Covid-19 : l’accélération de la censure et l’absence de réponse politique
Etrange pays que la France. Des tribunes, des scientifiques, des citoyens dénoncent les errements en cours mais rien n’y fait. La censure s’accélère, l’étau se resserre, les libertés s’étiolent.
Des tribunes utiles mais sans effets immédiats
La gestion de la crise sanitaire suscite actuellement la publication de tribunes dans lesquelles des personnalités dénoncent soit l’imposture scientifique des mesures prises par le Gouvernement, soit la crise sociale et économique induite par ces mesures. Ces tribunes, dont on ignore comment les signataires sont sollicités et comment les nouveaux signataires pourraient s’associer à leurs prédécesseurs, à la différence d’une tribune internationale moins secrète dans son accès pétitionnaire, ont le mérite d’opposer aux discours et justifications scientifiques du Gouvernement, des analyses contradictoires émanant de personnes dont le CV devrait rendre difficile la qualification d’illuminés. Ainsi, en dépit du caractère « happy few » de ces tribunes, leur existence est bénéfique et interdira, peut-être demain, aux responsables politiques actuels de se retrancher derrière l’état de la science pour justifier des mesures inappropriées voire criminelles en bien des aspects.
Ces tribunes ont aussi comme mérite de mesurer à quel point une forme « d’autisme » s’est emparé de certains responsables politiques. Je précise, en cette ère d’hystérie bien pensante, que l’usage du mot autisme n’est en aucun cas une forme de mépris pour les autistes mais simplement la référence à une pathologie médicale dont le symptôme remarquable (la coupure d’avec le réel) ressemble à ce que donne à voir le comportement de certains décideurs. Pourquoi le recours à cette analogie avec l’autisme ? Tout simplement en raison d’un constat accablant qui s’impose : malgré la publication de ces tribunes, malgré les innombrables interventions de différents scientifiques dans les médias, malgré les nombreuses études qui se succèdent et invalident les discours anxiogènes du Gouvernement, malgré l’exemple de nombreux pays qui n’adoptent pas les mêmes règles en matière d’interdiction de traitement ou de restriction des libertés, malgré toutes ces informations qui mettent en doute le bien-fondé des mesures adoptées par le pouvoir : Rien n’y fait ! Le Gouvernement poursuit sa politique anxiogène et on ne se surprend même plus à entendre Mme Martine Aubry, maire de Lille et énarque, déclarer que les mesures prises par M. Véran pour la ville de Lille sont totalement justifiées ! Mais justifiées sur la base de quels fondements ?
Une conséquence de la crise dangereuse politiquement
La récente tribune qui alerte sur les conséquences sociales et économiques, conséquences bien réelles, omet d’autres conséquences tout aussi importantes et dommageables pour l’avenir : les conséquences politiques et institutionnelles.
Il n’aura échappé à personne que la plupart des mesures anxiogènes et contestables du Gouvernement ne se sont heurtées à aucun véritable contre-pouvoir institutionnel : Assemblée nationale, Conseil d’Etat et plus globalement la juridiction administrative, conseil constitutionnel, élus locaux, sociétés dites savantes : à quelques rares, mais notables exceptions - les maires de Marseille et Aix-en-Provence, quelques jugements de référé et surtout la prise de position de la défenseur des droits -, tous ces potentiels contre-pouvoirs ont validé des mesures prises sans réel fondement, pire des mesures adoptées sur la base de données ou d’études falsifiées. Le professeur Raoult évoquait sur CNEWS la plus grande escroquerie qu’il ait vue dans sa vie. Force est de constater que nos institutions s’accommodent de cette escroquerie. Quant à la presse, dans sa grande majorité, elle reprend, sans le moindre esprit critique et de contradiction, les éléments de langage du pouvoir.
Les conséquences de cette absence de contre-réaction institutionnelle au drame que vivent les Français a, et aura, des conséquences terriblement dommageables sur nos institutions et l’avenir du pays. La crise actuelle met en lumière le terrible constat que les hommes et les femmes qui animent nos institutions sont prisonniers d’un mode de pensée qui frise la dérive sectaire : il semble qu’à la façon de voir du pouvoir rien ne saurait lui être opposé sérieusement. Pire, tout contestataire est au mieux superbement ignoré (cas des tribunes publiées) et au pire qualifié de « complotiste » et diffuseur de « fake news ».
Les Français découvrent à cette occasion que, du Gouvernement au Conseil d’Etat, aux agences régionale de santé, les personnels dirigeants sortent tous, ou quasiment tous, du moule de l’ENA et sont donc programmés sur le mode d’une pensée qui ne souffre pas la contradiction et la remise en cause. Dans cette affaire, ce qui doit être dénoncé, ce n’est pas l’existence de l’ENA mais ses programmes de formatage succédant eux-mêmes à des modes de sélection d’élèves, plus aptes à réciter des fiches de synthèse qu’à utiliser des savoirs pour décrypter le monde et en critiquer les déviances et fausseté.
La défiance entre les Français et le pouvoir se creuse et cette défiance s’installe entre les Français et leurs institutions. Cela est gravissime car personne n’ignore à quel point l’abstention aux élections est élevée dans ce pays, or l’abstention révèle un éloignement d’une partie des Français avec la mécanique institutionnelle du pays. L’éloignement était déjà grand avant la crise, on se demande ce qui va rester après cette crise, à supposer même qu’il y ait un après à cette crise, laquelle semble être devenue la nouvelle normalité. La peur du virus ne peut qu’être éternelle dès lors que nous vivons et vivrons toujours entourés de millions de virus.
