COVID-19 : un crash test planétaire
Qui décidera du sort du monde ? Une gouvernance mondiale s’impose pour relever les défis dont ‘on’ est devenu conscient. Encore faut-il savoir quels systèmes résisteront aux tempêtes qui s’annoncent !
Il est relativement facile de lister les problèmes qui se posent, et se poseront plus encore, à la planète toute entière. La terre compte 400 millions d’habitants en plus tous les cinq ans. Dans le même temps la fécondité des pays de l’Union Européenne n’assure pas le renouvellement de sa population. La fécondité décroît lorsque la richesse de la population augmente mais cet accroissement des richesses est-il possible ? Les religions qui sortaient d’un fanatisme sans faille redeviennent obtuses : les musulmans deviennent islamistes, les juifs deviennent uniquement sionistes, les hindous découvrent les joies de la guerre. Les réserves mondiales d'énergie non renouvelable correspondent à environ 100 ans au rythme actuel de production. Même si de nouvelles technologies se mettaient en place, une raréfaction des énergies fossiles est inévitable, cette raréfaction sera tout aussi inévitable pour la plupart des matières premières. Les technologies liées à l’éolien et au photovoltaïque, proposées comme des alternatives, auront beaucoup de mal à remplacer les énergies fossiles à cause de leur caractère intermittent et de la difficulté de stockage de l’électricité.
Les (nombreux) problèmes étant évidemment présents dans l’esprit de la plupart des dirigeants, il faut encore qu’ils se définissent un but et surtout les moyens de l’atteindre. Deux sociétés sont possibles selon que l’on vise l’égalité entre les citoyens ou pas. Dans le cas d’une institutionnalisation du caractère inégalitaire par le biais de privatisations, de prêches de la concurrence et de la méritocratie, de la vision comme quoi une élite se charge des décisions et du sort des autres, il n’y a aucun problème de survie des sociétés. Il suffit de laisser gangrener toutes les structures sociales, armer lourdement toutes les forces de maintien de l’ordre, ériger des ilots de tranquillité en construisant des bulles de sécurité pour nantis. Une infime minorité aura largement de quoi vivre à son aise avec les ressources encore disponibles. Augmenter le taux de pauvreté et le nombre de pauvres est un excellent moyen d’ajuster l’offre avec la demande et c’est d’ailleurs ce qui se passe dans les pays occidentaux depuis la dernière crise financière.
Un second type de société peut être visé. Il est alors nécessaire d’expliquer rationnellement la nature des problèmes qui se posent en demandant à l’ensemble de la population de faire les efforts nécessaires pour les résoudre. Le GIEC explique maintenant depuis bien longtemps qu’il est nécessaire de sortir d’une société du carbone qui pollue autant la nature que les esprits. Le GIEC n’est pas un organisme décisionnaire, il fait un travail de compilation des travaux pertinents publiés dans la littérature par les laboratoires de recherche. Les rapports de synthèse sont ensuite commentés par d’autres experts. Plusieurs milliers de chercheurs de qualité en physique, chimie, biologie, astronomie, océanographie, météorologie, agronomie… sont impliqués sur l’ensemble du processus. L’évaluation du GIEC peut être contestée mais il n’en existe pas de meilleure.
Il y a une relation directe entre la quantité d’énergie injectée dans une société et sa production de richesse (mesurée par exemple par le PIB). Une très grande partie de l’énergie consommée dans le monde est d’origine fossile. Une moindre pollution par le dioxyde de carbone implique donc une diminution du PIB, une récession. Lors de la crise économique qui a commencé en 2008, la récession a conduit à une augmentation significative du chômage et à une augmentation considérable de la dette publique. Parmi les autres conséquences, il y eut aussi d’immenses manifestations de mécontentement.
Demandez des efforts à une population pourrait se faire dans le cadre de la raison pure mais les dirigeants ne font que rarement ce pari, ils tablent sur l’émoi qui anime, selon eux, les foules.
Le 28 juin 1914, l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche est assassiné à Sarajevo. 18 millions de personnes vont mourir dans la guerre qui va en découler. Peu de poilus maîtrisaient les tenants et les aboutissants qui aboutirent à ce conflit. La ‘haine du boche’ va servir de raison apparente pour cimenter la Nation derrière ses chefs. L’élan populaire doit être lié à des émotions faciles à susciter, faciles à communiquer, faciles à exalter.
Chaque année, la grippe saisonnière touche entre 2 millions et 6 millions de personnes en France et fait 10.000 morts en moyenne. Le coronavirus a tué à ce jour 48 français. Cependant, la grippe peut être réellement dangereuse dans le cas de malencontreuses mutations. La grippe dite espagnole, en fait provenant probablement de Chine, qui a sévi en 1918-1019, fit de l’ordre de 50 millions de morts dans le monde dont étonnamment une majorité de gens jeunes ou relativement jeunes. Des épidémies grippales importantes peuvent se produire plusieurs fois par siècle comme en 1956 (grippe dite asiatique), en 1968 (grippe dite de Hong Kong), en 2009 (grippe dite mexicaine). Dans ce dernier cas, le taux de complication était cependant inférieur à celui d’une grippe banale. Depuis 40 ans, aucun pays développé n’a connu d’épidémie de grippe significativement plus dangereuse que la grippe ‘banale’ qui survient chaque année.
En bref, les risques associés au coronavirus sont réels, pour preuve, à ce jour, il y a eu un peu environ 2000 cas d'infection recensés. Ceci interdit toute critique de la pertinence de la politique de communication massive (et anxiogène) menée par les autorités et les divers médias. Une comparaison avec le nombre de suicides, plus de 10 000 par ans, ou le nombre de tués sur la route, plus de 3000, n’est pas de mise si l’on ne veut pas être accusé d’être responsables de morts dus à l’inconscience ou à l’impréparation.
Baisse des cours des bourses. Diminution significative des chiffres d’affaires de beaucoup d’entreprises. Annulation des voyages entre certains pays (Les Etats-Unis ont interdit l’arrivée de citoyens européens sur leur territoire, les britanniques ne sont toutefois pas concernés).
Le Covid-19 conduit à un ralentissement économique induit par les politiques inédit. Aucune instance dirigeante n’aurait pu prendre les décisions qui conduisirent à ce ralentissement sur une base purement rationnelle liée par exemple au réchauffement climatique en cours. Le Covid-19 permet de tester les systèmes politiques autoritaires ou démocratiques : les structures en place permettent-elles d’encaisser le choc économique ? sont-elles susceptibles de pallier aux besoins sanitaires qui sont au moins temporairement nécessaires ? l’indispensable cohésion sociale est-elle suffisamment préservée pour se prémunir de troubles populaires ou d’émeutes ? les tissus démocratiques sont-ils suffisamment solides pour supporter les tensions internationales qui ne manqueront de voir le jour si une raréfaction de quelque bien que ce soit se produit au niveau mondial ?
La sortie des sociétés du carbone s’accompagnera inévitablement d’une contraction importante du niveau de production des richesses (accompagnée d’une juste répartition des efforts ou non). Le Covid-19 permet de tester la solidité des structures politiques et économiques dans la plupart des pays du monde en arguant de problèmes bien réels mais exposés dans les médias d’une façon paroxystique.
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