Covid-21 terminus Mort ! Renaître ! Tu dois changer ta vie !
0) Ayant fini par entrer au cœur des mécanismes virologiques, j’ai cru comprendre que la situation de l’épidémie est assez sombre ; et du reste la tonalité pessimiste semble gagner la plupart des observateurs, même les plus réservés. Disons pour faire simple que l’avenir ne va pas être facile et qu’il ne faut pas se leurrer. Il va falloir tenir bon et faire les bons choix accompagnés de courage et d’intelligence. Confiner et éteindre la vie sociale serait à mon sens le pire des choix.
1) C’est mort comme on dit vulgairement pour signifier qu’une partie est perdue, ce qui suggère d’en commencer une nouvelle. Mort ! Partie consistant à maîtriser la circulation du virus et l’épidémie. Jeu de mots ! Comme dans la chanson de Jean Guidoni, Tramway Terminus Nord qui nous conduit vers la Mort à Venise. Le Mystery Strain du Covid-19 nous mène vers une impasse. Les chiffres symboliques vont être atteints, atomisant les esprits. 100 000 morts au Royaume-Uni, bientôt 500 000 aux Etats-Unis, puis l’Italie et la France en ligne de mire ces prochains mois.
2) Au Medef, quelques-uns sont de connivence avec les experts du régime sanitaire les plus stricts, croyant qu’un confinement à la dure permettra de reprendre pied définitivement. Ils ont fait un calcul de boutiquier. Un mois de confinement drastique coûterait 60 milliards alors que trois mois de confinement soft comme actuellement coûteraient à l’économie 72 milliards. Oui, sauf qu’un mois de confinement à la dure peut être prolongé de quinze jours en fonction de la situation. Et qu’après ce confinement, il est probable que les autorités s’orientent vers un confinement soft, à durée indéterminée, jusqu’en mai ou juin ou même septembre. Faites le calcul. 2021 pourrait être pire que 2020 sur le plan économique. Et sur le plan social, n’en parlons pas !
3) L’épidémie a déjoué les prévisions. Je ne me suis jamais trompé, j’ai tout simplement construit des scénarios en utilisant des hypothèses. Les faits ont donné tort à mes hypothèses, ce qui permet de progresser dans les savoirs. Avant le second confinement de novembre, j’avais proposé trois scénarios. Atténuation et cinétique saisonnière, 15 000 décès au plus. Ce scénario optimiste ne n’est pas réalisé. Restaient en lice deux scénarios. Une réplique de la première vague ou bien un modèle catastrophique à double détente, réinfection, aggravation. Les faits penchent vers une seconde vague plus mortelle. Disons une sorte de marée haute à durée indéterminée. Déjà plus de 40 000 décès contre 30 000 pour la première vague. Et ce n’est pas terminé, au rythme de 2000 décès hebdomadaires. Les nouvelles données imposent d’esquisser de nouveaux scénarii.
4) En cette fin janvier, les nouvelles ne sont pas bonnes avec ces variants censés être plus contagieux et peut-être plus mortels pour ce qui concerne le variant britannique. Je n’ai pas d’avis sur cette question, je m’en remets aux scientifiques. Un scénario du moins pire se dessine avec la perspective d’une vaccination préventive permettant de retrouver une vie normale, et du stop and go soft. Je ne crois pas à ce scénario à moyen terme. Confinement ou pas, la vie sociale risque d’être bloquée jusqu’en juin, sauf une sorte de sursaut collectif. Les autorités sont capables de maintenir le couvre-feu jusqu’en juin, assorti de la fermeture des bars, salles de sport, restos, musées, cinéma, théâtres. Et les Français sont devenus obéissants pour accepter ces sacrifices. Les Lumières eurent le principe de Raison suffisante énoncé par Leibniz. Elles s’achèvent avec le principe d’obéissance suffisante, qui consiste à se donner une raison pour accepter une restriction des libertés et des contraintes en échange d’une sécurité sanitaire et de belles paroles moralisantes sur la protection des plus fragiles.
