D’où viendra le salut politique de la France ?
Une énigme prend place actuellement en France : Depuis des décennies, une écrasante majorité n’apprécie pas le régime politique en place et surtout ses décisions pour la Nation (abandon de la souveraineté, abandon de la santé publique, abandon de ses industries, etc.) mais, malgré cela, la France n’arrive pas à réorienter sa Politique (et ses politiques) pour prendre un cap plus conforme à ce qui est souhaité par la majorité de la population (le score absolu du président français et surtout le taux d'abstention lors de l'élection en 2022 peuvent servir de preuve aux rares septiques).
Définissons d’abord le problème qui accable la France (la « cause des causes » comme dirait Etienne Chouard et Aristote).
La France (comme beaucoup d’autres pays) est confrontée à un problème écologique grave. Elle n’a plus ni les ressources, ni l’accès aux ressources (directement via des colonies/états clients ou indirectement via un commerce lucratif avec un excédent en valeur dans l’hexagone) afin de pouvoir maintenir le niveau de vie de sa population (le niveau de vie est, ici, à prendre dans un sens très large : santé, éducation, accès à la culture, à la justice, à la vie politique, etc.).
Cette simple affirmation était sujet à de vastes débats, il y a encore peu : l’essentiel du questionnement étant la nature originelle du problème : est-il avant tout écologique (pénurie) ou politique (accaparement) ?
Au vu des problèmes actuels de pénurie d’énergie, d’agriculture et de métaux rares (J.M. Jancovici, G. Pitron, M. Auzanneau, les époux Bourguignons et bien d’autres), il apparaît évident que ce n’est pas un changement d’exécutif ou de législatif qui permettra « magiquement » de compenser l’épuisement des sols ou de découvrir néodyme (un métal rare) et pétrole dans le Poitou.
Le problème est donc d’abord « écologique » avant d’être « politique » et les politiques et les stratégies de la Nation devraient tenir compte, avant tout, de cette contrainte (le plafond des ressources selon F. Braudel, il s’agit donc d’un problème classique pour qui étudie l’histoire).
Pourtant malgré des niveaux records d’information et d’études disponibles (internet !!!), aucun mouvement populaire n’arrive à se lever pour changer le cap « politique » actuel. La population continue à être torturée et spoliée d’année en année, de décennies en décennies et …. rien ne bouge.
Qu’est-ce qui peut expliquer une telle paralysie politique, alors que nous avons maintenant des bruits de bottes (gilets jaunes, bellicisme étatique sur l’Ukraine, …) et de dépliement d’ausweis très persistants (Covid, surveillance des JO, …) en France ?
Un plan !
Attention pas un plan « complotiste exubérant » de plusieurs millénaires avec reptiliens, aliens et quelques dieux plus ou moins sataniques : plutôt un simple plan de politiciens français soumis à des oligarques tout aussi français.
En effet depuis quelques décennies (1970 et le peak oil US), les « élites » françaises (comprendre les « riches » d’après JK Galbraith) ont compris que l’épuisement des ressources de la planète n’était pas un mythe.
Or il n’y a pas eu d’« homme providentiel » pour préparer le pays en globalité à cette fin des jours d’abondance (la consolation, c’est qu’il n’y en a pas eu, non plus, dans les autres pays européen de l’ouest. A l’est, la question est posée…).
Chaque partie de l’élite (comprendre chaque oligarque) a donc décidé de sauver son pré carré et personne n’a pris en compte l’intérêt global du pays et de sa population.
Or quand les ressources s’épuisent, pour accroître (ou simplement conserver) votre patrimoine, il ne reste plus qu’une solution : Augmenter la part de ressource que vous prélevez plus rapidement que la baisse liée à l’épuisement.
Le problème c’est que cela veut également dire que la part de quelqu’un diminue non seulement avec la pénurie mais aussi avec l'accaparement croissant. Toutefois, c'est un effet supplémentaire et non la racine du problème.
En France, pour schématiser, les oligarques ont donc décidé, chacun de leur côté sans grande concertation préalable, d’augmenter leur part au détriment de la population générale. Ceci afin de compenser, pour eux, la baisse de l’accès à des ressources.
