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Accueil du site > Tribune Libre > Cuba : pays à vendre

Cuba : pays à vendre

Pain, lait, oeufs, viande, fruits, eau, médicaments, électricité, essence, transports…

La litanie des pénuries à Cuba n’épargne plus aucun produit, plus aucun service.

Les gouvernants et le peuple sont d’accord sur un point : la solution est à l’étranger.

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Pour le peuple, l’émigration est quasiment le seul moyen d’améliorer sa situation, l’exode en cours est de loin le plus important jamais connu : plus de 500.000 cubains auraient quitté l’ile depuis la fin de l’épisode covid.

C’est presque 5 % de la population, et bien plus de 10 % si on se limite aux classes d’âge 20/40 ans. Cette évaporation des jeunes, des diplômés et des « non conformes » est encouragée par le gouvernement qui se livre à un calcul absurde : une fois dehors les cubains vont envoyer de l’argent à leur famille et participer ainsi à l’envoi de devises vers le pays.

Cette perspective est démentie par les statistiques d’entrée dans le pays au cours du premier trimestre 2023 : pour la première fois, le contingent de touristes canadiens dépasse celui en provenance des USA. Ces « touristes » US sont en fait des cubains ayant acquis la nationalité états-unienne. Et s’ils sont moins nombreux, c’est parce que beaucoup ont fait quitter le pays à l’ensemble de leur groupe familial. Des plaisanteries sur les réseaux sociaux tournent autour du fait qu’il revient maintenant moins cher de faire venir sa famille aux USA que d’envoyer des subsides dans un pays ravagé par une inflation incontrôlée.

Au cours des derniers mois, la chasse à la dissidence a vu se poursuivre l’application de la doctrine du gouvernement : « el destierro o la carcel » (l’exil ou la prison). Dès qu’un citoyen est repéré pour ses prises de position publiques, ou même pour la mise en ligne de vidéos montrant les difficultés de la vie quotidienne, il est suivi, menacé, arrêté et on lui donne le choix de quitter le pays ou d’y rester pour longtemps dans une résidence carcérale.

La chute de l’économie est confirmée jour après jour. Le cours du peso cubain au marché noir ne cesse de dégringoler face à l’euro et au dollar. Sa valeur a été divisée par 8 en 3 ans et son pouvoir d’achat a sombré face à l’inflation. Les interminables queues de voitures ont disparu de la plupart des stations service… mais c’est en raison de l’absence quasi totale d’approvisionnement. Faute de transport, des productions agricoles locales pourrissent sur pied.

La Havane qui était épargnée par les coupures de courant est maintenant soumise au même régime que les provinces.

Les médias d’état ont de grandes difficultés à maintenir le flot de « bonnes nouvelles » liées aux grandes avancées de la révolution. En cette première quinzaine de juin, marquée par des inondations exceptionnelles dans l’est du pays, les seules bonnes nouvelles concernent la prochaine arrivée dans les ports du pays de pétroliers ou de cargos chargés de blé. Pour citer le journal télévisé : « les prochaines livraisons de blé vont garantir la disponibilité du pain pour les 15 prochains jours ».

Le capitalisme frappe à la porte, et c’est la Russie qui insiste pour le faire entrer

Le gouvernement, fidèle à l’héritage de Fidel Castro, continue de chercher à l’extérieur les moyens de survie du pays. Après avoir vécu des subsides soviétiques de 1962 à 1990, l’économie cubaine s’est effondrée. Ce délabrement économique généralisé, dénommé « période spéciale » par les autorités a pris fin à partir de 1999 avec l’arrivée d’Hugo Chavez au pouvoir au Vénézuela, date à partir de laquelle la transfusion des richesses pétrolières a remis Cuba sur pied. Les restes de la présence soviétique se retrouvent dans la présence de nombreux véhicules, camions Kamaz et voitures Lada et Moskwitch, ainsi que dans l'imposant mirador de béton de l'ambassade russe.

