Covid 19 : Le révélateur d’une société malade
La poursuite du confinement est peut-être une mesure nécessaire pour atténuer cette épidémie contre laquelle nous n'avons pas beaucoup de moyens de lutte, on peut l’admettre, mais affirmer que le confinement permet de sauver une vie toutes les 8 minutes comme on a pu l’entendre sur les ondes, relève soit d'un excès de stupidité et de naïveté de la part de l'orateur, soit d'un mépris éhonté pour ses interlocuteurs qu'il considère comme des demeurés.
Depuis le début de cette crise nous avons droit à des discours qui mettent en avant des arguments plus ou moins techniques, et toujours moralisateurs, seulement destinés à rassurer le public et obtenir son adhésion pour des mesures contraignantes.
Ce type de discours infantilisant est méprisant pour les citoyens que nous sommes, supposés incapables de comprendre autre chose. On peut se demander si cette infantilisation de la parole officielle, et la surmédiatisation de certains aspects de cette crise, est destinée à occulter des problèmes plus profonds sur le fonctionnement de notre société, ou s’il s’agit de convictions sincères, ce qui serait plus inquiétant.
Nous payons maintenant la facture des mesures qui ont été prises depuis une trentaine d'années : réduction du nombre de médecins et suppression de plusieurs milliers de lits hospitaliers publics pour satisfaire à une économie de marché qui veut que tout soit rentable, y comprit ce qui ne peut l'être. Depuis plusieurs années les responsables sanitaires (ministère, ARS, directeur d'hôpitaux) dirigent les établissements de soins comme des entreprises industrielles, et pratiquent la politique du flux tendu avec les malades, comme on le ferait pour des pièces détachées d'automobile. C'est ainsi qu'une mère venant d'accoucher peut voir son bébé, nécessitant des soins de réa post-natale, envoyé dans un hôpital à plusieurs centaines de kilomètres de là, car les possibilités de prise en charge locale on été réduites au strict minimum, ou que faute de posséder un nombre suffisant de lits de réanimation au niveau local, on envoie des malades, loin de leur famille, à plusieurs centaines de kilomètres de leur lieu de résidence.
Pendant cette épidémie, les médecins font ce qu’ils peuvent avec les moyens du bord, car il n’existe aucun traitement spécifique pour ce type de virus ; certains services hospitaliers ont essayé les médicaments utilisés dans le traitement du sida, mais ces médicaments sont hors de prix et ne sont pas adaptés à une thérapeutique de masse. Pourtant un médecin infectiologue, professeur d’université à Marseille, le professeur Didier Raoult a annoncé des résultats très encourageants dans le traitement du covid 19 par l'hydroxychloroquine et l'azithromycine, médicaments largement utilisés dans le traitement du paludisme et aux prix de revient très faibles, pourtant cette annonce suscite encore des polémiques entre les défenseurs de dogmes scientistes, et les praticiens de terrain, pragmatiques, qui eux y voient une possibilité thérapeutique intéressante. Il est vrai que ce professeur n’est pas parisien, et que le prix de la chloroquine n'a rien à voir avec celui des antiretroviraux utilisés dans d'autres services.
Nous n'étions pas prêt pour faire face à cette crise, c'est une évidence. Nous n'avions ni les infrastructures, ni le matériel, ni le personnel suffisant pour gérer un afflux de malade aussi soudain. Mais nos dirigeants (actuels et passés), ne semblent pas avoir été conscients de ce problème, les réalités du terrain (manque de lit, manque de personnel) leur ont totalement échappées, et ils ont agi sans tenir compte de ceux qui sont au contact quotidien des patients en ville ou dans l'hospitalisation privée, mais dont l'avis, apparemment importe peu aux yeux de ces énarques ministériels habitués à ne raisonner qu’en termes d’hospitalisation publique.
Docteur Jacques-Michel Lacroix 13/03/2020
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