Mais dans une démocratie (et même dans les autres régimes mais c’est plus long…et plus sanglant - cf Michel Debré et sa présentation sur la constitution de 1958), cela génère un petit problème. La majorité d'une population est capable, dans des temps difficiles, de comprendre le problème puis de choisir (et d’imposer …) un dirigeant qui pourra avoir une politique sinon satisfaisante mais au moins acceptable pour le plus grand nombre. Avec un soutien populaire puissant, ce dirigeant est même capable de s’opposer aux oligarques (César, par exemple, en son temps a joué exactement ce rôle mais c’est son fils adoptif, Auguste, qui a pu profiter de son « travail »).
Pour les oligarques (et leurs marionnettes politiciennes, de « gauche » ou de « droite ») le principal risque systémique est donc d’avoir un personnage qui en s’appuyant sur les nombreux mécontents de leur « racket » pourraient réunir une majorité de la population, la convertir en mouvement politique et renverser les politiciens corrompus ayant passés un « pacte » avec eux : Ceci afin de mettre en place une inversion de la concentration/accaparement des ressources mises en œuvre par cet « état profond » à la française et surtout, surtout, de mettre en place une politique en adéquation avec les ressources réellement disponibles (et là c’est avec la population que l’arbitrage, in fine, se fera ….).
Quelles sont les caractéristiques de la majorité capable de s’opposer aux oligarques ?
Si on considère que les oligarques sont les gagnants dans le monde actuel, nous avons des personnes qui sont (si on met de côté leur richesse comme facteur commun) :
· Contre les frontières
· Contre la limitation à l’exploitation des ressources
Les deux sont liés. A partir du moment où vous exploitez les ressources en détruisant l’environnement notamment à un degré dangereux pour la santé (cf voir les dégâts de l’exploitation des sables bitumineux), il devient important que vous puissiez aller vivre « ailleurs » sans trop de problème.
Ce point est également visible avec le fameux NIMBY (Not In My Back Yard – Pas dans mon jardin). Beaucoup de gens sont tout à fait d’accord à ce que l’extraction minière, pétrolifère, etc…. soient redéveloppées mais pas là où ils vivent et pas avec eux comme ouvriers …..
NIMBY, c’est en fait la version « pauvre sédentaire » du « riche nomade ».
Une attitude tout à fait rationnelle dans les deux cas : Qui a envie de vivre dans un environnement dégradé pour sa santé ? Mais « en même temps » qui a envie de renoncer à la technologie moderne ?
Ces deux pulsions contradictoires amènent un « déni » (dans le sens de Kubler Ross, cf. les étapes du deuil), vu que l’aveuglement volontaire est à la fois plus facile et plus « confortable » à court terme, à court terme seulement….
C’est une vision assez schématique mais elle permet d’identifier sur quelle "grande stratégie politique" un opposant à nos oligarques devra s’appuyer pour renverser les politiques actuels.
La personne qui renversera l’oligarchie institutionnel française doit, pour créer sa majorité, rassembler des personnes qui s’opposent à au moins un de ces deux points et donc nous avons « par reflet » :
· Les souverainistes (ce qui inclut les gens qui ont un intérêt économique à ce que les frontières soient fermées : ouvriers plus ou moins spécialisés, la majorité des agriculteurs, etc. : de manière générale, toute personne dont le travail peut être mis en concurrence avec des pays moins « sociaux » (droit du travail), moins « écologique » (destruction acceptée de l’environnement) mais aussi ceux dotés de grandes ressources naturelles)
· Les écologistes (ce qui inclut les personnes qui ont intérêts à ce que leur lieu de vie soit sain : soit a priori la totalité de la population, mais des différence apparaissent suivant divers facteurs : Capacité matérielle à changer de mode de vie, compréhension des contraintes environnementale et surtout le principal, le refus de changer si les "élites" ne changent pas en premier)
D’abord une bonne nouvelle : cette personne qui renversera le système apparaîtra. Elle apparaît toujours quand une société est en crise. Mais plus elle apparaît tôt et plus elle a de liberté pour réorganiser la société en gardant un maximum de niveau de vie de la population. Un autre point est que plus cette personne apparaît tôt et plus elle est « saine » mentalement. F.D. Roosevelt et C. De Gaulle (qui ne s’appréciaient guère) sont ainsi de très bon exemple de César « sain ». Malheureusement, historiquement, certains qui ont pris cette position de « César » étaient beaucoup moins éthiques et équilibrés (Staline, Hitler, etc. ).