La première décennie du 21ème siècle a vu de réels progrès, l’essor du tourisme, l’autorisation de micro entreprises et des ventes d’immobilier ont participé à cette évolution.

Le recul de l’activité touristique, amorcé en 2018, ainsi que la multiplication des sanctions par l’administration Trump avaient marqué le retour à des temps plus difficiles. L’irruption du covid a fait basculer le pays dans une nouvelle phase catastrophique, accélérée par la crise au Vénézuela et une réforme monétaire absurde.

Le retour des tensions internationales et les perspectives de mondialisation des conflits ont rendu de la valeur à l’emplacement géographique de l’île. Le renouveau d’intérêt des russes pour l’île s’est manifesté par de nombreuses rencontres entre dirigeants russes et cubains. Serguei Lavrov était encore à La Havane en avril 2023, le premier ministre cubain Manuel Marrero était au Kremlin ce 14 juin.

De la même manière que l’adhésion à la version stalinienne du marxisme était la contrepartie de l’aide soviétique, le soutien économique de la Russie de 2023 est assorti de conditions. Cette fois ci, c’est l’abandon partiel du « centralisme démocratique » qui est exigé par les russes pour revitaliser l’économie du pays. Le pouvoir cubain est très discret sur la nature exacte de ces concessions, pour l’instant, il se limite à déclarer que des modifications de la constitution sont prévues.

Les exigences russes (difficile de parler de négociation tant Cuba est affaibli) déjà connues et acceptées portent sur la mise à disposition gratuite de terres pour les entreprises russes pour 30 ans ainsi que de la liberté totale d’importer du matériel sans droits de douane et d’exporter les bénéfices réalisés dans le pays. En gros, c’est un pas décisif vers le retour à un statut colonial.

Les entreprises russes déjà homologuées par la Havane sont presque toutes dans le domaine agro alimentaire. Vu la faiblesse des entreprises cubaines en la matière, c’est l’essentiel de ce secteur qui va passer sous contrôle russe. L’obligation de placer des « dirigeants » cubains, qui a ruiné de nombreux investisseurs étrangers dans un passé récent, est oubliée. Poutine semble décidé à éliminer le facteur d’instabilité constitué par l’incapacité du pouvoir cubain à garantir l’alimentation de sa population. Dans un premier temps, la Russie fournit pétrole et blé.

Cuba : une Ukraine à l’envers ?

Prendre le contrôle de Cuba aujourd’hui c’est assumer la reconstruction d’un champ de ruines. Il faut une sérieuse raison pour se lancer dans cette entreprise. On imagine mal que le bien-être du peuple cubain soit la motivation première de Vladimir Poutine. La réactivation de la base de Lourdes (ancienne base soviétique, 73 km2 à côté de La Havane) a démarré en 2014, mais on sait très peu de choses sur ce lieu avant tout destiné à l’écoute et à la surveillance du grand voisin du nord.

Sur cette base on trouverait aussi des équipes chinoises. Mais la présence chinoise reste modeste, le geste principal de ce pays, premier fournisseur de produits manufacturés, a été une remise de 100 millions de dollars sur une dette estimée à plus de 2 milliards. D’autres pays manifestent leur soutien, tels l’Iran, dont le président, Ebrahim Raisi, est en visite officielle à La Havane ce 14 juin.

Il est difficile de ne pas voir dans le sauvetage providentiel du régime cubain par la Russie une situation inverse du rapprochement entre l’Ukraine et l’OTAN.

L’une des craintes des cubains devant ce retour des « bolos » (le surnom des russes en cubain) est de voir les conscrits cubains envoyés sur le front en Ukraine. Aujourd’hui, il y a déjà des cubains au combat dans l’armée russe. Ils sont incités par l’octroi de la nationalité russe à l’issue d’un contrat d’un an, avec un salaire de 30 000 dollars pour l’année, plus des primes. Ce qui représente plus d’un siècle du salaire moyen cubain actuel.

La réaction US, surtout celle des cubains américains, est indignée : alors qu’ils voyaient une fin proche pour le régime cubain, miné par les pénuries, ils s’alarment devant le ballon d’oxygène que représente le renouveau du soutien russe.

