Crise de l’immobilier, catastrophes et voluptés
Ah ! ça commence à secouer ! Elle est mal barrée de nos jours l’histoire de Bipède. Pas besoin de relire Jean de l’Apocalypse. Nul besoin de s’en remettre à Huxley, Orwell, Servigne ou James Wesley Rawles, Barjavel, Céline ou Raspail .. La réalité dépasse la fiction désormais. Vous êtes prévenu. IL est temps de vous débarrasser de votre appartement-placard-des-villes et d’anticiper – las que vous êtes ! – le raz de marée des champs qui s’annonce.
Mais, volupté première servie
Vous vous imaginez ? Vous, vos petits gnières aussi, bien peinards, loin de Paris, hors-la-ville, pour quelques jours et quelques nuits au vert ? Plus si affinités.
D’abord, vous avez bien dormi, si vous êtes encore normalement constitué : à l’air, fenêtres ouvertes, grandes ouvertes. Bien tranquille vous êtes : pas peur d’être visité à votre insu, cambriolé, estourbis même, trucidés. Aucun vacarme de ferrailles en furie, le silence n’est ponctué que de quelques bruits bien familiers : les hou-hou de l’oiseau d’Athéna, les pas du chat-huant au grenier, le renard, au loin, qui glapit.
Vos enfants, eux, roupillent profondément, n’entendent rien, rien du tout, si délicieusement fatigués des heures de la journée. Ils respirent, pas l'odeur des carburants, mais quelques parfums de foins coupés, de fruits naissant.
Ensuite, pas du tout à l’heure où blanchit la campagne, plus tard si vous voulez, vous vous levez, en pleine forme, sans vous presser. D’abord, vous commencez à respirer, à inspirer bien profond. Que bien ça fait ! A la tête comme aux poumons. Ensuite, sans même se laver, petits déjeuner au dehors, dans la cour herbeuse, sur la vieille table de bois. Du fromage et du beurre – salé – des confitures, tout cela offert par la voisine, gironde bergère que n'apeure pas un baiser, avec du « pain de guerre » (vous habitez trop loin de la première boulangerie), ou des biscuits de grand-mères.
Ensuite, balade, vous imaginez, cueillir les dernières mûres au roncier, ramasser les noix et les chataîgnes .. Les enfants déjà, sont fin-prêts, qui hurlent, courent, rient à gorges déployées, se balancent, grimpent aux échelles, tapent et tapent avec force-bâtons, sur les murs, sur les troncs.. Pas la peine de leur gueuler après toute la journée : Attention ! attention ! Non, ils font ce qu’ils veulent.
Petit Bébert ? T’as pensé à prendre du papier pour tout à l’heure ? en promenade .. dans la forêt ..
On prendra des feuilles, ou un oiseau, a dit Rabelais dans son très-approprié traité sur le sujet.
Peinarde la journée. Idéal biotope. Quand à la tête, si vous êtes encore normalement constitué, elle se trouve en ces instants, toute refaite.
"Dès le matin, par mes grand’routes coutumières
Qui traversent champs et vergers,
Je suis parti clair et léger,
Le corps enveloppé de vent et de lumière."
C'est Verhaeren .. on continuera, l'Internet aide pour ça.
Et Rimbaud ! " Dans la feuillée, écrin vert taché d’or,
Dans la feuillée incertaine et fleurie
De fleurs splendides où le baiser dort,
Vif et crevant l’exquise broderie,
Catastrophe avons-nous évoquée
Mais ! Lyli ! Elle est là ! Déjà ! la cata : c’est bipède propulsé hors-sol, coupé de son « être », plongé dans un néant fantomatique bourré d’images de réclame et de rayons électroniques. Elle est là la catastrophe, la catastrophe ontologique ! C’est l’industrie de la réclame alliée à l’industrie « touristique ». Elle est là l’aliénation : c’est l’appartement placard allié à la télévision.
Là, je vous parle de la grande catastrophe ..
- Mais on s’en bat Mimile, de vot' grande catastrophe ! On s’en bat ! Personne – je dis bien : personne - ne la voit ta cata. Homo-Festivus a été métamorphosé, conditionné-forcené pour pas s’en apercevoir, pour pas s’en plaindre, pour s’en accommoder, s’en réjouir même. Il est en cage, bipède, enfermé de partout, appart-placard, tires, turbin, hollywood, trains .. s’en plaint pas plus qu’un lapin.
A toi de juger, lecteur. Vrai que douter de l"Homme", le rabaisser dans son euphorie contemporaine artificielle toute éprise de rêveries scientifiques, rire de sa vie en cage n'attire pas les suffrages.
