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D’un 1er mai à l’autre

Je suis un des millions d'immigrés qui ont adopté cette terre comme patrie. L'autre. La deuxième, certes, mais celle qui s'est imposée dans un combat avec le destin. Avec des déchirures. Des incertitudes. Et des émerveillements.

Elle est arrivée, la première fois, il y a exactement 10 ans. Je parle de La honte électorale de 2002. Je vivais à Londres, et portais un regard très critique sur la maturité politique des britanniques avec leur Reine et ses accessoires. Je ne m'interdisais pas de leur lancer des piques avec mes airs de républicain. Mais arrive le 21 Avril et les résultats du premier tour des élections présidentielles : la Peste Brune de la dynastie Le Pen, passe au deuxième tour. Je me demande qui, entre moi et mes amis britanniques, a plus le droit de plaindre l'autre. C'est ce jour-là que je me suis rendu compte de la présence des démons cachés dans chaque société, qui cherchent la première occasion pour sortir. C'est ce jour-là que je me suis rendu compte qu'au lieu de distribuer des jugements en vrac j'ai surtout besoin de comprendre. A commencer par moi-même, ma terre (je veux dire mes terres), et mes cultures.

Le slogan de la campagne présidentielle de Jospin m'avait exaspéré : une phrase, on ne peut plus vide, autour du mot changement. Et un programme qui proposait une série de pansements sur les bobos du peuple infligés par le libéralisme grimpant. Cela ne veut ABSOLUEMENT rien dire le mot changement sans dire QUEL changement. Changement de tête ? L'alternance ? Changement voulu par l'extrême droite ? Ou celui des ultra-libéraux ? Des communistes ? ... Que les gens crachent sur ce bidonnage électoral, pure fabrication des imbéciles baptisés experts en communication, non seulement ne me surprenait pas, mais je le voyais venir, gros comme le bras d'honneur d'un chômeur désabusé.

Le choc déstabilisa toute la famille. Mon épouse d'alors, une française et la mère de mes trois enfants, militante de gauche jusqu'à la dernière cellule, marchait dans la maison en pleurant et répétait sans cesse : « On ne reste plus dans ce pays ! Ce n'est plus mon pays ! Je ne le reconnais plus ! » Et les enfants se demandaient, et nous demandaient, ce qui allait nous arriver ! On allait dans la clandestinité !?

Moi qui avais déjà combattu deux dictatures, avais vécu la clandestinité et fuit mon pays, pour adopter et me faire adopter par un autre, sentais la douleur qui inspirait ses paroles d'impuissance et de désespoir. Je savais qu'il n'y aurait plus d'autre exil pour notre famille. On reste et on se bat.

Le 1er Mai de cette année-là, je prends ma plume, j'écoute en boucle l'Affiche Rouge de Léo Ferré, et j'étale ma rage sur le papier. Le poème s'intitulera Paris. Une dialogue intime entre une ville et un de ses citoyens venu d'ailleurs.

Dix ans plus tard, l'Histoire se répète. La droite (de moins en moins républicaine) s'aventure sur la terre du Diable pour y siphonner des voix, et non seulement y laisse ce qui lui reste d'âme, mais y perd des plumes.

Je suis un des millions d'immigrés qui ont adopté cette terre comme patrie. L'autre. La deuxième, certes, mais celle qui s'est imposée dans un combat avec le destin. Avec des déchirures. Des incertitudes. Et des émerveillements.

Cette terre est aussi la patrie de mes enfants, qui ne connaissent mon pays qu'à travers le riz iranien que je leur fais un week-end sur deux, leur imagination et leurs fantasmes sur cette terre d'origine encore sous la dictature. Mes poèmes m'arrivent davantage en français qu'en mes deux autres langues maternelles et mes livres sont tous en français. Si l'exil m'a préparé à l'Universalité, c'est la France, ses Lumières et sa tradition républicaine qui l'ont enracinée en moi.