La CIA doit sûrement réviser son manuel sur l’organisation des révolutions de couleur, mais l’extrême dureté de la répression lui laisse peu d’espace pour agir. Quant au peuple cubain, englué dans la survie au quotidien et les queues interminables pour s’alimenter, il continue de voir son seul espoir dans une hypothétique émigration.

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38 réactions à cet article    


  • Lynwec 16 juin 2023 09:18

    Désolé pour l’auteur, ce n’est pas un choix mais il faut bien en parler quelque part ...

    Donc...

    Marrant, l’article sur Assange reste obstinément fermé à tout commentaire ...

    Bug ou manipulation visant à éviter sa popularité ? L’auteur aurait dû choisir Navalny, c’est plus porteur...

    Sinon, pour en revenir à l’article, Cuba, c’est surtout un pays ayant fait l’objet d’un embargo quasi total pendant des dizaines d’années, de la part de qui ? de qui ? Alors, c’est sur que ça n’aide pas vraiment au développement, Castro ou un autre...


    • leypanou 16 juin 2023 09:39

      @Lynwec
      les sanctions ont joué un rôle, l’incompétence ou la corruption des dirigeants cubains aussi, le comportement général de la population aussi certainement (sont ils des branleurs ? car la débrouille n’enrichit pas toujours un pays)
      Si un système « dur » empêche un pays de se développer, la Chine ne serait jamais devenue ce qu’elle est.


    • Lynwec 16 juin 2023 09:48

      @leypanou

      On ne peut pas honnêtement comparer la Chine et Cuba, que ce soit en superficie, en population ou en ressources naturelles, les situations sont très différentes (et la Chine n’a pas subi de blocus...) . L’Iran d’ailleurs, lui aussi sous blocus mais plus vaste et disposant de plus de ressources (et loin des phares de l’Humanité) s’en est mieux tiré (et ça semble parti pour s’améliorer encore) .

      D’accord sur le fait que les dirigeants cubains laissaient à désirer, mais c’est loin d’être le point essentiel, selon moi...


    • leypanou 16 juin 2023 10:00

      @Lynwec
      la superficie a peu d’importance à mon avis, sinon Singapour ne serait pas ce qu’elle est. J’ai pu visiter la Chine et Singapour il y a longtemps et je peux dire que çà n’a rien à voir au niveau mentalité par rapport à ici.


    • Yaurrick Yaurrick 16 juin 2023 12:24

      @leypanou
      Singapour n’a pas non plus de ressources et de matières premières. La raison de la prospérité singapourienne est la liberté économique.


    • pascal58 16 juin 2023 12:33

      @leypanou

      C’est la faute a personne en somme. Les USA ont bloqué toutes importations dans le pays depuis plus de 50 ans, mais tu oses encore mettre le problème cubain sur les cubains eux mêmes. 
      Durant la pandémie , la France a été un bordel sans nom. Multiplie ça par 1000 pendant 50 ans , et tu aura une petit idée de ce que les Cubains traversent. 
      S’il y a un branleur, c’est toi. Continue ta petite branlette de décérébré incapable de sentir sa propre merde même si on lui l’a mettait sous le nez. 


    • Lynwec 16 juin 2023 15:35

      @pascal58

      C’est dit assez crûment, mais il y a du vrai, Cuba, sans les USA, un peu comme la Lybie, sans les....(trop long), ça marcherait beaucoup mieux...


    • xenozoid Xenozoid 16 juin 2023 15:39

      @Lynwec

      donnez moi une excuse je vous vendrais une guerre,c’était un journaliste americain a cuba pendant la guerre (civile)contre l’espagnol,et ...on connait tous la suite la guerre usa espagne,qui a vu un changement de maitre


    • amiaplacidus amiaplacidus 16 juin 2023 16:18

      @Yaurrick qui dit : « ... La raison de la prospérité singapourienne est la liberté économique. ... »

      Je crois que vous ne connaissez pas vraiment le problème. La raison de la prospérité singapourienne, c’est la position géographique.

