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Accueil du site > Tribune Libre > Cyril Lignac et le « Made in France »

Cyril Lignac et le « Made in France »

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Il y a quelques mois sur M6, à grands coups de battages médiatiques dont ils ont le secret, certains grands chefs expliquaient de façon pédagogique les bienfaits du made in France afin de nous aider à choisir nos produits dans les supermarchés. Nous allons donc, nous aussi, à la lumière de leur enseignement, essayer d’en savoir plus sur le business « made in France » de nos grands chefs, en commençant d’abord par Cyril Lignac, figure de proue de ce mouvement.

Il y a quelques semaines ce dernier a sorti en partenariat avec Carrefour et Carrefour Market sa propre gamme d’ustensiles de cuisine « pensée pour faciliter nos plats cuisinés de tous les jours ». Suivant ainsi les conseils avisés de notre grand chef cathodique, nous nous sommes alors rendus dans le Carrefour le plus proche afin de juger la difficulté de connaître la provenance des produits. De ce point de vue là, Cyril Lignac et sa bande avaient parfaitement raison car nous avons effectivement eu beaucoup de mal à trouver le moindre indice nous permettant de connaître l’origine de fabrication de ces ustensiles dont il nous vante pourtant les mérites.

Il n’est en effet nulle part fait mention – que ce soit dans le prospectus, le rayon, ni même l’emballage – de ce dont Lignac milite au quotidien. Après de longues minutes d’inspection, la seule chose que nous parvenons à dégoter est une simple adresse en minuscule d’une entreprise basée en Belgique.

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Nous décidons donc de poursuivre notre pérégrination sur le célèbre moteur de recherche Google pour en apprendre plus sur Promeco SA, le fabricant d’un peu plus d’une dizaine de marques en Europe dont celle de Lignac.
De façon frustrante, le site nous en fait savoir guère plus que la brochure du grand magasin sur la provenance et les matériaux utilisés pour leurs produits.
Comme il nous en faut heureusement plus pour nous décourager, nous continuons donc notre prospection sur le réseau social Facebook. Nous contactons donc plusieurs pages de Carrefour France et Belgique sans grand succès puisqu’ils ne semblent pas en savoir beaucoup plus que nous sur le sujet. Fort heureusement, l’administrateur de la page Facebook de la société Promeco qui gère le jeu concours « le défi de Cyril » organisé pour le lancement de la gamme nous explique avec professionnalisme l’origine exacte des produits. Nous partageons donc avec vous sa réponse dans la copie d’écran ci-dessous :

C’est ainsi que nous avons obtenu la confirmation (qui n ‘est pas vraiment une surprise pour nous) que la gamme Cyril Lignac destinée principalement au marché français par l’intermédiaire de Carrefour passe par un fabricant situé en Belgique qui utilise quand à lui des inox japonais pour faire fabriquer ses casseroles en Chine !
En voilà une belle affaire…
Le même grand chef qui – larmiche à l’œil dans une plantation en Inde – nous expliquait dans l’émission de M6 les méfaits de la mondialisation et les bienfaits des circuits courts se trouve mêlé à une affaire presque aussi digne que la traçabilité des lasagnes de bœuf au cheval de Findus (avec qui il collaborait par ailleurs dans le passé).
Heureusement, comme s’il avait eu une sorte de pressentiment, Lignac avait prit la précaution de nous préciser qu’en aucun cas il ne se plaçait comme un moralisateur !
En même temps, il ne manquerait plus que ça !

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D’autant plus qu’en matière de « non made in France » il n’en est pas avec cette gamme à son premier coup d’essai.
En effet, quid de la gamme de couteau Kai à son nom fabriquée au Japon, de son partenariat avec San Pellegrino (Italie), de sa participation au jury Nespresso (Suisse), et ne parlons même pas de Sushishop dont on est en droit de se demander si la plupart des matières premières sont bien « made in France »…
Le cas de Cyril Lignac pourrait paraître anodin et assez commun dans le monde des affaires régi par la communication à tout prix, seulement il est également révélateur du rôle des grands chefs en général, à travers la société civile, dans le processus en cours de mise en avant du localisme, du développement durable et du localisme au service des multinationales et des organisations supranationales.

Romain R


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8 réactions à cet article    


  • Agafia Agafia 13 novembre 2015 16:55

    @ foufouille

    ça c’est de l’argument de choc ^^
    Bref...

    --------------
    @ l’auteur

    Voilà une démarche intéressante, et qui nous prouve, une fois encore, le fossé entre communication et bizness. Rien d’étonnant, mais toujours utile de le rappeler. Le marketing, avec un M comme Mensonge.

    Bonne soirée.


    • AlbertGam AlbertGam 13 novembre 2015 19:09

      Excellent billet !


