Croisière entre barges et conteneurs : les coulisses du transport fluvial

Les conteneurs disposés sur les berges luisent au soleil. Au loin, les grues et autres camions s'agitent. Il est 14 h15 au Débarcadère du Port de Genneviliers. La foule s'amasse. Une centaine de personnes se presse de monter à bord du bateau panoramique mis à disposition par Ports de Paris. Participer à une « croisière fluviale et industrielle », à quelques kilomètres du cœur de Paris, aiguise visiblement la curiosité.
Parmi les touristes, un groupe de retraités d'une usine de pétrochimie. Un autre d'étudiants en logistique. Et quelques citoyens, avides de découvrir le « charme particulier » du plus important port industriel d'Ile-de-France.

A 14 h30 pétantes, les amarres sont larguées. « Nous voici partis pour une visite atypique, pleine de surprises », commente Bruno de Baecque, le guide national à bord. Alors que les touristes sortent lunettes de soleil, crèmes solaires et chapeaux, nous observons sur les berges des silos immenses, au fond de la darse 2. « Ces grands moulins de Paris servent-ils à stocker du blé ou du ciment ? Ils sont anciens vous savez... », s’interroge l’une des passagères. « Non seulement ils permettent de stocker du blé, lui explique M. de Baecque. Mais une usine de pâtisserie, desservant une grande partie de l'Ile-de-France, se trouve aussi ici, au sein du Port de Genneviliers. » Première découverte d'une activité portuaire singulière : la pâtisserie !

Les piles de conteneurs

Au fil de l'eau, nous approchons de la darse 1, sur les berges de laquelle s'empilent des conteneurs de différentes tailles. « Une pile de 2, les conteneurs sont pleins ; une pile de 5, ils sont vides », indique notre guide. « Environ 130 000 conteneurs transitent par Ports de Paris, via le Havre et l'axe Seine Nord. Ils pourraient même être 600 000 en 2020, avec le développement du port d'Achères », poursuit-il. Et d'expliquer : « Si le Port est équipé d'une plateforme multimodale, comme ici avec la combinaison des transports ferroviaire, fluvio-maritime et routier, transporter des marchandises par voie d’eau devient compétitif pour les entreprises. » Et le bénéfice écologique non négligeable : ce dernier transport émet 5 fois moins de CO2 que les camions !

Vers le monde industriel

La croisière se poursuit vers les darses 5 et 6, qui bénéficient d'une seconde entrée sur la Seine. Ici, sur les berges s'amoncellent des tas de granulats, ciments et déblais. « Le BTP représente plus de 60% de l'activité de Ports de Paris. Les fleuves acheminent au plus près du centre ville les matériaux nécessaires à la construction et emportent les débris. », indique Bruno de Baecque. Avec plus de20 millions de tonnes transportées en 2010 par voie fluviale, c’est 1 million de camions en moins sur les routes d’Ile-de-France et 200 000 tonnes de CO2 épargnées.
Depuis lesdarses, nous sommes au cœur de la zone industrielle : entreprises de tri de déchets, centrale à béton, cuves pétrolières, dépôt de charbon... Les univers se succèdent sur les 400 hectares et 12 kms de quai du Port de Genneviliers. Et les métiers aussi. Au total, ce sont 8 000 personnes qui travaillent dans les 300 entreprises du port.

16h, nous sommes de retour devant les Grands Moulins de Paris. Le groupe de touristes s'éloigne en direction de visites plus traditionnelles, peut-être la tour Eiffel ou l'Arc de Triomphe. Au loin, le ronronnement des moteurs se poursuit.