi ! C’est allez loin.

                        En mon absence, la principal-adjoint m’a accusé à tort, en mai 1993, devant le conseil d’administration, d’avoir empêché les élèves d’apporter leur paquet de riz le 20 octobre 1992. En fait, je m’était contenté de faire l’analyse de l’affiche 15 jours après l’opération.

                        J’ai dû porter l’affaire en justice. Elle sera condamnée en novembre 1993 en première instance, puis en appel en juin 1995 et par la cour de cassation en juillet 1997.

                        Elle a obtenu la protection statutaire (donc frais d’avocats, d’avoués et de justice pris en charge par l’État).Moi, non ! J’ai donc porté ce refus devant le tribunal administratif de Montpellier qui, en juin 1996, a condamné le recteur pour faute engageant la responsabilité de l’État, car la protection aurait dû m’être accordée puisque j’étais attaqué à l’occasion de mes fonctions. J’ai obtenu 15.000 francs d’indemnités.
                        Je raconte toute l’affaire et bien d’autres encore dans « Les infortunes du savoir sous la cravache du pouvoir ». Paul Villach


                      • docdory docdory 13 mai 2009 14:51

                        @ Le furtif 


                        Pouvez-vous préciser votre dernier post ? Mon dernier article proposé à agoravox ayant été refusé sous de désagréables prétextes , cela m’intéresse ....

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès