Crise financière en 2017 : forte augmentation des probabilités
Poser cette question exige de regarder tous nos engagements, de les relier aux besoins de financements liés à la bio-crise, au changement énergétique et l’insécurité engendrée par ces évolutions. La situation en 2017 s’est en fait très dégradée depuis 2008 et nous approchons d’un retournement de cycle. Probabilité accrue par un récent rapport du FMI. Article également lisible dans sa version détaillée sur Mediapart (https://blogs.mediapart.fr/pierre-bellin/blog/120817/2017-quand-anticiper-une-nouvelle-crise-type-2008-partie-1)
2016, LE CRI D’ALERTE DU FMI : ENFIN UN CHIFFRAGE DE LA DETTE MONDIALE PUBLIQUE ET PRIVEE Marialuz Moreno Badia est cheffe de division adjoint au Département des finances publiques du Fonds monétaire international ; Vitor Gaspar est Directeur du département des finances publiques du FMI. Ils viennent de publier Les mauvais grands acteurs : une vue mondiale de la dette (https://www.imf.org/external/french/np/blog/2016/100516f.htm). Ils ne décrivent ni plus ni moins qu’une bombe à retardement, que synthétise le graphique ci-dessous, un article de fin 2016 passé inaperçu en France en raison de la campagne présidentielle :
« Jusqu’à présent », expliquent les deux analystes, « un tableau complet de la dette mondiale faisait défaut. Pour la première fois, l’édition d’octobre 2016 du Moniteur des finances publiques a chiffré le volume de la dette (…). Et ce tableau n’est pas beau à voir. La dette mondiale atteint un record de 152 000 milliards de dollars, soit 225 % du PIB mondial (…). Près de 100 000 milliards de dollars, soit environ deux tiers, sont des engagements de sociétés non financières et de ménages, c’est-à-dire des dettes privées. (…) Comme Fisher (un économiste) l’avait dit, cette dette élevée représente un obstacle majeur pour la reprise de l’économie mondiale, qui accentue le risque de tomber dans une spirale dette-déflation ». Les auteurs pointent l’endettement de la Chine, de beaucoup de pays « avancés », de pays émergents. « (Cette situation) sème le doute quant à la santé fondamentale des positions budgétaires. » Cette dette privée est si importante qu’en cas de crise elle ne pourrait être transformée en dette publique (voir annexe sur le refinancement des créances douteuses par une banque centrale), en raison des « positions budgétaires fragiles » de nombreux états. L’article insiste : les récessions financières sont plus longues et plus profondes que les récessions normales « avec, en fin de compte, un lien avec la dette et les déficits publics ». Ces déficits amplifieraient une telle récession ; on ne peut enfin attendre de la croissance qu’elle permette de réduire cette dette privée, notamment en Europe, en raison de sa faiblesse. Cet article a le mérite de souligner le rôle de la dette privée : ce fut en effet celle-ci qui, aux Etats-Unis, fit exploser le système financier. Il s’agissait d’une dette immobilière, ou plutôt hypothécaire, que garantissaient non les revenus des emprunteurs (trop faibles), mais l’augmentation hypothétique du prix du m2 de leurs maisons au cas où, ne pouvant plus assumer leurs prêts, ils revendraient leurs biens (ou que les établissements financiers le feraient pour eux, plus exactement, après les avoir expulsés). De surcroît, on ne savait plus ni qui avait emprunté, ni dans quels établissements : les créances douteuses étaient noyées dans des sortes de « paniers », des titres de titres, rachetés, vendus, au comptant, à terme, etc. Tout ou presque étant imaginable.
LA PERTE DE L’HORIZON TEMPOREL AU PAIEMENT DE LA DETTE DE LA FRANCE : 2017-2023 ? SUPER-CONVERGENCE DE TOUTES LES CRISES ?