      • Osis Oxi gene. 14 novembre 2015 05:41


        Je me doutais bien que lui aussi trainait des casseroles...


        • Osis Oxi gene. 14 novembre 2015 05:44

          Cyril Lignac le roi de la salade...

          • Osis Oxi gene. 14 novembre 2015 05:45

            Cyril Lignac prend un gamelle...


            • Spartacus Lequidam Spartacus 14 novembre 2015 09:40

              En fait le plus grave n’est pas que Lignac expose du made in France.

              Le plus grave c’est que personne ne comprenne que les arguments « made in France » sont ridicules. 
              Rien de rien n’est local. 

              La mondialisation expliquée pour les nuls 

              Exemple par le « crayon de bois ». Source : Leonard Reed 

              Le graphite est extrait à Ceylan

              Pensez à ces mineurs, à ceux qui ont fabriqué leurs nombreux outils d’Allemagne pour l’extraire ou les sacs en papier du Canada dans lesquels on transporte le graphite ou encore la ficelle de Malaisie qui permet d’attacher ces sacs, à ceux qui les ont mis à bords des bateaux Panaméens et à ceux qui ont fabriqué ces bateaux en Corée. Même les gardiens de phare le long de la route au cap en Afrique du Sud ont aidé à sa naissance, et aussi les pilotes des ports Belges d’Anvers.

              Le graphite est mélangé à de l’argile Américain dont on utilise l’ammoniaque de Trinidad et Tobago pour l’affinage. Puis des agents mouillants sont ajoutés, comme du suif sulfoné issu du pétrole du Vénézuéla des graisses animales d’Argentine ayant réaction avec de l’acide sulfurique Suisse. Après être passé au travers de nombreuses machines Allemandes, le mélange se présente finalement dans une extrusion sans fin comme pour une machine à saucisses coupée à la dimension voulue, séchée et cuite pendant plusieurs heures à environ 1000 °C . Pour accroître leur résistance et leur aspect lisse, les mines sont alors traitées avec un mélange chaud qui comprend de la cire du Mexique, de la paraffine du Maroc et des graisses naturelles hydrogénées des pays bas.

              Le bois de cèdre de Turquie ou Liban reçoit six couches de laque. Connaissez-vous tous les ingrédients de la laque ? Qui penserait que les éleveurs de graine de ricin du Brésil font le rouge ? La belle couleur blanche et jaune de l’oxyde de titane extrait à Madagascar de la laque nécessitent les savoir-faire de plus de personnes que l’on n’en pourrait dénombrer !

              Regardez la marque. C’est un film formé en chauffant du charbon noir de Bulgarie mélangé avec des résines transformées en France.

              Le bout de métal la virole, est en laiton des métalleries Indiennes. Pensez à toutes les personnes qui extraient le zinc du Pérou et le cuivre du Chili et ceux qui savent faire une feuille brillante de laiton à partir de ces produits de la nature. Ces anneaux noirs sur la virole sont en nickel noir d’Australie

              Il y a ensuite le bout de gomme, que l’homme utilise pour effacer les erreurs qu’il commet avec moi. C’est un élément appelé « factice » qui permet d’effacer. Il s’agit d’un produit semblable à du caoutchouc fabriqué en faisant réagir de l’huile de colza d’Indonésie avec du chlorure de soufre de Colombie. Le caoutchouc deThaïlande , contrairement à l’idée courante, ne sert que pour assurer la liaison. Il y a ensuite de nombreux agents de vulcanisation et d’accélération. La pierre ponce vient d’Italie ; et le pigment qui donne sa couleur à la gomme est du sulfure de cadmium de Biélo-Russie.

              En fait, des millions d’êtres humains participent à sa création, et aucun d’entre eux n’en connaît plus que quelques autres. 

              La mondialisation, ils en ont peur. Mais ce n’est qu’un crayon noir.......Un simple crayon noir  !


              • raymond 14 novembre 2015 13:07

                bravo fabien, encore !


                • Francis, agnotologue JL 14 novembre 2015 14:54

                  Un héritier avait vendu son royaume pour un plat de lentilles. 


                  Aujourd’hui, des salopards sans scrupules profitant de leur position au sein de notre industrie, assassinent leurs partenaires industriels historiques pour grappiller des profits personnels supplémentaires en recourant à des sous-traitants aussi exotiques qu’esclavagistes.

                  Et après, les copains politiques de ces salauds viennent déclarer qu’il ne faut pas augmenter les salaires puisque ce sont les Chinois qui, avec leurs camelotes omniprésentes et à bas coût raflent la mise.

                  Quel point commun entre Esaü et ces salopards ? La bêtise !


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Romain Redouin

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