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Dans l’ombre : un thriller politique signé Édouard Philippe et Gilles Boyer

Il y a 13 ans, l’ex-Premier ministre Édouard Philippe publiait un polar politique intitulé Dans l’ombre. Ce livre, co-écrit avec son ami et compère politique Gilles Boyer, a été adapté pour la télévision sous la forme d’une mini-série de 6 épisodes qui seront diffusés à compter du mercredi 30 octobre sur France 2*. Que faut-il en attendre ?

Publié par les Éditions Jean-Claude Lattès en 2011, Dans l’ombre est un thriller politique (pas si fictionnel que cela) dont l’action débute dans le cadre d’une campagne électorale présidentielle. Le roman met en scène deux personnalités contrastées appartenant au même parti : d’un côté, un personnage ambitieux et charismatique nommé Paul Francœur ; de l’autre, une certaine Marie-France Trémeau, dotée d’un solide Curriculum Vitae et d’un aplomb populiste à toute épreuve. Les deux briguent l’investiture du parti, une formation dont le fonctionnement, très bien décrit, a manifestement été inspiré aux auteurs par la droite républicaine telle qu’on la connaît de longue date dans la vie réelle de notre pays.

Depuis longtemps ancrée dans sa formation politique, et forte d’une incontestable expérience des arcanes du pouvoir, la politicienne au caractère bien trempé est donnée nettement favorite de la primaire qui doit désigner le candidat du parti à l’élection présidentielle. C’est pourtant son adversaire qui, à la surprise générale, gagne de justesse cette primaire. La machine se grippe lorsque César Casalonga – un proche conseiller du candidat qui se définit lui-même comme un « apparatchik » – reçoit un coup de fil anonyme, prélude à une rumeur persistante et potentiellement dangereuse pour l’avenir de celui qu’il nomme « le Patron » : le correspondant insinue que le déroulement de la primaire a été truqué...

Édouard Philippe et Gilles Boyer connaissent parfaitement les rouages de la politique, aussi bien au niveau des collectivités locales qu’au niveau national. Du fait des fonctions qu’ils ont exercées au sein du RPR (devenu par la suite UMP), ils sont également des experts du fonctionnement interne d’un parti de gouvernement. Tous les deux ont été des proches collaborateurs d’Alain Juppé, autrement dit des apparatchiks comme César Casalonga, ce personnage toujours calme, parfois cynique, dont ils ont fait le narrateur de leur polar. Des hommes de l’ombre auxquels rien n’est étranger, des manœuvres d’appareil aux trahisons entre « amis », en passant par les jalousies personnelles et les coups bas.

Dans l’ombre nous donne à voir les coulisses, peu reluisantes, de la politique. On est là bien loin de l’image, plus ou moins ripolinée, que les communicants des partis s’efforcent de donner malgré les accablantes révélations distillées, de temps à autre, par Le Canard enchaîné ou Médiapart. Précision importante : Dans l’ombre n’est pas un roman à clés, les auteurs sont formels sur ce point, pas plus que ne l’est la version télévisée. Sur fond d’une intrigue policière plutôt bien ficelée, les auteurs nous offrent une peinture sans concession des mœurs d’un milieu politique où foisonnent les ambitions plus ou moins dévorantes et où la loyauté des uns est clairement interrogée par les dérapages des autres.

L’adaptation télévisée du thriller politique d’Édouard Philippe et Gilles Boyer ne devrait pas trahir l’esprit de leur polar. Et cela d’autant moins que les auteurs ont participé à l’écriture du scénario avec le réalisateur, Pierre Schoeller. Le cinéaste n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai en matière de fiction politique : en 2011, il signait L’exercice de l’État ; centré sur la vie trépidante d’un cabinet ministériel, ce film avait obtenu 3 Césars. Côté acteurs, les principaux rôles de la mini-série Dans l’ombre sont tenus par d’excellents comédiens : Melvil Poupaud, Karin Viard et Swann Arlaud. Une bonne raison de plonger dans cette intrigue à laquelle l’identité des créateurs ne manque pas d’ajouter un supplément de piment.

Les épisodes de la mini-série Dans l’ombre sont d’ores et déjà visibles sur le site france.tv

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14 réactions à cet article    


  • gruni gruni 28 octobre 21:48

    Bonsoir Fergus

    Le prétexte de la fiction peut être bien utile pour faire passer un message ou dire quelques vérités. Toujours est-il que l’ancien premier ministre, on l’apprécie ou pas, mais en tout cas il ne se cache pas. 


    • LeMerou 30 octobre 06:44

      @gruni

      Bonjour, 

      « Toujours est-il que l’ancien premier ministre, on l’apprécie ou pas, mais en tout cas il ne se cache pas. »

      Effectivement, mais après ?


    • Fergus Fergus 28 octobre 22:43

      Bonsoir, gruni

      En tous les cas, le fait est qu’avec son ami Boyer, il ne cherche pas à donner une image travestie de la réalité des moeurs qui prévalent dans les appareils. Je ne sais pas s’il est mû par une forme d’honnêteté ou de cynisme. Peut-être un mélange des deux.