Une dérive sectaire aux conséquences totalitaires
La dérive sectaire, consistant à accuser son contradicteur de diffuser des « fake news », a des conséquences totalitaires actuellement observables : depuis quelques jours, Facebook et Twitter s’arrogent le droit de porter un avis sur le contenu des messages diffusés par leurs utilisateurs en référence à la parole sacralisée du pouvoir. A titre d’exemple, l’un des groupes de soutien au professeur Raoult sur Facebook, rassemblant presque un demi-million de personnes, fait l’objet d’une subtile censure : le groupe n’est pas supprimé par Facebook mais les publications de ses membres ne sont quasiment plus répercutées dans le fil d’actualité de Facebook. En clair, ces publications sont publiées dans le vide et l’indifférence par une application pourtant de partage. Idem pour Twitter qui ne répercute plus les publications de certains contestataires aux mesures imposées. Le seul moyen de prendre connaissance de leur publication est de s’abonner à l’alerte automatique et systématique en cas de nouveau tweet. Cette censure est subtile mais terriblement efficace si on n’y prend pas garde. La menace est grave, le 9 octobre 2020, Twitter a informé ses utilisateurs que « retweeter » certains messages pourraient être rendu impossible, sauf commentaire invalidant le contenu du message, si ces derniers diffusent des « fake news », de fausses informations ou plutôt des informations contestées. Mais qui est habilité à décréter (et sur la base de quels critères) qu’une information est fausse ou contestable et doit être bloquée ou limitée dans sa diffusion : Emmanuel Macron ? Olivier Véran ? Bill Gates ? Gilead ? Le Pape ? Lady Gaga ? Moi ? Vous ? Or Twiter n’est pas un journal mais une plateforme dont l’objet n’est pas de mettre en place une « ligne éditoriale » sélectionnant des informations selon leur proximité ou non avec une position officielle du pouvoir.
Qu’il n’y ait pas de malentendu : la question n’est pas de savoir si les personnes censurées sont ou ne sont pas des « complotistes fêlés » (je reprends ici les éléments de langage de la secte pro mesures anxiogènes), si par exemple la suppression du compte Facebook de Radio-Québec est ou non justifiée, mais de constater que dès lors qu’un message déplaît, il peut être censuré de façon brutale, arbitraire et sans justification. L’arbitraire, même justifié par les plus nobles intentions, est le début d’une atteinte aux libertés.
Aujourd’hui, les contestataires des mesures gouvernementales déplaisent mais demain ce sera peut-être vous, lecteur, ou peut-être vous, zélé supporter des mesures du Gouvernement. Là, est le danger : la désagrégation de la confiance en nos institutions et les contre-pouvoirs, la validation par acquiescement silencieux aux censures en cours concernent tout le monde : les pour et les contre Raoult, les opposants et ceux qui valident la fermeture des bars et le port du masque en plein air. Sans nous en rendre compte, nous scions tous la branche sur laquelle nous sommes assis. Si le chaos succède à nos institutions, si la censure commence à être perçue comme un moyen légitime de faire taire des individus qui ne pensent pas comme nous, alors nous reproduisons ce qui se passe toujours à la veille de l’instauration d’une dictature dans laquelle l’individu n’est plus qu’une variable d’ajustement à des politiques conçues et voulues pour les plus puissants. Si nous ne réagissons pas, notre inertie aura pour conséquences d’innombrables crimes.
La nécessité de proposer des solutions ce que ne font pas les tribunes actuelles
Comment réagir ? Dans un premier temps, il convient d’interpeller tous nos responsables politiques pour les mettre en devoir de prendre position clairement. Prendre position, c’est décider objectivement sur la base de données factuelles. Pour ce faire, il faut diffuser à ces responsables les tribunes publiées, les études publiées, rappeler les choix alternatifs fait dans d’autres pays, il faut invalider les discours du pouvoir en montrant leurs mensonges, leurs vices et les alternatives existantes. Une fois ce travail fait, si rien ne change, alors il conviendra de décider d’actions collectives, concertées et non violentes. A un moment donné, il sera impératif de savoir dire non. Les modalités du refus de ce qui se passe doivent être élaborées et proposées par ceux qui signent des tribunes mais aussi par tous ceux qui dénoncent les impostures. Il est urgent d’élaborer une sorte d’immense assemblée des bonnes volontés pour mettre en place une stratégie du refus et proposer une autre forme de gestion de la crise. Les nouvelles technologies permettent de réunir des milliers, voire des millions de gens, quelles que soient les mesures de confinement adoptées par le pouvoir. Utilisons ces outils pour informer, fédérer et formaliser des propositions pour l’avenir. Cette crise a des conséquences indéniablement politiques, mais ces conséquences peuvent être heureuses si chacun se réapproprie son cadre de vie et son avenir. Dans cette affaire, le bon sens ne suffit pas, il faut du volontarisme. Or nous constatons aujourd’hui une absence de réponses politiques aux mesures du Gouvernement (Mme Wonner est bien seule pour dénoncer les dérives en cours). Nous lisons des tribunes qui dressent des constats pertinents mais qui s’abstiennent de proposer des solutions alternatives et des modes de réaction à ce qui se passe. L’immobilisme contemplatif et analytique est utile mais dans la durée, sans actions, il s’ankylose, les muscles fondent et la dictature n’a plus d’adversaires en état de la combattre.
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