Cuba : le prix du blocus
Le spectacle médiatique le l’ouverture réciproque des ambassades cubaine et américaine, mais encore davantage la visite du président Barack Obama lui-même à la Havane ont amené à croire que le blocus était maintenant terminé et que tout allait bien entre les deux pays.
Or la réalité est différente : ces jours-ci, les États-Unis viennent de classer une nouvelle fois Cuba comme « ennemi » dans le cadre du commerce dans » l'Enemy Act » de 1917.
Pourtant, même si le 22 Mars 2016 à La Havane,, Obama avait appelé le Congrès américain à mettre fin à cette politique, le blocus économique, commercial et financier reste en vigueur et les restrictions imposées continuent d'être appliquées.
Malgré l'annonce des États-Unis comme quoi Cuba serait autorisé à utiliser le dollar dans les transactions internationales, les banques américaines ont jusqu'à présent refusé d'accorder des prêts ou des crédits aux importateurs cubains de produits américains dont le gouvernement des États-Unis prétendait libérer le commerce.
Mais le plus grand obstacle reste la longue liste des amendes de plusieurs millions de dollars infligées par l'Office américain de contrôle des actifs étrangers (OFAC) contre les banques et institutions financières internationales qui tentent d'établir des relations avec Cuba. Ces sanctions massives sont un bloc infranchissable à toute institution d'envisager le moindre rapprochement avec Cuba.
Dans la résolution que Cuba vient de déposer à à l’ONU (comme tous les ans), on peut lire que « depuis que cette politique a commencé à être appliquée il y a plus de 50 ans, le blocus a causé des dommages pour plus de 126 milliards de dollars. »
Le rapport qui accompagne cette résolution donne des centaines d'exemples d'application du blocus qui ont eu lieu dans les 12 derniers mois :
- en Octobre 2015 le Crédit Agricole a dû payer une amende de 1,1 milliard de dollars pour avoir enfreint la réglementation américaine contre Cuba. La banque qui avait traité pendant quatre ans des transactions entre des comptes internationaux et le gouvernement cubain ou ses ressortissants pour un total d'environ 97 millions de dollars a été contrainte de payer une amende dix fois supérieure à ce chiffre.
- en Novembre 2015, PayPal a bloqué le compte de l'agence de billetterie allemand Proticket, qui avait été utilisé par les clients pour payer des billets pour la comédie musicale Soy Cubano et un concert du chanteur cubain Addys Mercedes.
- en Janvier 2016, l'OFAC a infligé une amende de 140 400 dollars à une filiale de la société de conception WATG Holdings UK qui avait travaillé sur la conception d'un projet d'hôtel à Cuba.
- en Février 2016, une succursale de la Standard Chartered Bank britannique en Ouganda a informé les médecins cubains travaillant à l'Université de Mbarara qu'ils devaient retirer leur argent en raison du fait que les Cubains n’étaient plus autorisés à détenir un compte dans cette banque. L'université a suggéré que les Cubains ouvrent des comptes dans la banque britannique Barclays, ce qu’ils ont fait. Leur nouveau banquier les a alors informés qu'ils ne pourraient pas faire de transactions avec Cuba.
Le rapport met en évidence les effets réels du blocus sur le peuple cubain lui-même en matière de santé, d'éducation et de prestations sociales.
En Janvier 2016, Cuba a reçu une délégation de la société américaine Medtronic, qui fournit des stimulateurs cérébraux pour le traitement des maladies neurologiques. Alors que l'institut cubain de neurologie et de neurochirurgie s’apprétait à acheter du matériel, la société américaine n'a pas été autorisée à effectuer les ventes. En conséquence, les patients cubains qui souffrent de la maladie de Parkinson et de troubles neurologiques ne peuvent pas recevoir un traitement qui pourrait améliorer leur qualité de vie.
Mais le blocus peut aussi affecter négativement les gens dans d'autres pays.
Le Centre cubain pour le génie génétique et la biotechnologie a développé un nouveau médicament dans le traitement des ulcères graves du pied dus au diabète qui peuvent conduire à des amputations. Cette thérapie a été utilisée avec succès pour plus de 230.000 patients dans le monde et dispose de plus de 30 brevets dans le monde entier. Pourtant, le médicament ne peut pas être vendu aux États-Unis où le diabète affecte environ 29 millions de personnes dont environ 200 000 seraient concernées
Dans d’autres domaines Cuba ne peut pas exporter aux États-Unis un grand nombre de ses produits, dont le rhum, le tabac, le nickel et des denrées alimentaires. La chaîne de supermarchés "Asda" basée en Grande-Bretagne, propriété du Groupe Walmart US, a dû retirer de la vente tous les produits cubains.
Pratiquement tous les organismes internationaux, de l'ONU à l'Union des nations sud-américaines, l'Union africaine et même le Vatican ont appelé à mettre fin au blocus. Mais, malgré les sourires d’Obama, il est toujours maintenu par les États-Unis. Et il ne concerne pas que les relations entre les États-Unis et Cuba, il implique les pays tiers.
Il reste un très long chemin à parcourir avant que la « restauration » des relations diplomatiques apporte quelque chose de concret dans la normalisation des relations.
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