      Pour ce qui est de son ambition présidentielle, le fait est qu’« il ne se cache pas ».


      • LeMerou 30 octobre 06:42

        @Fergus

        Bonjour,

        « Je ne sais pas s’il est mû par une forme d’honnêteté ou de cynisme. Peut-être un mélange des deux. »

        Je ne vais pas vous laisser dans le doute, cela ne serait pas correct de ma part. Seul le deuxième mot le qualifie.

        Ce que je trouve exceptionnel dans tous ces « ouvrages politiques » ou traitant de la « chose » (édulcorés comme il se doit de certains aspects classés.....) c’est l’honnêteté des perdants décrivant la perfidie de ceux en place, du système.

        C’est du biblique, un acte de foi (politique bien sûr) trouvant la rédemption dans l’écriture, se confessant au fil des pages.

        Cependant, ses ex-confrères sachant fort bien que l’électeur est affecté du même syndrome que la limace de mer, la publication de « vérité » ou « révélations », ne les perturbent pas le moins du monde.


      • Fergus Fergus 30 octobre 08:28

        Bonjour, LeMerou

        Le « cynisme » est l’une des caractéristiques les plus évidentes des personnalités qui parviennent au sommet de la vie publique, hélas !

        Pour ce qui est de l’« électeur », je ne crois pas que son attitude relève du « cynisme », mais plutôt du fatalisme.


      • Seth 29 octobre 08:33

        Rien sur les anus, les tétons ou les frifris ou à la limite sur les pieds, les cheveux ou les aisselles. Décevant.


        • Fergus Fergus 29 octobre 08:48

          Bonjour, Seth

          Rien ni personne ne vous empêche de vous y coller. C’est un excellent exercice pour faire travailler les neurones. smiley


        • Seth 29 octobre 13:34

          @Fergus

          Je parlais de l’opus du déplumé.


        • https://x.com/tvlofficiel/status/1850852510795542779

          Le RN est parvenu à faire voter un amendement qui baisse de 5 milliards € la contribution de la France à l’UE : « Pourquoi il y a 5 milliards pour le régime d’Erdogan ? Pourquoi il y a une hausse de 7% des pensions et salaires des hauts fonctionnaires de l’UE ? »


          • Aristide Aristide 29 octobre 12:09

            Le film « Quai d’Orsay » de Bertrand Tavernier est indispensable à qui veut entrevoir une certaine réalité du monde du pouvoir politique.

            Un pouvoir illustré par les relations d’un ministre extravagant interprété par Thierry Lhermite avec un jeune conseiller, Raphael Personnaz. Une myriade de seconds rôles avec Niels Raestrup, Marie Bunuel, Julie Gayet sans Hollande, Thierry Frémont, ... nous régalent dans une description délectable du fonctionnement d’un cabinet ministériel en période de crise politique. 

            Savoureux film ...


            • Fergus Fergus 29 octobre 13:45

              Bonjour, Aristide

              Le film de Tavernier est en effet, par certains côtés, « savoureux » même s’il ne s’agit pas de son meilleur opus.
              Lhermitte, Arestrup et Personnaz y sont très bons dans leur rôle.
              Le personnage de « Villepin » y est quand même, à mon avis, un peu trop exagérément virevoltant.


            • Aristide Aristide 29 octobre 14:10

              @Fergus

              Tavernier est un vrai réalisateur et j’ai bien aimé, euphémisme, son film américain : « Dans la brume électrique ». Un acteur immense, Tommy Lee Jones et des seconds rôles exceptionnels dont John Goodman, inoubliable compagnon de Jeff Bridges dans le film d’un des frères Coen : le chef-d’œuvre « The big Lebowski ». Les frères Cohen ont une filmographie exceptionnelle… Mais bon, je m’égare...

               Le film est tout de même savoureux, la caricature y est juste assez présente, mais pas trop, le trait est souvent épais, c’est exact, mais jamais cela ne tourne à une parodie excessive… Les portes qui claquent et les feuilles qui volent sont là comme une ponctuation dans le récit. Comme le fil rouge des citations d’Héraclite et des Stabylo Boss jaunes, et quelques répliques dont la fameuse « Légitimité : tacatacatac. Unité : tacatacatac. Efficacité : Tchak ! tchak ! tachak ! Sinon, c’est la guerre ! » 

              Je ne suis pas sûr que cela soit une caricature pour Ville pin, l’original est peut-être plus « ridicule » que le personnage…


            • Fergus Fergus 29 octobre 16:01

              @ Aristide

              Comme vous, j’ai beaucoup apprécié l’envoûtant Dans la brume électrique (de même que le bouquin de Burke dont ce film a été tiré) et le baroque The Big Lebowski.

              J’ai d’ailleurs vu (et pour la plupart revus) presque tous les films de Tavernier et des frères Coen. Ce sont incontestablement de grands cinéastes.


            • LeMerou 30 octobre 06:46

              @Fergus

              « Comme vous, j’ai beaucoup apprécié l’envoûtant Dans la brume électrique »

               Idem.

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