Courtoisie, un mot oublié sur la route ?

Certes il n'est peut-être pas nécessaire de dramatiser la situation, un doigt moqueur n'a jamais tué personne, pas plus que de se faire traiter d'un autre nom que celui du baptême. Ne pas confondre irresponsabilité au volant et manque d'éducation même si souvent les deux son liés. Après tout qui n'a jamais pêché et déclaré sa foudre avec fougue à un autre usager, qui n'a jamais fauté involontairement ou juste un peu volontairement, presque sans le faire exprès. Nous ne sommes pas des êtres froids et infaillibles et il y aura toujours un gendarme pour nous le rappeler. Pour ces raisons plutôt que semaine de la courtoisie, même si elle n'est pas inutile, j'aurais préféré un engagement sans limite dans la durée, au respect de la vie d'autrui. 

Un jour, il y a longtemps, à l'occasion de l'un de ses cours, mon moniteur d'auto-école m'a sidéré lorsqu'il nous a déclaré ce qui pourtant semble une évidence, que l'être humain, et pas seulement la femme ou le retraité, n'est pas conçu pour conduire une voiture. Son raisonnement n'était pas si stupide car l'homme sauf erreur est un bipède, et dans une automobile nous avons trois pédales. De plus notre temps réflexe est adapté pour la course à pied par pour conduire à 50, 90 ou 130 km/h, ceci explique peut-être partiellement cela mais n'autorise pas pour autant à faire n'importe quoi comme nous voyons ou le faisons parfois. 

Lorsqu'on vous annonce 4000 morts par an sur nos routes et hélas dans le passé jusqu'à 8000, nous sortons là du simple domaine de la courtoisie pour rentrer dans celui de l'irresponsabilité et de la délinquance routière mais pas seulement. L'inattention aussi car nul n'est parfait, la fatalité également, et pas uniquement la rencontre avec un chauffard alcoolisé ou sous l'emprise d'un produit interdit. Le sanglier qui passait par là n'a pas forcément conscience du danger et n'a jamais passé son permis de conduire. Ceci dit, et même si chacun y met du sien, malgré l'amélioration des véhicules avec quelquefois des innovations discutables comme le régulateur de vitesse, sans parler des limitations de vitesse, des radars, du permis à point que l'on peut écrire au singulier, de l'amélioration du réseau routier, il est vain d'espérer un jour zéro morts.

L'incitation à la courtoisie n'est qu'un élément de l'outil utilisé pour limiter les dégâts sur les routes, cet instrument n'est autre que la pédagogie. Répéter sans cesse les mêmes conseils, lancer des campagnes de sensibilisation pour inciter à la prudence et au respect du code, c'est bien mais certains cerveaux sont réfractaires et donc la répression devient nécessaire. Ce policier que vous détestez et qui frappe au porte-monnaie, ce flic qui parfois sans discernement vous verbalise sans pitié, alors qu'on vous donnerait le bon dieu sans confession, ce poulet vous a peut-être sauvé la vie sans que vous le sachiez, certains jours où vous avez levez le pied en croyant le voir au loin.

Cette année la semaine de courtoisie sera prioritairement consacrée aux piétons et aux deux-roues. D'ailleurs concernant les cyclomoteurs je me suis déjà posé la question "y a-t-il un cerveau sous le casque". N'empêche qu'un fait est difficilement contestable, c'est que lorsque nous prenons le volant nos devenons quelqu'un d'autre, ce n'est pas un hasard si en 2009 plus de six Français sur dix estimaient que les conducteurs étaient agressifs aux commandes de leurs terribles engins. Mais bien sûr c'est toujours l'autre le vilain, surtout quand l'automobiliste devient piéton !