Nos oligarques institutionnels (et leurs pantins politiciens) ont analysé ce danger au fil de la dégradation socio-politique post 70 : Pour eux, l’homme du renversement est le problème avant même tout débat sur les évolutions qu’il proposera. Pour y parer, il suffit donc d’empêcher la réunion des deux courants en opposition frontale avec leur politique égoïste de classe et, de manière plus générale, d’empêcher que ces deux courants soient vus favorablement par une grande partie de la population.
Une fois que ce clivage entre nationalistes et écologistes est fait, il reste un jeu de « petite politique » sur la majorité de la population, ignorante du « grand jeu » (la fameuse segmentation électorale par classe d’âge, catégories socio culturelles, etc ….) afin d’essayer de placer son candidat (par rapport aux autres oligarques).
Les élections sont donc aujourd’hui un choix entre les candidats des oligarques. Ceci explique que la situation ne bouge pas et qu’elle est toujours orienté vers l’avantage d’un ou l’autre des oligarques qui tiennent les fils de leurs marionnettes politiciennes. La règle implicite (pour maintenir le statu quo) est que si en relatif un oligarque peut perdre ; dans l’absolu, c’est toujours la population qui doit voir sa part de ressource baissée par rapport aux oligarques.
Dans ce jeu avec ces règles établies, la majorité de la population ne peut pas voir son sort s’améliorer, c’est systémique.
Bien sûr, il y a d'autres dispositifs prévus pour maintenir le statu quo (distractions des masses, répression policière, sabotage de l'institution judiciaire et politique, usage d'un lumpenprolétariat plus ou moins importé, clientélisme avec l’étranger, etc....) mais la racine et l’absence de réponse constructive tient à cette segmentation des idées qui empêche l’expression d’une véritable opposition aux oligarques et à leur politique de prédation.
Ce long développement était nécessaire pour faire comprendre que certains leaders qui tirent systématiquement contre leur camp font partie d’un plan et doivent être mis en minorité par la « base ». Quelle est l'écologisme d'un député écologique actuel pour qui se souvient de René Dumont en 1974 ? Quel est le programme économique concret de ceux qui prétendent représenter le nationalisme français ? De Gaulle avait fait le choix du nucléaire à la fois comme réponse civile et militaire pour faire face aux défis de son époque. C’est discutable mais au moins c’était une stratégie concrète, pas une simple posture démagogique se basant sur des sentiments d'identification plus ou moins éthiques.
Comprendre ce piège des « élites » qui achètent ou mettent en place des agents du chaos pour décrédibiliser et empêcher l’union populaire salvatrice est nécessaire afin de mettre en place une majorité dans la population qui comprendra les enjeux et sera capable, non pas de rêver ou de se lamenter, mais d’améliorer sa situation à partir de la situation concrète.
En vérité, si le pays veut se libérer du joug de l’oligarchie économico-financière il doit comprendre le piège et choisir un « leader du renversement » qui ira disloquer ces néo-bourguignons, ces « partis de l'étranger » (qu’ils soient de l’Ouest, de l’Est, du Sud ou Européen).
Ce leader devra s'appuyer sur un parti populaire capable de faire plier des oligarques (autant dire qu'il faut à la fois une forte capacité à mobiliser la population et à déjouer les pièges politiques car il y aura de la résistance, beaucoup de résistance : tous les coups seront permis…)
Pour avoir cette assise populaire, ce leader ne doit pas rentrer dans le clivage droite/gauche, seule grille d’analyse de nos paléo-médias, grille qui n'a plus de raison d'être. Les postures de l’époque où le pays avait un excédent à investir dans l’outil de production (Droite) ou dans la population (Gauche) sont devenues inutiles : Il n’y a plus d’excédent (les différents déficits, financier et courant du pays sur plusieurs années, le démontrent)
J’espère simplement que nous aurons en France, comme prochain leader un homme inspiré par Roosevelt (qui traita notamment le problème écologique du Dust Bowl, bizarrement ce fait est généralement "oublié" dans la culture moderne où, par contre, son « New Deal » est "glorifié" … ) plutôt qu’un avatar maléfique, malheureusement commun dans l’Histoire.
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