      Et Singapour est une quasi-dictature, où deux familles se partagent le pouvoir depuis plus de cinquante ans. Je dis bien dictature, pas régime autoritaire.
      L’une des familles occupe le pouvoir quelques années, ensuite, tacitement, l’autre famille s’installe et, après 5-6 ans, on recommence.

      Intéressez-vous aux libertés individuelles à Singapour.
      Intéressez-vous à la liberté de la presse à Singapour.
      Intéressez-vous à la liberté des « élections » à Singapour.
      Etc.

      La liberté politique est inexistante à Singapour. La liberté économique est toute relative : elle est réelle si l’on est dans la sphère des deux familles régnantes, virtuelle dans les autres cas.

      Cette dictature singapourienne ne fait pas les gros titres de la presse, simplement parce que les familles dirigeantes ont l’intelligence de se placer dans le « camp du bien ».


    • ticotico ticotico 16 juin 2023 19:27

      @leypanou
      Et pourquoi pas comparer Cuba et le Vietnam... C’est sûr que les vietnamiens ne sont pas connus pour leurs talents dans le domaine de la salsa, mais ils avaient un pays dans un état catastrophique qu’ils ont remis sur ses pieds. Et cela avec un système politique qu’on peut imaginer proche de celui de Cuba.

      Le Vietnam fait partie des pays amis de Cuba et ils ont même mis en pratique cette solidarité en donnant régulièrement des cargaisons de riz et en s’investissant dans des projets, dont le principal était d’améliorer la production de riz. 

      Mais l’an dernier, les techniciens vietnamiens se sont lassés de lutter contre l’inefficacité des bureaucrates cubains et sont rentrés au pays. Les détails ici (désolé, c’est en espagnol).

      En gros, les blocages, détournements de ressources, et non respect des contrats qui font partie du fonctionnement habituel des administrations cubaines ont eu raison de ce projet démarré il y a 20 ans.


    • Yaurrick Yaurrick 16 juin 2023 19:59

      @amiaplacidus
      Je ne parlais que de liberté économique, sur le reste des libertés individuelles et politiques, je suis d’accord.
      Mais en revanche, en matière de libertés économiques, Singapour s’en sort bien mieux que la plupart des pays. Face à la France, il n’y a pas match, nous sommes proches d’être la lanterne rouge en Europe.


    • leypanou 16 juin 2023 22:53

      @pascal58
      tu ne présentes aucun intérêt espèce de sous-m. Apprends déjà à lire.


    • L'apostilleur L’apostilleur 18 juin 2023 09:17

      @Lynwec
      « On ne peut pas honnêtement comparer la Chine et Cuba... »
      En effet, par contre davantage avec les îles de l’arc antillais et là hors mis celles qui ont eu la chance d’être colonisées... c’est la cata totale. 
      Les paradisiaques Grenadines sont des territoires de misère et d’insécurité que ses palmiers et ses langoustes ne suffisent pas à masquer.
      Avec Haïti île de toutes les misères...
      Dans ce contexte, Cuba est bien préférable. 
      Si vous y allez vous les aiderez 

       


    • L'apostilleur L’apostilleur 16 juin 2023 09:36

      Les russes à Cuba... les us doivent s’étonner d’avoir attendu si longtemps. 

      Depuis le petit restaurant qui fait face au panneau « Guantánamo » sur la route côtière, le spectacle du passage prochain des russes le long de la zone grillagée occupée par les us, vaudra son pesant de cacahuètes de Cuba.


      • Lonzine 16 juin 2023 10:01

        On vient d’y découvrir une bas d’écoute chinoise....


        • Lonzine 16 juin 2023 11:44

          @Lonzine
          pas grave, ils hébergent déjà gwantanamo


        • Réflexions du Miroir Réflexions du Miroir 16 juin 2023 14:50

          @ticotico,

           Cuba a une très vieille histoire derrière elle. Je l’ai connu un printemps en 1997.