5) Un scénario plus sombre est envisageable. Supposons que le vaccin n’aura pas les effets escomptés et sera moins efficace qu’attendu (Nous saurons d’ici deux à quatre mois ce qu’il en est dans les pays ayant pris une avance, le Royaume-Uni et surtout Israël). Supposons que les variants se multiplient, avec la diffusion massive du virus et les mutations accumulées depuis la D614G. Ces variants risquent d’échapper au vaccin. Une virulence accrue est plausible mais pas certaine et pour l’instant improbable. En revanche, la contagiosité pourrait être multipliée par 10 voire 100 selon les dires du virologue marseillais Jean-Michel Claverie. La létalité rapportée au décompte des cas se situe autour de 1.5 %. Mais les porteurs du virus sont plus nombreux et les asymptomatiques passent sous les radars sanitaires. On estime à 0.7% la létalité, chiffre devenu officiel. Au bout de trois à cinq ans, de 2021 à 2026, nous pouvons craindre 150 000 à 300 000 décès au Royaume-Uni, ou en France, en supposant que pratiquement toute la population finisse par être infectée. Stopper la propagation du virus est impossible sauf en bloquant les sociétés pendant des années. La mort et le tragique sont revenus frapper à la porte de l’histoire. Rien ne s’oppose à l’émergence d’autres variants en Allemagne, Iran, France, Argentine, Zimbabwe ou Russie. Un variant californien vient d’être observé. En février 2020, les autorités de l’OMS décidèrent de ne pas désigner la pandémie actuelle comme pneumonie de Wuhan ou alors chinoise, comme il y eut la grippe de Hong Kong en 1968. En revanche, on parle de variant britannique, brésilien, sud-africain et si cela continue, dès qu’un variant suspect apparaîtra, il sera affilié à un pays qui pourrait se voir placé en quarantaine, accentuant de ce fait les mesures de contrôles aux frontières déjà actées et dont on ne perçoit pas la fin.
6) L’optimisme est devenu intenable. Si les autorités sanitaires tentent de contenir l’épidémie et de soigner les malades, la société doit se demander comment elle doit vivre avec le virus. En sachant qu’il ne faut pas espérer qu’il cause à moyen terme un banal rhume. Il n’a aucune raison de perdre son tropisme pulmonaire puisque le code trypsine est conservé dans la protéine S. Sauf miracle de la nature, le virus devrait persister, peut-être indéfiniment, comme le H-CoV-229E qui circule depuis 60 ans au moins. Sauf que le SARS-CoV-2 occasionne des pathologies sévères avec un code trypsine et quelques protéines accessoires laissant penser qu’il ne perdra pas son tropisme pulmonaire ainsi que sa capacité à hacker les voies de signalisation double, leurrer d’une part le système de veille immunitaire et d’autre part dévier la réponse inflammatoire.
7) Il nous faut des décisions philosophiques et politiques pour se donner un horizon praticable et sortir de cette stratégie inefficace et dommageable du stop and go. Pour s’ancrer dans le présent, il nous faut des certitudes sur l’avenir et mettre en place un retour à la vie normale, en gérant au mieux la crise sanitaire. D’aucuns pensent qu’on peut tenir comme ça pendant des années, à force de résilience, mais la question n’est pas là. Devons-nous, voulons-nous changer nos modes de vie en reprenant un contrôle sur nos vies, en mobilisant le courage et en affrontant les peurs ? Cette crise devrait être transformatrice mais l’on peut craindre que les sociétés acceptent la politique du contrôle sociale et sanitaire. Auquel cas c’est mort, un long dépérissement en vue. Nous avons le certainement le choix entre deux approches de l’existence. La circulation permanente du SARS-CoV-2 doublée d’une relative impuissance vaccinale invite les nations à prolonger les mesures de distanciation sociale pendant une durée indéterminée, pouvant s’étaler sur une période de cinq à dix ans. Ce serait une mutation profonde dans nos vie et à n’en pas douter, un abandon de la démocratie et de la civilisation fondée sur les libertés.
8) Tu dois changer ta vie ! Cette formule empruntée à Rilke est le titre d’un ouvrage édité en 2009 par Peter Sloterdijk. Cet essai était quelque peu prophétique dans la mesure où il nous place face à notre destin occidental. Allons-nous sombrer dans le pathos et le médical, avec un fond de morale ascétique revisité, un humanisme du soin, du care, ou bien reprendre le fameux projet Antiquité, repris à la Renaissance, explicité par Nietzsche et parachevé par Sloterdijk ? Choisir la vie, la grande santé, la jeunesse, le spectre de Thucydide, auquel j’ajoute un élan néo-chrétien. Je ne pense pas que l’explication entre Nietzsche et le christianisme ait mis un terme au défi théologique proposé à l’Occident. Chaque civilisation est face à son destin théologique.
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