Crise de l’immobilier 2019, obsolescence des modèles, des acteurs, des lois, des pratiques
Ils sont en gestation ces réseaux nouveaux en réaction aux phénomènes d'obsolescence évoqués supra. Ils ne vont pas tarder à apparaître au nez et à la barbe des anciennes structures qui, pour l'instant, brillent encore de mille feux, bouquet final du plus grand feu d'artifice - artifice, au sens propre s'entend- jamais tiré.
Regardez ! Jetez un oeil sur ces "magazines" luxueux qui s'offrent à l'admiration du passant à chaque coin de rue, je vous laisse le soin des commentaires :
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A Mont... , des maisons de ville pleines de charmes - à saisir
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Habitez une oeuvre d'art ... appartement 142 m2 ... 940 000 Euros
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Nouveau ! 25 appartements lumineux ...
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Des logements neufs de plus en plus connectés
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Les superlatifs s'entassent, les offres rivalisent d'extravagance et de sens poétique, de références féeriques :
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Harmonie résidentielle d'une adresse intimiste ...
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Rare à la vente
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superbe bien.. 1 270 000 Euros
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Parmi des dizaines d'agences et de réseaux de mandataires au magazine, l'un, au hasard, s'enorgueillit de 33 255 annonces locales, un autre vend ses 7000 agents. Faites l'estimation de tout ce qui est à la vente ..
Les pouvoirs publics ne sont pas en reste. Florilège : "Un nouveau ministère pour lancer la loi ELAN" dit le titre du papier.
Rien que ça ! vous avez bien lu : un nouveau ministère pour une loi, une seule..
"Le texte final doit notamment permettre d'accélérer les grandes opérations d'urbanisme avec la création du Projet partenariat d'aménagement (PPA) et de la Grande opération d'urbanisme ( GOU) donnant les pleins pouvoirs à l'intercommunalité".
On dirait du Philippe Muray, "Roues carrées", on se croirait revenu à l'ère des grandes envolées du communisme soviétique. Après le GOU ? La GEPEOU ?
Il faut souhaiter beaucoup de courage à cette multitude, car, en effet, l'actualité ne fait pas mystère de ce qui va arriver :
"Fermeture de 3000 agences par an" / "Digitalisation de l'immobilier, vers la disparition des intermédiaires" / "Le numérique annonce-t-il la disparition .." / "L'agence immobilière va-t-elle disparaître à cause du digital ?"
"Une entreprise est en danger lorsque les technologies et la société évoluent plus rapidement que sa capacité à s'adapter" dit AMEPI
AMEPI conduit de bonnes analyses, qui évoque la nécessité de maîtrise du numérique, de mise en place de shémas de "coopétition". Mais , comme presque tous les acteurs du secteur .. AMEPI ne voit pas l'essentiel !
L'essentiel ? L'essentiel c'est l'apparition de nouveaux besoins, encore difficiles à discerner, surtout si l'on suit le troupeau en bêlant - même avec talent -, surtout si l'on pense que "le digital" serait la seule révolution à prendre en compte.
L'essentiel, c'est la prise en compte d'éléments catalyseurs dont le nombre ne cesse de croître, dont la conjugaison décuple les effets. évoquons pêle-mêle : les prix trop élevés de 40 % en moyenne dans les villes (et qui finiront par se corriger), le ras-le-bol généralisé, l'incapacité croissante à faire face, le burn-out rampant, la saturation galopante, la désorganisation de la "société", le besoin d'autre-chose .. Un Français sur deux aimerait vivre à la campagne disent "Les Echos"
L'essentiel c'est le transfert global de l'activité en immobilier vers de nouveaux acteurs et de nouvelles pratiques.
Nous n'en sommes qu'au tout début : retour à la nature, redécouverte de l'habitat rural, redécouverte des capacités de "gagner sa vie" autrement qu'en metro-boulot-dodo, simplicité volontaire, décroissance, écologie dé-falsifiée, télé-travail .. sont des concepts nouveaux-nés, des géants au berceau, et ne sont guère traités par les Léa Salamé et autres Carolines.
La contestation du système n'en est qu' à ses prémices. Corrélativement, le développement du nouveau modèle n'en est qu'au commencement.
Imaginez un réseau de "mandataires" qui soient spécialisés dans la recherche et la mise en vente des biens de la ruralité, voire même situés en pleine nature, des maisons "à restaurer", de terrains où installer ses yourtes, ses géo-zomes, sa micro-ferme itinérante, ses ruches, ses toiles de tente ..
Imaginez les méthodes nouvelles, premier exemple : Sous la conduite d'un "professionnel", tout aussi naturellement qu'en un très-classique atelier "peinture" ou "sculpture", se tient, tous les jeudi, en cette charmante petit ville de province, un "atelier immobilier".. On y vient de Paris ! de Lyon, de Marseille, de Bruxelles. L'occasion de prolonger le séjours au vert jusqu'au lundi. Belle façon de découvrir le pays, ses gens, son immobilier, ses opportunités. Discussions, présentations, études alternent avec les balades et les "travaux pratiques de terrain"
Deuxième exemple, relatif aux "méthodes nouvelles" : les dossiers de présentation des biens immobiliers - qui feront presque tous l'objet de transactions de particuliers à particuliers - sont présentés numériquement et selon des règles nouvelles. Ainsi, le dossier environnemental qui fera partie intégrante de l'ensemble des documents d'accompagnement, décrira avec précision la situation présente pour le bien immobilier, avec des vues Google-maps rapprochées ou d'ensemble, en mode carte, en mode relief, mais fera également une étude la plus approfondie qui soit sur le futur de l'environnement du bien immobilier à la vente.
Aperçus de quelques autres aspects innovant en matière de profil des acteurs : dans le nouveau réseau, on verra côte-à-côte des professionnels classiques à "carte T", des organisateurs de séjours et ateliers découverte et étude, des associations dont la raison sociale sera de promouvoir des biens "alternatifs", des particuliers propriétaires ou non, enclins à maîtriser les outils de digitalisation et de diffusion, des membres en recherche de biens immobiliers, des membres en recherche de client.
Et pourquoi pas des notaires ? sachant que seul le notaire est obligatoire pour la finalisation de la transaction.
C'est l'évolution globale du système qui donne l'opportunité de faire naître ces nouveaux réseaux immobiliers et ses nouvelles pratiques. Ils seront nombreux ceux qui prendront plaisir à les construire, plaisir de pouvoir en vivre, plaisir de la participation à l'émergence d'un monde nouveau.. et peut-être nécessaire, absolument nécessaire.
Du plaisir à la nécessité, il n'y a qu'un pas, que pour l'heure nous ne franchirons pas.
Nous aurions pu parler de "Offgrid", de collapsologie, d'effondrement, de survivalisme, de prepping, de rupture, de pénuries, de pollution, de TEOTWAKI ..
Cela aurait permis de développer l'un des aspects essentiels du profil des nouveaux mandataires et des nouveaux besoins.
Mais nous ne le ferons pas.
Nous ne le ferons pas car il ne faut pas désespérer IKEA ..
NB : « La division immobilière du groupe, Ingka Centres, qui détient actuellement 9,5 milliards d'euros d'immobilier, compte augmenter son portefeuille de plus de moitié, avec notamment 3 milliards d'euros de nouveaux développements en centres-villes et à usage mixte, avec des magasins Ikea en Europe, en Asie et en Amérique du Nord », écrit le « Financial Times » (FT) dans son édition du jeudi 15 vovembre.
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