           J’avais écrit Un cuba libre, por favor

           Mon copain, Alain pseudo Asterix sur avox (décédé il y a 3 ans), y avait vécu et ce billet me l’a fait connaitre.

           Fidel Castro est mort. Son frère avait repris la lignée puis il a lâché la présidence.

           Mais le castrisme agit toujours dans l’ombre comme si Castro s’est transformé en fantôme. .

           Aujourd’hui, on apprend Ukraine | Cuba appuie la Russie dans son « droit de se défendre » face à l’OTAN | La Presse

           Opposition idéologique en l’Occident et l’Orient oblige.

           


          • ticotico ticotico 16 juin 2023 19:54

            @Réflexions du Miroir

            Raul Castro, 92 ans, est toujours là, sa dernière apparition publique remonte à avant hier. Il a participé à la principale des cérémonies organisées dans tout le pays pour commémorer le 95e anniversaire de la naissance de Che Guevara.

            Même s’il y un président de la république en titre, Miguel Diaz-Canel, c’est Raul qui prend les décisions importantes. Quand Lavrov est venu en avril dernier, Raul n’a pas laissé le président mener seul les entretiens.


          • chapoutier 16 juin 2023 15:29

            trop facile de charger la mule ( cubaine ) et ces salopards d’étasuniens sont l’innocence même.


            • titi titi 17 juin 2023 15:28

              @chapoutier

              Je dirai plutot l’inverse : trop facile de charger l’action des états unis.

              Les dirigeants de Cuba ont choisi une idéologie qui a été pensée pour les pays industrialisés d’Europe (relire Marx)
              Et qui en plus n’a absolument pas fonctionné dans les pays pour lesquels elle a été pensée.

              Comment espérer alors qu’elle fonctionne dans les pays pour lesquels elle n’a pas été pensée ?


            • chapoutier 17 juin 2023 16:16

              @titi
              donc d’après toi, les étasuniens étaient fondés à faire un blocus total de plus de 60 ans sur Cuba parce que ces ordures de washington n’aimaient le régime politique.

              nous sommes bien d’accord, les usa foutent la merde partout dans le monde et titi est une pompom girl


            • titi titi 17 juin 2023 16:36

              @chapoutier

              Un « blocus » c’est quand personne ou aucune marchandise ne peut entrer ni sortir.

              Or ce n’est pas le cas. Il y’a embargo des Etats Unis.
              Qui n’est d’ailleurs pas total puisque entre 30 et 40% des denrées alimentaires viennent des Etats Unis.

              Mais ça n’empêche pas les autres pays d’avoir des relations économiques/

              https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/CU/commerce-exterieur

              Donc, oui, certainement l’embargo n’aide pas.
              Mais de là à dire qu’il est la source de tous les maux, c’est un peu facile.

              "titi est une pompom girl

              "
              Chouette avec avec ton numéro de comique, on va pouvoir faire un spectacle.


            • Lynwec 17 juin 2023 16:41

              @titi
              « Les dirigeants de Cuba ont choisi une idéologie qui a été pensée pour les pays industrialisés d’Europe (relire Marx)
              Et qui en plus n’a absolument pas fonctionné dans les pays pour lesquels elle a été pensée. »

              « Et qui en plus n’a absolument pas fonctionné....pensée. »
              Analysons un peu...

              Il semblerait que les gros capitalistes et les pays dont ils ont pris le contrôle depuis Cromwell et ensuite, sous les habits mités de la « démocratie » se soient longuement employés, par tous les moyens disponibles à faire en sorte que cette doctrine qu’ils avaient pernicieusement (en en déformant les principes et en promouvant les pires ordures au sommet du mouvement, méthode classique que nous retrouvons dans nos partis « démocratiques ») exportée dans l’Empire des tsars soit un échec . Peur de la contagion d’un communisme réel qui réussirait, surement .

