Crimée, châtiments ?

Poutine voulait tellement persuader de la volonté des habitants de la Crimée à être rattachés à la Fédération russe qu’il a même organisé un vote pour bien prouver qu’ils avaient leur libre arbitre.

Le choix final des habitants de Crimée lui donnant raison, avec plus de 90 % de votants se déclarant favorables à leur rattachement à la Russie, les gouvernements de l’Union Européenne (dont le gouvernement français au nombre des plus virulents) ont crié au truquage, ont déclaré que le vote était illégal, clamé qu’il convenait de prendre des sanctions économiques contre la Russie. (En fait, je crois qu’ils veulent dire contre Poutine ; ce qui montre bien que, pour eux comme pour Poutine, ce dernier et la Russie ne font qu’un.)

Et les médias de relayer les gouvernements et d’expliquer aux français la raison pour laquelle il est incontestable que le vote a été truqué :

• la présence des militaires russes prouvait la menace qui pesait sur ceux qui auraient montré des velléités d’indépendance,
• la paroi transparente des urnes avait pour but d’avertir les réfractaires au rattachement à la Russie des conséquences funestes qu’ils encouraient,
• surtout, le plus important, il faudrait être un malade mental pour préférer une dictature russe à la démocratie offerte par l’Union Européenne.

Il se peut que les gouvernements et les médias aient raison. Rien ne prouve que voyant des forces armées russes débouler en Ukraine avec des attitudes patibulaires (je ne dis pas ‘mines’ ; les troufions sont masqués), le choix des citoyens de Crimée n’ait pas été influencé par la peur de représailles. 

Mais... Et si l’Union Européenne se trompait ? Si, à part quelques pro européens, les habitants de Crimée préféraient vraiment se fondre dans la Russie, devenir, ou plutôt redevenir des citoyens russes ?

Après tout, qui sont les habitants de la Crimée ? 

Les habitants de Crimée sont, je crois, des descendants d’ottomans, de mongols, de tatars qui se sont soudés en un peuple russophone. Un peuple intégré de force à l’Ukraine par Mikhaïl Gorbatchev il y a seulement 60 ans. Une Ukraine qui, il y a 60 ans, était russe et qui n’est devenue indépendante qu’après 1990 lors de la chute de l’URSS.

Leurs racines sont russes, leur culture est russe, leur âme est russe. 

Comment pourrions-nous les comprendre, nous, européens qui ne connaissons la Russie que par ce que nous en racontent les médias. Et quand on sait comme les médias font preuve d’impartialité...

Qu’avons-nous à offrir, nous européens, qui pourrait faire rêver les citoyens de Crimée ? Leur donner envie de préférer l’Union Européenne à la Russie ?

Certes, ils auraient la liberté de s’exprimer mais je me demande ce que pensent de leur liberté de s’exprimer les travailleurs européens qui ne trouvent pas à se loger parce que sous payés, les chômeurs européens qui ne perçoivent pas ou plus d’allocations, les européens qui ne disposent pas de suffisamment de ressources financières obligés de faire la queue pour se voir délivrer des repas gratuits par des associations caritatives, les diplômés européens qui ne trouvent pas d’emploi parce qu’ils sont affligés d’un nom à consonance maghrébine ou africaine ou parce qu’ils sont noirs ou handicapés ou obèses.

Ce disant, je ne me pose pas en partisane de Poutine, tant s’en faut.

Je n’ai jamais prisé les mégalomanes et Poutine est l’archétype du mégalomane.

En plus, je suis d’origine semi polonaise. Et les polonais n’ont pas réputation d’être les plus fervents partisans des russes.

Enfin, moi, je suis bien contente de vivre en démocratie avec le droit de m’exprimer et d’écrire une chronique, comme celle que je suis en train d’écrire, sans courir le risque d’être envoyée dans un goulag... Ou livrée à la Stasi.

Mais pour en revenir à nos gouvernants, ne sont-ils pas un peu mégalomanes eux aussi qui se gonflent comme des grenouilles souhaitant ressembler à des bœufs ?

En particulier le gouvernement français qui, par la voix de Laurent Fabius, menace Poutine de sanctions économiques ! 

Quand on voit l’état de notre économie française, c’est le genre de déclaration qui risque de provoquer l’infarctus de milliers d’ouvriers français et un féroce mal de ventre de Poutine plié de rire. 

Et quand on voit comme Poutine et ses proches se gaussent des mesures prises à leur encontre par Washington, on peut comprendre que les rodomontades de notre ministre des Affaires Étrangères puissent les faire rigoler. 

Pour ma part, je n’ai pas envie de rire.

Je ne voudrais pas jouer les Cassandre mais la situation délétère qui existe actuellement entre les gouvernants européens, les États-Unis qui jouent les mouches du coche, et un Poutine à l’ego titanesque, me flanque les ‘chocottes’.

La lecture de nombreux livres d’histoire m’a appris que, de tous temps, lorsque les pays sont en situation de récession économique, avec, selon l’époque, les pénuries agricoles ou le chômage qui cavalcade et les difficultés financières qui en découlent, les gouvernements, qui ne brillent pas par leur imagination, commencent par lever des impôts. Comme la méthode n’arrange évidemment rien, les gouvernements aux abois en viennent à trouver n’importe quel prétexte pour déclarer des guerres qui occupent les citoyens de leur pays et relancent l’activité commerciale.