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Crises arabes et dénominateurs communs

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Il y a un blocage global à l’horizon politique. Mais il y a des percées remarquables dans les crises de plusieurs pays arabes, dont beaucoup espèrent la fin des conflits qu’ils vivent depuis de nombreuses années. En Libye, au Yémen, en Irak et au Liban, plusieurs initiatives sont sur la table.

Le sort de ces initiatives reste toutefois tributaire de divers facteurs internes et externes. Les événements et les développements ont montré que les crises arabes, avec leurs différentes causes, manifestations et parties prenantes, ont un dénominateur commun qu’il ne faut pas beaucoup d’efforts pour découvrir.

Au sommet de ces dénominateurs se trouve le sectarisme, la partialité régionale et idéologique. Sous la pression de cette dangereuse partialité, la cause la plus complexe et la plus grave des crises actuelles, la patrie et les peuples passent au second plan. Pas seulement parce qu’elle dépasse les patries.

Mais aussi parce qu’elle ouvre la porte aux interventions extérieures et aux allégeances transnationales pour s’imposer. La situation au Yémen constitue précisément le modèle le plus détestable des crises arabes.

La partialité sectaire et idéologique se manifeste d’une manière qui dépasse la situation au Liban, malgré sa situation d’urgence, puisque le groupe Houthi travaille à mettre en œuvre des directives et des diktats qui servent les intérêts et les objectifs iraniens, sans tenir compte des souffrances de la population yéménite dans le conflit en cours.

La partialité sectaire est la pire forme de clanisme transnational dans le monde arabe. Sans l’armement sectaire des milices, que ces forces ont introduit dans le monde arabe il y a de nombreuses années, il n’aurait pas été aussi facile pour des forces extérieures de s’ingérer de cette manière dans les affaires arabes.

Certains disent que les crises arabes peuvent être résolues par des élections, en permettant aux sociétés d’élire leurs représentants. C’est le cas par exemple en Libye, où de nombreuses parties régionales et internationales pertinentes font pression pour aller aux urnes afin de sortir du tunnel de la crise.

C’est un optimisme qui s’évapore dans la situation en Irak, où les résultats des urnes n’ont pas permis de résoudre le conflit politique entre les partis. Les controverses et les conflits politiques durent depuis des mois. Les efforts pour former un gouvernement national majoritaire ont échoué, conformément aux règles en vigueur dans tous les États.

Le gouvernement par intérim de Mustafa Al Kadhimi continue de diriger le pays dans des conditions globales qui nécessitent des décisions difficiles que ce gouvernement pourrait ne pas être en mesure de prendre.

Ironiquement, ce sont l’Irak et la Libye, avec toutes leurs énormes richesses et ressources naturelles, qui vivent dans des conditions très difficiles, car les politiciens sont divisés et ont du mal à se réconcilier. La situation en Libye semble plus complexe d’un point de vue institutionnel.

Il y a des conflits entre plusieurs partis internes, et il y a deux gouvernements et la Chambre des représentants. Il y a des divergences entre les parties externes et les puissances internationales. Le territoire libyen est en effet devenu un «  camp humain  » pour les mercenaires qui sont amenés en Libye pour combattre pour l’un ou l’autre camp.

Ce qui se passe au Liban est une autre illustration des crises arabes. Le conflit qui s’y déroule ne suit pas le modèle de la violence et de l’effusion de sang. Mais il constitue un cas exceptionnel où la volonté d’un État est détournée par une milice partisane, fidèle à une puissance régionale.

Il s’agit de l’un des pires types de crise dans les pays arabes troublés. La milice a pris le dessus sur les institutions étatiques libanaises et dispose désormais d’un effectif et d’un armement comparables, voire supérieurs, à ceux de l’armée officielle. Les Houthis ne tireront pas grand profit de leur allégeance extérieure.

Cela ne les aidera pas à consolider leur contrôle sur le peuple yéménite. Les Libanais n’oublieront pas Nasrallah et ses acolytes pour le mal qu’ils ont fait à leur pays, qui se trouve dans une situation peu enviable. Il en va de même pour la Libye et d’autres pays.

La sortie de toutes les crises arabes ne passera pas uniquement par les urnes, comme beaucoup le pensent en Occident. Plus important que les élections, je pense qu’il faut un consensus national sur une feuille de route pour sauver la patrie.

Toutes les forces politiques, partisanes et même confessionnelles de ces pays devraient écouter la voix de la raison, faire passer les intérêts de leurs peuples en premier et prendre conscience de la gravité des changements stratégiques rapides dans le monde, qui peuvent conduire leurs pays vers davantage de complexité ou, pire encore, vers le chaos et le désordre.


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2 réactions à cet article    


  • Clark Kent Séraphin Lampion 3 mai 2022 09:42

    Il faudra peut-être un jour sortir de cette appellation réductrice de « pays arabes ».

    Ça veut dire quoi ?

    « Arabe » n’est ni une religion ni une ethnie, mais une langue.

    Déjà, tous les pays concernés ne parlent pas le même arabe, pas plus que les pays de langue romane ne parlent latin ou que les pays anglophones et germanophones ne parlent le proto-germanique. Et sur le plan politique, la diversité est encore plus grande. Alors, quel est le but d’un tel amalgane, sinons de renforcer l’idéologie morbide distillée dans « le choc des civilisations » ?


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