              Ils peuvent ainsi déclarer, l’air satisfait, que le communisme n’a pas fonctionné (normal vu qu’il n’a pas été réellement appliqué, comme la démocratie, tiens, une coïncidence...) . La même observation sera vraisemblablement faite plus tard, quand des historiens futurs analyseront les échecs et faillites récurrentes du capitalisme dans le monde et s’interrogeront sur le rôle réel des dirigeants promus durant cette période ...


            • titi titi 17 juin 2023 19:00

              @Lynwec

              Bah oui forcément : si le communisme a échoué, c’est pas la doctrine qui est moisie, c’est la fôte des zotres. Demain, promis, les lendemains chanteront !

              Alors sachez que, si, le communisme a été appliqué à une époque : dans les Kibboutz en Israel.

              Mais ils n’ont jamais été capables d’être autosuffisants : il fallait des subventions venues du monde capitaliste.


            • titi titi 17 juin 2023 19:04

              @Lynwec

              Et sinon je maintiens : le socialisme, le marxisme, ce sont des doctrines purement occidentales.

              Croire qu’elles sont appliquables dans des pays, donc l’histoire, la structure sociétale, sont totalement différentes de celles qu’a connu l’occident, c’est une forme de colonialisme.
               


            • Lynwec 17 juin 2023 20:10

              @titi

              D’accord sur la première phrase, pour le reste, c’est très discutable car je ne suis pas persuadé que la majorité de la population du Qatar, par exemple, soit favorable à la structure politique et sociale inégalitaire existante, bien que « traditionnelle »...et si réfractaire à un véritable changement .

              Reste que ces doctrines en sont restées au stade de théorie puisque la vilénie humaine a fait que les plus pourris se sont appropriés les places dirigeantes, avec tous les passe-droits que ça supposait dans leur esprit . Un socialisme-alibi (nous connaissons bien ça en France) et de même pour le faux communisme en Russie-URSS...


            • titi titi 17 juin 2023 21:35

              @Lynwec
              "je ne suis pas persuadé que la majorité de la population du Qatar

              « 
              Vous n’êtes pas persuadé, donc vous n’en savez rien.

               »es plus pourris se sont appropriés les places dirigeantes

              "
              Quand après avoir changé de four, changé de plat, changé de boucher, votre blanquette de veau est toujours mauvaise, c’est que le problème ne vient ni du four, ni du plat, ni de la viande, mais de la recette.

              C’est bien le communisme qui porte en lui même son propre échec.


            • ticotico ticotico 18 juin 2023 09:48

              @titi @lynwec

              Pas sûr que le problème vienne de la doctrine politique.

              La volonté d’éliminer toute alternative mène à la momification des structures de pouvoir et ouvre la porte à toutes sortes d’abus.
              C’est valable pour le Thatchero-macronisme aussi bien que pour le régime cubain actuel. Le stade de dégénérescence de la France est bien moins avancé que celui de Cuba, mais il y a une grande similarité dans les causes et les effets.

              La criminalisation de l’opposition est un fait indiscutable à Cuba, en France, on n’en est qu’au stade de la diabolisation.
              Le gouvernement fait passer son maintien au pouvoir et le contrôle des populations avant la réussite réelle de son « modèle » qu’il estime idéal.
              Les médias ne servent qu’à exprimer l’opinion des dominants et à manipuler en martelant le bien fondé de la doctrine officielle, quitte à tordre les faits en permanence. La scansion « c’est la faute des USA » à Cuba n’est pas plus crédible que le recul du chômage dont se targue Bruno Lemaire.

              L’accumulation des richesses et leur concentration dans les mains d’une minuscule minorité est arrivée à son stade ultime à Cuba et elle est le but principal de la macronie. 
              La corruption et l’impunité des dirigeants est un fait acquis dans les deux pays.


            • Lynwec 18 juin 2023 10:17

              @ticotico

              Vous affirmez que les sanctions ne sont pas une explication crédible . Certes, elles n’expliquent pas tout, mais essayez de faire un 100m nage libre avec un boulet à chaque cheville, on en reparlera ensuite .