Comment lire ce graphique ? 1 - Il y a un effet de ciseau entre l’effondrement des populations animales sauvages et l’augmentation des populations humaines. C’est la fin de la biodiversité et des forêts, l’effondrement des captures liées à la pêche mondiale ; la chute des rendements agricoles, déjà montrée par les chiffres de l’ONU (dues à la remontée des sécheresses). L’homme, en tête à tête avec le porc, la vache et les céréales OGM dès 2063 ? (Noter que j’ai pris une base 10 pour l’effondrement des populations animales en 1970. Mais il faudrait mieux le faire à partir des Grandes découvertes de la Renaissance, ce serait là encore plus frappant ; en 1970, fin des Trente Glorieuses et en pleine agriculture industrielle, la situation était déjà très dégradée). 2 – Cela a lieu sur fond d’augmentation des températures mondiales : ici, + 2°C en 2063. C’est le scénario moyen du GIEC. Ici, on suppose qu’il est dépassé, peut-être avec l’effet méthane de la fonte des permafrosts arctiques. L’effet est exponentiel sur les populations animales et végétales. 3 – La population humaine, qui consomme en 2017 plus de la moitié des ressources biologiques renouvelables, en consommera la totalité dès 2063. A cette date, il reste 1,6 % des populations animales sauvages par rapport à 1970. Ce qui n’avait pas été fait jusqu’à présent (c’était trop tôt), c’est lier ces bio-évolutions avec les cycles financiers de la manière suivante : 4 – La dette de la France augmente, voire est doublée, passant de 2 000 milliards d’euros à près de 4 000 : l’échec du nucléaire (185 milliards y compris les déchets), la nécessité d’investir dans les énergies renouvelables, le coût du passage du parc automobile à l’électrique, l’isolation des logements (1 400 milliards). Ne sont pas pris en compte les investissements dans la biodiversité… Si l’on veut que l’agriculture industrielle respecte la biodiversité, il y a une baisse des rendements d’une quinzaine de pour cents, compensable par la réduction de la consommation de viande (et l’augmentation en nutriments de telles productions). N’est pas pris en compte le coût des catastrophes naturelles, comme la montée des eaux. Le coût et donc sous-estimé : en plus donc du fait qu’il faut solder la facture EDF-Areva-ERDF/Enedis… au moins 10 % du PIB. Et ré-investir : 3 % du PIB/an. Si pour empêcher l’émigration des populations décimées par l’effondrement de leurs écosystèmes, la réponse n’est que militaire… on ne peut plus prédire aucun coût, puisque nous entrons dans une guerre généralisée, sur fond de dissémination nucléaire (les coûts du réarmement mondial ont ré-atteint les niveaux de la Guerre froide). Si elle mixe les solutions, ce sera une dépense de plusieurs milliards d’euros/an. 5 – Le cycle du CAC 40 (Bourse de Paris) : en 2017, l’indice a commencé à plafonner aux sommets qui ont précédés la crise de 2008. Le problème vient en outre du fait que les états, sur-endettés, n’ont plus de marges de manœuvre pour s’endetter davantage, sans même tenir compte du coût de la transition énergétique et de la protection des écosystèmes ; j’ai donc extrapolé un effondrement du CAC 40 dans la période 2017-2023 (le mandat de Monsieur Macron, pour résumer), en fait une remise à niveau avec le coût réel d’une action (Price earning ratio, PER). 6 – En outre, cela correspond bien au retournement du cycle financier que montrait Philippe Ariès, dont j’ai juste retourné les données (les – devenant des +) pour mieux faire comprendre les choses. (En annexes, je montrerai pourquoi on ne peut pas faire fonctionner la « planche à billets ».)
Conclusion Je n’ai pas souligné le fait que j’ai extrapolé un remboursement de la dette de France de 3 % du PIB par an jusqu’en 2063 : pour dire que c’est impossible. Bien sûr, le coût des énergies renouvelables plonge, comme l’a souligné la banque Morgan-Stanley en août 2017, mais cela condamne les structures type EDF dès 2020 (l’action a été divisée par cinq depuis son entrée en Bourse, accentuant encore la méfiance des épargnants pour les actions ; comme pour le Crédit Lyonnais, il faudra certainement créer une structure de relégation des actifs douteux d’EDF et Areva, voir d’ERDF, sur la base du financement des contribuables). En somme, cela fonctionne comme si toutes les courbes se trouvaient en ciseau à la même période « P », en 2017-2023 : restent aux traders à décider l’instant « T », puisqu’en nous endettant nous leur avons abandonné notre souveraineté (ainsi qu’aux moteurs de trading automatisés). Je ne prends même pas en compte les marchés gris, qui échappent à toutes règles, et la volonté de Monsieur Trump de dérégulation financière.
La seule solution envisageable constitue à purger les passifs financiers, supprimer des normes souvent inventées pour perpétuer des monopoles économiques, poser un modèle de gouvernance national et international, limiter le réchauffement de manière drastique, désindustrialiser l’agriculture, naturaliser les zones artificialisées, accepter les migrants, afin de gagner le temps nécessaire à la transition démographique en cours qui verra la population humaine diminuer naturellement. Ce renouvellement nécessite aussi, comme le disait Philippe Ariès, à laisser s’exprimer le modèle schumpetérien de création-destruction des activités, en adoucissant peut-être le passage par la création d’un revenu universel. Tous les outils techniques et sociaux existent pour résoudre ces problèmes. On pourra aussi lire à ce sujet le débat sur la dette publique entre Messieurs Mélenchon et Attali, daté du 5 juin 2010, invités par Daniel Schneidermann à l’occasion du livre écrit par l’ancien conseiller de François Mitterrand, au titre choc : Tous ruinés dans dix ans ? Ils conjuguent de manière inattendue le même cri d’alarme et des diagnostics convergents (voir : https://www.youtube.com/watch?v=LeAI_O2Zmc4), mais sans envisager le coût de la bio-crise. Sept années après ce livre qui apparaîtra certainement prophétique, la situation est toujours la même dans son essence, mais beaucoup plus dégradée à mon sens sur le plan planétaire, environnemental et aussi sur le plan des finances publiques françaises.
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