Crise de régime et régime de crise
Evidemment, la droite et « la droite de la droite » parlent de « crise de régime ». Elles demandent la dissolution de l’Assemblée, voire la dissolution du souverain dans une abdication. Celui-ci peut encore sortir de son casque de scooter « un gouvernement d’union nationale ». Ira-t-il jusqu’à l’élargir au Front National ?
Et s’il est contraint de dissoudre, aura-t-il la santé pour cohabiter ? La droite reprendra aussitôt l’antienne « se soumettre ou se démettre », voire « se faire mettre ». Mais lui trouvera peut-être dans cette adversité une occasion de se refaire une santé et de se faire le maître d’une droite divisée.
Parler de « crise de régime » comme le font, d’une part, les adversaires de Hollande pour le disqualifier, lui, et, d’autre part, ce qui lui reste de partisans pour la récuser, cette « crise de régime », c’est une façon fort politique et fort convenue de masquer la proximité idéologique des uns et des autres sur les questions du libre-échange et de la construction européenne.
La fin du siècle a connu le début des « crises financières ». Elles étaient d’emblée une crise du libre-échange et des dettes privées. Elles sont devenues une crise des dettes publiques et, en Europe, une crise de la construction européenne et de l’euro. Fort logiquement, ceux qui en ont été les « responsables » considèrent depuis le début du siècle qu’il faut imposer aux populations un régime de crise.
« Quand le riche maigrit, le pauvre meurt », dirait un proverbe chinois. Et comme la Chine est en passe de reprendre sa place de première puissance mondiale, on peut reprendre ses traditions en les mondialisant et en les adaptant à la situation : « Les riches, avec la crise, ont vu maigrir un peu leur fortune. Il faut que les pauvres acceptent de maigrir un peu pour ne pas mourir. » Et pour ne pas faire mourir un système qui sait se corriger et se régénérer tout seul avec ses petites mains comme le système économique du libre-échange.
C’est donc un régime d’amaigrissement, de dégraissage que doivent accepter sans s’aigrir les pauvres qui depuis trop longtemps vivent au-dessus de leurs moyens.
C’est ce que, dès 2003, la démocratie allemande, sous l’égide de Gerhard Schröder, avait osé faire l’Agenda 2010 et les réformes Hartz. Puis, depuis quelques années, la Grèce, l’Espagne, l’Italie a suivi l’exemple du précurseur germanique. Seule la France, toujours indisciplinée, traîne les pieds, tarde à se réformer, invoquant son « exception culturelle », victime comme toujours de sa « passion égalitaire ».
Evidemment, le candidat Hollande s’était fait élire en flattant cette « passion » et cette « exception ». Il était arrivé aussi à son prédécesseur d’avoir des accents guévaristes et des mouvements d’épaules pour dénoncer la phynance et les paradis fiscaux. Mais, comme dirait Areski Belkacem à Brigitte Fontaine, « c’est normal ».
C’est juste de la « politique », ça. Il en faut bien faire un peu pour émoustiller le populo. Dans son meeting à Vincennes, les pom pom girls Belkacem (Najat) et Philippetti (Aurélie) s’étaient trémoussées en première partie du candidat.
Finalement, en attendant un gouvernement « un gouvernement d’union nationale »ou une dissolution, François Hollande a chargé Manuel Walls d’un gouvernement provisoire. Sa composition a été annoncée par Jean Pierre Jouyet, ancien secrétaire d’Etat de Sarkozy. Et la surprise de l’ennemi de la phynance aurait été la nomination d’un jeune ancien banquier chez Rotschild. On n’échappe pas à son destin.
Comme le chantait Jo, le chanteur Bellillois :
« C’est la crise je ne vois plus mes pieds. »
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