              A noter que sans subir aucune sanction, vu l’à-plat-ventrisme permanent de nos « dirigeants » young leaderisés, la France a réussi brillamment sa tiers-mondisation, et ce ne sont pas les affirmations dignes de la méthode Coué qui y changeront quelque chose . Comme quoi, des dirigeants corrompus y parviennent très bien (mais là encore, quelqu’un de l’extérieur y est pour quelque chose...)


            • ticotico ticotico 18 juin 2023 11:24

              @Lynwec

              « les sanctions ne sont pas une explication crédible »

              Je ne nie pas les sanctions, elles existent et elles ont un impact réel, mais bien inférieur à celui des décisions absurdes du gouvernement. Malgré des revenus du tourisme en baisse continue depuis 5 ans, l’investissement continue de se concentrer sur ce secteur qui génère davantage de dépenses que de revenus.

              Avec un taux d’occupation inférieur à 15% en 2022, les hôtels (tous contrôlés par l’état) sont clairement bien dessous du seuil de rentabilité. Pourtant, en cette même année, pour chaque euro dépensé dans la construction d’hôtels, Cuba n’a dépensé que 6,5 cents pour la santé et 4 cents pour l’éducation.

              L’aveuglement des dirigeants et leur obstination à construire des hôtels pour une clientèle qui n’existe pas a bien une explication : ces constructions génèrent de copieuses commissions que se partagent quelques membres de l’oligarchie.

              Ajoutez à cela les blocages administratifs, les pénuries dues à la corruption et aux détournements ainsi que le harcèlement permanent qui touchent toutes les activités économiques indépendantes, il ne peut y avoir qu’un accroissement de l’enlisement généralisé. 

              Les cubains ont un terme qui résume cette situation « autobloqueo » ou « bloqueo interno », le blocus interne dû à un gouvernement qui décide de tout en dépit du bon sens.

              Un exemple concret, depuis la semaine dernière il y a une grève des taxis indépendants à La Havane, les conducteurs de ces vieilles américaines qui font du transport collectif. Ils refusent de travailler en appliquant les nouveaux tarifs que veut imposer le gouvernement.
              Leur application ne leur permettrait tout simplement pas de générer de revenus suffisants pour poursuivre leur activité. Les pièces détachées pour maintenir en fonctionnement leurs très vieilles voitures ne sont pas importées, ou de façon insuffisante, par le gouvernement (il ne s’agit pas de pièces américaines, les mécaniques d’origine sont depuis longtemps remplacées par des pièces de Lada, de Hyundai ou autres) et les filières d’importation parallèles sont faites par le biais de « mulas », des personnes qui font des aller retour avec le Mexique (pays ami depuis l’élection de Amlo) pour ramener en avion des carburateurs, des pneus, des disques de frein et autres accessoires.

              Ce type de filière rend les pièces hors de prix et surtout rend leur achat en devises impératif. Pourtant le gouvernement veut imposer des prix bas pour le transport sans faciliter l’accès à un tarif raisonnable aux moyens nécessaires pour maintenir l’activité. 

              Ce type d’aberration est malheureusement à l’oeuvre dans presque tous les domaines. 


            • ticotico ticotico 18 juin 2023 11:33

              @eau-mission
              Merci, c’est à cause de gens comme vous qu’on essaie de maintenir en vie ce site...


            • Lynwec 18 juin 2023 11:40

              @ticotico

              Vous ne posez pas les bonnes questions :
              -pourquoi les revenus du tourisme sont-ils en baisse continue ? (Analysez les facteurs, ils sont nombreux et quand on claironne 24h/24 dans tous les bons médias « Cuba pas bien, n’y allez pas, c’est l’enfer », même si au départ ça ne l’était pas, on a l’exemple type de la prophétie autoréalisatrice .

              -pourquoi les pièces détachées ne sont-elles pas importées par des filières standard ? (Ah oui, les sanctions et blocus n’ont qu’un rôle limité, c’est vrai...)