Paris


Aux immigrés qui sont tombés pour te défendre

 


C’est pieds nus
Et le cœur plein
Plein d’histoires
Que je suis venu à toi
Que je t’ai trouvée
Ma belle

J’ai traversé des montagnes
Transformées en désert,
J’ai inventé des étoiles
Pour écrire des lettres,
J’ai inventé des lettres
Pour écrire aux étoiles,
J’ai parlé à l’oreille coupée
Du Soldat Inconnu
Une oreille toute seule
Un peu trop tirée
Qui avait perdu son bonhomme
Je lui ai pleuré mes yeux
Et je lui ai vidé mes tripes
Mon dégoût de la guerre,
J’ai cassé des murs
Qu’ils soient dans les têtes
Ou bien dans les cœurs
Pour écrire dessus
« Vive la liberté »

C’est pieds nus
Et le cœur plein
Plein d’espoirs
Que je t’ai adoptée
Ma grande

Et aujourd’hui
Je traverserai des déserts
Et des montagnes minées,
Je réinventerai des étoiles
Pour écrire des poèmes,
Et les réciter
A tout le village
J’irai jusqu'aux étoiles,
Je déplacerai la Seine
J’en ferai une ceinture
Pour te protéger,
Je trouverai enfin
Le Soldat Inconnu
Que l’oreille avait perdu
Je le ressusciterai
Je le collerai à l’oreille
Et j’écouterai leur histoire
Que je crierai ensuite
Sur le toit de l’immonde,
Je mettrai ma main
Au fond de ma poitrine
Pour y arracher cette chose
Qui est remplie de toi
Qui bat à ton rythme
Et te l’offrirai
Si on te frappe

C’est pieds nus
Et le cœur plein
Plein de poèmes
Que je te défendrai
Ma libre


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2 réactions à cet article    


  • DSKprésident 1er mai 2012 10:13

    Encore un COLLABO du système UMPS, du Nouvel Ordre Mondial, des dictatures financières, Otanesque et immigrationiste qui ppsent suzr la France et le peuple français.

    Un COLLABO qui parle de « peste brune » : 80% des COLLABO étaient de gauche en 40.

    http://www.youtube.com/watch?v=06FN4JzuEfM

    Un COLLABO du système de domination mondial dont les représentant en France sont l’UMPS. Système de domination mondial, sioniste, financier, qui organise :

    - les camps de concentartion de gaza et guantanamo

    - les guerres aux pays non alignés, sous couvert bidon d’humanisme (Irak, Libye...)

    - la violence et les faux attentats (11-sept, Madrid, Londres Oslo...)

    - la propagande médiatique mensongère qui rince le cerveau des français moyens...

    L’auteur est un COLLABO de toute ces horreurs facistes, car en stigmatisant un parti (le FN) qui résiste à ce système de mise sous tutelle de tous les peuples occidentaux, il cautionne leur rhétorique, et leur mensonges.

    Jospin l’a même avoué : le facisme en France : c’est du théâtre :

    http://www.youtube.com/watch?v=niC9Bgyt7PA

    L’auteur est juste un sioniste, un gauchiste qui réplique une propagande qui ne marche plus en France, et qui se retourne contre eux. L’auteur est un néo-fcaiste !

    Votez donc DSK : un très bon représentant de cette oligarchie financère (que défend l’auteur) qui était programmé pour être président !

     

     


    • Claude Courty Claudec 1er mai 2012 10:39

      1er mai et frontières

      La notion de frontière c’est le contraire du tout et n’importe quoi. Le mot importe, car il est bien différent de séparation, lequel implique l’éloignement, voire la ségrégation, sens que ne manqueraient pas de lui attribuer péjorativement – ce en quoi ils n’auraient pas tort –, les détracteurs de Nicolas Sarkozy. Et c’est bien pour cela que celui-ci insiste sur la conception qu’il en a et la mesure dans laquelle est concerné son programme, dans tous les domaines : de l’économique au social, de la France à l’Europe et au reste de monde, des cultes, communautés de toutes sortes, associations, syndicats, aux partis politiques, etc.

      Le frontière, c’est ce qui attribue à chacun et à chaque chose sa place, en autorisant, autant que nécessaire, la communication entre elles.

      En ce jour de 1er mai, par exemple, la frontière entre le social et le politique n’est-elle pas abusivement franchie, comme elle l’est depuis trop longtemps ? À l’initiative de syndicats inféodés à la gauche, au point que ce franchissement en soit devenu traditionnellement abusif et que les citoyens, non seulement ne s’y reconnaissent plus, mais s’y résignent.

      Il est temps que sa juste place soit rendue au travail et que sa célébration cesse d’être instrumentée au service de partis politiques, quels qu’ils soient, le plus souvent selon des ententes et tractations qui font l’essentiel de leur action.

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