Mille citations, dix mille à l'appui de mon interprétation, cependant : "Il est clair que les prétendues valeurs libérales conduisent en réalité à l'effondrement de toute valeur et que la société capitaliste est par excellence celle qui ne croit en rien, puisque la maîtrise du monde ne renvoie à rien d'autre qu'elle même".
Et encore, si connue ! "la dictature parfaite : une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s'évader. Un système d'esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l'amour de leur servitude".
En plus de la très-grande, les petites, si l'on ose, les petites catastrophes ne se font pas oublier qui, selon la télévision ce soir, se seraient multipliées par trois en moins de vingt ans : cyclones, raz-de-marée, inondations, incendies, séismes. Google actu en regorge. Sans parler des risques nucléaires, de la guerre civile larvée, des pénuries, des pollutions.
Bords de mer et proximité des centrales nucléaires ne feront plus l'affaire : trissez-vous de Tricastin, quittez Cannes, sortez de Saint-Tropez, fuyez Fos, refusez Fréjus, boudez Bandol, barrez-vous de Balaruc ..
Et l’immobilier dans tout ça ?
C’est lié, forcément, l’immobilier étant la première richesse au monde en quantité, et l’une des toutes premières préoccupations.
La catastrophe touche principalement les grandes villes, les petites également, mais en plus, les espaces particulièrement menacés. Et ils sont nombreux.
"Que faire, où aller, comment quitter la capitale où ils ne trouveraient bientôt plus de quoi manger, ni surtout de quoi boire" écrit Barjavel.
Quant à Céline, acteur et spectateur aux premières loges, sa description a vieilli, mais est peut-être grosse de nouvelles versions :
"J'ai vu des tanks de 40 tonnes bousculer nos orphelins, nous bazarder dans les colzas pour foncer plus vite au couvert, la foire au cul, orageante ferraille à panique".
Alors ! Vous êtes renseigné, vous êtes prévenu. Que ce soit pour le bonheur, le vôtre, celui de vos enfants, celui de vos amis, ou bien parce que ça va secouer en core plus fort : vendez la ville pendant qu’il est encore temps, désertez ! Au sens propre comme au figuré : envisagez « Le Désert ». Pour le prix d'un appartement-placard de 30 m2 à Paris, au environ de 500 000 € , vous aurez belle vieille demeure en Lorraine, Bourgogne ou Drôme des collines sans plus besoin de travailler pendant au moins dix années.
D'autres espaces, innombrables, se prêteront à la réalisation de vos projets : la France est le plus grand pays d'Europe, hors la Russie bien-entendu, et même si les Chinois achètent à tour-de-bras, ayant trouvé passe-droit avec la SAFER, il en restera suffisamment pour vous et nous.
N’écoutez pas les chansons des gorgones-tabellions, les sardoniques injonctions des sirènes de l’administration et leurs si nombreuses et trompeuses incitations à la « défiscalisation », les morceaux de violon des harpies en tout genre, banquiers en premiers.
Si vous les trahissez ces succubes, ces suceurs, c’est de leur fortune que vous les dépossédez. On comprend qu’ils y mettent le prix, qu’ils les entretiennent, les illusions et les séductions.
Plaisir ou nécessité, plaisir ET nécessité, les voilà les raisons qui vous feront regarder autrement les vieilles maisons perdues au fin-fond de la ruralité, et qui vous attendent, en famille ou entre amis.
Arthaud / octobre 2018
NB : J’ai cité, en introduction, quelques noms de penseurs précurseurs, dignes d’être retenus. Je veux croire que les quelques pisse-vinaigres qu’abrite si obligeamment Agoravox ne vont pas m’accuser encore de dissimuler de la réclame à mon profit : Je ne suis en aucun cas appointé pour faire la promotion des ventes de Barjavel ou d'Huxley.
A propos d’éditeurs, d’ailleurs, je cherche la meilleure solution, vu que j’ai écrit des montagnes sur le sujet, pour publier. Préoccupation que je partage, sans doute, avec nombre de rédacteurs d’Agora. Auto-édition s’abstenir. Il nous faudrait des calibres tels Gaston, Achille, Robert, Berg au moins. Et encore ! Mieux vaudra se tourner vers un Pearson ou un Wolters Kluwer. Ou un Chinois.
https://www.poetica.fr/poeme-1831/emile-verhaeren-un-matin/
http://dicocitations.lemonde.fr/citation.php?mot=effondrement
https://www.babelio.com/auteur/Aldous-Huxley/2159/citations
Citations graphiques : toutes libres de droit sur Maman Net
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