              Pour les décisions prises en dépit du bon sens, nous, victimes des gouvernants « français » depuis 1968 n’avons vraiment rien à envier aux Cubains, ni de leçons à leur donner, au surplus (le pays, saboté de l’intérieur, n’ayant fait que décliner en continu) ...et même pas l’excuse du blocus à faire valoir...


            • titi titi 18 juin 2023 11:42

              @ticotico

              "a volonté d’éliminer toute alternative mène à la momification des structures de pouvoir

              "
              Bah la dictature est pourtant un point de passage obligé si on s’en tient à une approche Marxiste


            • titi titi 18 juin 2023 12:18

              @Lynwec

              "pourquoi les pièces détachées ne sont-elles pas importées par des filières standard ?

              « 
              C’est presque la bonne question.

              La bonne question c’est
               »"pourquoi les pièces détachées devraient -elles être importées

              "

              Comment le système cubain a-t-il été incapable de mettre en place ses propres chaines de production pour approvisionner les besoins les plus criants en 60 ans ?
              Alors qu’il a les ingénieurs, qu’il aurait pu disposer de l’expertise de militants communistes du monde entier ?

              Pourquoi ça ne s’est pas fait ? Je vous laisse chercher.


            • ticotico ticotico 18 juin 2023 10:23

              Alors, quel espoir peut on avoir dans les solutions politiques ?

              Il y a un état de 40 millions d’habitants, qui n’a rien d’occidental qui a appliqué le marxisme à la situation locale et s’en sort pas si mal, il s’agit du Kerala.

              Vu la structure fédérale de l’Inde, la tentation de supprimer l’alternative politique n’existait pas. Arrivé au pouvoir en 1957, le Parti communiste y est resté de façon majoritaire depuis, il y a eu des périodes ou l’opposition a accédé au pouvoir, mais jamais pour longtemps. Aux dernières élections (2021), le LDF (Front de gauche) a confirmé sa position dominante en gagnant une nouvelle fois la majorité au parlement, avec 99 sièges sur 140.

              Des mesures concrètes ont amélioré la situation des travailleurs, par exemple, dans les immenses plantations de thé, les travailleurs sont devenus « actionnaires », une part du revenu leur a été attribuée. En 65 ans, le Kérala est passé de la dernière position des états indiens en matière de richesse à un revenu supérieur de 50% à la moyenne de l’union indienne. Il est également considéré comme le plus avancé socialement.

              En se promenant dans cet état on peut voir de nombreux portraits du Che et des drapeaux rouges, ainsi que des bustes de Karl Marx ornés de colliers de fleurs.

              Culturellement, ça rappelle un peu l’Italie des années 50, les deux forces dominantes y sont le Parti communiste et l’église catholique. Il était donc plus facile de sortir de l’immobilisme et des régressions qu’autorise la religion hindouiste dominante au niveau fédéral, comme l’illustre l’action du BJP au pouvoir à Delhi.


              • titi titi 18 juin 2023 11:31

                @ticotico

                Un article sur le sujet : https://autogestion.asso.fr/le-kerala-vers-une-democratie-pleine-et-entiere/

                Comme je l’ai précisé plus haut il y a aussi les Kibboutz israéliens.

                Mais comme pour les Kibboutz, l’Etat du Karala « dépend » de l’extérieur : 20% de son PIB provient de transferts de ses émigrés...

                L’économie communiste est une économie « Shaddok ».

                Pour que le développement soit au rendez vous il faut une aide extérieure.
                C’est ce qui manque à Cuba depuis la fin de l’URSS, et la faillite du Vénézuela.


              • Eric F Eric F 18 juin 2023 17:54

                Retour du parrainage par Moscou. Afin de rejouer l’histoire, pourquoi ne pas proposer une base de missiles comme en Biélorussie.


                • pasglop 18 juin 2023 22:02

                  Pour rester dans la région, une petite histoire d’HaÏti, dont on ne peut pas dire que les régimes politico/économiques relèvent de près ou de loin du communisme :

                  https://www.nytimes.com/fr/interactive/2022/05/20/world/americas/haiti-france-dette-reparations.html

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